L'île où jouissent les nymphes et les satyres :
(TW: viols, pédophilie, relation abusive, abus physique et psychologique)
C't'œuvre-là, Laz n'en était pas peu fière.
En sueur, elle essuya sa main couverte de peinture sur sa poitrine nue, dehors, il f'sait nuit. Merde, et Péri ? Elle était partie y'avait un bail, et d'puis pas d'nouvelles. Sa chérie lui avait rien dit d'ses intentions d'la journée, et elle, conne comme elle était, elle n'avait rien d'mandé.
Elle était p'tête avec papy, ça lui arrivait des fois, d'rester papoter un peu, au fond, pas d'quoi s'en faire. Mais, et si, nan, elle s'montait la tête comme une chantilly, y'avait pas de « et si », l'autre soir, elle avait juste pété un câble, P était en sécurité, juste en train d'tailler une bavette avec le vieux.
Et lorsqu'elle rentrerait elle verrait Le Labyrinthe et ça la ferait mouiller, elle s'approcherait d'elle et avec ses doigts gelés viendrait visiter son entrecuisse, et elles baiseraient, sur les vieux journaux, fallait pas tacher l'sol, ouais, c'était comme ça que ça allait se passer, et après elles boiraient du lait au miel, en s'câlinant.
Voilà, fallait juste attendre un peu, et faire un brin d'toilette, elle puait la colle et la peinture. Elle remplit l'évier, une antiquité ce truc, la plomberie aussi, elle faisait un d'ces bruits, d'eau froide, fallait même pas chercher la chaude, colla des galets sur le gaz et alluma. Quelqu'instants plus tard, l'eau fumait, elle trempa un chiffon et s'décrassa puis piocha une boîte piquée l'aprèm d'avant, une sorte de crème, épaisse et parfumée au miel, P allait adorer.
Son corps badigeonné, elle démêla les nœuds dans ses tifs, les mouilla un peu et alla s'poser d'vant la nouvelle œuvre. Un beau bordel, pas encore fini, tout un mélange de bleu et d'vert, un casse-tête en pleine mer ou un océan d'énigme, d'la peinture, d'la ferraille et pas mal de truc que l'gars regardant allait pouvoir bouger.
Péri aimait ça.
L'art avec lequel on pouvait jouer.
Elles avaient créé ensemble tout une aire de jeux, pour les gamins des putes et des camés, de tout ceux qu'la société juge pas bons à être parents. Fallait juste viser une bicoque toute en ruines, elle était plus à personne, donc à tout l'monde, et filer au jardin. Et là, y'avait de tout. Des arbres de métal avec cabanes, des balançoires de tissu, plein d'trucs à ressort, d'quoi jouer pendant des heures.
Six mois qu'elles avaient mis à l'faire, ce truc.
La première demi-année qu'elles avaient passée ensemble.
Leur toute première œuvre.
Saluée par tout l'Londres d'en bas.
P'tain l'jour de l'inauguration y'en avait eu du monde, v'là que plus d'quoi ? Deux cents, ouais, dans c'genre-là, plus de deux cents clodos, putes, camés, voleurs et on en passe, au même endroit. Et sans un bruit, fallait pas attirer les flics, tous là avec des trucs à grailler et à boire, sérieux, mieux qu'un vernissage d'la haute. Et tout l'monde s'était bien tenu, qui avait dit qu'la rue n'habitait que des sauvages, hein ?
Derrière elle, la porte grinça.
« Péri ! »
Bordel de merde.
Un glaçon en pleurs.
V'là à quoi elle ressemblait.
Presque bleue, sauf les yeux qu'elle avait rouges, couverte de neige.
Putain d'merde.
« P... »
Elle enleva ses chaussures, son manteau, son sweat, son jeans, enfila un gros pull quatre fois trop grand et s'laissa tomber en face d'elle.
Même pas un coup d'œil pour l'œuvre.
Même pas un coucou pour elle.
« Laz... »
Comment marchait l'amour, ici ?
Est-ce que ça pouvait s'terminer ?
Les gens, ils s'quittaient ici bas ?
Laz savait pas, bordel, ce monde c'était pas l'sien, si Péri partait, elle était foutue, elle crèverait.
« Tu t'rappelles, t'sais, l'autre fois, à la sortie du bar. »
Elle l'avait fait flipper.
Et maintenant c'était la fin ?
Est-ce que la peur, c'était suffisant pour partir ?
« Laz ? P'tain, viens là. »
Elle pleurait, elle le savait même pas, mais P l'avait vu, et maintenant elle était au chaud contre elle. V'là qu'elles étaient au lit, assises ventre contre côtes, enroulées serrées dans la couette.
« Chiale pas, Laz, y'a pas d'souci. »
Péri essuya ses larmes.
«J't'ai pas obéi, t'sais, j'ai flippé moi, d'voir que t'avais peur, du coup j'ai fouiné. »
Comment pouvait-elle avoir aussi froid ?
Y'avait une tempête de neige en elle, seule solution, elle allait crever, et à l'intérieur on trouverait que d'la glace.
«J'sais qu'tu veux pas en causer, alors cause pas, mais j'crois qu'j'étais pas folle, l'autre soir. »
Et Péri parla.
Et la neige redoubla à l'intérieur d'elle.
Lazuli se sentait vide, comme si la glace avait tout dévoré, et elle avait envie d'dormir, et d'rester éveillée. Tout lui r'venait en tête, et tout partait, elle déraillait.
Maladroitement, elle attrapa la bouche de P, ça c'était réel, oh, oui, elle avait bu, sa langue était sucrée et ses lèvres craquelées. Son souffle dans sa gorge chassait le vent glacial de ses poumons.
« Laz... »
Ne me repousse pas, elle s'accrocha, planta ses ongles dans la chair tendre du dos et reprit goulûment la bouche de sa chérie.
« S'il te plaît. »
Elle pleurait, encore, P pouvait rien faire, lorsqu'elle chialait comme ça, elle plongea, embrassa les cuisses, glissa sa langue dans les replis du sexe, elle pleurait, encore, et sa main se pressait dans ses cheveux couleur forêt, surtout ne pas arrêter.
C'était pas vraiment sain, mais si c'était ce dont Laz avait besoin, elle glissa ses doigts en elle, embrassa son ventre, les larmes avaient séché sur ses joues.
«J'ai grandi sur une île. »
Lazuli allait mieux.
Elle avait joui, dormi un peu et ça avait suffi, en façade, car dans ses yeux, y'avait encore d'la glace.
« T'es pas obligée.
— Tu veux pas savoir ?
— Si. »
P attrapa la tasse de lait, elle portait rien d'autre que l'caleçon offert hier, avec les aliens dans tous les sens.
«J'ai grandi sur une île, où les hommes et les femmes vivaient séparées. »
Elle se laissa tomber en tailleur, quelques gouttes sortirent de son bol pour aller brûler ses cuisses.
« On vénérait la mer. »
Cela n'avait aucun sens, ses phrases ne s'emboîtaient pas, mais Péri l'écoutait, et puis, hé, elle était douée en puzzle.
« J'sais quoi dire, mais pas comment.
— Prends ton temps. »
P la rassura d'un baiser.
« Chez nous, les femmes baisaient qu'les femmes, les hommes qu'les hommes. »
Son bol était vide, elle avait mis longtemps avant d'parler.
« Ceux qui voulaient pas, c'étaient les Mères et les Pères, ils s'occupaient des mômes, on les respectait, pour nous ils étaient courageux, de s'priver de sexe pour toujours. »
Péri avait refait à boire, sans doute qu'elles allaient y passer la nuit, alors cette fois c'était du café.
« La baise, c'était important, vraiment, ici, ça m'a fait étrange, vous faites ça que chez vous, comme si vous en aviez honte, et puis ceux comme nous doivent s'planquer. Sur l'île on s'en foutait, j'sais pas chez les gars, j'y ai jamais mis les pieds, mais dans notre partie à nous, les filles baisaient quand elles voulaient, qu'y'ait du monde ou pas.
— Ça a pas l'air si mal. »
P gloussa, s'étouffa à moitié et arracha un sourire à Laz.
« C'était chouette.
— Pourquoi tu t'es taillée alors ?
— Y'a eu des trucs moins chouettes. Après. »
Ses dents agacèrent sa lèvre, des nanas forniquant sans complexe, sûr que l'idée dérangeait pas sa copine, mais la suite, là on touchait à des trucs vraiment tabous, dans c'monde-ci du moins.
« Pour les mômes, la règle était simple : on n'encourage pas, mais on n'exclut pas non plus. »
Gagné, v'là les yeux de P qui s'écarquillent, ronds comme des billes.
« T'as déjà vu tes vieux en train d'baiser ? »
Sa tête se secoua de droite à gauche.
« T'aurais pas eu peur ou rien, t'aurais eu envie d'participer.
— J'crois pas, nan. Bordel rien qu'd'imaginer. Tu dérailles Laz, les mômes, enfin, c'genre d'envie ça vient plus tard.
— Je sais, mais t'aurais eu envie d'participer, parce que t'aurais cru qu'c'était un jeu. Quand t'es môme, que t'es tout p'tit, t'sais pas c'que c'est la sexualité, alors t'y vois rien d'autre qu'un truc qu'a l'air rigolo.
— Ouais, et après tu participes et c'est vachement moins drôle. »
Elle avait l'air en colère, Laz se recroquevilla, p'têtre qu'le fossé est trop grand, qu'elle comprendrait jamais.
« Donne ton bras. »
Elle traça une ligne, du coude au poignet.
Puis les contours du visage, elle tira un peu sur les mèches vert forêt, traça l'contour d'un téton, chatouilla l'nombril.
« Là. C'était ça qu'elles faisaient. Qu'elles m'ont fait, la première fois.
— Je suis désolée.
— Pourquoi ? J'aimais bien, pas dans l'sens sexuel, mais j'trouvais ça drôle.
— Laz...
— Tu ne comprends pas. »
Elle allait se remettre à pleurer, elle l'sentait venir.
« Je pense que c'est mal. »
P lui caressa les cheveux.
« Mais si tu m'dis qu't'as pas souffert, alors j'te crois.
— Vrai ?
— Vrai.
— Merci. »
Elle l'embrassa.
«Sur l'île, y avait un homme, et une femme, qui vivaient chacun dans un phare, c'était le prêtre et la prêtresse. On avait plein de cérémonies, toutes vénérant la mer, et c'était eux qui les menaient. Un jour, elle est venue me voir, j'étais sur la plage et je venais de finir de, enfin, de jouer, avec deux grandes. »
Lazuli arrêta de parler.
Elle la revoyait.
Immense dans le sable et magnifique, on aurait dit un roc, taillée par les vents et les vagues.
Etais-ce normal ?
Qu'encore aujourd'hui elle la trouve si belle ?
Comme un monstre au visage enchanteur.
P caressa sa cheville, deux petits ronds très lents, et un sourire, un encouragement.
« Elle m'a parlé d'la nuit où j'étais née. L'histoire, j'la connaissais d'jà, mais j'l'ai réécoutée quand même. Y avait eu une tempête, et un naufrage, au large, et puis moi, j'suis arrivée sur la plage, portée par les vagues. Y avait des cadavres plein l'sable, mais moi j'étais vivante. Pour tout l'monde, j'étais un miracle, la preuve de la bienveillance de la mer. »
Lazuli arrêta de parler, c'était là qu'les choses allaient s'corser.
« J'étais heureuse. Vraiment, toute petite, et un peu plus grande, j'étais heureuse. Mais dès qu'elle est venue m'parler, c'est d'venu l'enfer. Elle a voulu que j'vienne vivre avec elle, et moi j'étais fière, j'voulais devenir prêtresse aussi.
— Sauf qu'elle voulait pas jouer comme les autres, c'est ça ? »
Lazuli cacha son visage dans sa tasse, elle ne voulait pas voir celui de Péri.
Que pouvait-elle bien penser d'elle ?
Une main souleva son menton, un doigt essuya ses larmes, depuis quand pleurait-elle ?, une bouche embrassa son front et des gouttes, pas les siennes, non, roulèrent sur ses joues.
Elle la repoussa, pour mieux l'attirer ensuite, allongée sur le côté Laz enroula les bras de sa petite amie autour d'elle, lova son dos contre son ventre. Elle aimait ça maintenant, quand avait-elle réapprit à ne plus avoir peur dans ce genre d'étreinte ? Aux premiers mois de leur amour, elle se tendait sans cesse, comme si les bras de P étaient un piège mortel, désormais elle les cherchait.
Tant de choses avaient changées.
« Y'a pas eut de grands signes. Dans les films, les bouquins, le héros il dit toujours qu'il sent que ya un truc pas net, moi j'ai rien senti. »
Elle entremêla ses doigts avec ceux de Péri.
« On était la nuit, et y'avait une tempête. J'avais peur, la mer frappait contre le phare, je pensais qu'elle était en colère. C'est ce qu'elle m'a raconté. Je ne sais même plus si c'est vrai, elle me le racontait tellement souvent que je ne sais plus. Ce ne sont peut être même pas mes souvenirs. »
Une bouche rassurante se pressa contre sa nuque, une voix lui chuchota qu'elle n'avait pas à dire tout cela, elle le savait, oh comme elle le savait, mais elle le voulait.
« Elle m'a dit qu'elle connaissait un moyen de plus avoir peur, et elle m'a demandé si j'voulais plus avoir peur. J'ai dit oui. J'ai dit oui. J'aurais pu dire non, mais j'ai dit oui, je voulais arrêter d'avoir peur, et dormir, j'étais fatiguée, elle m'a dit que je l'étais, je ne sais plus. J'ai dit oui.
- Tout les gamins auraient dit oui. »
Le visage de P était pâle, elle essayait de ne pas imaginer, une Laz miniature, apeurée et sans défense, les cuisses ouvertes, ça dansait dans son esprit, elle sentit qu'elle pouvait gerber n'importe quand.
Elle embrassa les cheveux de Laz, ça sentait bon, le miel et les fleurs.
« A l'école on devait dire chaque matin ce qu'on avait fait le soir. Moi j'ai rien dit, juste des mensonges, et à la récré, y'avait deux grandes filles qui jouaient ensemble. Je...dans mon ventre c'était comme si j'avais trop mangé, comme si y'avait quelque chose qui était lourd, lourd, lourd dans mon estomac, comme si ça remplissait tout. Et je...je m'en suis voulu. »
Elle les revoyait, allongée sur l'herbe entrain de se caresser, sans aucune pudeur.
Et elle.
Avait pleuré.
« Je voulais être comme elle. Je ne comprenais pas pourquoi j'pouvais pas aimer ça comme elles. J'pensais qu'y'avait un truc qu'allait pas, qu'j'avais fait quelqu'chose de mal en aimant pas. J'voulais vraiment, j'pensais qu'si j'faisais des efforts, j'serais comme les grandes, que si les grandes trouvaient ça drôle, alors moi aussi j'pouvais être comme elle. »
Laz revoyait cette petite fille, cette petite elle, déterminée à faire les choses comme il fallait. Elle avait été si sûre d'elle cette gamine, si persuadée que la première fois n'avait pas été si terrible, et que la seconde serait encore moins pire.
Quand avait-elle arrêté ?
D'y croire encore et encore ?
Longtemps, très longtemps après.
« J'pouvais plus jouer avec les autres filles. Elle disait qu'maintenant que j'jouais comme une grande, j'pouvais plus juste jouer comme une gamine, que ça m's'satisfaisait plus. Mais j'avais peur. J'pouvais plus laisser une fille me toucher, y'en avait une que j'adorai, qui m'faisait des nattes, des dessins comme des tatouages et pleins d'câlins, jamais plus on a joué ensemble. Elle a trouvé une autre petite, et moi je les regardai, j'voulais être avec elles, mais dés qu'on m'touchait j'avais peur, comme si j'sentais ses mains descendre. »
Laz se retourna, enfoui son visage dans la poitrine de P, elle avait besoin de se calmer, elle tremblait, de partout, comme quand elle était tombé dans la Tamise en hiver. L'odeur de sa chérie, ses cheveux chatouillant son visage, c'était ça son ancre, elle était là, pas là bas, elle n'y serait jamais plus.
Combien de temps, c'était-elle endormie ?, oui, p't'être, mais l'autre avait toujours les yeux ouverts, elle attendait la suite, ou bien la veillait-elle ? Rien à faire, elle continuait.
« L'pire est arrivé au bout d'quelques années, un soir, j'ai pas compris c'qui s'est passé, mon bassin a volé vers l'avant, mon sexe palpitait, j'avais mal, c'était bon, et elle, là, elle exultait, j'l'avais jamais vue comme ça, jamais.
— T'as eu un orgasme.»
Elle hocha la tête, l'corps est plus fort qu'la caboche, si on cogne suffisamment fort, même si on veut pas avoir mal, bah on douille, là c'était pareil, en haut, elle était pas d'accord, mais en bas ça avait réagi quand même.
« Laz... Est-ce que, enfin, t'sais, nous deux, on est pas obligées, j'veux dire, j'suis pas elle, si... Je t'aime, on est pas obligées, si tu veux pas. »
Le regarde P s'fit fuyant mais celui d'sa chérie l'attrapa.
Pour la première fois d'puis l'début de l'a conversation Lazuli la r'garda dans les yeux, parce que fallait qu'elle pige bien c'qu'elle allait dire.
« T'es la première personne que j'ai embrassé. Après elle, j'embrassais plus personne. Les autres comprenaient pas, elles s'foutaient d'moi. T'es la première personne que j'ai embrassée. »
Elle lui caressa l'visage, les lèvres surtout.
Ces lèvres qu'avaient pas arrêté d'bouger c'matin là, alors qu'elles étaient assises l'cul par terre sous un porche, pour pas être sous l'orage.
Ces lèvres qu'avaient pas arrêté d'former pleins d'mots parlant tous d'un roman S.F dont l'titre lui échappait encore aujourd'hui.
Ses lèvres qu'elle avait gobées, la trouille au ventre.
« T'avais un goût d'réglisse.
- J'avais bu du whisky.
-T'avais un goût d'réglisse. »
Lazuli l'embrassa.
« J'avais tellement peur. Mais tu bougeais pas. Ta langue faisait rien. Et moi j'voulais qu'ça reste comme ça. J'me sentais en sécurité quand tu bougeais pas.
-J'ai bougé.
-Je sais. »
Elle lui caressa le visage.
« J'ai eut peur. Je flippais tout le temps. J'voulais pas qu'tu m'touches, ça m'rappelais ses mains, et sa gueule, son sourire. T'aurais du la voir sourire. Patronne a acheté un livre pour ses filles, avec un ogre, il a le même, avec pleins de dents et d'la cruauté. Elle aimait me faire jouir. Elle aimait parce qu'elle savait qu'j'aurais honte après, et c'qu'elle disait. Je ne voulais pas, j'ai fini par croire que si, j'savais plus rien. »
Elle pleurait.
P embrassa ses larmes, câlina son visage du bout de ses lèvres qui murmuraient sans rien dire :
« Je suis là ».
« Et puis j't'ai laissé me toucher. Parce que t'avais l'air d'le vouloir tellement. Et mes dents étaient toutes serrées, j'voulais pas qu'tu m'vois pleurer. Tes lèvres sur mes seins. C'est là qu'tout qu'j'ai ouvert la bouche. T'savais pas trop quoi faire, t'étais toute hésitante, t'étais si différente. J'comprenais, pourquoi les grandes elles aimaient tellement jouer. »
Laz l'embrassa, attira sa langue dans sa bouche.
« T'a eu l'air si heureuse, la première fois que tu m'avais fait jouir, tu m'embrassais tellement, partout, t'as voulu r'commencer, toute la nuit. Elle était toujours avec moi, même après qu'je me sois tirée d'l'île, mais toi, tu l'as foutue dehors d'un coup d'pied au cul, j'pense pas à elle lorsque j'suis avec toi, jamais, surtout quand on baise. »
Le silence envahi l'lit.
C'était pas un intrus, jamais entre elles, juste une conversation muette.
Il s'étira, les enveloppa dans un brouillard de somnolence.
L'temps passa.
Un peu.
Beaucoup.
« Comment t'as réussi à partir ? »
P s'étira, roula sur le flanc pour faire face à sa chérie.
« J'ai trouvé une bouteille sur la plage, j'avais genre douze ans. Une môme avait foutu une lettre dedans, des dessins, des photos, plein d'trucs sur c'qu'elle aimait. Et le monde dehors m'a paru si beau qu'j'en ai rêvé durant trois ans. Et puis un jour, j'me suis cassée, elle m'avait laissée seule, en pleine nuit sur un rocher, pas loin d'la côte. A marée basse, on pouvait carrément y aller à pied, enfin, en s'mouillant juste un peu. Elle f'sait ça, lorsque je résistais trop, elle disait qu'fallait m'purifier, qu'la mer s'en chargerait. J'sais pas c'qui m'a pris, j'ai sauté à la flotte et j'ai nagé. J'étais conne, j'pensais que la terre, c'était genre pas loin du tout, j'me suis drôlement gourée. Un bateau m'a ramassé alors qu'j'étais accrochée à une bouée, arrivée au port, j'me suis taillée. Et m'voilà qui débarque à Londres, deux ans plus tard. »
Péri la resservit en café, pour la troisième fois, la nuit est presque finie, bordel, elle en avait mis du temps à causer.
« Tu penses que c'est elle, la femme ?
— Possible.
— T'sais c'qu'elle voudrait ?
— Me récupérer ? J'vois pas pourquoi, des filles, y'en a plein l'île.
— Pas des comme toi. »
P lui caressa la cuisse, l'attira sans ses bras, elle pouvait s'pointer, c'te grognasse, c'était pas aujourd'hui, ni d'main, ni jamais, tiens, tant qu'on y est, qu'elle toucherait à un seul des ch'veux d'sa copine.
Hello!
Comme prévu, un chapitre très chargé en révélations et en TW.
C'est le chapitre que j'ai le plus retouché, et sans doute l'un des plus longs, mais je ne suis pas encore sûr.e que tout aille bien. Du coup si vous avez des suggestions n'hésitez pas!
Je me suis longuement demandé si le comportement présent de Laz ne tranchait pas trop avec son passé, et en fait si, cela tranche beaucoup, mais je ne pense pas que ça soit une mauvaise chose, est-ce que ça vous a choqué vous?
Sur un ton un peu plus joyeux voici deux petits dessins de Laz, gribouillés en cours.
Sur le deuxième elle a l'air un peu énervée nan?
....
Bah je trouve sa tête plutôt drôle moi.
Sinon nous avons atteint la moitié de cette nouvelle! Il reste donc dix chapitres avant la fin de l'histoire :) Encore merci à celleux qui votent et surtout à celleux qui commentent!!
Dans le prochain chapitre on fera une petite pause dans les révélations avec Comme un vieux chewing-gum sous une semelle, du point de vue d'Ami.e.
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