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∅3 | Commencement

Plus rien ne m'étonne en ce monde, à part ma propre indifférence.

Maudit sois-tu, breuvage infame. A quoi avais-je pensé en neutralisant mes sentiments? Que cela me rendrait plus heureuse? Ironie du sort dira-t-on, sort que j'ai accompli de mes propres mains.

Qu'est-ce qui m'avais pris à cet instant?

Mais je ne suis sans doute pas la seule à regretter sa jeunesse. A cet âge, j'avais encore mes cheveux, mes longs cheveux noirs, mes pieds étaient encore de chair, et surtout .... je pouvais rire, pleurer, m'étonner, m'énerver, m'indigner, m'emporter. Ma vie n'a jamais été heureuse, ni triste. C'était une vie normale, avec des biens, des malheurs et des rebondissements...

Maintenant le temps s'écoule comme un interminable fil raide qui tomberai d'un fuseau. Peut-être devrais-je raconter ce passé qui laisse un goût désagréable dans la gorge et que je trouve appréciable en même temps ? Mais par où commencer ?

En bas, au marcher, les passants passaient, les marchands negociaient, les acheteurs s'étonnaient des prix, et les bavards bavardaient sur l'événement du dernier convoi bleu pourtant passé il y a deux brises* et qui se reproduira sans doute encore.

Que de bruit inutiles égayent mon ennui.

Il est de coutume de parler et de faire du bruit au marché. c'est un endroit où tout le monde se croisent et se regroupent pour faire échange de produits : les plantes, le fer, le carbone et l'eau, les quatre principaux éléments qui forment l'économie de Crépuscule. Et de le faire dans le chahut général.

Mon porteur a bien pensé en achetant cette grotte haute loin de tout, mais il n'a pas fait tout à fait le bon choix, vu que cette grotte solitaire se tient au dessus d'un marché. Mais ce n'est pas sa faute. Je ne lui en veux rien. Il est mort de ma faute.

Porteur... Encore un mot que je vais devoir expliquer.

Disons que la venue au monde d'une personne est particulière. quelqu'un (homme ou femme) doit se porter volontaire de porter un embryon qui se fixe sur son dos et grandit à ses dépends. Une fois l'embryon arrivé à maturité, il se détache de son porteur et devient un être à part entière. Sauf que, c'est lors de ce détachement que les drames se produisent.

Et mon porteur était faible de maladie et de problèmes, il n'a pas survécu. C'est donc à ma venue au monde même que tout a commencé.

Je me suis toujours sentie indigne d'avoir grandi comme une tumeur dans son dos que je déchiquetait au fur et à mesure que je grandissais, et lui qui se forçait à tourner la tête pour le sourire et passer sa main sur ma tête. Il était bien gentil mon porteur, comme s'il oubliait par moments que j'aspirais son energie vitale. C'est lui qui m'a tout appris, de comment m'occuper du jardin, de la grotte, de moi-même, et voûtée derrière sa nuque, j'épiais avidement tous ses gestes et tâchait de m'en souvenir. Des fois, il pleurait en me caressant, triste de devoir partir et de ne pas pouvoir rester avec moi plus longtemps.

J'eus voulu lui répondre des mots doux, mais je n'avais pas encore acquis le pouvoir de la parole. Je ne le pus que le jour de mon détachement, et la première chose que je fis fut de crier, de hurler toute ma tristesse et mon incompréhension, jusqu'à ce que les deux vaisseaux sanguins de mon cou explosèrent.

Des gens venus récupérer le corps de mon porteur m'avaient trouvé et emmenés chez les soigneurs, sans quoi j'eûs rejoint dans la mort mon cher porteur. Selon eux, c'est même un miracle que je sois encore en vie. J'ai juste eu de la chance de tomber sur un soigneur compétent, et puis à quoi bon? Si pour être il faut sacrifier un autre être autant ne pas être.

Dans tous les cas, je fus doté depuis d'un visage sillonné de veines en carbone, et le cou de deux gros canaux noirs qui le soutenaient.

Je me levai pour verser leur eau aux plantes de mon jardin, essayais de rassembler mes souvenirs, et me rassis devant le tas de feuilles encore blanches. L'ennui me rattrapa. je me jetai sur le sol avec nonchalance. Ma vie est ennuyeuse. Et cette partie de la ville l'est tout autant : Pleine de maisons basses au toit creux où brillent des bonbonnes d'irrigation et de stockage qui couvrent la vue de l'horizon, et de ruelles poussiéreuses et sales, elle me donne une image ocre orangée qui se prolongeait dans le rose du ciel. Les gens qui l'arpentent sont silencieux, des fois marmonnent, certains sont tristes et aigris, et le lendemain débordent de joie. Plusieurs figures ternes s'y déversent des maisons : les bruyants porte-à-porte qui s'égosillent à crier "À vendre" à qui voulait l'entendre, les vide-poches de coins de rue aux heures vides, les " maitres du quartier" qui s'adossent toute la journée aux murs sans quoi les murs tomberont, et au milieu des marchés où se rassemblent les chars tirés à chevaux ou poussés par des hommes, des acheteurs et des acheteuses enveloppés dans leurs tenues bariolées et tenant dos au vent, et de rares enfants clôturaient le tableau, se cachant dans les pans de leurs porteurs ou porteuses.

Je n'ai jamais rien vu d'autre que ce paysage, chaque jour, chaque fois que je mets mon nez dehors. Et pourtant, des fois, il m'arrive d'avoir une vision. une des plus étranges :

Dans une rue grise et dure, je me vois marcher parmi les passants excentriquement étranges, tenant la main d'une vieille dame. Puis soudain, sans prévenir, je lâche sa main et je me mets à courir, pour la simple envie que j'avais d'aller plus vite et d'echapper a la foule où je suffoquais. Ignorant les appels de la dame, je m'éloignais de plus en plus, jusqu'à ce que je ne l'entendis plus dire mon nom. Sur mon chemin, je rencontrai d'autres gens qui couraient eux aussi : une jeune dame sportive, un garçon de mon âge, un groupe d'athlètes ... Je les côtoyai tous un moment, je leur parlai un instant, puis les devançai ou changeai de route. Cela me peinait me retrouver à chaque fois seule, mais cela ne m'empêchais pas d'avancer. En fin de compte, j'arrivai à un pont par dessus un ravin, qui reliait sans doute la ville à celle d'à côté. je m'arrêtai, plus par peur de me perdre pour de bon que pour reprendre haleine.

Maintenant que je la regarde de loin, elle ressemble à ça ma vie. A une interminable course. Sauf que moi j'ai traversé le pont, sauté par dessus la ravin, et revint à la fin vers cette dame qui aparament m'attendais.

« - S'ils avaient passé par les établissements nuageux, ils auraient eu une chance de partir normalement, dit une voix grosse en bas.

Cette dernière phrase retentit dans les parois de ma tête et y resta pour le reste de la journée. Des souvenirs longtemps refoulés refirent surface, se bousculèrent dans ma poitrine, tous désireux de sortir en même temps. J'ouvris la bouche pour respirer, pour crier, mais tout ce qui en sortit fut une masse informe dont je me hâtais de me débarrasser. Et mon habituel mal de tête reprit. Les sentiments sont morts, seule la souffrance physique sourde est restée.

En fait, à bien y penser, tout a commencé là, aux établissements nuageux, peut-être même avant, quand j'ai perdu mon porteur.

Ce fus sur le conseil de ce dernier que j'y allais, aux établissements nuageux.

Ce sont les seuls monolithes d'ivoire de l'île, repartis en douze étages, et où les enfants entre 20 et 80 saisons** ont le droit d'accéder, étage par étage, pour apprendre diverses choses comme à communiquer par l'encre, L'histoire du monde, les différentes légendes, et, pour ceux qui restent jusqu'au bout, à partir de l'île de façon permise, bien que dans mes souvenirs, ces établissements apparaissent autrement :

C'est des murs blancs nus et froids, avec une petite ouverture vers l'extérieur près de laquelle une masse grouillante de gens de tout âge s'entassaient, allant de l'enfant curieux au monsieur à barbe en passant par des adolescents timides et de jeunes filles rêvant d'une vie de foyer, et devant lesquels défilaient des gens armés de livres et d'encre qui se dépêchaient de répéter des phrases déjà faites sur mesure et de s'en aller, et qui déversaient toutes leurs haine du monde sur quiconque osait les interrompre dans leur pathétique récital. On appelait ces moulins à parole sans cœur "les appreneurs".

On s'est souvent moqué de moi là-bas, car je ressemblais à un robot avec mon visage en carbone et mes cristaux. Pour les oublier, je chantais beaucoup seule dans ma grotte, jusqu'à ce que je m'assourdis par mon propre écho, ce qui me value d'autres prothèses, auditives cette fois.

Vraiment, quelles fatiguantes et lointaines images qui, malheureusement, à part une forte migraine, ne me font plus souffrir.

Mais tout ce qui fréquentait les établissements nuageux n'était pas si mauvais. Il y avait bien une grande fille née muette et un petit garçon gentil avec qui je passai mon temps. Il y avait aussi un de ces appreneurs qui n'était si bête et hargneux que les autres, et qui nous apprenait pour de vrai pleins de choses. Lui, il paraissait sincère, et me rappelais vaguement mon porteur.

Il nous inspirait, nous encourageait, pestait contre les adultes fainéants, nous convaint que seuls nous, les plus jeunes, pouvons faire avancer les choses. J'aimais l'écouter parler ainsi, mais une question hantait mon esprit quand il parlait : est-ce que pour avancer, il ne faudrait pas faire comme la Sphère et commencer une guerre, vu qu'ils sont le modèle suprême de la puissance et de la grandeur?

Je me tournai vers mon collègue si gentil, imaginait sa tête fracassée contre un rocher ruisselant de son sang, et secouait la tête devant tant de criminelle naïveté.

« Vas passer quelque temps chez les soigneurs, ça t'apprendras plus sur la vie, m'avait conseillé l'appreneur quand j'eus finis mon parcours aux établissements nuageux.

Je suivis son conseil, et je n'en fus que convaincue : la vie est trop précieuse.

Chez les soigneurs, je passais la majorité de mes jours à courir parmi les couloirs, servant de liaison entre des malades qui n'avaient pas un cas urgent mais souffraient, et le soigneur-chef qui ne s'occupait que des cas graves , plus par manque de place qu'autre chose.

Entre les détachements prématurés, les porteurs agonisants qu'on pouvait encore sauver, des moissoneurs qui se sont blessés à la faux et qui couvraient leurs plaies ouvertes de leurs bras, les hommes de la mer à qui une bête avait arraché le bras, des enfants nés trop faibles ou qu'on a fait tombé et s'étaient brisés les os, des mal nourris, des mourants, tous ces gens que j'essayais de mon mieux d'aider, malgré mon pauvre savoir d'aide-soigneur, et je compris vite ma leçon.

La vie a trop d'importance. La guerre n'est pas une solution pour nous, pauvres paysans crépusculiens, mais devant l'instabilité des choses, tout le monde ne pense qu'à fuir trouver stabilité et tranquilité ailleurs.

Mais les gens de la Sphère n'étaient-ils pas eux aussi humains ? Pourquoi la guerre les as rendu puissants, dans un monde où la guerre est maudite? est-ce lié à la boîte ? Quelque chose n'allait pas, et mon cerveau me le signalait sans cesse, bien que jamais je ne pensais aller trouver des réponses outre-mer.



















NDT :

* Dans l'univers du livre, il n'y a pas d'alternance soleil lune, donc pas de jour et de nuit. Alors, ses habitants calculent le temps passé par le passage du vent. Une brise égale à plus ou moins 24 heures.

** Pareil pour l'année, elle est calculée en saisons, et comme il y a 4 saisons dans l'année, 4 saisons = une année, 20 = 5 et ainsi de suite.
















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