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Chp 3 - Tamyan : ce que je fais de mieux (3)

Voler à dos de wyrm est un plaisir rare, réservé à une petite poignée d'élus. Je vois les visages se lever vers moi alors qu'Anarion tournoie entre les pyres d'obsidiennes, sa silhouette chiroptérienne se découpant sur l'argent de la lune. Je fais un tour ou deux à basse altitude pour laisser les gens m'admirer. Qu'ils voient ma crinière soulevée par le vent, mon visage découvert. Qu'ils s'habituent à celui qui sera bientôt leur nouveau monarque.

— Regardez ! C'est Tamyan Niśven ! Il est revenu d'exil...

— Sur un wyrm !

— Il porte le plastron de la Première Légion !

Je regrette que Faël ne puisse assister à ce triomphe. Mais déjà Anarion atterrit sur la plateforme, où m'attend un sluagh au visage raide.

— Vous deviez arriver par le bas, Seigneur Tamyan, grince-t-il, mécontent.

Et j'arrive par le haut. Quel symbole... Ici, je suis directement à la salle du Trône. Nul besoin de me taper d'immenses corridors et d'interminables escaliers, autant de chausse-trappes où les sbires de mon oncle peuvent m'attaquer.

— Mon dragon avait besoin de se dégourdir les ailes.

Anarion grogne dans mon dos.

— Dégourdir les ailes ! Alors que c'est toi qui m'as supplié !

Heureusement, seuls les princes-dragons parlent le draconique, la langue des wyrms. Le sluagh n'entend qu'un grognement.

— Suivez-moi, m'indique l'intendant en ramenant ses longues mains blafardes dans ses manches.

— On se retrouve tout à l'heure, murmuré-je en draconique à Anarion. Si tu es encore là quand je reviens, tu auras une récompense.

— J'y compte bien ! rugit-il, poussant le sluagh à accélérer.

Le Palais Noir. Revenir ici, après des siècles d'exil, me hérisse les cheveux sur la nuque. Mais ce sera bientôt mon domaine, et celui de Faël. Je dois m'approprier ces lieux, m'y habituer.

— L'Obscur est en son harem, me prévient l'intendant. Il ne vous recevra pas avant un certain temps.

Je ronge mon frein. Je connais Aran, et je sais qu'il n'est pas en train de se faire masser le skryll par ses aslith. Il est tranquillement dans ses appartements, en train de savourer du gwidth, les yeux sur une meurtrière d'où il a observé mon arrivée. Assister à ce déploiement de puissance lui a déplu, et il veut me le faire payer. Qu'à cela ne tienne.

— Très bien. Faites-moi porter du gwidth dans les jardins, j'attendrai là-bas.

— Le Prince des Ténèbres a été très clair : il veut que vous attendiez dans la salle du trône, face contre la dalle, en posture de supplication, afin de montrer votre reconnaissance d'avoir été autorisé à revenir à la Cour.

Le vieil enfoiré... il ne perd rien pour attendre. Ce sera rendu au centuple le moment où je le détrônerai.

Mais je dois obéir. Pour l'instant. J'entre donc dans la salle cyclopéenne, ploie les genoux sur la dalle d'obsidienne, faisant grincer l'acier de mes genouillères dans l'immensité vide. Je remarque le plastron fondu de l'armure de mon père, posée là. Aran... ce salaud l'a ressortie à dessein, pour me rappeler ce qu'il pense être ma place.

Qu'importe. Il paiera pour ça aussi. Je m'allonge sur la dalle froide, et j'attends.

Longtemps.

Très longtemps.

Le crépuscule violet qui marque l'arrivée de la vraie nuit est déjà là lorsque résonne enfin le cor annonçant l'arrivée du roi. Je n'ai pas pu dormir, sachant que des centaines d'yeux étaient posés sur moi, dans les ombres. Des assassins prêts à fondre sur le faible, des courtisans vils et comploteurs. Eux aussi ont dû attendre. Les étoiles sont hautes dans le ciel de minuit, et les fleurs nocturnes, les « roses du roi », ouvrent leur corolles, libérant leur parfum envoûtant. Les ténèbres se font plus épaisses, opaques. Un chant suppliant d'une beauté inouïe monte des rues : tout le monde a oublié le triomphant prince Niśven, et célèbre l'approche du roi de la nuit, de l'Obscur. Toute la Cour se tend comme un arc. Les ombres, sous la grande arche, grandissent, mouvantes... puis redescendent pour laisser place à un ædhel de grande taille, tout entier ceint d'une armure noir et or, la lourde couronne de bois d'iridium entrelacés sous son masque colérique.

Fornost-Aran entre d'un pas vif, son shynawil de velours rouge claquant derrière lui. Il le saisit à deux mains avant de s'asseoir sur le trône, en un geste ample et puissant, infusé d'une rage froide, puis croise ses jambes moulées d'acier.

Je jette un œil à l'intendant à côté de lui, à travers les mèches de mes cheveux répandus sur le sol. Il se tort les mains, inquiet. Mon oncle est énervé.

— On m'a dit qu'une femelle avait vu le jour dans notre lignée, et atteint la puberté ? Et l'on ne m'en a rien dit, alors que cette beauté devrait siéger à côté de moi, sur le trône d'obsidienne.

Étouffée par le masque, sa voix froide est rude et inquiétante. Et il dit cela en tapotant de sa main griffue le crâne d'un aslith, agenouillé à ses pieds, nu et couvert d'eysh et de paillettes d'or. Une femelle adannath dans le même appareil a sa joue posée sur ses genoux, un épais collier au cou, relié à une chaîne encastrée dans la pierre.

Je ne sais pas si j'ai le droit de parler, ni même de me relever. Alors je ne dis rien.

— Nous la recherchons, Seigneur, fait une voix derrière moi. Activement. Aux dernières nouvelles, elle était à la Cour d'Edegil...

Nazhrac. Ce ton sirupeux, plein d'obséquieuse servilité, c'est Nazhrac.

Je me relève immédiatement.

— Personne ne t'as autorisé à te redresser, Tamyan, lance Aran d'un ton désinvolte, sans même me regarder. Reste couché, avec ta belle chevelure étalée à mes pieds. Je m'occuperai de toi plus tard.

Mais je ne peux pas me coucher. Pas devant Nazhrac.

— Je me coucherai, mon oncle, et même mille fois, cette chevelure coupée à tes pieds, si tu me laisses d'abord me venger de ce traître, grondé-je en tirant ma dague de ma ceinture. C'est la faveur que je suis venu te demander : me laisser obtenir réparation contre ce parjure, qui en m'attaquant dans le dos, a insulté notre famille tout entière !

— Couché, j'ai dit ! rugit-il, tournant sa face de rage vers moi. Et toi, Nazhrac... qu'as-tu à répondre à mon neveu ? As-tu vraiment eu l'audace de porter ta lame sur un prince de sang ?

— Je n'ai fait que suivre les doléances des chasseurs, Obscur, grince Nazhrac entre ses crocs serrés. Votre neveu était malade, incapable de diriger les rites ou une chasse... il n'a même pas été capable de se mêler aux réjouissances avec nous, de saigner un esclave ou de saillir une captive sous l'arbre-lige comme le veut la coutume ! Il a laissé une femelle faux-singe se pavaner sur son cair, intouchée, le ventre vide alors que tant de nos chasseurs avaient besoin de calmer leurs fièvres, et lui a même couru après comme un petit chien lorsqu'elle s'est enfui... Comment vouliez-vous que nous gardions un ard-æl pareil ?

— Tu ne m'as même pas défié ! hurlé-je. Tu es un lâche. Tu ne tiendrais même pas une minute face à moi en combat singulier, et tu le sais !

Nazhrac affiche un faux air peiné.

— Mon pauvre Tamyan... tu me fais pitié, vraiment. J'ai eu vent de tes petits exploits chez les adannath... ils t'ont capturé, c'est ça ? On m'a même dit que tu avais dû partager ta cellule avec des orcs en rut, à Urdaban... Quelle disgrâce ! Si ton père te voyait...

La colère me brûle les veines. Comment il refait l'histoire !

— Oncle ! m'exclamé-je en le prenant à partie, face au trône. Autorise-moi à affronter ce traître dans l'arène d'Ymmaril. Je suis un Niśven, de ta propre lignée ! Laisse-moi une chance de laver mon honneur dans le sang, pour la gloire de notre famille !

Aran reste silencieux. Son visage est penché, appuyé sur son poing. Il réfléchit.

— N'écoutez pas ce comploteur qui ne pense qu'à s'emparer de votre trône, Obscur, grimace Nazhrac. Il espère triompher dans l'arène et provoquer un soulèvement pour jeter le chaos dans Ymmaril, comme l'a fait son père avant lui... il sait qu'il est populaire, et que son physique de jeune mâle ténébreux, le « plus beau Niśven », joue en sa faveur. Il se croit au-dessus de vous...

— Toi, Nazhrac, penses-tu que Tamyan est « au-dessus » de moi ? demande soudain Aran, sa voix métallique résonnant dans toute la salle. Qu'il est le « plus beau Niśven » ?

Tout le monde suspend son souffle. Nahrac a commis un faux pas. Un seul, mais il va sans doute lui être fatal.

— Bien sûr que non, se défend-il en courbant la nuque, inquiet. Tamyan est faible, et...

— Tu viens de dire qu'il était populaire, le coupe le roi. Et j'ai entendu les murmures à son arrivée. Penses-tu pouvoir le battre, l'écraser dans l'arène face à ses partisans ?

Un irrépressible sourire commence à picoter les coins de ma bouche. Mais je fais tout pour le retenir. Il ne faut pas que mon oncle réalise à quel point j'ai envie qu'il envoie Nazhrac dans l'arène, vêtu d'un simple plastron de cuir et d'un lame à triple configuration.

Le corps à corps. Son point faible. Alors que moi, l'arène est mon domaine. Plus encore que les champs de bataille. En me maltraitant, me disgraciant, m'envoyant en exil, Aran a fait de moi une arme. Personne n'est plus prêt que moi à fondre sur son ennemi, dans tout Ymmaril, à cet instant présent.

— Bien évidemment, finit par lâcher Nazhrac après une courte hésitation. Je peux le battre... il est malade, je vous dis !

— J'ai entendu. Pas la peine de le répéter dix mille fois, je ne suis ni sourd, ni idiot. Mais certaines rumeurs prétendent que Tamyan n'est plus sous l'emprise du geis d'Alyz, et même, qu'il a sailli une adannath, à qui il a fait un enfant, aussi beau que lui. Es-tu au courant ?

Nazhrac hésite.

— Eh bien... (Il se tourne vers moi.) Est-ce vrai, Tamyan ?

Je visse mon regard dans le sien.

— À toi de me le dire. Tu m'as l'air au courant de tout.

Nazhrac ne répond pas. Il a peur de commettre une autre erreur.

— Tamyan, si la rumeur dit vrai, vous devez ramener cet enfant à Ymmaril, intervient l'intendant sluagh. Un petit Niśven appartient à la Cour tout entière !

— Il est mort, annoncé-je alors. Tué par les adannath, alors que je combattais pour la gloire de Dorśa.

Je sens la déception monter des rangs des courtisans, comme une vague noire. Un Niśven en moins, et surtout, une chance en moins pour Aran de récupérer un nouveau corps pour remplacer le sien.

— J'ai perdu moi-même de nombreux petits, déclare alors Aran, et je ne connais que trop le vide que ces pertes laissent en nos âmes. Pour calmer la peine de ton cœur, je te laisserai exprimer ta rage dans l'oubli du combat, mon neveu. Contre Nazhrac. Nazhrac, si tu gagnes, tu remportes le commandement de la Première Légion, le territoire, le château, le wyrm et la concubine humaine de Tamyan, cette « Dame Blanche » dont tout le monde parle. Qu'en penses-tu ? C'est une belle mise.

— Je... je suis honoré, Seigneur, bégaie le traître, plus pâle qu'un mort. Puis-je désigner un champion...

— Tu combattras toi-même, à la lame à triple configuration, sans armure, annonce Aran. Pour notre plus grand plaisir, et le tien. Mon neveu est diminué par le muil : vous serez à armes égales.

— Mais il me semble en pleine forme, et...

La sentence tombe comme un couperet.

— Tu oses contester les décisions de ton ard-æl ?

La protestation de Nazhrac étouffe dans sa bouche.

Je lui coule un petit regard en coin.

Il est fini. Et il le sait.

— Quant à toi, Tamyan... je te laisse une chance d'accomplir ta vengeance, mais elle a un prix : je veux que tu amènes à la Cour cette fameuse concubine que tu n'as pas tuée, cette « Dame Blanche » qui t'a donné un enfant si beau, pour que j'accomplisse le rite de l'union aux prochaines fêtes du Sang, le soir même de votre combat. Si tu ne le fais pas, elle sera offerte en sacrifice aux chasseurs au cours de ce même rite.

Aran marque une pause, histoire de bien mesurer son effet. Du coin de l'œil, je vois le sourire goguenard de Nazhrac, qui exulte.

Une sueur glacée coule dans mon dos.

Non. Pas ça.

— Maintenant, disparaissez de ma vue. Tous les deux. Je vous reverrai dans l'arène à la prochaine lune bleue, dit-il en se levant, avant de marcher d'un pas dédaigneux vers la sortie.

Je ne te laisserai pas avoir Faël, décidé-je en plantant mes yeux sur son dos. En prenant cette décision, tu as choisi le jour de ta mort, Fornost-Aran. Ce sera le soir de mon triomphe dans l'arène.

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