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béta




La rosée illumine les champs après l'aube.


                 

Ma première escale est la maison en bois blanc de mes parents. Je sens le parfum fruité de ma mère, les mains fermes de mon père et l'odeur d'humus qui remonte de la terre fraîche pour m'enivrer de sa fragrance.

Je mange avec eux, puis, quand est venu le temps de leur expliquer, ils se tendent. Ma mère détourne le regard, les yeux humides.

- Je vais partir.

- Où ?

- A la recherche de la Liberté, papa.

Il relève la tête, les sourcils froncés. Je vois sa main chercher celle de ma mère et la serrer brièvement. Seulement après, il me regarde dans les yeux.

- Elle est loin ?

- Elle sera là où je la trouverais.

- Pourquoi nous quitter ?

- C'est un départ, maman. Pas un adieu.

- Tu reviendras ?

- Je reviendrais.

Elle sourit, d'un de ses sourires tristes qui parlent pour elle. Elle me parait soudain éteinte, frêle dans sa chemise trop grande. C'est de sa voix brisée par les larmes qu'elle me demande :

- Quand ?

- Je ne sais pas. Peut-être dans dix jours, ou bien dans quinze ans.

- Ne meurs pas, fils.

- Je n'y comptais pas.

- Tu nous tiendras au courant ?

- Je vous enverrais des lettres, sur les étapes de mon parcours.

- Nous t'aimons, ne l'oublie pas.

Je ne finis pas mon assiette, la gorge nouée par les larmes qui déchirent le visage de ma mère. Elle sanglote un instant, puis disparaît dans sa chambre, sa main couvrant ses lèvres.

Mon père la suit du regard, puis me considère un instant, avant de m'emmener dehors, dans la forêt qui borde leur jardin.

Nous marchons dans les sentiers entourés d'arbres sombres, et je lève la tête pour apercevoir le ciel au-delà des feuilles. La présence mon père est silencieuse, comme une ombre qui remue les herbes et écrase les insectes, mais sans mots. Quand j'étais enfant, il me répétait que le silence était le plus beau des discours. Et aujourd'hui, il l'applique, en écartant les branchages devant lui.

Les troncs recouverts de mousse s'écartent, et nous arrivons devant une prairie d'herbe grasse. Le ruisseau brille paresseusement sous le soleil, mais il fait trop froid pour que je trempe mes pieds dans son eau claire.

Mon père s'arrête à la lisière, et il s'écoule un moment avant qu'il ne pose ses yeux sur moi. Il se rapproche légèrement, observant la bordure de la forêt, puis me jette un regard contrit.

- Ta mère va souffrir de ton départ, tu sais.

Il ne le dit pas comme un reproche, pourtant ses mots m'enserrent le corps des griffes de la culpabilité.

- Je serais prudent.

- J'espère bien.

Mon père ouvre la bouche, mais je ne saurais jamais ce qu'il voulu me dire, parce qu'un cerf majestueux foule l'herbe de la prairie de ses sabots épais. Il me souffle de me taire, mais l'idée de braver le silence de ce moment magique ne m'a jamais effleuré.

L'animal avance d'un pas lent, jusqu'à s'arrêter au milieu du trou de verdure, où des verges d'or sont si hautes qu'elles lui caressent les flancs. Là, il demeure, calme et immobile, les oreilles pointées en avant. Je ressens la brûlure de ses yeux noirs sur ma peau, et je contemple les reflets de son pelage brun.

Je regrette furtivement l'absence de ma mère, et de penser à elle me rend plus sensible à l'échine musclée qui ondule à quelques mètres.

Mon père bouge à ma droite, me donnant une puissante étreinte d'homme, qui craque les muscles de mes épaules et courbe mon cou. Il murmure à voix basse dans mon oreille :

- Je t'aime, TaeHyung.

Les yeux fermés pour retenir mes larmes, je réponds d'une voix brouillée :

- Moi aussi, papa.

Quand j'ai de nouveau regardé, le cerf était parti. Et un jour plus tard, c'était mon tour.



J'ai rassemblé mes affaires dans un grand sac de randonnée emprunté à mon père, j'ai mit mes épaisses chaussures de marche, et en moins d'une journée, je sillonnais les routes de campagne.

Pour seule musique, j'avais le rythme de mes pensées et l'horloge solaire. Je redécouvrais la vie, la vraie, qui vous inonde de pluie puis qui vous sèche d'un vent chaud. J'ai marché, couru, chanté et hurlé dans le blizzard de mes tourments.

Et maintenant, allongé à coté de ma tente verte, je me perds dans les confins étoilés. Je respire l'air frais aux senteurs boisées, je caresse l'herbe tendre et même les pierres exsangues me semblent étrangement confortables.

Sur ma langue, il y a le goût de l'inconnu, qui se mélange à celui de la satisfaction.

Et je les garde, je les alimente, je les accueille de tout mon être, parce qu'elles étaient oubliées, délaissées ; et que je suis ravi de les sentir à nouveau.

Dans ma tente, les moustiques me dévorent, et ma bonne humeur s'en retrouve entachée. Mais, je relativise, et si la liberté à un prix, celui-là est loin d'être le pire. Le lendemain matin, je renfile mes chaussures, essaye d'oublier mes courbatures et mon dos raide puis continue ma quête sur les bords d'une petite route caillouteuse.

Mes pas se rallongent, le soleil décline, la sueur ruisselle sur mon front, mouille mes cheveux ; je m'arrête quand il est midi pour manger mon bout de pain.

Je m'étale quelques minutes dans un champ moissonné, et sur la route résonne le bruit des pneus qui écorchent le bitume. Je crois que je m'endors, les rayons chauds baignant mon visage dans la plénitude de l'instant, car quand je me réveille, le soleil n'éclaire plus que les cimes des arbres. Pendant une seconde, je crois apercevoir les contours d'un cerf dans la forêt, mais l'obscurité m'empêche d'en être sûr.

Je ramasse mon sac lourd, le replace sur mes épaules et reprend ma route. La lune m'éclaire, et je suis fier d'arriver à discerner les contours de la vie sans lumière.

Je traverse un village, alors que la nuit s'installe dans les maisons et allume les réverbères. Je continue de marcher, laissant derrière moi encore deux hameaux, et lorsque j'arrive dans une petite ville, le soleil revient éclairer le monde.

Les vieux sur les terrasses des cafés me dévisagent quand je me débarbouille dans la fontaine de la place. L'eau froide glisse dans mes vêtements et roule sur ma peau. Alors que m'apprête à repartir, une petite fille me tapote la jambe de ses petits doigts boudinés.

Elle me regarde des ses grands yeux d'enfants, avant de me tendre un sandwich. Je la remercie, et elle me lance un sourire éblouissant avant de courir vers sa mère qui, quelque mètre plus loin, l'accueille dans ses bras.

Je leur souris de loin, puis leur fait un signe de la main, et repart.

Je le mange, encore et toujours en train de marcher. La saleté qui couvre ma peau et noircit mon visage me démange, pourtant je garde dans mes mains des brins de plantes ramassées en chemin, pour pouvoir complètement garder cette allégorie de la nature.

Je suis libre.
Seul, aussi.

Je relève ma tête crasseuse vers le ciel, et ouvre les yeux pour que son immensité brillante m'engloutisse.

Et, les vêtements secoués par le vent, mes larmes de joies s'étalent dans la brise pendant que mes pieds courent, dévalent, s'usent sur des kilomètres interminables.

Au rythme des saisons, les muscles de mes mollets s'épaississent et mes cuisses deviennent plus fermes. Mes ampoules sur ma voûte plantaire et mon talon sont guéries, mais ma chaussure est limée à l'intérieur. C'est quand la semelle commence à claquer sur la terre que je songe à racheter une autre paire.

La route sinueuse m'emmène jusqu'à un petit village de montagne, perdu entre des bois denses et une plaine aride. Je contourne les maisons en pierre, attirant la curiosité des gens qui se rapprochent des fenêtres.

Je repère une petite auberge, un peu à l'écart de l'église et pousse le battant de vieux chêne. La pièce est sombre, sent le renfermé, mais elle est chaude et je me sens soudain éreinté. Un homme au teint cireux me regarde entrer, et pose son verre sur le plan de travail.

- Vous désirez ?

Sa voix est faible, pourtant elle transperce mes tympans. J'hésite un instant, puis décide qu'une nuit dans un vrai lit me sera bénéfique.

- Une chambre pour une nuit, s'il vous plait.

Il m'indique le prix, puis je monte à l'étage avec une petite clé de plastique. Ma chambre est au bout du couloir, et j'ai une vue incroyable sur le village bordée de la forêt en contre bas. La pièce est petite, mais c'est propre et le lit semble moelleux.

La salle de bain est encore plus petite, mais comme la douche est agréable. L'eau dévale mon corps sale et emporte la crasse dans la bonde ; je me lave les cheveux trois fois pour tout faire disparaître.

Quand je redescends pour le dîner, j'ai un sourire qui dévore mon visage apaisé.

Je m'installe à une table de bois massif, à l'aspect irrégulier et aux veinures grossières. L'aubergiste pose lourdement une assiette devant moi, et j'engloutis le plat, trop heureux de manger autre chose que des sandwichs.

Et alors que le jus qui coulait sur mon menton est essuyé et que le pain ne parvient plus à éponger la sauce, un vieil homme me hèle du fond de la salle. Au début, je ne réalise pas que je suis l'appelé, mais quand je vois que l'aubergiste ne relève pas la tête et que je suis le seul client, je me retourne sur ma chaise.

Dans un angle, à peine éclairé par une lampe jaune, un ancien me regarde de ses yeux pâles.

Il me fait un petit signe de sa main tachée, et j'hésite. Mais il recommence, insistant sur ses bras frêles, alors je repose mes couverts et m'assois sur la chaise en face de la sienne. Le vieillard me considère de ses paupières plissées, puis prend la parole d'une voix étrangement forte.

- Tu voyages, petit ?

Je croise mes paumes moites sur mes cuisses et hoche la tête.

- Tu viens d'où ?

- De la capitale.

Il hausse les sourcils, surpris. Puis son expression retombe, ne laissant plus qu'un léger sourire sur son visage de parchemin.

- Ce n'est pas la porte à côté.

- J'avais besoin de m'échapper.

- Tu as réussi ?

- Je crois.

Et le sourire me gagne à mon tour. Je repense à mon départ, à mon trajet, à mes nuits sous la lune et à mes journées sous le soleil. Le doyen m'interrompt dans mes souvenirs, et sa main se déplace sur la table inégale.

- Tu connais la légende de Cernunnos ?

J'hoche négativement la tête, et me retourne vers le comptoir quand l'aubergiste, les yeux baissés sur sa vaisselle, réplique d'un ton las :

- L'écoute pas, petit. Il raconte son histoire à qui veut l'entendre.

- Ce n'est pas parce que je suis vieux que je suis fou, aubergiste. Veux-tu m'écouter, jeune homme ?

Mes yeux naviguent entre les deux hommes, et quand j'acquiesce, l'homme derrière son comptoir soupire. L'ancien repose sa tête sur le mur, et ferme les yeux. Pendant quelques secondes, je crois qu'il s'est endormi, puis il parle, les paupières toujours closes.

- Il y a des centaines d'années, le village était entouré d'une forêt encore plus énorme. Les arbres le gardaient dans un cocon de verdure, et les habitants vivaient en paix. Il existait dans ce village une famille avec un enfant. C'était un petit garçon silencieux, toujours à l'écart, et qui passait ses journées à côté d'un arbre ou allongé sur l'herbe. Les gens le disaient particulier. La nuit, des arbres poussaient dans sa chambre, s'enroulaient autour de son lit et des feuilles pleuvaient sur le sol.

Puis l'Eglise est arrivée, en implantant des clochers et en répandant son hérésie. Un des nouveaux arrivants du village a découvert le secret du petit garçon, et l'a dénoncé au prêtre.

Les gens étaient si crédules, à cette époque. Le prêtre les a tous retournés contre la famille. Ils voulaient brûler le démon qui habitait cet enfant. Une nuit, ils ont essayés. Les parents emmenèrent leur fils dans la forêt, avec l'espoir qu'elle les aiderait.

Les deux malheureux furent rattrapés par les villageois fous. Ils moururent sur la place principale. Mais on ne retrouva jamais l'enfant. Et tu sais ce qu'il s'est passé ensuite, petit ?

- Non.

J'ai la voix étranglée, les mains tremblantes et je suis suspendu aux lèvres craquelées du doyen. 

- Une semaine plus tard, la maison de la famille a été engloutie par la forêt, et autour des tombes ont poussés des centaines de fleurs, des arbres et une herbe si grasse qu'elle luisait au soleil. Mais il y avait aussi une immense muraille de ronces si épaisses que les rayons n'atteignaient plus le sol.

- Qu'est-il advenu du petit garçon ?

- Je ne sais pas, petit. Personne ne le sait. Il a simplement disparu.

L'ancien ouvre les yeux brusquement, et mime une bulle qui éclate. Puis, il se redresse sur sa chaise avec ses coudes, prend sa canne qui traînait là, et se lève avec la lenteur du cristal.

- Vas dormir, gamin. Il est l'heure de trouver ce que tu cherches.

Je bafouille un misérable remerciement, mais je ne pense pas qu'il m'entend, dans sa traversée de la pièce. Alors, je salue l'aubergiste silencieux, remonte les escaliers d'un pas lent et m'endors dans un lit inhabituellement confortable.

Le brâme d'un cerf me bercera dans mon sommeil jusqu'aux lueurs de l'aurore.

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