38. La Voie des Défunts
Les pieds d'amarrage du vaisseau se replient en même temps qu'il prend de la hauteur pour abandonner le sol. Les canons commencent à se charger d'énergie, en plus de se réorienter afin d'avoir un même point de visée. La hauteur prise devient de plus en plus importante, tout comme les légers tremblements que l'on peut ressentir.
L'écran face à moi présente trois vues : celle de la caméra guettant l'escouade de Tempête, et deux autres images de caméras sur les côtés. Le silence à l'intérieur de la salle est presque anodin, étant donné le bruit des moteurs et des touches de clavier qui sont saisis par les Exilés en contrebas. Gavric se lève et prend une posture de garde-à-vous.
— Les canons sont calibrés, Commandant !
— Enclenchez la mise à feu.
J'entends les pas d'une personne devenir de plus en plus forte. D'un regard sur le côté, j'aperçois Louve en train de s'approcher.
— On va droit dans l'Éclipsia ?
— Non. Il faut passer par le Néant, l'espace entre les mondes.
La caméra sur l'écran principal dévoile les quatre canons préparer une boule d'énergie à l'extrémité de leur bout, avant de les projeter simultanément. Les quatre projectiles se rencontrent et explosent pour dresser un gigantesque portail changeant de couleur en continu.
Entre mon corps et les écrans, une ouverture mécanique se révèle dans le sol, révélant peu à peu un pupitre vertical avec un gouvernail en métal coupé au sommet et tout en bas, avec des boutons incrustés sur les bords.
— Tu utilises un gouvernail ? demande subitement Espoir.
— J'avais pas mieux.
Sans même attendre de réactions, le pouce de ma main droite appuie sur un bouton situé à portée, qui enclenche les réacteurs principaux dans le dos du vaisseau. Une légère secousse est produite, tandis que le véhicule va droit dans le portail. Avec ma main gauche, mon annulaire gauche, j'enclenche un autre bouton qui est relié aux mégaphones équipés.
— Accrochez-vous, on va plonger dans le Néant.
En contrebas de mon poste de pilotage, j'aperçois Gavric en train de tendre son bras vers une partie de ses soldats.
— Déployez l'infra-bouclier !
Tout se passe comme prévu. Le nez de l'engin s'engouffre dans la masse énergétique de la brèche spatiale, suivi par tout le reste du corps jusqu'à ce que ce soit nous. De violentes perturbations se font ressentir, après tout, on est en train de quitter un monde sans passer par les couloirs qui relient ces mondes.
Sur mon écran de droite, la représentation du vaisseau affiche un grand cercle entourant le véhicule. Sur la caméra fixant l'escouade de Tempête à l'extérieur, une immense barrière énergétique est visible dans l'arrière-plan.
— Infra-bouclier déployé et opérationnel, Commandant !
— Reçu !
C'est à notre tour de subir le déplacement spatial, la masse volumineuse du portail nous arrive droit dessus, suivi d'un immense flash blanc et un bruit impossible à décrire.
[Pov Caelus]
A la fin de l'aveuglement, le paysage qui nous est offert à travers les différentes fenêtres est indescriptible. C'est similaire à ce que, dans le temps, on appelle "l'espace", mais là, on peut voir des dômes lumineux à perte de vues, éloignés par une distance vertigineuse. Sur chaque dôme, il y a des fils de lumière extrêmement fins qui les relient, sans doute les couloirs. Le portail derrière nous se referme tout seul.
Depuis tout ce temps, notre Univers ressemble à cela ? Et cet ange a pu découvrir ce lieu avec ses anciens amis ? Moi et ma sœur étions en train de détruire ce genre de monde ? Du coin du regard, les Ascendants aussi sont surpris par la beauté du paysage.
En vérité, il y a une seule question que je me pose à ce moment-là : comment il a pu entrer dans le Néant, par le passé ?
— La localisation de la Voie des Défunts a été trouvée, commandant ! s'exclame une nouvelle fois Gavric.
Je ne sais pas si c'est car je manque de confiance envers les Lames, mais le fait qu'ils aient trouvé l'endroit aussi vite après être entré dans le Néant me semble bizarre. Stelle me lance un regard interrogatif, et sans aucun mot, on arrive à se comprendre : la crainte est partagée.
— Transmettez-les à l'unité principale. réplique Youmi
[Pov Souverain]
— "Transmettez-les à l'unité principale."
A partir du moment où ce foutu commandant est entré dans le Néant pour la première fois avec ses vieux amis, je me suis retrouvé dans l'incapacité d'intervenir dans cette histoire devenue indépendante de moi. Une créature qui échappe à son créateur, avec son propre libre-arbitre qu'elle a façonné elle-même.
Pourtant, tous ces "Ascendants" sont des personnages que j'ai moi-même imaginés, détaillés et développés. Pourquoi a-t-il fallut que cette histoire en particulier dérape complètement et doit me faire face ? Ils ont abandonné leur propre livre pour se rendre dans un endroit qu'ils n'auraient jamais dû connaître.
— {Ils foncent droit dans la gueule du loup...}
Devant moi, le livre ouvert d'où s'échappe une lumière projetant l'écran holographique qui révèle l'intérieur du vaisseau laisse apparaître de nouvelles lignes.
"Silencieusement, les Ascendants ont ouvert leur Cognolink pour discuter de l'étonnante facilité de récolte d'informations aussi précieuses dans leur opération du royaume des morts. Un monde pareil si facile d'accès ? Ce qu'ils ignoraient, c'est que les pionniers et même les capitaines trouvaient cela suspect que les coordonnées aient été aussi peu protégées."
— {Tout simplement car Fran a rapproché l'ouverture de la Voie, mes chers personnages...}
Mais à force d'observer cet enfoiré, et sa façon de pensée complètement décalée, est-ce que lui aussi n'a ne serait-ce qu'un seul doute sur la facilité actuelle ? Lui qui a toujours été prudent et à tout remettre en question, a-t-il déjà éprouvé des doutes sur ses propres alliés ? Dire que je me pose ces questions avant qu'il rencontre la mort... Quelle sacrée blague.
[Pov Youmi]
Avec les moteurs à plein régime et avoir navigué entre les différents mondes, on trouve enfin une chose anormale dans cet espace : Un trou noir d'une couleur violette, avec deux longs anneaux qui tournent dans des sens opposés, accompagnés de particules magiques qui flottent tout autour.
— Commandant ! Nos capteurs confirment que c'est l'ouverture vers le monde des morts !
Je reste silencieux un bref instant. Si les Originels et le Souverain ont les pleins pouvoirs, peuvent-ils obliger leurs prisonniers à se battre pour eux ? Et dans ce cas-là, pourrais-je de nouveau faire face à Mona, mais ce coup-ci, en devant l'affronter ? Outre ma propre personne, il y a aussi le reste de Némésis que Athis risque de refaire face, dont son frère...
— On y va.
J'enclenche la pleine puissance des réacteurs, et enfin, on entre dans ce trou noir qui ressemble à un entonnoir dimensionnel. Une nouvelle secousse se produit au fil de notre pénétration dans cette création, mais elle reste brève.
Une fois ce passage effectué, on se retrouve dans un long couloir s'étendant droit devant nous, avec une paroi semblable à un long tube mauve aux lignes blanches qui partent de derrière nous pour partir tout droit.
— Bienvenue dans la Voie des défunts. s'exprime Barakabo.
Mes caméras et les radars ne décèlent aucune entité inconnue. Sur la caméra guettant l'escouade de Tempête dehors, ils surveillent chaque recoin, mais ne semblent pas affolés. Il n'y a aucun son, pas même celui des moteurs pourtant allumés. Je lance un regard au renard après avoir activé le pilotage automatique en ligne droite.
— Barakabo, tu n'as pas dit que cet endroit serait protégé par les spectres de ceux qui ont échoué ?
— Cela devrait être le cas, justement. Après avoir eu l'accord du Souverain, je suis passé par cette Voie pour retrouver ma liberté, et les fantômes étaient quand même agressifs à mon égard. Ils devraient déjà se manifester.
— [Youmi.] provenant du Cognolink.
Je ne m'attendais pas à entendre mon nom depuis ce moyen de communication avec les Ascendants. Je lance un regard vers les filles, et c'est Louve qui me fusille du regard.
— [Un problème ?]
— [Obtenir la localisation du portail aussi vite, et maintenant l'absence de défense pour un tel royaume, tu ne trouves pas cela louche ?]
— [J'ai éprouvé un doute dès que nous sommes arrivés devant. Je commence même à remettre en question la fiabilité de Barakabo. Prévient les filles de le guetter et d'être prêt à intervenir.]
La connexion se coupe brusquement, mais mon amie hoche la tête en signe d'approbation. Je lance un nouveau regard vers les écrans, et identique à notre arrivée, il n'y a aucune menace présente. J'appuie sur l'affichage de la caméra sur l'escouade de Tempête.
— Escouade de Tempête, au rapport.
[Pov Tempête]
Sur la passerelle extérieure, protégée par le dôme qui nous empêche de subir l'inertie de la vitesse ainsi que la gravité extérieure, je me retourne en direction de la caméra d'où vient la voix du commandant.
— Capitaine Tempête au rapport. Aucune présence ennemie à signaler, ni aucun changement au sein de la formation. Nous restons sur le qui-vive.
Je redonne mon attention à mon armée, sur leurs gardes et prêts à y laisser leur vie, mais la seule chose qui se laisse révéler, c'est le bout de ce couloir présentant une lumière pure, sans doute la sortie.
— {Il n'y a eu aucune résistance ?}
[Pov Youmi]
En vérité, pour qu'il n'y ait aucune résistance malgré les informations de Barakabo, il n'y a que deux options : Soit le renard a menti sur toute la ligne et on va droit dans un piège, soit les Originels sont au courant de notre arrivée. Je ne sais pas quelle option je préfère par rapport à l'autre, mais s'il y a une chose dont je suis certain, c'est que peu importe laquelle sera vraie, cela va rendre les choses encore plus difficiles pour nous. J'enclenche le micro amplifié.
— Escouade Tempête, préparez-vous. L'ennemi nous attend peut-être de l'autre côté.
Suite à cet ordre, j'éteins le micro et lance un regard à Gavric.
— Gavric, prépare les canons extérieurs ainsi que l'Arx Ultima. Une fois le portail traversé, il va falloir agir vite.
Le capitaine interpellé m'adresse un regard confus.
— L'Arx Ultima ? Vous en êtes certain ?
— Oui.
Honnêtement, j'aurais aimé ne pas avoir à prononcer cet ordre, mais vu l'étonnante facilité de notre aventure dans ce monde maudit, il faut se tenir prêt.
— C'est quoi, l'Arx Ultima ? demande Espoir à mon attention.
Je reste silencieux à sa question. Si un des Originels ou même le Souverain à une quelconque capacité à lire les souvenirs des autres, alors connaître ce nom est le strict minimum. Il n'y a que moi-même et Gavric qui sont au courant de l'utilité de cette arme. Quoi qu'il en soit, la fin de la Voie est face à nous.
— Allons-y.
J'enclenche la pleine puissance des moteurs pour que l'on s'engouffre dans la lumière. Un bruit sourd se fait entendre de plus en plus fort, au fil de notre avancée, et après seulement cinq secondes, c'est le bruit d'une explosion qui se produit. L'aveuglement du changement d'espace prend fin, et après avoir libéré une onde de choc en sortant, c'est le paysage de l'Éclipsia qui se révèle devant nous.
Un décor tout simplement magnifique. Un ciel plongé dans le crépuscule éternel, avec le soleil caché en son centre par une sphère noire, sans doute une lune. Un paysage dégagé agréable pour les yeux de mon équipage, surtout l'équipe de Tempête dehors.
En contrebas, l'Éclipsia est une ville gigantesque à perte de vue, séparée en trois fragments par de larges barrières magiques. Chaque district est teinté d'une couleur primaire, et au centre de tout cela, se dresse un grand château protégé par une muraille. J'aurai aimé que le contexte soit meilleur pour venir ici et m'émerveiller, là où les autres profitent de ce décor.
— Commandant, une attaque ennemie ! s'exclame subitement Tempête.
Le temps de tourner le gouvernail, le vaisseau subit une violente attaque sur le flanc droit. Le toit de la salle de contrôle vole en éclat, déclenchant les alarmes de sécurité pendant la chute. A travers la fenêtre au fond, une ligne écarlate se dirige droit sur nous pour frapper sous la coque du véhicule, produisant une explosion et nouvelle secousse.
— {Bordel !} Que tout le monde s'accroche ! On va procéder à un atterrissage d'urgence !
Les secousses sont infernales et tenir le gouvernail est de plus en plus difficile. Avec une de mes mains, je démarre le processus de largage d'urgence, qui a besoin de se charger. L'appareil métallique effectue un piqué vers le district teinté de bleu.
Au premier bâtiment, un bruit insupportable nous frappe, en plus de projeter tout l'équipage de Tempête et de Gavric. Au moment où le largage d'urgence se termine, je l'active pour que nous soyons tous téléportés à l'extérieur.
En une seconde, nous sommes tous sur la terre ferme, avec le vaisseau qui continue de s'écraser au sol, l'infra-bouclier s'est désactivé suite au gros choc. Les moteurs arrière ont été endommagés, mais au moins, la coque inférieure est intacte. Je lance un regard autour de moi, Les Ascendants, l'escouade de Tempête, celle de Gavric, les pionniers et Barakabo sont bien là.
— Commandant. Sur le vaisseau. s'exprime le renard.
A l'écoute du renard, je lance mon regard dans la direction indiquée. Au sommet du vaisseau, sur ce qui reste de ce qui formait la salle de pilotage, une femme se révèle. Vêtue d'une longue robe asymétrique turquoise, ses bras couvert par des gantelets, sa main droite tenant une épée faisant la longueur de ses jambes fines. Les yeux aux iris miroir de cette fille nous sont adressés, aussi froid que le verre.
— {C'est elle qui a provoqué la première secousse ? Sans magie ?}
— Envahisseurs. s'exprime l'elfe épéiste.
Ce simple mot résonne dans tout le district, et jusqu'au plus profond de ma conscience au point de me figer sur place. Avec un seul mot, sa force magique libérée suffit à nous clouer sur place, bien que sur mes épaules, j'ai la simple impression de me faire complètement écraser. Je lance un regard vers mes camarades, qui sont aussi craintifs que moi, sauf que c'est visible sur leur visage. Dans un silence complet, la jeune femme atterrit au sol, sans provoquer d'ondes à l'atterrissage ni faire le moindre son.
— Qui est votre chef ?
Les poils de mes bras se dressent, et des picotements me traversent les bras. Même en posant une question avec un calme pareil, cela peut nous tuer sur place, si elle le voulait. Mais quelque chose cloche : ils semblaient prêts à nous recevoir, mais ignorent que je les dirige. Je prends une respiration et avance d'un pas.
— C'est moi.
Un nouveau silence s'installe, accompagné d'une légère brise qui souffle la poussière au sol. Dans les airs, deux boules lumineuses, rouge et jaune, se manifestent sans signes annonciateurs. Du coin du regard, j'aperçois les mains de Barakabo se refermer.
Les deux boules se referment sur elles-mêmes. Un homme vêtu d'un long manteau blanc à l'extérieur et rouge à l'intérieur, tout comme le reste de ses habits et de ses cheveux, accompagnés d'yeux d'un rouge écarlate. Dans sa main, un sabre de sang dont la longueur est celle de son corps complet. Je me souviens de sa description, car c'est celui du gardien du Cauchemar.
Quant à la seconde sphère, c'est une petite fille dans une robe de princesse violette qui se manifeste. Ses mains gantées violettes jointes devant son corps, des signes magiques sur son buste, ses avant-bras, de la même teinte que le grand losange devant son front. Les Trois Originels se sont réunis pour nous affronter ? Je m'attendais à en croiser un seul. Ils doivent nous prendre très au sérieux.
— Lames de Célestia. Ascendants. Nous vous laissons une seule chance. Retournez d'où vous venez. s'exprime l'homme en blanc.
Sérieusement ? Ils veulent régler cela pacifiquement ? Bien que j'apprécie cette façon de pensée, je n'ai pas sacrifié plusieurs mois de ma vie, et en ayant mis en danger la vie de mes amis et de ceux qui m'ont prêté serment. Serrant mon poing droit, je déploie ma magie tout autour de moi.
— Non.
[Pov Sylvane]
Le Seigneur avait donc raison. Ce type reste fidèle à ses principes et ne fait jamais demi-tour. Dire que le pacifisme était l'idée de Morblood, quelle vaste blague. Mes oreilles s'agitent rapidement, à cause d'un message du gardien du Cauchemar.
— [Ce type n'a pas toute sa tête, c'est officiel.]
Face à nous, tous les envahisseurs déploient leur magie. Il y a même une humaine qui se change en une dragonne dorée de plusieurs mètres de haut dans la foule. Ils ont tous une signature unique, bien que certains se ressemblent parmi les moins puissants, mais en tout cas, il y a les trois que nous voulons.
— [Maintenant.] adressant le message dans la tête de mes partenaires.
La première seconde suivante, une colonne de lumière surgit du ciel pour avaler le lecteur du nom de Neo. La deuxième seconde, une traînée de magie écarlate, la couleur typique de Morblood, surgit à ma droite pour prendre de vitesse leur chef et l'emmener dans un autre district. La troisième seconde, c'est Fran qui charge le kitsune avec une combinaison d'auras élémentaires afin de l'emmener dans le dernier district, le sien.
Sous la confusion des autres, j'avance d'un pas en effectuant une coupe horizontale dans le vide, produisant un souffle qui les frappent violemment. Cela suffit à récupérer leur attention, bien que les deux autres capitaines encore présents semblent déterminer. Cela me fait sourire.
— Amenez-vous.
[Pov Barakabo]
Mes pattes griffues se plantent dans le sol pour arrêter le recul subi par la gamine. Cette dernière se dresse debout, atterrissant tranquillement en face de moi pour enfin toucher le sol, ses doigts entrecroisés devant son buste.
— Kitsune Barakabo. Pourquoi être revenu en tant qu'ennemi ?
Je ne sais pas pendant combien de temps j'étais enfermé dans ce faux paradis, ni combien de personnes ont pu revivre après avoir affronté leur gardien. Mais ce dont je sais, c'est que mon point de vue sur ce monde a été modifié après ma rencontre avec l'ange galactique.
— Au départ, je trouvais votre monde immoral qui jouait avec la vie, mais après avoir rencontré celui qui est mon commandant, j'ai vu tous les défauts de votre monde. Une vie après la mort est la sentence la plus cruelle qui puisse exister. Les êtres vivants, tout autant qu'ils sont, méritent de se reposer après avoir eu une vie telle qu'elle leur est offerte.
Pour conclure la conversation, je déploie ma magie de glace sous mes pattes, gelant le sol en un instant et sur plusieurs centaines de mètres. Des pics de glace sortent du sol autour de moi, tandis que j'ouvre ma main droite.
— Votre monde est un péché impardonnable !
[Pov Youmi]
L'Originel me balance au sol, mais heureusement, j'arrive à déployer mes ailes à temps pour reprendre mon équilibre et atterrir sur mes pieds. L'homme atterrit face à moi, soufflant la zone en plus d'agiter ma tenue. J'invoque mon sabre des étoiles pour prendre une posture de combat, pendant que le type se relève.
— Le Premier Cauchemar. s'exprime l'être blanc.
En un instant, toute la réalité se fait envahir par une lumière d'un rouge sang. Je ne ressens pas l'énergie d'une introsphère, mais plutôt comme une illusion à l'identique de la technique de Tempête quand j'ai affronté les Ascendants en combat singulier. En deux secondes, un paysage horrible se présente tout autour de nous.
Le ciel est lourd de nuages noirs, accompagnés par une lune de sang. Des arbres décharnés, aux branches tortueuses et aux feuilles noires flétries. L'air est lourd, cumulant la souffrance et la douleur de chaque Exilé qui a été obligé de vivre sous la juridiction de ce gardien.
A l'horizon, les bâtiments sont des vestiges délabrés, aux façades en ruines et aux fenêtres brisées. Leurs ombres produites par la lune semblent se mouvoir, comme si dotés d'une véritable conscience, prêts à m'avaler. Mon ouïe perçoit des chuchotements maléfiques qui troublent le silence qui tente de se faire une place dans ce décor, parfois coupés par des cris étouffés.
Je n'arrête pas de trembler des bras, et les sons que j'entends perturbent ma concentration au point que de maintenir ma magie déployée est une épreuve à elle toute seule. Morblood relève la tête à mon attention, tout en faisant danser son sabre entre ses doigts.
— Montre-moi qui tu es, Commandant des Lames de Célesia.
[Pov Neo]
Il y a une seconde, j'étais avec mes amis face aux Originels, et je me retrouve assis sur un trône dont le confort était inégalable à ce que j'ai toujours connu. Le rembourrage est parfaitement soigné, provoquant un confort pour mon dos, et le coussin où je suis assis est si doux que mon corps refuse de se lever.
Tout cela dans une pièce complètement sombre, où je n'entends rien, et dans l'incapacité de déployer mon pouvoir. Autour de moi, des lanternes s'allument une par une, flottantes, mais dont l'éclairage est affaibli.
— Bienvenue.
Au-dessus de moi, un grand projecteur s'allume, et dont le faisceau de lumière révèle une infinité de livres fermés qui flottent autour de moi, mais aussi envers l'être en face de moi.
Une chevelure grisonnante longue, accessoirisé par une broche en forme de bouquin. Des habits d'un style traditionnel superbement bien choisis, qui s'accordent parfaitement bien avec le reste de sa corpulence. Des bras fins couvert par les manches d'une veste, et des jambes cachées par un jean. Ses mains gantées tapotent les accoudoirs. Son visage tourné dans ma direction, malgré ses paupières qui cachent ses yeux.
— Qui êtes-vous ?
L'étranger dessine un sourire au fil des secondes silencieuses qui se posent suite à ma question. Sa main droite effectue un léger mouvement, amenant deux livres dans la masse face à nous.
— L'écrivain de plusieurs histoires. Le créateur d'un nombre conséquent de mondes encore présents dans cette réalité. Le Souverain de l'Éclipsia. Le Seigneur des Trois Originels... Mais je préfère que l'on me nomme...
Sa voix est d'une profondeur étrangement agréable, comme un père qui parlerait à son enfant avec douceur. Mon esprit s'apaise au fil de ses mots, jusqu'à me retrouver complètement admiratif de cet homme qui est l'ennemi final de cette expédition. Mon interlocuteur ouvre ses yeux, révélant l'absence de pupilles et d'iris, juste du blanc.
— Le Rédacteur.
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