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Surface tension.




Jeongin toqua avec confort et habitude contre la large porte de bois dont il connaissait chaque recoin. La chambre 28 avait toujours été la sienne, de ses 11 à ses 26 ans, peu importe le service, et elle resterait sienne ! C'était son petit caprice, de ceux que l'on offrait sans trop d'hésitation aux patients de longue date. Ce chiffre lui appartenait, il lui collait à la peau. Il se l'était même fait discrètement tatouer sur l'annuaire gauche, comme son éternité à lui, sa propre compagnie.

A ce sujet, il prenait toujours le lit contre la fenêtre et alors quand le sommeil ne venait pas, comme presque toutes les nuits, ou quand la douleur devenait insupportable ou trop inconfortable, car oui il y avait une différence... Jeongin pouvait regarder la ville s'endormir puis s'éveiller, comme lui ne savait le faire. Il observait les livreurs internes distribuer papiers et cartons aux secrétaires ou encore les ambulances faire danser leurs lumières durant des nuits entières. Celles-ci se répercutaient toujours en échos contre les murs de sa prison et malgré le paradoxe et la noirceur de cette pensée, il trouvait cela magnifique. De sa tour, qui ne se constituait que peu d'ivoire, Jeongin observait la vie, désespérément, intensément, parfois même avec avidité. Et de temps en temps, au plus tard de ses nuits, dans les plus profonds et les plus tourmentés de ses songes, il se disait avec amertume, culpabilité et beaucoup d'ironie qu'il aurait pu tuer pour avoir le droit de vivre, lui aussi.

Quand il entra dans sa chambre pour cette nouvelle hospitalisation, Jeongin fut stupéfait et désagréablement surpris de voir que son nouveau colocataire s'était installé sur son lit, celui tout contre la grande fenêtre de verre qui jamais ne s'ouvrait. Pour autant, il n'en dit rien, après tout, il ne lui appartenait pas réellement même s'il en avait toujours eu la sensation... Cela le piquait un peu, mais ça finirait bien par lui passer. En tous cas, il l'espérait.

Jeongin disait rarement quoi que ce soit à qui que ce soit, il n'était pas du genre à s'épancher sur ses ressentis ni à rentrer dans le conflit. À vrai dire, il évitait même toutes interactions sociales possibles. D'ailleurs, il exécrait tout ce qui pouvait le pousser à s'attacher. De cette manière, il était le plus « ancien » des patients du service adulte tout en étant tristement le plus jeune, mais surtout, il demeurait le plus seul.

Pour Félix, encore une fois, les choses étaient différentes. Il était un homme solaire, profondément positif malgré la douleur, malgré les vomissements, malgré la perte régulière et discrète de sa longue chevelure quasi blanche qui lui tombait sur les épaules et qu'il chérissait avec soin et dévotion. Et quand pour Félix les choses allaient mal ou devenaient trop négatives, alors il trouvait toujours quelque chose à en dire, il extrapolait des situations pour les rendre insignifiantes. Il trouvait toujours le moyen d'en plaisanter, de s'en saisir, de tout détourner pour en faire quelque chose de vivant.

Félix avait trouvé de la vie dans la mort quand Jeongin ne voyait que la mort dans la vie. Sur ce point, ils étaient encore bien différents et l'équipe était curieuse de voir ce que deux personnes aussi opposées, mais qu'ils espéraient complémentaires, avaient à offrir l'une à l'autre, si tenté que ces dernières se montraient coopérantes... Surtout ce dernier.

- Salut ! 

Félix se tourna vers son nouvel acolyte, un sourire plein de dents visibles et des yeux bruns rieurs malgré la corpulence frêle de son gabarit. Ne voyant pas de réponse à son intervention, il insista avec douceur.

- Moi c'est Félix, mais tu peux m'appeler Lix si tu préfères, tout le monde m'appelle comme ça.
- Tout le monde ? Tu vas recevoir beaucoup de visites ? 

La question et le regard antipathique adressé à son visage prit de court l'homme élancé qui n'osa pas vraiment s'aventurer plus profondément sur ce terrain. Qui dans un tel service ne recevait pas de visite ?

Félix avait toujours été quelqu'un d'observateur, de ceux qui lisent entre les lignes, et dans cet échange, c'était tout ce qu'il retenait. La froideur, le manque de sympathie, de politesse... tout cela n'était rien à côté de ce qui ne se disait pas dans ces questions. Il en avait toute la conscience, et à vrai dire, on l'avait prévenu, son colocataire pouvait parfois se montrer... difficile, voire carrément distant. Ce qui parfois pouvait être plus difficile à vivre. Être ignoré était toujours plus troublant qu'être acculé.

- Un peu, mais je pourrais aller dans la salle commune à ces moments là, et puis t'inquiètes pas. J'en reçois pas tant que ça parce que ma famille est en Australie. Je suis ici pour l'expérimentation. L'étude clinique sur... 
- Oui, je vois, tant mieux pour toi, c'est bien.

Le visage de Jeongin était fermé et Félix ne pouvait lui en vouloir. Quand il l'observait de plus prêt il comprenait aisément qu'ils n'en étaient pas au même endroit dans l'expérience intrusive et insidieuse qu'était la maladie et que des espoirs cliniques, Jeongin avait dû en traverser un certain nombre.

Ce dernier portait un bonnet noir qui venait recouvrir son crâne que Félix devinait chauve ou quasiment... et ses cernes aurait pu faire compétition à n'importe quel film de Tim Burton. Ses joues étaient creusées par le poids des années et ses yeux semblaient toujours vitreux, comme s'ils pouvaient s'échapper de leurs orbites à tout moment. Pourtant, lorsque Félix observait davantage son comportement et sa posture, il pouvait voir que ce dernier se tenait bien sur ses appuies et il sembla même au dit Lix qu'il était plus grand que lui, probablement plus maigre aussi, déjà que lui n'était pas très épais..., mais ça, il n'y accordait pas beaucoup d'importance. Le poids, ça se perd autant que ça se gagne, surtout en ces circonstances.

A vrai dire, si Félix prenait le temps de le regarder vraiment, il le trouvait plutôt joli... Ses yeux étaient effilés comme ceux d'un renard et ses lèvres étaient fines tout en étant parfaitement définies. Par ailleurs, il portait avec une étrange facilité une attitude nonchalante qui lui donnait un quelque chose que Félix n'aurait su décrire, mais qui malgré lui, lui plaisait beaucoup.

Jeongin posa son sac sur son lit avec habitude. Il apposa ses affaires aux mêmes endroits que d'habitude, mais sur la table de nuit opposée et il constata avec agacement que même son côté de la salle de bain avait été envahi et cela le fit souffler du nez. Décidément, tout serait différent pour ce voyage-ci, il le sentait.

Il expira bruyamment un coup supplémentaire, pour lui-même cette fois-ci, probablement pour se donner du courage et tout en grattant son crâne au travers du tissu qui le démangeait, Jeongin ressorti de la salle d'eau.

Félix était en train de disposer quelques peluches sur son lit et ce dernier se demandait bien pourquoi il en avait, était-il encore un enfant ? Avaient-ils vraiment le même âge ?

Et par ailleurs, pourquoi lui en avait jamais eu... ? Était-ce lui qui n'avait jamais été enfant ?

Dorotha passa pour prendre leurs constantes avant de poser un cathéter sur le dessus de la main de Félix. Jeongin fut surpris de son choix de placement, cela se lisait sur son visage. Le blond le perçu et il s'y était un peu attendu, alors répondant à ses questions internes, il prit la parole, aussi spontanément qu'il pouvait l'être ;

- Ca fait plus mal quand on pique à cet endroit, c'est certain, mais c'est aussi plus facile après pour bouger et faire sa vie normalement, surtout quand ils le bouchonnent pour la douche ou ce genre de truc.
- Mhh... c'est pas faux... 

Félix lui sourit sans répondre, il avait bien compris que son camarade n'était pas un grand causant et on l'avait d'ailleurs bien prévenu à ce sujet, à son sujet. Dorotha lui sourit à son tour avec complicité soulignant son effort pour intégrer Jeongin et l'accepter tel qu'il était, un peu rustre et terriblement silencieux.

Cette dernière termina de prendre les chiffres dont elle avait besoin quand elle finit par s'avancer vers la porte pour sortir.

- Attendez ! Vous ne le perfusez pas ? 
- Jeongin ? Oh non..., Jeongin n'est plus perfusé depuis un moment.

Dorotha lui sourit malgré elle avec peine et sollicitude avant de quitter la chambre dans un silence mortifère. Félix n'osait rien dire, mais sa langue lui brûlait des milles questions qui lui traversaient l'esprit. Le temps d'un instant, il fut même jaloux de ne pas être libre de ses mouvements lui aussi. Quel genre de traitement de faveur était cela ?

- J'ai déjà signé les documents et les actes de derniers soins. Je viens ici uniquement pour me reposer quand je suis trop épuisé. De temps en temps, mais c'est plutôt rare en ce moment, ils m'alimentent par perf' si je le demande ou que je peux plus le faire par moi même. En clair et pour terminer de répondre aux questions que je lis sur ton visage, je viens ici pour mourir sans trop de douleurs. Mais rassures-toi, sans que je sache pourquoi c'est jamais totalement mon heure, alors je fini toujours par rentrer chez moi, puis je fini de nouveau par revenir ici à un moment ou un autre. Il s'écoule rarement plus que quelques semaines entre chaque voyage en ce moment. 

Jeongin inspira avec plus de difficultés, son discours semblait malgré tout lui peser.

- Pour autant, mon corps veut souffrir, mais pas mourir. Va comprendre! C'est comme ça depuis des années, c'est ridicule... Au début c'était une question d'années, maintenant... J'en sais rien. Je suis sorti de cette chambre il y a à peine trois semaines et me voilà de nouveau, alors j'imagine que si je sors je serais de retour que tu sera encore.

Félix était sans voix, lui qui était censé ne jamais parler ou très peu avant lancé sa tirade d'une traite. C'était peut être celle qu'il avait préparé et qu'il sortait lorsque les gens étaient trop curieux à son sujet... Pour autant, la bouche pulpeuse et ronde du blond avait beau former le plus parfait des ronds, Jeongin ne répondait pas à plus, même s'il finit tout de même par ajouter face à sa surprise ;

- Je savais que tu finirais par demander et que tu mettrais probablement du temps à oser, donc je te le dis direct comme ça c'est réglé. Bref, je vais à la douche.

Félix semblait interdit. Il ne savait ni quoi dire, ni quoi faire. Son colocataire était décidément des plus surprenants et pourtant, il ne cessait de l'intriguer. De plus, tout était nouveau pour lui ici, alors se faire un ami de son âge, aussi curieux soit-il, n'était pas vraiment quelque chose qu'il envisageait de ne pas exploiter.

Il profita de la douche de son nouveau colocataire pour envoyer un message à sa mère et la rassurer « Tout va bien maman, mon coloc est un peu spécial pour le début, mais il est mignon alors c'est plutôt cool, puis tu me connais, il finira bien par m'adorer ! Personne ne me résiste jamais », sa mère répondit directement à son enfant, celui qui manquait tant à sa vie et son quotidien, « Mignon ? Dis moi en plus ! », « Mignon du genre cancer généralisé, mais bien préservé ».

Félix pouvait entendre d'ici sa mère l'invectiver à l'idée de dire des choses pareilles, pourtant c'était sa manière à lui de procéder et d'accepter. De cette manière, par l'humour, par l'ironie, par la légèreté, il pouvait intérioriser chacun de ses mots - maux - pour en faire une vérité, la sienne. Celle qu'il taisait, celle qu'il laissait mourir sous la douche quand personne ne l'écoutait pour finir par mourir dans l'évacuation jusqu'à ce qu'aucune de ses larmes ne restent collées à lui et ne se perçoive. Félix se jetait depuis toujours à corps perdu dans l'humour, dans l'échange, dans la rencontre, quand Jeongin demeurait seul, aigri et cynique, mais ça, Félix le découvrirait que bien plus tard.

- Pourquoi t'as toujours des trucs hyper bons à manger et moi j'ai que les trucs de bases, dégueulasses et hyper enrichies ? Je vais appeler Dorotha, c'est n'importe quoi.
- Ça s'appelle « l'alimentation plaisir », tu connais pas ? 

Jeongin imita de gros guillemets avec ses doigts, amère d'une question aussi futile et stupide. Félix, de son côté, ne savait pas s'il s'agissait là d'une invitation à parler ou bien au contraire à se taire. Cela faisait des jours qu'ils cohabitaient et leurs échanges avaient pu se compter sur les doigts d'une main et avaient été aussi constructifs que dérisoires.

Félix avait pourtant tout essayé, programme télévisé, séries, émissions stupides, jeux de société... rien n'y faisait. Jeongin passait des heures perdu en lui même les oreilles vissées sur un casque qu'il ne quittait jamais. Il le branchait la nuit pour le recharger et chaque journée se ressemblait de nouveau, l'isolant lui, mais également Félix. Cela en était arrivé au stade ou cela venait même ternir le moral de Félix, lui qui ne se sentait jamais de trop nulle part et qui pourtant ici, dans cette chambre 28, peinait à trouver sa place.

Il s'était dit plusieurs fois qu'il aurait pu lui demander ce qu'il écoutait à longueur de journée et ainsi rebondir sur cela, mais ce dernier n'avait même plus le cœur à essayer. Pour la première fois de sa vie, Félix avait peur d'être rejeté, cette sensation nouvelle ne lui plaisait pas du tout et il avait du mal à faire avec le silence que ce dernier lui imposait.

Pour autant, quitte à avoir tout tenté, il entra dans le sarcasme de ce dernier et avec une nonchalance et un détachement qui ne lui ressemblait pas, il lui répondit,

- Non je ne sais pas donc dis-moi.

Il avait tenté, c'était quitte ou double, comme toujours avec Jeongin. Pourtant, il ne savait pas pourquoi, mais ce dernier avait l'air disposé aujourd'hui, alors après tout, pourquoi pas... A ce stade il n'avait plus grand chose à perdre...

- C'est ce qu'on te donne quand tu vas mourir et que tu ne gardes rien. C'est genre, t'es repas des derniers instants, comme les gars qui décapitent des gens, mais qui ont quand même le droit de manger un burger avant de mourir électrocutés. C'est un peu le même concept, à part que moi j'ai décapité personne. Ils partent du principe que de toute manière tu vas clams, alors quitte à clamser, autant te gaver de chocolat avant, c'est toujours plus cool.
- T'es tellement déprimant, c'est horrible. J'ai jamais rencontré quelqu'un de si sarcastique et violent avec un visage si angélique.
- Mais tu t'attendais à quoi en fait ? T'es en service d'oncologie mon petit pote et t'as 26 ans. Faut te réveiller ! Les choses ne vont pas être incroyables pour toi et elles s'annoncent pas toutes roses, désolé de te l'apprendre. Peu importe combien tu y crois, ne t'y attaches pas trop. Tu sais sur combien de traitements expérimentaux j'ai été inscrit avant ? 
- Tais-toi.
- Quatre. Quatre fois où j'y ai cru. Où j'ai fais tout ce qu'ils me disaient, où j'ai tout appris les protocoles comme un putain de biologiste. Quatre fois où j'ai intellectualisé, suivi à la lettre les instructions comme un bon petit chien, quatre fois ou...
- FERME-LA.

Félix avait les larmes aux yeux et dans sa main sa fourchette de plastique n'avait plus aucune forme. Son petit gobelet de carton avec son traitement à l'intérieur était encore sur le plateau devant lui et le temps d'un instant, à cause de quelques paroles venimeuses, il hésita à tout balancer sur le sol. Pour autant, il ne pouvait pas craquer, des gens comptaient sur lui, il devait tenir. Il observa furieusement les comprimés en nombre et il se répéta en lui-même ; « Ne l'écoute pas Félix, tu vas survivre, tu vas y arriver, la guérison c'est 50% de mental, c'est 50% de psycho. Accroches toi Lix, tu DOIS le faire, tu DOIS y arriver, tu VAS y arriver. Lui il est désespéré, t'en a vu d'autres des comme ça, toi c'est différent, toi, tu vas vivre ».

Félix avait les yeux tellement plissés par les paroles qu'il tentait de s'imprimer dans l'esprit, qu'il ne sentit même pas les larmes acides et amères qui dévalaient ses yeux. Elles coulèrent avec tant de naturel et de rapidité qu'on aurait dit que des sillons avaient toujours été là, créés pour elles. La force de leur passage avaient laissé des traces qu'aucun optimiste n'aurait su tromper, même les plus aguerris comme Félix savait l'être.

Ses tâches de rousseurs n'en étaient que plus intensifiées et sa fourchette termina de ne plus en être une.

Ses mains se mirent à trembler malgré lui, prisent autant par la peur viscérale qui se nichait vicieusement dans chacune de ses cellules malades que par l'anticipation d'un destin auquel il se refusait désespérément et dont il usait toujours de tous les stratagèmes possibles pour en refouler le contenu latent.

Jeongin recula dans son lit dont le dossier était en position assise et dans un geste naturel il appuya sur la sonnette destinée à l'équipe infirmière et aide soignante.

Dorotha arriva quelques secondes après, si ce n'est moins, essoufflée et le regard perdu, confus. Elle jeta d'abord un regard affolé sur Jeongin avant qu'il ne pointe Félix du regard.

- Il va faire une attaque de panique.

Dorotha s'avança rapidement vers le lit de Félix et de son souffle apaisant, de son toucher réconfortant et de son sourire qui jamais ne tarissait, elle le calma en lui caressa le dos de haut en bas, comme seules les mères savaient le faire. Elle aplatit toute sa paume contre le dos chaud et suffocant de son nouveau patient et de sa patience d'ange, elle attendit que son souffle s'accorde à ses gestes. Elle laissa Félix enfoncer son visage contre sa blouse et Jeongin, très légèrement honteux, presque autant qu'agacé, quitta doucement la chambre.

Cette vision lui faisait du mal, il ne culpabilisait pas, mais cela lui rappelait invariablement ses propres moments d'espoirs, puis de faiblesses. Tous ces moments où elle avait caressé son dos à lui aussi alors même qu'il lui disait que ça ne servait à rien et que ça ne l'aidait pas, alors qu'ils savaient tous les deux que c'était faux et qu'il essayait juste de faire le dur.

Dorotha l'avait entendu et écouté vomir au travers de la porte de la salle de bain, elle lui avait tenu les cheveux quand il en avait encore et elle l'avait parfois bercé comme un enfant, même lorsqu'il en était plus un. Elle l'avait pris contre son corps chaud et doucereux en balançant sa stature d'avant en arrière jusqu'à ce que ses pleurs ne deviennent que l'ombre d'un mauvais rêve et qu'il puisse s'endormir l'esprit plus léger.

Dorotha avait été pour lui un pilier, un point d'ancrage, et d'une certaine manière, il se trouvait jaloux et en même temps curieusement soulagé de voir qu'elle pouvait transmettre tout cela à quelqu'un d'autre.

Jeongin traversa les couloirs jusqu'à la fin de celui du deuxième étage. Il connaissait bien les dédales et les tournants de toutes les issues, particulièrement celles de secours. Il avait eu le temps de les apprivoiser et de les inspecter une à une jusqu'à trouver celle qui lui permettait d'enfin souffler, loin de tout, isolé. Elles étaient interdites, évidemment, mais les quelques personnes au courant de ses passages sur cette dernière finissaient toujours par fermer les yeux sur ses aller retour entre sa chambre et celle-ci.

En passant par là, il avait accès à une passerelle d'entre deux bâtiments, comme une mezzanine extérieure qui lui permettait de laisser le vent battre ses joues sans avoir besoin de sortir de l'hôpital.

Quand il ouvrit la porte ce jour-là, le vent glacial de l'hiver lui frappa le visage et vient immédiatement congestionner son corps trop peu vêtus. Il lui manquait des couches de vêtements au-delà de tous les kilos qu'il avait laissés dans ses couloirs au fil des années, mais pourtant il restait là, en plein courant d'air tout en sachant qu'un rien pouvait l'anéantir. Pourtant il aimait cela, flirter avec le danger. Peut être était-ce encore la seule maîtrise qu'il avait sur son corps et ce qu'il choisissait, ou non, de lui infliger ?

Il inspira à plein poumons par ses narines et il sentit son nez se geler et ses yeux se remplir de larmes. Il mit cela sur le compte du vent aux températures négatives qui lui fouettait le visage et qui, invariablement, finissait par lui faire poindre quelques larmes. Il retira son bonnet de son crâne et comme pris par la bourrasque, il souleva ses bras qu'il mis à l'horizontale de son corps. Son visage se pointa vers le ciel et dans un souffle il lui murmura, comme une supplique ;

- Emporte moi, emporte tout de moi, ma mauvaise humeur, mon souffle, mon aigreur..., mais pas lui. Pourquoi lui ? Il cherche encore les mots fléchés dans le journal de l'hôpital et il chante toujours les paroles de chansons vieilles de plusieurs décennies que l'on entend déjà de trop... Il apprend le japonais comme s'il pouvait un jour le parler. Alors s'il te plait, qui ou quoi que tu sois, laisse le tranquille.

Plus aigre, plus venimeux, Jeongin pointa du doigt le ciel et de toute sa voix cette fois-ci, il vociféra,

- Je vais même te dire mieux, je t'interdis d'y toucher. Je t'interdis de l'enlever à ceux qui en ont besoin. Félix est à moi et tu ne l'emporteras pas avec toi.

Ce soir-là, transi par le froid, et sans vraiment savoir pourquoi, peut-être parce qu'il l'avait blessé ou peut-être parce qu'il s'était blessé, Jeongin se promit d'être un meilleur compagnon de route. S'il avait eu le droit à ses espoirs en temps voulu alors Félix y avait le droit également. Il avait lu son dossier et ses examens paraissaient moins encombrés que les siens même s'ils n'étaient pas tous roses. Ses dossiers étaient plus fins et les médecins passaient plus souvent.

Dans le cas de Jeongin, il s'agissait plutôt de savoir comment il allait « aujourd'hui » comme ils aimaient le dire. Et le plus souvent le personnel lui demandait s'il avait besoin ou envie de quelque chose de « supplémentaire ». Comme un ajout à quelque chose de terne, d'insipide, d'inéluctable. Félix avait encore l'espoir d'un demain et d'un plus alors il n'était personne pour lui retirer un espoir, aussi infime soit-il... Il devait bien s'accrocher à quelque chose, peut-être même à quelqu'un...

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Petite anecdote personnelle pour alléger un peu le récit, mais lors de ma première hospitalisation en service de pédiatrie, on m'avait mis dans la même chambre qu'une fille qui portait le même prénom que moi et qui était atteinte de la même maladie.
Je crois que d'une certaine manière, c'est d'elle que m'est venue l'histoire.

Parfois, je pense encore à elle, comme maintenant.
J'espère qu'elle est heureuse.

M.

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