Je te laisserai des mots.
Les jours s'étaient écoulés dans une lenteur toute confortable et Jeongin avait fini par réussir à se lever de nouveau, pour finir par retrouver un état tout relatif de survie.
De temps en temps il se rendait encore sur son ponton sans jamais le confier à quiconque, et secrètement, quand Félix partait à ses séances de groupe auxquels il refusait de se rendre ou qu'il allait faire il ne savait quelle activité scolaire pour garder son niveau, il finissait toujours par fouiner dans les draps de son nouvel ami. Il ne savait pas réellement pourquoi il faisait cela ou ce qu'il y cherchait, peut-être, de la chaleur, une odeur, un interdit. Ce qui était sûr c'est que plusieurs fois Dorotha avait dû doucement le réveiller car elle l'avait trouvé endormi dans un lit qui n'était le sien et que plusieurs fois cette dernière s'était sentie plus paisible, soulagée.
C'était le cas aujourd'hui. La femme au coeur plus doux que du coton entra en chambre pour trouver son petit protégé profondement endormi dans les draps de son compagnon. Elle sourit pour elle-même et finit par doucement caresser son bras pour lui permettre d'ouvrir ses yeux à son rythme.
- Félix va arriver et je doute que tu ai envie qu'il te trouve dans ses draps jeune homme.
- Bien vu Dorothéa, toujours aussi maligne !
L'infirmière lui sourit et elle refit le lit derrière lui lorsqu'il se leva de ce dernier. Jeongin s'était levé un peu trop vite et quelques vertiges venaient le prendre d'assaut. Il s'accrocha à la barre de sécurité du lit qui était tout contre sa hanche et Dorotha le rattrapa de justesse. Elle lui caressa le bras avec rythme et lui laissa l'opportunité de reposer son front tout contre son épaule large et doucereuse, ce qu'il ne manqua pas de faire. Jeongin n'avait pas peur d'être vulnérable devant elle. A son côté, il pouvait être lui. Il pouvait se laisser aller à son moi, totalement, véritablement.
- Ça va aller... Ça va aller Jeongin.
- On sait tous les deux que non.
Dorotha ravala les condiments de son âme qui restaient désespérément bloqués dans sa gorge quand elle l'accompagna jusque son lit. Elle l'aida à s'assoir dessus et quand il retrouva son équilibre il l'a regarda plus franchement et força le contact de ses pupilles secrètes,
- Qu'est-ce qu'il y a Jeongin, quelles âneries vas-tu encore me sortir ?
- Merci Dorotha.
- Arrêtes donc, c'est mon boulot, tu le sais.
- T'as toujours été une terrible menteuse, c'est affligeant ! C'est grâce à ça que tout le monde arrive à avoir une double mousse au chocolat Doro !
Dorotha lui tapa l'épaule avec douceur tout en affirmant son autorité et elle arracha à Jeongin l'un des rares rires dont il était capable. De ceux qui faisaient crier les grillons dans ses poumons et qui faisaient danser ses épaules. Ses yeux félins n'avaient jamais été si ternis et pourtant, ils portaient en eux toute la beauté du monde, de celui qu'il n'avait jamais eu la chance de connaître.
- Dorotha, regarde moi s'il te plait.
Cette dernière le fit avec difficultés. Jeongin ne pleurait jamais devant quiconque, en tous cas il essayait, même devant elle, et pourtant aujourd'hui ses yeux étaient si brillants à cet instant qu'elle pouvait s'y voir à travers. C'était déchirant, il était encore là que c'était déjà terrible...
Par anticipation Dorotha savait que son âme entière ne pourrait se remettre d'une telle perte. Une partie d'elle-même finirait forcément par partir avec. Elle le savait, c'était inévitable.
- Merci. Je...
Il explosa en un sanglot silencieux et Dorotha courra presque pour fermer à clé la porte qui donnait sur sa chambre. Dans un silence confortable, elle revint se placer tout prêt de son enfant pour lui caresser le dos, puis le bras de la main.
- Laisse-moi terminer..., ne me coupe pas s'il te plait.
Jeongin reprit avec difficulté sa respiration tout en s'aidant de son masque de survie, comme il aimait l'appeler.
- Je ne le ferai pas.
- Tu viens de le faire.
- Je sais.
Les deux se sourirent, de ces sourires si tristes qu'ils finissent toujours par ternir le monde tout entier de par leur symbolique et leur puissance désastreuse. De ceux qui eux, malheureusement, ne finissent jamais par mourir.
- Merci d'avoir été tout ce que je n'ai pas eu. Merci pour tout ça, tu sais, pour... pour tous les trucs..., Pour être restée.
Jeongin regarda la main puissante de sa mère de substitution sur la sienne, frêle et amaigrie et il ne put s'empêcher de couvrir ses yeux de sa main valide, laissant toute sa peine se déverser sur son visage. Dorotha se retenait, elle gardait tout ce qu'elle pouvait, mais elle savait que cette nuit, elle évacuerait des litres de larmes jusque tard dans la nuit. Endormie uniquement par la force de son chagrin.
- Je ne t'ai jamais vu si triste Jeongin... dis moi la vérité mon ange, dis moi ce que tu ne me dis pas, que me caches-tu ?
Jeongin inspira profondément, il n'arrivait presque plus à respirer et il savait qu'il devait se calmer sinon les choses empiraient pour lui. Alors il attrapa le masque à oxygène une nouvelle fois, Dorotha tourna plus fortement la petite manivelle à sa place et ensemble, d'un même souffle, ils inspirèrent cette vie artificielle qui le maintenait dans un état pathétique de survie.
- Je t'aime Dorotha.
Dorotha laissa une larme dévaler sa joue, elle fut si brûlante sur son visage qu'elle l'effaça avec rage et violence de sa manche. Elle se maudissait intérieurement de l'avoir laissé couler, mais c'était trop tard.
Il était parfois de ces métiers où la distance et l'éthique ne suffisent pas toujours à se soustraire de l'humain qui réside en chacun de nous. De celui qui comprend, de celui qui écoute, qui soigne, qui aime, qui éprouve.
- Ça, je le sais déjà mon ange, et tu sais que moi aussi je t'aime.
Dorotha lâcha doucement la main de son petit protégé pour venir toucher avec délicatesse son torse, tout au niveau de son cœur.
- Dis-moi ce que tu ne te dis pas.
- Je ne veux plus mourir, pas maintenant... pas maintenant que...
Les larmes de Jeongin étaient inépuisables et ce dernier s'allongea en position fœtale tout en apposant sa tête contre la cuisse de sa mère. Cette dernière caressa son visage de sa main chaude et sécuritaire, tentant vainement de calmer un chagrin sans fond ni forme. Alors, avec douceur et complicité, elle termina sa phrase,
- Pas maintenant que Félix est entré dans ta vie...
La non réponse de Jeongin fut évidente de vérité et Dorotha n'aurait rien pu ajouter ou dire pour le soulager, car rien de ce qui se jouait ici n'avait de réponse ni de solution.
Certains d'entre nous vivent des situations qui sont sans issues et rien ni personne ne peut apporter de réponses à ses âmes en perdition. Ces deux hommes en faisaient partie, Jeongin particulièrement.
Le jeune homme pleura encore une bonne demi heure, créant de la condensation dans son masque avant de venir s'endormir contre le corps chaud de la mère qu'il avait choisi. Cette dernière le porta de toute sa délicatesse et le retourna pour l'allonger dans son lit, contre son oreiller.
Elle le borda comme elle l'aurait fait en service de pédiatrie, comme elle le faisait quand il n'était encore qu'un enfant et qu'elle le rencontrait pour la première fois, quand il était encore plein d'espoir... Elle lui caressa le visage une dernière fois et apposa un baiser tout contre son front.
- Tu mérites tellement plus mon ange, tellement, tellement plus..., si seulement je pouvais mourir à ta place, si tu savais mon bébé... je n'hésiterais pas un seul instant.
Dans ses pensées diurnes, Jeongin rêva d'une vie de courses à pieds sans essoufflements, d'un pique-nique au bord d'un lac autour duquel il aurait pu ouvrir la petite boîte qu'il gardait bien précieusement dans sa commode et dont il aurait pu partager les secrets avec Félix.
Dans ses songes les plus profonds, il osait poser sa main sur la sienne contre la nappe jaune moutarde prévue pour l'occasion et il laissait le soleil inonder son visage de sa chaleur. Puis plus tard, encore plus profondément endormi, quand il n'avait plus le contrôle de rien, il laissait Félix lui offrir un baiser. De ceux qui nous rendent vivants. De ceux qui nous rappellent pourquoi la vie mérite que l'on se batte pour la conserver.
—
- T'es nul aux échecs, c'est dingue, j'aurais jamais pensé ! Avec tous les jeux de société qu'il y a dans les hôpitaux et le temps que tu y as passé tu devrais au moins être bon à un jeu, mais t'es nul dans tout ce qu'on a testé !.
- Je t'emmerde Félix, je suis bon à la bataille ! Je te ferai remarquer que je t'ai battu deux fois.
- T'as triché, on le sait tous les deux.
- N'importe quoi !
- Jeongin..., j'avais compté mes cartes avant d'aller aux toilettes. T'as triché. Et non seulement t'as triché deux fois, mais en plus t'as triché deux fois de la même manière. C'est même pas malin ! Tu mérites vraiment pas ce visage de renard je te jure !
- Ha parce qu'en plus tu ne me fais pas confiance? Bein parfait, c'est génial ça !
- Essaie pas de retourner la situation et de m'attraper par les sentiments, ça a déjà trop marché. - Je te connais trop bien maintenant, ça ne marchera plus.
Pendant qu'ils se disputaient avec taquinerie et joie, Jeongin avait doucement subtilisé un cavalier et une tour que possédait encore Félix avant qu'ils ne se mettent à parler et ce dernier, pris dans l'échange, avait évidemment rien aperçu...
- Aller arrêtes ! Tu me déconcentres là ! À ton tour.
Félix observa alors de nouveau la partie et il s'étonna de se trouver en si mauvaise position, mais surtout, de constater que ses placements n'avaient plus aucun sens.
- T'as encore triché ?
- Non, n'importe quoi ! C'est dingue ce que t'es capable d'inventer juste parce que tu perds, tu te rends compte quand même ?
- Je ne perdais pas le coup d'avant Yang, arrêtes de me prendre pour un con ! ».
- C'est pas moi qui l'ai dit !
Jeongin leva les mains comme pour se dédouaner de sa manière d'aller toujours plus loin dans ses paroles avec ce qui était devenu, au fil des mois, un ami.
Et alors qu'il rabaissa ses bras comme la victime pour laquelle il tentait de se faire passer, le cavalier qui manquait à Félix tomba de sa manche et termina sa course sur le lino gris de la chambre, rebondissant sur plusieurs mètres jusqu'à arrêter sa course, droit comme un piquet.
Félix coinça sa langue derrière ses dents, gonflant sa joue d'un sourire plein de contrariété quand Jeongin, lui, souriait à pleines dents, le regard joueur.
- C'est quoi ça ?
- Aucune idée, attends je vais voir.
Jeongin fit semblant de se lever comme pour agrémenter ses paroles et c'est alors que Félix lui sauta dessus pour le couvrir de chatouille et les faire basculer sur son lit.
- Tu te fous vraiment de moi en fait, c'est ça ?
- Un peu.
Jeongin explosa de rire face aux accoups répétés de son vis à vis sur ses côtes. Ce dernier s'était totalement installé sur son cadet de quelques mois à peine tandis qu'il continuait de le mitrailler, ne lui laissant aucune chance. C'est alors qu'il constata que Jeongin, malgré son rire guttural et sincère, peinait à reprendre son souffle, alors Félix arrêta immédiatement ses gestes, sans pour autant perdre son sourire.
D'un mouvement habile, Félix se pencha en avant, collant presque leurs torses. Ce geste lui semblait sans réelle incidence, notamment car cela lui permettait de déverrouiller l'arrivée d'oxygène juste au-dessus de leurs têtes, mais de son côté, Jeongin avait le sentiment de suffoquer, et pour une fois, cela n'avait plus grand chose à voir avec ses poumons...
Avec douceur, Félix se releva pour finir assis sur ses hanches, puis, comme une habitude ancrée entre eux, avec intimité et tendresse, il posa le masque à oxygène contre le visage de son aimé.
- Et n'utilises pas le coup de la maladie pour m'avoir, tu ne vas pas t'en sortir comme ça Yang !
Jeongin lui sourit dans le masque pendant qu'il respirait lentement. De la buée se faisait dans ce dernier et en l'observant, Félix se surprit à constater sa position indécente. Il tenta de s'en dérober, légèrement rouge, comme pour lui faire comprendre qu'il respirait mieux s'il se décalait, mais au moment où il descendit un peu plus sur ses cuisses pour s'enfuir, de sa main libre, Jeongin déposa sa paume contre sa cuisse, le maintenant fermement contre lui. Félix resta interdit un instant et il observa avec incertitude les yeux de son interdit. Ce dernier lui confirma d'un lent clignement de ses yeux renards qu'il était d'accord. Alors, dans un silence plein de vie, Félix vint entrecroiser ses doigts aux siens.
Jeongin n'en dit rien, mais la buée s'intensifia dans son masque quand la respiration de Félix se faisait elle aussi moins régulière. Leurs yeux étaient ancrés l'un en l'autre et là, à cet instant, alors que le couché du soleil baigné de sa lumière orangé leur chambre 28, Félix aurait pu promettre voir un ange quand Jeongin aurait pu jurer voir à quoi ressemblait enfin la vie.
—
- Qu'est-ce que tu fais ?
- T'adore la mousse au chocolat.
- Oui, mais c'est la tienne et t'en mange tous les jours depuis que je te connais.
- On s'en fout, de toute manière j'irai la vomir dans 10 minutes.
Félix n'ajouta rien, mais il fut surpris de voir Jeongin s'asseoir au bout de son lit, laissant la tablette entre eux comme seul rempart à leur proximité. Ce dernier se tendit légèrement, incapable d'oublier l'évènement survenu quelques jours auparavant, incapable d'oublier la douceur de son touché, la manière dont les battements de son coeur avaient bourdonnés dans ses tympans ou encore combien ses mains étaient devenues moites à son contact.
Les deux hommes s'étaient créé un quotidien qui leur appartenait et ce dernier était toujours rythmé par des événements bien précis.
Une obligatoire le matin, c'était le seul jeu auquel Jeongin réussissait un minimum à gagner sans tricher, de toute manière, il avait affirmé ne plus vouloir jouer à aucun autre que celui-ci et Félix avait évidemment cédé à son caprice. Puis le midi ils mangeaient ensemble, dans un seul lit tout en regardant les jeux télévisés stupides où ils finissaient toujours par ne connaître aucune réponse, plus occupés à survivre qu'à étudier.
Après cela, Félix partait pour ses traitements multiples, quelques examens de contrôle un jour sur trois puis sa thérapie de groupe quotidienne, il ne la manquait jamais. Jeongin, lui, en profitait pour dormir. Il semblait de plus en plus fatigué, mais son ami n'en disait jamais rien. Quand Félix finissait par revenir de ses multiples soins, Jeongin dormait encore, pour la plupart du temps, ou alors il partait se balader sur son ponton, celui qu'il pensait être le seul à connaître. Félix comprit que seule Dorotha semblait savoir où il se rendait et elle se gardait bien de le lui confirmer ou d'en parler à l'équipe, terminant de sceller une relation que Félix savait déjà sacrée.
Félix finissait cette mousse qu'il aimait tant avant de s'aventurer sur un nouveau terrain auprès de son nouvel allié. Sa perche jaunâtre était toujours accrochée à son corps, trois fois par jour pour encore les deux prochains mois. Il la tira avec plus de brutalité que d'habitude avant de demander plus sèchement qu'il ne le pensait quelque chose qu'il avait découvert par des fouilles interdites depuis un moment déjà, le brûlant de curiosité :
- C'est quoi la boite que tu as dans ta commode ?
Jeongin le regarda un instant, interdit. Il avait donc fouillé lui aussi... mais il l'avait respecté suffisamment pour ne pas l'avoir ouverte... Ceci le fit sourire. A sa place, il l'aurait déballé sans la moindre hésitation.
- C'est l'antithèse de ma boîte de Pandore.
À vrai dire, Félix s'attendait à ce qu'il soit énervé, et en réalité, il pensait même qu'il aurait été furieux, mais apparemment ce n'était pas du tout le cas, il fut même surpris de le voir sourire. Jeongin en profita même pour s'étirer et imperceptiblement, comme dans un geste naturel, il déplia ses jambes sur la couette de Félix, croisant leurs jambes entre elles. Félix senti ses oreilles rougir alors qu'il tentait pourtant de se contenir. Les gestes d'affection de Jeongin qu'il faisait passer pour des banalités le rendait fou... Jeongin lui plaisait plus que tout, c'était indéniable... Ses yeux de renard, ses lèvres fines et son air toujours espiègle. Sa manière d'être imprévisible alors que lui-même était si prévisible... C'était divin. Il se serait damné une vie supplémentaire pour pouvoir faire de lui son homme. À l'heure actuelle, il se délectait de chaque instant, de chaque contact qui n'en était pas vraiment, de chaque caresse intellectuelle, de chaque baiser spirituel et de chaque combat psychique partagé.
- Expliques.
- Mh... disons qu'elle regroupe tout ce que j'aurais aimé faire. Des trucs à la con que j'ai jamais pris le temps de faire quand je le pouvais encore.
- Genre ?
- Je sais pas... genre aller piquer niquer au bord d'un lac ou des trucs du style. Des choses simples, évidentes, des choses du quotidien, que tu fais quand tu as le temps, quand tu crois que tu as le temps...
- Pourquoi tu ne le fait pas maintenant ?
Jeongin ria d'un son amère. De ceux qui mourraient avec aigreur dans un oesophage trop étroit pour pouvoir recevoir la totalité de sa symbolique.
- Je peux à peine traverser le service sans oxygène et tu crois que j'ai la force d'aller au bord de la rivière Han ou d'un lac pour aller pique-niquer un repas que je finirai par vomir deux minutes après ? Sérieusement Félix ?
Félix ne répondit rien. Ça ne servait à rien, il l'avait bien saisi, quand Jeongin était comme ça, aussi sarcastique, aussi cynique et froid il ne pouvait pas communiquer avec lui. La liaison, leur union était coupée et il fallait attendre que Jeongin se sente en capacité de parler de nouveau sans être acerbe..., cela finissait toujours par arriver alors ça ne gênait pas vraiment Félix. Il était comme il était et honnêtement... il l'aimait comme cela. Oui..., Il l'aimait.
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Vos retours mes fées ?..
C'est bientôt fini...
M.
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