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Chp 6 - Tamyan : le reflet de mon âme

Vaisseau amiral Mercor, sous le commandement (provisoire ? permanent ?) de l'ard-æl du Feu Noir


Un cycle planétaire complet auparavant, je me suis tenu devant mes troupes pour les galvaniser avant le combat. Cette nuit fatidique où j'ai ordonné l'assaut sur New Eden, et qu'Amarrigan aux ailes noires, sældar de la guerre et de la chance, a récompensé mon offrande de sang et mon audace en me donnant Faël.

Aujourd'hui, c'est le double, que dis-je, dix fois plus de chasseurs que j'ai sous mes ordres. Les commandants de phalanges sont tous alignés devant moi, un genou au sol, la nuque à nu et le heaume à la main, réunis pour me prêter allégeance. Debout sur le pont supérieur, je les contemple en silence.

Za dushu Ar-Tamyan zambakh ! hurle Rizhen, qui prend son nouveau grade très au sérieux.

L'arghad est repris par des centaines de gorges, de voix mâles et rauques, impatientes de fondre sur une victime innocente. Il faut vite que je lance ces guerriers affamés sur une proie, ou ils se retourneront contre moi. Heureusement, on a quelque chose à chasser. Un renard roux, qui s'est enfui avec l'un des astronefs de la chasse d'Uriel, tuant cinq guerriers au passage. Pour un prince plus habitué à manier les bouquins que l'épée, c'est un bel exploit.

— L'usurpateur qui a tenté d'assassiner votre Seigneur a été repéré dans le système de Taranis ! les excite Rizhen. Nous l'avons traqué comme la manticore suit sa proie, en silence et à couvert... L'heure est venue désormais d'abattre les foudres de la Cité Noire sur cet impudent qui a osé se croire hors d'atteinte de notre fureur ! Il a pris refuge à la Cour de Mebd. Edegil refuse de nous le livrer... Nous allons le prendre par la force ! Zambatulugh !

Son « massacrez-les tous » est repris en chœur par tous les guerriers. Détruire la Cour de Mebd n'était pas dans mes plans initiaux, mais si Edegil s'entête...

Tous ceux qui se trouvent en travers de ma route, je les pulvérise. Et Edegil se trouve en travers de ma route présentement. Car je ne pourrais pas attaquer Nazhrac tant que je n'aurais pas ramené la tête de ce Círdan de Tará à mon oncle. Et tant que je n'aurais pas éliminé la menace Nazhrac, je ne pourrais pas retourner auprès de ma famille.

Après avoir hurlé les derniers cris de guerre, les chefs d'escadrons retournent à leurs phalanges.

Avec un peu de chance, je pourrais les lancer sur Nazhrac directement après cette bataille. Edegil n'a pas de quoi nous opposer une véritable résistance... il nous livrera ce qu'on demande immédiatement, négociera une trêve. Les chasseurs exigeront qu'on leur remette des femelles, puis le pacte de non-agression sera signé. Je n'aurais qu'à les faire marcher sur Ymmaril dans la foulée, et, pourquoi pas, directement sur la tour de Fornost-Aran... Certains, parmi eux, doivent déjà s'y attendre.

C'est la règle, la loi du Peuple. Le plus fort prend l'initiative. Uriel m'a remis l'ost de Dorśa, presqu'au grand-complet... c'est, en soi, un signal éloquent. Je suis le plus puissant actuellement à Ymmaril. Même Aeluin serait incapable de résister face à une telle force de frappe. Tous ces chasseurs, en bas, n'attendent que ça... que je les mène à la victoire.

C'est ton moment, Tamyan. Celui que tu as toujours attendu, depuis le jour où Fornost-Aran a fait marcher ton père dans le feu-dragon. Depuis qu'il a fait de ta mère sa putain, et qu'il t'a jeté aux arènes comme un vil esclave. Depuis qu'il a brûlé ton visage... Oui, c'est le début de ton ascension. Bientôt, tu le tiendras sous ta lame. Et là...

Mon pouls s'est emballé. Je me mords la lèvre, tentant de calmer mon excitation.

Garde la tête froide. Chaque chose en son temps. D'abord, accomplis la mission qu'Uriel t'a donné, combats en son nom. Négocier une trêve avantageuse avec Edegil t'apportera du prestige, surtout si les chasseurs obtiennent des femelles. Ne fais rien qui pourrais te rendre suspect, être rapporté à Fornost-Aran, susciter sa méfiance et son ire. Ce n'est pas encore le moment. Et il a forcément des fidèles, des espions gagnés à sa cause parmi ces guerriers.

C'est déjà étonnant qu'il ait laissé Uriel me remettre les clés de Dorśa sans rien dire. Très étonnant... Mais il est vieux. Plus encore qu'Edegil. Cela fait combien de temps qu'il ne s'est pas montré en public ? Des siècles. Peut-être même un bon millénaire.

Il est fini. Je vais juste l'achever. Lui percer le cœur, puis l'exposer au-dessus de mon nouveau trône, sans masque, au vu et au su de toute la Neuvième Cour. On verra bien qui a le visage le plus brûlé, entre lui et moi.

Et sur ce trône... sera assise Faël, à mes côtés. La première concubine à régner auprès de son roi, aux yeux de tous. Ma Dame Blanche. Exposée, mais jamais montrée, comme un joyau dans son écrin de velours noir. Elle siègera sous un long voile gris de la meilleure soie khari, une couronne de givre, de mithrine et de rubis sur la tête, ses longs cheveux blancs trainant jusqu'à ses chevilles ornées d'or. Tout le monde pourra l'admirer – de loin. Juste deviner ses traits, apercevoir la noblesse de son profil.

Dès qu'elle sera à Ymmaril, je la marquerai. Nous échangerons les anneaux, et je le poserai sur elle moi-même, puis ceindrai sa taille fine et sa gorge pâle d'une chaîne d'or. Je convierai toute la Cour à la cérémonie, tous mes chasseurs, mon clan reconstitué. Ceux qui m'ont été fidèles tout le long seront aux premières loges.

Faël n'aimera sans doute pas être exposée ainsi, comme un trophée : elle aura du mal à comprendre l'honneur qui lui est fait. Cette marque sur sa peau, et mon odeur pour toujours mêlée à sa chair, montrera à la face du monde à qui elle appartient. Plus aucun perædhel, plus aucun Haroun n'osera avoir la moindre prétention sur elle. Faël sera sûrement frustrée au départ, d'être ainsi liée à un seul mâle, pour l'éternité. Mais elle comprendra, à la longue, et y prendra plaisir et fierté. Je le sais. Elle s'est montrée tellement surprenante, jusqu'ici... Je sais qu'elle ne me décevra pas.

Notre fils, Cyann, sera élevé comme le prince héritier d'Ymmaril. À l'adolescence, il deviendra un ædhel à part entière. Mènera mes troupes sur le champ de bataille, au cours de raids aussi prestigieux que victorieux contre les humains. Faël ne donnera d'autres petits. Beaucoup de petits. Son ventre rond, ses grossesses régulières, seront un éloquent témoignage de mon désir insatiable pour elle, et de la dévotion qu'elle a pour moi. De nombreuses portées naîtront, qui fortifieront mon clan et en feront le plus puissant de Dorśa... puis de tout le monde ædhel, à mesure que les conquêtes se multiplieront, et enfin, de la galaxie entière.

— Tamyan ? m'interrompt Rizhen.

Je me tourne vers lui, contrarié. Cet imbécile m'a encore interrompu dans ma planification stratégique.

— Quoi ?

— L'intendant veut te montrer tes appartements.

Ceux d'Uriel, qui ont été reconfigurés par les sluaghs pour moi. Un ard-æl blessé est aussitôt remplacé, aux yeux de ses serviteurs... c'est triste, en un sens. Mais c'est la loi.

Je suis l'intendant obséquieux dans les couloirs tendus de velours rouge. Des lumignons flottent dans les ténèbres, comme un chemin de lumière. Le couloir conduit sur une lourde porte, si haute qu'elle pourrait laisser passer un wyrm. Le sluagh courbe la tête et l'ouvre, m'invitant à y entrer d'un geste servile de la main.

— Vos appartements, Sombre Seigneur.

Un parfum puissant me saisit dès que j'entre. Trois aslith sont agenouillées devant l'immense lit tendu d'écarlate, nues. Deux femelles et un mâle, à qui on a laissé leurs chevelures, pour les rendre plus attirants. Parmi eux, une a les cheveux clairs.

Je me tourne vers l'intendant.

— Qu'est-ce que cela ?

— Pour votre plaisir, Seigneur. Et pour vous sustenter. J'ai aussi fait apporter des victuailles, sur la table.

J'ignore les trois humains, passe devant eux et marche vers la table, où sont installés des fruits et un carafon en cristal rempli de gwidth. Je m'en sers une coupe et bois une longue gorgée.

— Renvoyez-les d'où ils viennent. Si j'ai besoin de quelque chose, je le ferais savoir.

— Vos désirs sont des ordres, Seigneur, s'incline l'intendant.

Mais l'une des filles – celle qui a de longs cheveux blonds -, se lève, marche vers moi et s'agenouille, étalant sa lourde chevelure odorante sur le sol à mes pieds en une démonstration de soumission que je ne peux qu'admirer. Troublé, je me prends à imaginer Faël à sa place.

Ce sera possible, lorsqu'elle aura été instruite des usages. Pour l'instant, Faël n'est qu'un diamant brut, qui n'a jamais été poli ni taillé. Mais ici, à Ymmaril, elle aura une éternité pour se perfectionner dans les arts de l'abandon, du contrôle et de l'amour. Elle pourra être instruite par les meilleures courtisanes, les plus soumises et talentueuses asliths. Et par moi, dans notre chambre. J'aurais tout le temps pour l'éduquer, la dresser. À mon plaisir et au sien.

Lentement, l'aslith défait son lourd collier et me montre sa jugulaire, intacte.

— Buvez, Seigneur. Je n'ai encore jamais été mordue.

Un vrai cadeau. Une veine que jamais personne n'a touchée...

Je ne peux m'empêcher de baisser les yeux sur elle. Sa chevelure, sa voix profonde et rauque, son attitude... tout me rappelle Faël, et le manque que j'ai d'elle. Sa gorge dénudée est appétissante, tout comme sa poitrine, et la cambrure de ses reins. Lorsqu'elle vient se lover contre moi, entourant mes genoux de ses petits bras et collant sa joue sur l'iridium de mon armure, je tends la main pour la toucher. Je soupèse un sein lourd et dense, entoure son cou fin de mes griffes, effleure sa peau chaude et parfumée... puis me ravise.

— Va-t'en, lui dis-je en me retournant.

— Vous êtes sûr, Seigneur ?

— Oui. Laisse-moi. Et dis à l'intendant de ne plus m'envoyer de proies.

Pourtant, je devrais évacuer la violence, la soif de sang, et garder la tendresse pour Faël. Mais je suis incapable de boire à la gorge d'une autre femme qu'elle. Elle est devenue l'Unique, celle qui est l'objet de mon obsession, de mes pensées, nuit et jour.

Je me ressers une coupe de gwidth, en bois encore et encore, jusqu'à finir le flacon. Les luxueux bains d'Uriel, avec leur vue spectaculaire sur l'espace, ne me font même pas envie. Je me couche tout habillé dans l'immense lit, fait pour recevoir une orgie, sans quitter mon armure. Ma main fouille dans le revers de mon shynawil – celui qui est tout élimé, et que je n'ai pas voulu échanger contre un neuf – et en sors la longue natte blanche de Faël, dans laquelle j'enfouis mon visage. Immédiatement, son odeur sature mes sens. Je ferme les yeux, me perds dans ma rêverie, alors que mon cerveau rejoue en esprit notre dernière nuit.

Je la revoie ondulant sur moi, le visage abandonné dans la souffrance et l'extase. La façon dont mon membre écartelait la petite bouche de velours entre ses jambes, la crucifiait. Sa croupe qui bougeait sous moi, les gouttes de sueur perlant comme des larmes sur ses reins, tandis que je la pilonnais sans pitié. Sa main sur ma pomme d'Adam, quand, prise tout entière dans les vagues de la jouissance, elle me serrait à m'en étouffer, son bassin vissé au mien et ses chevilles verrouillées sur mes hanches. Ses cris, ses râles, ses gémissements, sa manière de prononcer mon nom. Une seule fois, elle m'a appelé Tam. Mais la plupart du temps, c'était juste « Tamyan », ou même, parfois, « ylfe de malheur », « foutu démon », ou quelque chose de plus salé encore. Et ce surnom qu'elle ne m'a donné qu'une fois, la toute dernière nuit, juste au moment de s'endormir dans mes bras, comblée et épuisée. L'appellation la plus précieuse entre toutes, parce que si porteuse de sens aux oreilles des humains. « Mon amour ». Ce terme me donne envie de grimacer, me fait l'effet de mille piqures sur ma peau, de quelque chose de chatouilleux, de gênant, de glacé et de gluant, qui coulerait sur ma nuque, mes côtes, ou ma colonne vertébrale. Titillerait la pointe de mes oreilles de façon insupportable. Mon amour. J'aurais massacré n'importe qui d'autre ayant osé m'appeler comme ça. Mais quand j'ai entendu ce simple mot dans sa bouche, un filet de voix presque imperceptible, j'ai eu envie de la serrer très fort contre moi – ce que j'ai fait. Et j'ai attendu qu'elle ait fermé les yeux pour lui rendre la pareille et lui souffler à l'oreille : « Reflet de mon âme ». Le terme le plus proche, dans la haute langue des Cours, du mot adannath « mon amour ».


*


Je me réveille inquiet, agité. Mon corps est glacé. La faim, le manque de sang... J'ai rêvé que notre enfant, à Faël et moi, était mort.

Le premier sentiment qui m'anime est l'urgence. Je fouille dans mon armure, extrait le petit cristal violet que j'ai choisi pour Cyann à sa naissance, juste à côté du mien, plus gros et rouge rubis, puis de celui de Faël, une topaze vibrante. Je l'inspecte. Il est intact. Pas la moindre fissure ou aspérité. Mon fils va bien. Je prends celui de Faël entre mes griffes, le regarde. C'est plus symbolique qu'autre chose : je doute que l'âme d'une adannath puisse être capturée par un cristal-cœur. Mais j'aimerais que ce soit le cas. Si Faël disparaissait, sans aucun espoir pour être rappelée... Je sais que j'en mourrais, moi aussi. Je ne pourrais pas vivre un nouveau millénaire sans elle. Pas après tout ce que j'ai enduré. Cette existence si longue, sans but, sans joie. Elle a donné du sens à ma vie. C'est fini, je ne peux plus retourner en arrière. Comme après la damnation, le choix.

Je fixe mon reflet dans le miroir au-dessus du lit. Mes cheveux noirs, qui ont déjà repris leur longueur initiale. L'armure obsidienne et le shynawyl déchiré que je porte par-dessus. Ma peau pâle, les oreilles grandes et pointues qui, aux yeux des humains, sont un signe d'animalité. Mes griffes.

Chez nous, lorsque je me regarde ainsi, Faël repose sur mon ventre, sur ma poitrine, dans mes bras. Et à chaque fois, je m'émerveille de nos différences, me demande comment une adannath a pu devenir la chose la plus importante de ma vie, mais surtout – et cette sensation est complètement nouvelle – comment elle a pu me choisir moi, qui suis si différent d'elle. Car elle m'a choisi. Ce jour-là, dans la soute, elle aurait pu se fondre dans la masse, rester hors d'atteinte de mon regard. Sauf qu'elle a choisi de se faire remarquer, d'être revendiquée par moi. De me défier.

C'est qu'un banal pirate, un criminel de guerre...

Jamais aucun humain n'avait osé une telle insolence. Elle ne me craignait pas. Elle me haïssait, me méprisait. Et quand j'ai vu ses cheveux blancs, j'ai compris. C'était elle. La fille que m'avait promis Alyz. Celle qui allait me mettre à genoux. Me faire chuter. Et qu'à travers elle, j'allais tout perdre, mais aussi gagner quelque chose, perdu depuis encore plus longtemps. Quelque chose de très important.

L'ombre et la lumière. Le noir et le blanc. Lorsqu'elle est dans mes bras, à côté, avec moi, tout fait sens. C'est lorsqu'elle n'est pas là que plus rien n'existe. À tel point que je me demande ce que je fais là, sans elle, à guerroyer dans l'espace et à poursuivre je ne sais quelle chimère, une vieille vengeance inutile. Pourquoi ? Parce que c'est la « loi du Peuple » ? Parce que je vais perdre mon statut, si je ne le fais pas ? Perdre l'estime de Rizhen, de Tymyr, de Lathelennil et d'Uriel, des rares qui me suivent ? Pourquoi cela m'importe autant ?

Non. La vraie raison, c'est parce que si j'arrête, je ne serais plus moi. Et que je risquerai alors de perdre l'estime, la haine, et surtout l'amour, de Faël. Je dois rester ce cauchemar qu'elle adore détester, ce chasseur sauvage, cruel et vengeur, possessif et jaloux, pour que l'équilibre fonctionne, que nos différences s'annulent. Des ténèbres naît la lumière. C'est la devise de mon clan. Je n'en ai jamais autant compris le sens que maintenant.

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