[Pov Sylvane]

— {"Qu'est-ce que la folie, pour toi ?"}

Sous le déluge d'attaques magiques de la dragonne dorée, couplées aux variations météorologiques de l'ange des Ascendants, et des coups de faux étonnamment rapides de la dernière membre de Némésis, cette question m'est revenue en tête.

Esquivant l'intégralité de leurs attaques, je dégage Athis d'un violent coup de pied en pleine tête, la projetant loin sur le côté, avec leurs autres camarades des Lames de Célestia qui sont incapables de se relever. La foudre naturelle appelée par Louve s'associe avec des boules de feu et de lumières projetée par le dragon jaune.

Je serre mon épée de mes deux mains et effectue une large attaque horizontale, produisant un souffle qui dégage toutes les attaques en les vaporisant dans l'air. Ils s'efforcent d'utiliser leur signature pour espérer me terrasser, en jouant sur les attaques groupées en espérant ouvrir une faille, mais le résultat est là : Les Ascendants sont les derniers encore en état de se battre.

L'ange de la météo surgit à ma gauche, son poing droit chargé d'éclairs et de vents violents enroulés autour de son poing. Je l'esquive en me décalant sur le côté, tout en positionnant mon pied pour la frapper en plein dans son buste, la projetant dans les airs, droit vers son amie dragonne.

— {Pourquoi Morblood est toujours pas là ? Il a besoin d'autant de temps pour vaincre leur chef ?}

A la fin de ma pensée, je repose lourdement mon pied sur le sol pour décoller vers le dragon, me retrouvant dans le dos de la bête majestueuse. Le temps qu'Espoir tourne la tête, j'ai déjà posé mon pied sur son dos écailleux pour y concentrer toute ma force physique pour la pousser au sol. L'angle de l'impulsion la fait percuter l'ange de la météo pour l'écraser avec elle.

— {Et pourquoi le Souverain n'a pas donné de nouvelles ?}

Au départ, je trouvais ces questions anecdotiques et sans réelles importances, mais c'est au moment où le dragon s'est lourdement écrasé au sol que j'ai pris conscience que quelque chose n'allait pas. Je redescends au sol, me plaçant au sommet du vaisseau écrasé encore présent, et observe mes adversaires au sol, affaiblis et acculés par ma puissance. Dans ma conscience, une dernière question se pose, plus générale.

— {Est-ce que nous les avons sous-estimés ?}

[Pov Espoir]

— {C'est douloureux...}

Au moment où ma pensée se conclut, c'est ma forme draconique qui vole en éclat. Sous le ciel nocturne du monde des morts, je récupère ma forme humaine, habillée, mais à bout de force suite au violent coup que j'ai subi.

Alors que j'essaie de me relever avec mes mains, mes origines défilent devant ma vue. Je n'étais qu'une humaine dans un monde où vivaient beaucoup d'espèces, avec une magie surabondante. Je faisais partie des rares habitants à ne pas avoir de magie, mais qui m'octroyait un avantage : celui de signer un pacte avec un dragon vagabond, et y récupérer ses pouvoirs et son apparence.

Il m'a fallu du temps pour comprendre tous ses pouvoirs, ainsi qu'à m'adapter à ma forme gigantesque. Malheureusement, la paix durable de mon foyer d'origine n'a pas duré, car une guerre raciale éclata, résultant par un match nul et la destruction complète. Sous les larmes, j'ai quitté mon monde pour atterrir dans celui où j'ai fondé la Bloup Compagnie, afin de mener une nouvelle vie en cachant cette forme écailleuse dorée sous ma peau.

J'ai eu des rencontres formidables que je veux garder dans ma mémoire le plus longtemps possible. Tous ceux que j'ai rencontré grâce à ma compagnie, les membres du CSE, ceux qui m'ont fait rire, émerveiller, réconforté et épaulés... Tout cela disparaîtra aujourd'hui, des mains de cette gardienne elfique.

Je n'ai plus la force de pouvoir lancer une attaque, mais il y a une chose que je peux encore faire, si Louve est prête à m'aider. Je lance un regard désespéré à mon amie, ouvrant le Cognolink.

— [Louve... Utilisons notre combinaison...]

[Pov Louve]

J'ai parfaitement reçu le message d'Espoir, et cela peut nous donner un souffle de vie supplémentaire pour ce combat. Le problème c'est que nous sommes dans une situation désespérée, face à cette elfe qui, même seule, nous a mis dans un tel état. Si Barakabo ou Youmi perd son combat, et qu'un autre Originel arrive, alors c'est la mort qui nous attend d'encore plus près.

Alors que je vois notre ennemi se rapprocher lentement mais de façon terrifiante, au point où le simple bruit des pas de Sylvane me font trembler de tout mon être. Si j'avais su qu'après mon monde d'origine, écrasé par un système où on nous obligeait à suivre la masse et à adopter une façon de pensée unique, je me retrouverai dans un tel endroit, je ne serai déjà plus de ce monde.

Quitter mon monde m'a permis de rencontrer Espoir, d'intégrer sa compagnie, et de faire toutes ces rencontres. La plupart resteront dans mon cœur aussi longtemps qu'il battra, et d'autres, temporaires, m'auront laissé une bonne image d'eux. Je ne regrette pas d'avoir quitté mon monde de naissance, même si actuellement, je me demande ce qu'il est devenu.

Quoi qu'il en soit, si nous pouvons avoir une dernière chance d'ébranler notre adversaire, c'est maintenant. J'effectue un hochement de tête à l'attention d'Espoir, et ensemble, on plaque une main au sol. Synchroniquement, une zone dorée couplée à des nuages pluvieux se révèlent. Les particules magiques et les gouttes d'eau qui se manifestent entament une guérison doublée et amplifiée pour les Lames de Célestia, les Ascendants, et les deux pionniers qui sont restés en tête.

Il ne faut que deux secondes pour que l'on se remette tous sur pied, chacun récupérant ses armes pour se remettre en posture de combat. Caelus et Stelle partent les premiers, leurs battes de baseball en main chargée pour effectuer une double attaque à l'elfe. J'effectue un pas en avant et tend ma main dans la direction de l'ennemi.

— Nous vaincrons cette adversaire !

[Pov Sylvane]

— {Comment... ?!}

Mon épée glisse de mes doigts, tellement la confusion dans ma conscience est grande. Comment cette ange a pu prononcer cette phrase si simplement ? Elle et la dragonne ont vraiment pu soigner autant de personnes en peu de temps ? Osent-ils vraiment me regarder avec ces yeux déterminés ?

La conviction et le courage dans les yeux des dieux pionniers qui me chargent sont réels. Leurs battes de baseball qu'ils tiennent dans leurs mains sont prêtes à en découdre. Le bond qu'ils effectuent pour faire une double attaque aérienne est confiant et sans la moindre hésitation.

Comment peuvent-ils rester comme cela malgré la mort qui les attend ? Dans l'Éclipsia ? Ils s'en fichent de qui est leur adversaire, car le combat est ce qu'ils connaissent le mieux dans ce foutu monde. Que je sois une gardienne de ce monde ou même une débutante, ils m'auraient regardé avec le même regard et la même tension. Moi qui suit une Altéré grâce au Souverain, ils s'en fichent complètement.

— {Le courage.}

C'est ce qu'il faut pour survivre dans ce monde. Se confronter à l'adversité peu importe le danger, tant que la raison du conflit est "juste". Le Souverain pourrait se présenter face à eux, ou bien tous les gardiens accompagnés de toutes les âmes reposées de ce monde, ils ne fléchirent pas et se battent. Et en ce moment, c'est moi qui leur fait face, membre des trois Originels, et sans entendre leurs voix, j'ai l'impression qu'ils disent une unique phrase :

— {"Vous n'êtes que des Exilés."}

Une telle façon de pensée aura-t-elle sa place dans l'Éclipsia ? Ils ne fuiront jamais, et iront jusqu'à devenir des habitants de ce monde s'il le faut. Un éclair me traverse la conscience : et si c'était leur plan depuis le début ? Ou bien celui de leur commandant tacticien qui a toujours eu le don de cacher ses véritables intentions ? S'ils se retrouvent en tant qu'âmes dans les trois fragments, leur détermination pourra aller jusqu'à l'unification, et une révolte générale...

Même si tous les habitants s'unissaient, nous aurions la puissance de tous les vaincre, mais le chaos qui en résulterait aura détruit tout le royaume des morts, jusqu'au moment de l'irréparable, et à ce moment, ces Lames de Célestia auront atteint leur objectif : Ils auront détruit l'Éclipsia de l'intérieur.

En plein dans mes pensées, le temps autour de moi s'est considérablement ralenti, mais les armes des jumeaux sont proches de mon visage, et mon épée qui va presque toucher le sol. Désormais, je sais ce qu'il me reste à faire pour gagner cette guerre, mais cela ne sera pas dans le pacifisme.

— {Pardonnez-moi, Souverain.}

Serrant les poings, je m'abaisse à une vitesse prodigieuse pour récupérer mon épée juste avant qu'elle touche le sol. Suite à cela, j'effectue une coupe horizontale en direction des pionniers, malgré le fait qu'ils soient hors de portée de ma lame. En un instant, ils se retrouvent entaillés profondément au niveau des organes vitaux, leurs armes glissant de leurs doigts suite au coup.

Ils s'écrasent au sol en passant tous les deux à côté de moi, laissant une rapide pluie de sang où toutes les gouttes me passent à côté sans me salir. Mon épée s'imprègne d'une aura nocturne couplée à des particules violettes, la capacité qui empêche une personne morte par cette lame d'intégrer ce monde en tant qu'esprit.

— Lames de Célestia...

En ayant complètement leur attention, leur expression confiante et noble s'est effacé pour laisser place à un profond doute. Des marques rouges se révèlent sur ma peau, les iris de mes yeux virent à un blanc pur, et mes cheveux subissent un dégradé violet.

— Vous êtes morts.

[Pov Louve]

Avec cette simple phrase, toute la zone se fait souffler par sa présence écrasante ainsi que sa puissance. Mon corps se met à trembler, manquant de se déchirer en plusieurs morceaux. Comment cette gardienne a pu changer en si peu de temps ? Mais surtout, Caelus et Stelle sont vraiment morts ?

Devant nous, Tempête et Gavric prennent les devants, brandissant leurs armes à l'attention de leurs soldats.

— Éliminez l'adversaire, Lames de Célestia !

— {Non... !}

Je lance un regard envers Espoir et Athis. Elles partagent le même sentiment : se jeter sur l'adversaire est la pire idée possible, mais pourtant, les capitaines de Youmi ne l'ont pas compris et restent dévoués à la cause de leur leader qui n'est toujours pas revenu.

Une marée d'Exilé se jette sur la Gardienne, avec toutes les signatures magiques déployées sur tenter d'écraser celle de l'elfe transformée. Dans la seconde qui suit, Tempête et Gavric se retrouvent lourdement projetés en arrière, revenant à côté de nous.

Un torrent de gouttes rouges se dégage du champ de bataille. Les têtes et les corps des Exilés volent dans tous les sens, le liquide rouge tâchant le sol du monde des morts, ainsi que les habitations qui tiennent encore debout. Les seuls sons audibles sont les attaques magiques dissipées, la chair tranchée et le sang qui tombe sur le sol.

Avant que j'ai le temps de respirer, tous les Exilés étaient dans une mare de sang, avec la gardienne en son centre, sans aucune tâche sur son corps ou ses habits, à l'exception de son épée devenue un rouge répugnant.

— {Bordel...}

Le ciel se met à scintiller d'une lumière anormale, un blanc assombri, nuancé vers les ténèbres. Même Sylvane y prête son attention, puis une voix se fait entendre.

— Le commandant des envahisseurs, Galactika Youmi... Est mort.

C'était la voix de Morblood, qui a pris Youmi à part... Non. Non, non, non... Je refuse d'y croire... Il s'est fait vaincre par son adversaire ? Mon cœur se met à éprouver une profonde douleur à chacun de ses battements, en plus de sentir une fissure et un vide au plus profond de moi. Mes larmes jusque-là silencieuses se manifestent sans que j'ai le temps d'essayer de les retenir. Je m'effondre au sol, plaquant mes genoux et en posant mes deux mains devant ma figure.

— {Non... Ce n'est pas possible !}

[Pov Athis]

Entendre cette phrase, couplée à la réaction de mes amies me déchire le cœur. Cependant, même si j'avais un profond attachement pour Youmi, je n'étais pas attaché à lui comme les autres Ascendants. Après tout, ma première rencontre avec lui a signé la mort d'un membre de ma famille, puis de toute une partie de Némésis.

Malgré cela, je lui étais éternellement reconnaissant d'avoir vaincu Zeleph, et de m'avoir offert cette vie au sein des Ascendants. Je ressens une douleur dans ma poitrine, mais pas au point de pleurer, contrairement aux autres. J'entends les pas de Sylvane devenir de plus en plus fort, alors que l'émotion gagne mes partenaires. Il n'y a que Tempête et Gavric qui restent de marbre, comme s'ils n'avaient pas entendu le message.

— Vous avez oublié ? Si le commandant meurt, il faut poursuivre la mission ! s'écrie Gavric.

En effet, c'est les mots qu'il a formulés lors de l'ultime réunion, mais ils pensent vraiment y arriver ? Même si on s'y mettait tous les cinq ? Je n'ai pas le temps de leur répondre, ils entament une nouvelle charge vers l'elfe, avant qu'ils se fassent couper la tête par une force invisible, pour que dans la seconde qui suit, leur corps s'écroule comme les autres Exilés.

En observant Sylvane, son bras est tendu sur le côté droit, la preuve qu'elle a effectué un mouvement. Barakabo disait que cette elfe n'avait aucune technique magique, donc cette aura est autre chose ?

Dans le ciel, une étoile rouge se révèle, tombant droit dans notre direction pour atterrir derrière l'elfe, vers sa droite, provoquant un léger souffle accompagné d'une onde. Morblood se révèle, avec une entaille sur la joue droite, et ses habits salies avec des endroits déchirés.

— {C'est terminé...}

[Pov Sylvane]

J'observe rapidement l'état de Morblood, non sans contenir ma surprise. Leur commandant a réussi à le mettre dans cet état ? J'arrive à percevoir que sa puissance globale a été diminuée, la preuve qu'il a été forcé de sacrifier des signatures, mais il en a utilisé beaucoup plus qu'une seule.

— Il t'a demandé combien de signatures, cet ange ?

— On en reparlera plus tard. Il ne reste que ces trois filles ?

Je redonne mon attention aux Ascendants. La dragonne et l'ange sont encore en plein deuil émotionnel de leur camarade et commandant depuis l'annonce de mon partenaire. Quant à la faucheuse aux papillons, elle commence à se relever en brandissant sa faux, préparant une attaque magique.

— Je vais m'en occuper. Va plutôt rejoindre Fran. Elle n'a donné aucune nouvelle, et cela m'inquiète.

Même sans le regarder, je peux sentir son regard de guerrier sur mes épaules.

— Il n'y a qu'avec elle que tu peux exprimer ses mots, ma jolie. sur un ton amusé et moqueur.

— N'espère pas remonter dans mon estime avec ce genre de propos. 

Je m'avance vers Athis qui a également commencé une marche lente dans ma direction, son aura se déployant peu à peu autour d'elle. Mes oreilles entendent les pas de Morblood qui ont pris impulsion avec le sol pour s'en aller rejoindre notre camarade. Quant à moi, j'ai encore du ménage à faire, à commencer par elle.

— Athis de Némésis, n'est-ce pas ?

Synchroniquement, on s'arrête à moins de dix pas l'une de l'autre, nos armes prêtes pour l'affrontement, nos regards sérieux et fermés.

— J'ai cessé d'appartenir à Némésis dès que Zeleph a intégré votre monde.

— L'Histoire de ce groupe était assez dérangeante, mais restait très bonne. Tu étais un personnage assez touchant et bien développé, dans l'ensemble. Malheureusement, ton intégration dans les Ascendants a empêché de poursuivre cela.

Voilà que je me mets à utiliser le langage bizarre du Souverain, que j'ai réussi à comprendre mais sans forcément appliquer son point de vue de voir tout le monde comme des "personnages". La confusion se mêle au regard de la faucheuse.

— Nous ne sommes pas des pantins dans une histoire faite pour satisfaire des personnes. Tout ce que nous vivons nous impacte, et ne doit pas être utilisé pour un vulgaire divertissement.

— {...}

En un seul pas, ma vitesse et ma force me permettent de me retrouver en un instant à gauche de la faucheuse, mon corps en dessous de la lame géante, et mon épée qui transperce son torse, la pointe de mon épée sortant par son dos. Le visage de ma victime se fige, choquée par ce qui vient d'arriver en une seconde. Le manche de son épée glisse de ses mains, et ses genoux se posent au sol. Je pose ma main sur son épaule, et lui susurre à l'oreille.

— Nous sommes tous un divertissement pour le Souverain. Également ces gardiens.

Délicatement, je retire mon épée de son abdomen et la laisse tomber au sol dans un silence mortel, ce qui correspond bien à ce monde. Je laisse Athis s'écrouler au sol, tandis que je marche vers Louve, encore noyée par ses larmes.

— A ton tour.

En vue de sa détresse émotionnelle, il est impossible pour elle de déployer ses pouvoirs, ni même de se mettre debout. Je ne connais pas la douleur de perdre un être cher, donc il m'est impossible de comprendre ce qu'elle ressent.

Au moment où elle arrive à faire abstraction de ses émotions pour déployer de petits éclairs autour de ses bras, j'entame une charge dans sa direction. Elle déploie un cercle uniquement composé d'éclairs qu'elle envoie dans ma direction, sauf que je le perce d'un coup d'estoc qui poursuit sa direction en plein dans son cœur.

Je peux entendre sa voix prononcer quelque chose, sans doute à mon attention pour me maudire, mais je n'ai clairement pas la motivation de l'écouter. En déggeant ma lame d'un coup sec, son corps tombe rapidement sur le sol de ce monde, face contre terre, avec son sang coulant.

Il ne reste plus que leur ultime cheffe, la dragonne dorée sous sa forme humaine. Contrairement à l'ange qui n'arrivait pas à se remettre de ses émotions, la cheffe des Ascendants a pu retrouver son calme, malgré une larme qui reste sur sa joue. Des éclats de lumières couplés à du feu se répandent autour d'elle, comme pour préparer un dernier chant du cygne.

— Vous êtes des punaises.

Au moment où je prends une impulsion dans sa direction, Espoir déploie un mur de feu et de lumière qui s'étend en longueur et en largeur, pour au final tomber dans ma direction, comme une vague. Cela aurait pu être un danger, si mon épée n'avait pas été forgé pour interrompre toute forme de magie.

Sans arrêter ma course, j'ai effectué une large attaque verticale pour ouvrir en deux l'attaque magique, tout en détruisant la garde de l'humain. Dans la seconde qui suit, j'effectue un coup d'estoc qui transperce son corps fragile, en plus de mettre fin au déploiement de sa magie. Comme pour Louve, je place ma bouche vers son oreille.

— Votre histoire était... Divertissante.

Si je n'ai pas eu cette déduction vis-à-vis de leur véritable objectif d'intégrer l'Éclipsia pour fomenter une rébellion, est-ce que je les aurai également tués ? De toute façon, jamais ils n'auraient fait demi-tour, même si j'avais épargné leur vaisseau. Du moins, si ce dernier n'avait pas cette foutue Arx Ultima, qui est littéralement une bombe massive capable de détruire tout un monde en moins de trente secondes, impossible à arrêter.

Je laisse tomber la carcasse sans vie de la cheffe des Ascendants, la laissant rejoindre ses amis dans la vraie mort. J'effectue un léger sifflement dans la zone, appelant un brouillard épais qui se répand sur le sol et ne montant pas plus haut que mes genoux.

Ce sont les aspirateurs de ce monde, chargés de nettoyer le sang et de dégager les corps des étrangers. En peu de temps, leur chair se fait absorber par la brume, et le sang se dissipe comme s'il n'avait jamais été présent.

Je me contente de regarder à mes pieds, jusqu'à ce que je sois témoin du brouillard qui repart dans les ruelles sombres du secteur. Juste avant que ces envahisseurs arrivent, on a envoyé toutes les âmes dans un endroit sécurisé, pour ne pas qu'ils subissent de dommages collatéraux.

En relevant la tête vers le ciel des défunts, le calme est enfin revenu, sans aucun bruit de conflit ou d'attaque magique. Je ne m'attendais pas à vouloir autant retrouver ce moment de détente après une bataille pareille. C'est comme si on avait combattu pendant plusieurs jours sans se fatiguer. Subitement, ma communication lointaine avec les autres gardiens s'active.

— [Sylvane.] s'exprime la voix de Morblood.

Je remets ma tête droite pour faire un regard sur le côté, dans la direction du fragment sous le contrôle de Fran.

— [Qu'y a-t-il ?]

— [Fran a... Non. On a besoin de toi.]

Ce mage-guerrier insupportable s'inclut dans sa phrase pour demander mon aide ? A-t-il enfin mis sa fierté de côté ? Pour qu'il soit obligé de tenir de tels propos, c'est que la situation est vraiment délicate.

— [C'est Barakabo ?]

— [...Oui.]