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Chp 16 - Faith : le sang et le poison

Localisation inconnue


Mon sang annule le poison. C'est la grande découverte que je viens de faire.

J'ai découvert ça peu de temps après le départ de Tamyan, en examinant le tube à essai que j'avais endommagé, et sur lequel mon sang avait coulé. La couleur noire avait disparu de l'échantillon... L'analyse a confirmé la disparition de la toxine.

Je vais tout de suite allée trouver Dasma. Il faut que je vérifie avec un nouvel échantillon. Je la trouve assise sur son lit, dans le désordre luxueux des appartements réservés aux concubines de Tamyan. Un coin du vaisseau que je n'aime pas trop, mais qui, je le reconnais, est plus confortable que la serre humide et froide où je me terre. Une cage dorée.

— Tu vas aller au banquet avec lui ce soir ? demande Dasma en me tendant son bras pâle.

— Non. J'ai des analyses à faire.

— Il tient à ta présence, pourtant, me répond-elle avec un regard oblique.

— Il s'en passera.

J'enfonce l'aiguille dans la veine de Dasma. Elle ne tressaille même pas.

— Il t'a commandé une robe. Le tissu le plus magnifique que je n'ai jamais vu... On dirait de la toile de diamants.

De la toile de diamants ? Rien que ça... Dasma a le sens du mélodramatique.

— Tu dois te tromper. Tamyan se fiche de nous. Pour lui, nous ne sommes que des animaux.

Je baisse un regard amer sur l'horrible marque que Dasma porte sur la nuque. Ces monstres ont marqué les captifs au fer rouge, comme du vulgaire bétail. Je suis la seule à y avoir échappé. Mais le pire de tout, à mes yeux, c'est ce bijou obscène que les concubines de Tamyan arborent. Un minuscule anneau en or, passé dans le capuchon de leur clitoris. Relié à une petite chaîne, au bout de laquelle pend une perle. Une fois, j'ai vu Tamyan jouer avec du bout de sa griffe, alors que Dasma était alanguie, nue, sur ses genoux...

— Les ylfes ont toujours eu de belles choses, soupire Dasma.

Je lui pose un pansement avec un petit tapotement.

— Les ylfes sont nos ennemis, lui rappelé-je. Ils ont tué beaucoup des nôtres, et ont emmené les survivants en esclavage.

— Nali dit qu'ils ne sont pas nos ennemis. Qu'ils ont besoin de nous. Que seuls ceux qui ont résisté ont été abattus, que...

Je lui coupe la parole brutalement.

— Arrête, Dasma. Tu bafoues la mémoire des morts, en disant cela. De tous ceux qui ont perdu la vie pour défendre la tienne. Nali et toi, vous êtes sous l'emprise de Tamyan et des siens. Ce qu'ils vous font est mal.

— On voit que tu n'as pas été choisie par Tamyan pour être sa concubine, réplique Dasma. Tu parles d'une chose que tu ne connais pas... Si c'était si mal, alors pourquoi ça fait autant de bien ?

Les chansons parlaient de ça, aussi. Du pouvoir qu'ont les ylfes de nous faire voir les choses à leur manière.

Je me frotte les tempes. Depuis quand ai-je choisi de me fier à des chansons, surtout aussi vieilles que celles-là ?

— Tu n'as pas l'air bien, observe Dasma.

Cette fille, qui, probablement, ne m'aurait jamais adressé la parole sur la colonie, si on s'était rencontrées dans d'autres circonstances... Mais c'est une humaine, comme moi. On doit se serrer les coudes. Je serais heureuse si quelqu'un s'occupait de ma sœur comme moi je m'occupe de Dasma et de Nali, où qu'elle soit.

Mila. Je n'ose penser à elle, et à ce que ces monstres lui ont fait. Si elle est tombée sous la coupe d'un maître comme Tamyan... ou plus cruel encore...

Reste forte. Ne te déconcentre pas.

Il me reste à négocier avec Tamyan. Il veut la formule qui va guérir toutes ses concubines ? Bien. Mais en échange, il va devoir me rendre ma sœur.


*


Je ne passe jamais par la porte principale pour me rendre dans les appartements de Tamyan. Ils sont gardés par un ylfe en armure, sa longue chevelure tressée et entremêlée de ce qui ressemble à des éclats d'os et d'acier, le visage dissimulé par un masque au faciès agressif et grimaçant, et qui, pour ne rien arranger, garde les bras croisés sur deux lames dégainées. Dasma, forte de son expérience avec l'ennemi, m'a dit que les ylfes dorment les yeux ouverts. Qu'on ne peut jamais savoir s'ils sont éveillés ou non. Je préfère ne pas tenter le sort avec celui-là. Je passe directement des quartiers des concubines aux miens, où la porte secrète mène à la cabine de Tamyan, par l'intérieur.

Par acquit de conscience, je frappe toujours d'abord. Je ne voudrais pas le trouver au lit avec une de ces pauvres filles. Lorsqu'il est disposé à me voir, il ouvre. En fait, il ouvre souvent. Lorsqu'il ne répond pas, c'est qu'il n'y est pas. Je ne frappe jamais la nuit.

Cette fois, il ne répond pas. Je pousse donc la porte. Il est peut-être déjà parti au banquet. Tant mieux. Ainsi, je n'aurais pas y aller.

La cabine de Tamyan n'est pas très spacieuse, pour une cabine de commandant pirate. Elle est assez en désordre. Le grand lit est défait : du coin de l'œil, j'aperçois quelque chose qui brille dessus, sous une tunique noire brodée jetée là. Mais je n'ai pas le temps de m'y attarder. Il y a une silhouette sombre au sol. C'est là que je réalise qu'elle émet une espèce de respiration à la fois sifflante et grondante, à laquelle je n'avais pas fait attention de prime abord.

C'est lui. Sa longue chevelure de jais est libre, éparpillée sur son visage et son torse glabre, à la peau si blanche, couverts de lacérations, de marques noires, de glyphes étranges. Je reste immobile, figée sur cette vision. Tamyan, mon pire ennemi, écroulé au sol. Les yeux mi-clos, son visage aux traits racés figé dans une expression de souffrance poignante. Du sang s'écoule sur son menton : ses longues canines sont sorties, et il s'est mordu la lèvre avec.

Je le rejoins, m'agenouille.

— Tamyan, soufflé-je en posant sa main sur mon bras.

C'est la première fois que je le touche. Sa peau est brûlante. Surtout, son bras est entièrement noir, jusqu'au biceps contracté. Un genre de crise d'épilepsie ? Est-ce que cela peut arriver aux ylfes ? Sur le muscle engorgé, les veines sont bleues. C'est alors que je m'aperçois que ce que je prenais pour un tatouage est en fait un réseau veineux sombre qui rayonne de son plexus comme un soleil ténébreux, un nexus de sang grenat et de poison. Des gouttes de sueur scintillent sur ses tempes, car oui, c'est officiel maintenant, les ylfes transpirent.

— Tamyan. Est-ce que vous m'entendez ?

Je lui prends le pouls. Il gronde, dévoilant ses crocs démesurés. Dire que c'est avec ça qu'il a transpercé Dasma... ça, et autre chose encore.

Ce n'est pas le moment de penser à ces fadaises.

Je le secoue. Une fois, deux fois. Et soudain, il ouvre les yeux.

Ils sont entièrement rouges.

Dasma m'avait bien dit qu'ils changeaient de couleur.

Mais elle ne l'a sûrement jamais vu comme ça, si effrayant. Il ressemble à un démon.

Lorsqu'il tourne son visage féral tourné vers moi, je note la taille de ses oreilles pointues. Elles me semblent plus grandes, plus aiguës. Comme ses crocs, et ses griffes. Ses muscles sont contractés, saillants. Il est différent de d'habitude.

— Vous êtes malade, parvins-je à dire. Et cette maladie vous change.

Tamyan me jette un regard dangereux.

— Va-t'en. Je n'ai pas besoin de ton aide !

Je ne l'écoute pas. Je me penche vers lui. Inutile de tenter de le relever : il est trop grand, trop lourd pour moi. Rapidement, je sors la petite fiole de sang de la poche de ma combinaison.

— Qu'est-ce que c'est ? grogne-t-il en me voyant la déboucher.

— Un médicament. Buvez.

Il grimace un peu, mais se laisse faire lorsque je verse le contenu de la fiole dans sa bouche. Il me serre le bras très fort, me transperçant la chair de ses griffes. Mais, très vite, sa respiration s'apaise. Ses yeux redeviennent des puits de ténèbres, comme si on les remplissait d'encre noire.

— Donne m'en plus, siffle-t-il.

— Je n'ai pu préparer que ça, réponds-je en évitant son regard. C'est tout ce que j'ai pour le moment.

Il reprend son souffle un instant, collé contre moi. Beaucoup trop près. Je m'efforce de ne pas me hérisser à ce contact, alors que sa chevelure de jais brosse ma peau. Épaisse, douce et odorante. Comme une fourrure de panthère, ou les plumes d'un aigle noir.

Reste calme. Ne lui montre pas ton trouble.

— Tu as réussi, dit-il d'une voix râpeuse.

Il s'essuie la bouche avec son avant-bras, me regarde.

— Je savais que tu réussirais, répète-t-il.

Il savait... ?

— Vous auriez pu me dire que c'est vous qui étiez malade, lui dis-je sans cacher le reproche dans ma voix. On aurait gagné du temps.

— Je ne pouvais pas te le dire.

— Pourquoi ?

Il lève ses yeux de nuit vers moi.

— Tu te souviens de mon histoire sur le geis ?

— Les serments de votre peuple, ceux qui lient ceux qui les prononcent jusqu'à la mort ?

— Ceux-là.

— Vous êtes donc obligé par serment de taire votre maladie ? demandé-je, dubitative.

— Je ne peux pas en parler, oui. Et c'est tout ce que je peux dire sur le sujet.

Tamyan se relève. Je le suis des yeux alors qu'il s'approche de la table et se sert un verre de cette boisson couleur de sang, le gwidth. Il est littéralement accro à ce breuvage, qu'il dit ne pas être de l'alcool.

Le geis... J'essaie de me souvenir ce que disent les anciennes ballades à ce sujet. Le mot ressemblait à celui de geasa, un terme ancien des mythes pour désigner la malédiction ou les prophéties des contes de fées, comme celle qui disait à une jeune femme d'un temps lointain que si elle se piquait le doigt avant son dix-huitième anniversaire, elle dormirait pendant cent ans. J'ai toujours ce genre d'histoire incompréhensible, et c'est encore le cas aujourd'hui.

— Ce « geis » dont vous parlez... C'est une malédiction, c'est ça ? On vous a rendu malade.

Tamyan m'observe par-dessus sa main blanche, celle qui tient la coupe d'argent dans laquelle il boit. Sa peau si pâle, ses longues griffes noires... Lui aussi, c'est une créature sortie tout droit d'une de ces histoires.

— Continue, dit-il d'une voix rauque.

— C'est pour ça que vous avez besoin de moi. Pour vous délivrer de cette malédiction qui empoisonne votre sang. Vous ne m'avez pas libérée pour soigner vos concubines...

Son sourire est plus aigu qu'une lame.

— Je ne t'ai pas « libérée », pour commencer. J'ai pris ta vie en échange d'un service. Tu me sembles sur le point de me le donner.

Ne précipite pas les choses, Faith. Tant qu'il aura quelque chose à te demander... tu auras le dessus sur lui.

Je fais donc machine arrière. Il ne faut pas tout lui révéler aujourd'hui.

— Si vous ne m'en dites pas plus, je ne peux pas vous aider.

— Alors, trouve.

Je romps le contact. J'ai toujours peur qu'il devine, qu'il lise dans mes pensées.

Il a l'air d'aller mieux. Sa peau a repris sa blancheur, le réseau de veines sombres a disparu. Son visage aux traits altiers, à la fois sensuel et minéral, dur et fin, arbore de nouveau cette expression de suffisance moqueuse. Mais ce n'est qu'un masque, je le sais maintenant. Il y a quelque chose, derrière. Quelque chose de plus sauvage... et, aussi, de plus vulnérable.

— Change-toi, ordonne-t-il avec un geste de ses longs doigts. On a assez perdu de temps. Mes chasseurs nous attendent.

Mes yeux tombent alors sur le voile chatoyant qui repose sur le grand lit. La « robe de diamants » dont Dasma m'a parlé... C'est un tissu si fin qu'on le dirait fait de toile d'araignée, gris clair, tissé de gemmes minuscules et scintillantes. Les fameux « diamants ». Si ç'en est vraiment... Ce vêtement doit coûter une fortune. On n'en extrait que dans le système de Solaris.

— Je... Je ne peux pas mettre ça, réponds-je en comprenant que cette robe ne cachera presque rien de mon anatomie.

— Tu le mettras. Je perdrais beaucoup de prestige si mon alchimiste personnelle paraissait vêtue comme une pouilleuse à mon banquet.

— Je préférerais m'abstenir, et continuer mes recherches, murmuré-je.

Hiératique, Tamyan me regarde en silence. Ses yeux sont deux puits insondables.

— Soit.

Il s'avance vers le lit, de ses gestes déliés, si souples et rapides à la fois. C'est en le voyant bouger, surtout, qu'on se rend compte de son inhumanité.

Tamyan saisit la robe d'un geste désinvolte. Lorsqu'elle se déroule devant lui, longue et souple, comme une cascade de métal liquide sur la noirceur de sa silhouette, je retiens mon souffle. Je n'ai rien vu d'aussi beau.

— Que... qu'allez-vous en faire ?

Tamyan hausse un sourcil.

— Ça ? Je vais rendre les fils à leur origine.

Stupéfaite, je m'aperçois qu'il a sorti ses griffes sur plusieurs centimètres, comme un chat. Sa main est devenue une arme, un éventail de couteaux qui s'apprête à déchirer la robe.

Je l'arrête.

— Non, n'en faites rien. Je la mettrai.

Sans me laisser le temps de revenir en arrière, il me la lance. Elle atterrit dans mes bras, plus légère qu'une plume.

— Rejoins la salle d'apparat lorsque tu seras prête. Ne tarde pas.

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