Reborn regarda le ciel avec appréhension. Depuis qu'il avait entendu les paroles du Millefiore, il avait peur. Et c'était la première fois qu'il avait peur, qu'il était terrifié, par quelque chose qu'il ne connaissait pas, qu'il ne comprenait pas. Et il y avait peu de choses qui le mettaient dans cet état.

Le tueur scruta avec attention le ciel. La couleur n'avait pas changé, pourtant, l'atmosphère était différente. Elle était à la fois plus légère et plus lourde. Elle était plus concentrée en son centre. Autour de tuteur, les mafieux reprenaient peu à peu leurs esprits, comme s'ils sortaient d'un rêve, ou d'un cauchemar en voyant la pâleur ou l'air hébété de certains d'entre eux. L'attente se fit à plusieurs, les yeux levés vers le ciel, impatient d'y voir un changement, nerveux d'y voir un changement. Soudain, des acclamations surgirent d'un peu partout. Le ciel s'éclaircissait. Il redevenait bleu. Reborn, contrairement aux autres, attendait et restait sur ses gardes. Il savait que tout pouvait encore arriver.

Le ciel récupéra son ciel bleu habituel. Bien qu'il ne soit pas un boss Vongola, l'intuition de Reborn le prévient. L'homme au fedora se mit en garde. A peine une seconde plus tard, une vague d'énergie traversa le ciel et balaya tout sur son passage. Reborn fut éjecter et tomba une dizaine de mètres plus loin. Il grogna légèrement de douleur et se redressa. Il spectacle devant lui, lui coupa le souffle.

L'arène avait disparu. Le jardin était entièrement détruit. La vision était apocalyptique. Tous les arbres étaient déracinés. Soudain, le tueur à gage numéro 1 entendit comme l'éclatement d'une bulle au fond de son oreille et le son revient, accompagné par une douleur lancinante. Des alarmes hurlaient dans tous les sens, des sirènes des pompiers, des policiers, des cris, un brouhaha infernal. Reborn se redressa avec difficulté. Il avait mal à la jambe, très mal. Quand il baissa les yeux, il fut à peine surprit d'y retrouver une barre de fer traversant sa cuisse.

Le fer était encore rouge écarlate et une odeur de brulé arriva à ses narines. L'explosion provoquée par les flammes du ciel avait projetés des débris chauffés à blanc dans toutes les directions. En se tournant sur lui-même, le spectacle de désolation le frappa d'autant plus. Il voyait là, allongé dans l'herbe, un mafieux. Il ne bougeait pas, de sa position, Reborn voyait une série de clou enfoncé dans son visage. Un peu plus loin, une femme hurlait, une partie du ventre ouvert. Des scènes de destruction semblables se déroulaient un peu partout. Le tuteur remarqua cependant une chose, le manoir semblait intact. Aucune fissure n'apparaissait sur les murs.

Reborn entendit des pas à côté de lui. Il vit s'approcher le boss des Millefiore. Il avait une blessure à la tête et un bras replié contre sa poitrine. D'un geste de la main, il désigna la direction de l'ancienne arène. Le tueur le suivit. Ils marchèrent lentement, faisant régulièrement des pauses, mais avançaient tout de même. Personne n'essaya de les arrêter et œuvrait autour d'eux pour prendre en charge les blessés et les morts.

Les deux anciens ennemis arrivèrent enfin à l'emplacement du centre de l'arène. La poussière n'était pas encore retombée. Ils remarquèrent des silhouettes allongées par terre. En toussant, ils se rapprochèrent. La première et la dixième génération étaient étendues sur le sol et semblait sans vie. Avec lenteur, Reborn se baissa au chevet de son boss. D'une main tremblante, il lui prit son pouls. Il soupira de soulagement quand il l'entendit battre faiblement, mais surement. Avec Byakuran, ils s'assurèrent que tous les Vongola étaient en vie.

Reborn sortit alors un téléphone de sa poche. Miraculeusement, ce dernier était encore intact. Il composa un numéro. Cinq sonneries retentirent avant que quelqu'un ne décroche. Une voix grésilla dans le combiné. Elle était tendue :

-Reborn, dieu merci tu es en vie ! As-tu des nouvelles de... de...

-No... Commença Reborn d'une voix érayé, il toussa et reprit avec difficulté, Nono, je les ai trouvés, ils sont tous en vie. Je suis avec Byakuran au centre de l'arène

-Dieu merci, je vous envoie des médecins immédiatement, il écarta le combiné pour parler, ensuite il dit à Reborn, sais-tu ce qu'il s'est passé ?

-Non, mais le Millefiore à l'aire de s'avoir. Nous demanderons à lui et à Tsuna quand il reviendra à lui

-D'accord

            Un soupire passa dans le combiné avant que le Nono ne raccroche. Le tueur remit son téléphone dans sa poche et attendit. Il fixait son boss. Il ne comprenait pas ce qu'il s'était passé. Cette puissance, cette énergie, cette flamme était la sienne. Mais en même temps, elle ne l'était pas. Elle était comme une face cachée de son boss et Reborn craignait les conséquences. Il n'avait pas compté le nombre de morts, car il ne cessait d'augmenter, il n'avait pas compté le nombre de blessés, car tout le monde l'était. Cette vague d'énergie était signée Vongola. Il n'y avait aucun doute. Et Reborn n'arrivait pas à prévoir les jours suivants. Tous les chemins étaient brouillés.

            Perdu dans ses réflexions, il vit à peine les médecins arriver. Ils emmenèrent les deux générations et lui aussi semblerait-il. Il était perdu dans un brouillard et semblait avoir perdu sa volonté de vivre. Il ne réagit même pas quand les chirurgiens lui enlevèrent la barre de métal coincé dans sa jambe. Il ne sourcilla pas quand on l'endormi, comme déjà vide de l'intérieur.

            Plus tard, Reborn ouvrit les yeux. Il se sentait mieux, malgré la douleur qui le traversait de part en part. Avec étonnement, il remarqua qu'il se trouvait dans sa chambre. Il essaya de se lever, mais des vertiges l'obligèrent à se rasseoir. Il sortit une bouteille d'eau et du doliprane caché dans son sommier. Il mit une étrange pastille dans son eau. Cette dernière prit une teinte trouble avant de redevenir transparente. Voyant qu'elle ne contenait aucun élément nocif, il prit une gorgée et avala deux comprimées. Il sortit ensuite une tablette de chocolat noir et la dévora. Après une trentaine de minutes, Reborn se sentit mieux. Il réussit à se lever et boita jusqu'à la salle de bain. Il tomba presque sur son vasque, car sa jambe ne le soutenait plus.

            Depuis que son boss lui avait redonné sa véritable apparence, Reborn le montrait. Il se tenait droit, avaient des armes à la vue de tous. Il cachait toutes ses faiblesses s'il en avait. Et maintenant, sa jambe le trahissait. Il avait compris, quand il avait vu la barre de métal dans sa jambe pour la première fois, que sa carrière était terminée. Sa cuisse ne guérirait jamais complètement. Et il ne pourrait plus être utile à sa famille. Le hitman se regarda dans le miroir, il était dans la fleur de l'âge, ses compétences au maximum. Pourtant, cette blessure signifiait le début de son déclin. Il perdrait peu à peu sa superbe, son talent. Il n'aurait plus d'utilité et deviendrait la risée des mafieux. Et il se ferait surement tuer au court d'une banale mission, par gamin à peine sortit du ventre de sa mère. Et ça, Reborn ne le supporta pas. Il ne voulait pas décevoir ceux qui lui avaient enfin fait confiance, qui lui avait offert une famille à protéger, malgré son incapacité à protéger la sienne. Alors, il se passa de l'eau sur le visage et se lava sommairement avant de retourner s'allonger sur son lit. Il caressa Léon qui était venu s'installer dans sa main, attendant ses ordres. Reborn le caressa doucement alors qu'il se transformait en pistolet. Le tueur à gage posa le pistolet sur sa tempe et regarda une dernière fois le plafond.