Aideen

Halivaara, Royaume maudit.

Le soleil transperçait les maigres rideaux de notre dortoir.

Je partageais le mien avec Asterin, Elisabeth, Raven, Arwan, Eos, et Céleste.

Extemisia, Astop, Kalpana.

Électricité, Réalité, Pensée.

Je repoussais mes couvertures, me réveillant baigné de sueur. Je me dirigeai dans la salle de bain pour me rafraîchir. Après une douche rapide, j'enfilai l'uniforme de La Brigade, le lycra noir et le cargo noir lui aussi.

Je sortais silencieusement du dortoir, et j'explorais le bâtiment. Malgré l'heure matinale, la salle d'entraînement était occupée. Je continuais mon chemin. Je tombai sur une cafétéria. Je m'y engouffrai. Je me servis un chocolat chaud et plusieurs pancakes.

Alors que je commençais à manger, seul à ma table, quelqu'un s'assit en face de moi.

Je reconnais la chevelure rousse d'Eos.

– Salut, je peux me joindre à toi ?

J'acquiesçai, de toute façon elle était déjà assise.

– Alors toi c'est Aideen ?

– Exactement.

Elle picora les fraises dans son assiette, tout en continuant de parler.

– Donc, elle avala sa fraise puis enchaîna, tu penses quoi de ton "équipe" ?

– Ils ont l'air assez sympa, Raven est assez froide, comme si elle voulait se protéger de tout, Elisabeth n'a pas l'air méchante, c'est la première qui m'a adressé la parole en arrivant, elle ne semble pas apprécier beaucoup...

– Oh, me coupa celle-ci, je vois très bien le genre d'histoires que ça pourrait être, elle se perdit dans ses pensées, un mini ennemies to lover avec un "je n'ai besoin de personne/traite la comme une princesse", pardon je m'égare, continue.

– Et Asterin... Je sais pas trop quoi en penser, je lui ai que très peu adressé la parole. Et ton équipe alors, demandai-je, ils sont sympas ?

Elle poussa un soupir à fendre l'âme.

– Céleste est une pétasse, mais une pétasse que j'aime bien, Arwan est froid et distant avec tout le monde, mais c'est mon meilleur ami, quand on dit que tout est possible, ironisa-t-elle.

C'est vrai que je n'aurai jamais parié sur leur amitié, ils sont si...différent.

– Après j'avais deux autres compagnons. Une fille et un mec, deux jumeaux. Ils venaient de Netherrest. Ils ont mal tourné et ont commencé à s'intéresser à la magie noire. La Brigade leur a destitué leur titre. Alors on est plus que trois. Mais ça fonctionne plutôt bien. Les jumeaux restés beaucoup dans leur coin alors...Ça n'a pas changé grand-chose.

Des papillons virevoltaient autour de sa main droite.

– Woah.

– Oh ça, c'est rien. Faut vraiment que j'apprenne à contrôler ça, maugréa-t-elle, il y a des papillons autour de moi à chaque fois que je bouge mes mains.

– J'aime beaucoup en tout cas.

Un des papillons venait de se poser sur une de ses mèches en bataille.

– Enfin j'espère que t'es prêt à nous supporter, la vie commune ne va pas être facile.

***

Elle avait manifestement raison.

Depuis au moins une vingtaine de minutes, Céleste et Elisabeth se criaient mutuellement dessus.

- Ca va être de ma faute en plus ?!

- Oui, clairement oui !

- Et tu veux que je m'excuse ? demanda Elisabeth incrédule.

- C'est exactement ce que je veux !

- Jamais de mon vivant.

Raven entra dans le dortoir. Elle me jeta un coup d'œil étonné. Je haussai les épaules. Elle s'assit à coté de moi et me glissa à l'oreille.

- Elles sont encore en train de se disputer pour...

- Oui, acquiesçai-je, toujours parce qu'apparemment Elisabeth à renverser son verre, d'eau qui plus est, sur la « magnifique robe bleue de sa grand-mère ».

Elle leva les yeux au ciel, un sourire moqueur sur les lèvres. Elle se leva puis s'approcha d'Elisabeth.

- Pas besoin de te défendre si tu ne l'a pas fait princesse, dit-elle en attrapant son poignet, ça te rend juste l'air plus coupable et c'est exactement ce qu'elle veut.

Elisabeth la fusilla du regard et se dégagea de l'emprise qu'elle avait sur son bras.

- Je ne m'excuse pas pour quelque chose que je n'ai pas fait, cracha-t-elle.

- Et après Aster parle de moi, marmonna Raven, je n'ai pas dit ça non plus.

Elles reprirent leur joute verbale en ignorant royalement Raven.

Elle souffla exaspérée et se laissa tomber à coté de moi.

- Bien essayé.

- Je n'essaye pas, je vais jusqu'au bout.

Sur ces mots elle sortit son poignard et le lança. Il passa entre les deux individus en train de se disputer et alla se planter dans le mur d'en face.

Elles arrêtèrent de parler, et se retournèrent vers nous. J'haussai les épaules, à peine surpris du comportement de Raven qui aurait pu être celui de ma sœur.

- Ah enfin un peu de silence.

- T'es complètement folle, s'exclama Céleste abasourdie.

- Tu parlais trop, répondit-elle. Juste un conseil Céleste ne t'en prend pas à mes amis, ou le poignard ne finira pas dans le mur cette fois-là.

Elisabeth eu un léger sourire en entendant le mot ami, et je dois avouez que moi aussi.

- Tu veux pas la fermer un peu, lâcha Céleste, j'ai vu ton dossier, t'es qu'une orpheline violente qui...

- Ferme là, dit Raven entre ses dents.

Je sentais son sang bouillonner dans ses veines.

- Faut te faire à l'idée que personne ne t'aim...

Sa phrase fut coupé par une gifle d'Elisabeth.

- Tu ne sais même pas te défendre toute seule ? se moqua ouvertement la garce.

Raven se leva, elle se positionna face à elle.

- C'est pas en me rabaissant que ça fera disparaître ton complexe d'infériorité. Contrairement à toi, y'a des gens qui comptent sur moi pour leur envoyer de l'argent pour qu'ils puissent manger au moins un repas tous les deux jours.

- Ah bon ? Et qui aurait besoin de toi, t'as des amis peut-être.

- Eden, Lucy, Diana, Charlotte, Héloïse, Aster, Edgar, Pierce, Esmeray. Eux comptent sur moi. Et toi comptes sur moi pour te faire virer.

Céleste sortit de la chambre presque en courant.

C'est définitif, j'adore cette fille.