[Pov Lune]

Suite au cours d'équitation, la salle a été entièrement plongée dans le noir, encore une fois. J'ai pu reprendre mon souffle et ma concentration, bien que j'ignore combien de temps il me reste à tenir dans cette simulation.

Une fois les projecteurs de nouveau activés, leur faisceau de lumière provenait d'en-bas, et le décor face à moi me cloue sur place. Une seule corde, fine, reliant la passerelle où je suis au sommet vers une autre en face. Un bâton en bois super long posé à mes pieds, et un cri de foule général pour laisser exprimer leur surprise.

— Oh non...

— Voici l'ultime épreuve ! L'équilibrisme !

Mon cœur commence à battre de plus en plus fort, et ma respiration jusque-là tranquille devient de plus en plus difficile. Ma main commence à trembler, et mes jambes refusent de s'abaisser pour que je récupère le bâton.

— {Non...}

— Notre chère funambule semble avoir un besoin de concentration ! On reconnaît une personne prudente !

J'essaie de ne pas penser au fait que je sois à plusieurs mètres du sol. Même si je devais tomber, cela reste une simulation, donc je ne sentirai pas la douleur et retournerai dans le monde normal... N'est-ce pas ?

Nerveux, je m'abaisse pour récupérer le bâton, mais cela m'a fait regarder la hauteur vertigineuse où je me trouve, avec le sol sous mes pieds. Pendant un court instant, ma vue se floute, m'empêchant de reconnaître quoi que ce soit.

— {Je peux prendre mon temps... La simulation se finira bien avant que j'atteigne le bout de la corde.}

Le problème actuellement, c'est de me mettre à marcher sur cette fichue corde, sous le regard de tout un public. Je prends une ultime respiration et avance d'un pas sur la corde, ce qui permet de révéler son déséquilibre et son agitation avec seulement une fraction de mon poids.

J'essaie d'avancer mon deuxième pied, l'idée d'avoir mes deux chaussures sur une corde avec la mort au moindre pas de décalé m'empêche d'aller au bout de ce dernier. Mon pied droit reste plaqué contre la corde, tandis que l'autre reste sur la plateforme.

J'entends la déception dans le public qui commence à me huer, eux qui ont payé leur place pour me voir attendre au bord de cette corde. Le commentateur ne prend même pas ma défense. Je suis juste seule, face à la mort représentée par une vulgaire ficelle qui relie deux surfaces plates.

Nouvelle inspiration. J'envoie mon pied droit sans aucune once d'hésitation vers la corde, le posant devant mon autre pied. Je place mon dos complètement droit, la perche en bois entre mes mains tenues horizontalement dans un alignement parfait. Le public change d'humeur et s'exclame à s'en exploser les poumons, tandis que j'avance d'un nouveau pas.

— Notre funambule semble s'être réveillé ! Elle joue avec votre patience, cher public !

— {Ferme-là, connard...}

Deuxième pas. Troisième pas. Quatrième pas. Au moment où je me rends compte de ce que j'ai fait, un regard en arrière me confirme que désormais, je suis face à la fin de cette simulation infernale qui joue avec mon stress.

— {J'ai fait le plus dur...}

Je ressens une sueur froide. Mon cœur n'arrête pas de s'emballer. Mes mains sont gelées, tandis que mon cerveau imagine les pires scénarios possibles basés sur une seule pensée : est-ce que tout cela n'est vraiment qu'une simulation ? Tout parait si réel...

J'essaie de regarder droit devant moi, malgré les agitations de la corde qui se balancent à cause de mes pieds qui réduisent et augmentent le poids que doit supporter cette fichue ligne. Je réceptionne mal mon pied gauche, le laissant au-dessus du vide et basculant mon corps, sous l'inquiétude générale.

Heureusement, après une longue respiration, j'arrive à remettre mon pied sur le câble et conserver mon équilibre, mais j'ai vraiment failli avoir une crise cardiaque et faire une chute fatale.

Cependant, après avoir refait le même pas, je n'ai pas autant de chances. Mes pieds abandonnent complètement la corde, suite à un mauvais placement. Mes mains laissent glisser le bâton qui tombe dans le vide, permettant à ma main droite de saisir la corde dès qu'elle se trouve à portée. Cette dernière tangue lourdement, accompagnée du bruit de choc de la foule.

— Personnel de sécurité ! Préparez le drap !

Ma main qui tient la ficelle me fait horriblement mal, et même en la remplaçant par la seconde, je ne fais que retarder l'inévitable. Dans l'échange, j'ai laissé tomber mon bâton qui ne me servira plus, mais ressentir cette peur que cela est si réel... Ma mort ici le sera-t-elle aussi ? Est-ce une simulation si fidèle de la réalité ?

Plus j'échange mes mains, plus elles me font mal. L'inévitable va arriver, cette chute surréaliste qui m'attend sous mes pieds, la mort qui m'attend. Je ferme les yeux et prend une ultime respiration

— J'abandonne.

Sans aucune hésitation, j'écarte tous mes doigts, détachant mon emprise sur la corde et entamant une chute libre. La gravité accélère la vitesse de chute, sous le choc global de toute la foule. Mon corps est courbé, mon dos prêt à rencontrer le sol alors que ma tête observe le plafond du chapiteau, le vent balayant mes cheveux.

Le plafond s'éloigne de plus en plus, la lumière des projecteurs passant au-dessus de mon corps. Je ferme les yeux pour respirer, vidant mon esprit de toute pensée avant que tout cela ne se termine. Une seconde après, je sens mon corps se faire secouer de gauche à droite, avec le contact de deux mains contre mon torse, avec mon corps allongé.

— Lune, réveille-toi !

J'ouvre péniblement les yeux, voyant Aza à côté de moi en train de me réveiller. Le chapiteau n'est plus présent, révélant la Virtuwave a son état d'origine. Je me redresse en mettant une main sur ma tête, essayant de me dire que tout cela était une fiction beaucoup trop réaliste.

— C'était horrible...

Azalea m'aide à me relever et à m'emmener hors de cette salle infernale. Je peux voir Louve en train de débattre avec Fluvie, mais je n'arrive pas à me concentrer suffisamment pour entendre ce qu'ils disent. Ce dont je suis certain, c'est que le mot "sécurité" a été prononcé par eux deux.

[Pov Louve]

— Monsieur Fluvie. Je trouve votre attraction beaucoup trop dangereuse. Votre carnaval est censé être un divertissement, pas une torture psychologique. Peut-être n'avons-nous pas eu de chances avec ces artéfacts, et que des épreuves sont plus bienveillantes, mais de ce que nous avons testés, certaines sont beaucoup trop dangereuses pour des civils, et encore plus pour des enfants.

— Je comprends parfaitement votre inquiétude, Dame Louve. Si le principal souci sont les simulations beaucoup trop violentes, c'est car il s'agit du thème principal de cette attraction, dont plusieurs avertissements ont déjà été mis en place.

— La prévention est certes correcte, mais même avec cela, les dommages causés peuvent être irréversibles. Si vous voulez que je change mon avis, proposez à Neo une simulation douce et sans problèmes.

En même temps que le gérant, je donne mon attention à Neo qui est revenue il y a quelques minutes de sa sortie à l'extérieur, mais a refusé de me dire la raison, ni sur ce qu'il a découvert à l'intérieur.

[Pov Neo]

— {Encore quelques secondes...} Mon avis n'est pas encore complètement formé sur cette Virtuwave, bien que je reconnaisse le risque de dommages psychiques. Néanmoins, j'aimerai quand même avoir la possibilité de choisir la simulation parmi ceux que vous nous avez mis de côté.

Fluvis acquiesce, puis je me dirige vers les derniers artefacts encore présents. Après les avoir tous observés, je prends celui présentant un livre ouvert contre un pupitre. Au moment où j'ouvre la bouche, la porte de la salle de test s'ouvre brusquement, crachant des policiers au pas de course en compagnie d'Espoir et de Youmi.

— Gérant Fluvis, je vous annonce que vous êtes en état d'arrestation pour utilisation d'hallucinogènes sur des civils sans autorisation préalable et en surplus de doses légales ! s'exclame Espoir en pointant le gérant avec sa main.