A l'écoute de son propre nom, le capitaine dessine un grand sourire sur ses lèvres tout en se relevant.

- Au moins tu te souviens de ton capitaine.

Il me tend sa main gantée en signe d'aide pour me relever, ce que j'accepte. Sentir sa main d'un personnage que j'ai toujours admiré à travers ces films et dont je partage un contact physique immédiat me provoque une sensation vraiment étrange.

Une fois sur mes pieds, je n'arrive pas à quitter mes yeux sur le... Enfin, mon capitaine. Mon expression faciale l'amuse, et il me tapote l'épaule.

- Ben alors, tu rêves ? Tu as perdu la mémoire ?

- Je... Je crois que j'ai quelques trous dans la caboche...

Ma réponse laisse échapper un rire au capitaine qui me tapote l'épaule.

- Décidément, je comprends pourquoi mon équipage t'aime bien ! Allez, viens, je vais te refaire un topo !

[Pov Aza]

En voyant l'écran de sa santé mentale et de sa condition générale, elle n'est pas du tout stressée ou même inquiète. Comme si elle se trouvait chez elle.

- Elle s'en sort bien, pour le moment.

- Votre amie semble avoir une capacité d'adaptation étonnante. Elle est en état de repos mental, comme si elle était dans son domicile après une dure journée de travail. enchaîne Fluvis.

- Est-ce que le fait de connaître parfaitement l'histoire où on est projeté nous permet de mieux encaisser le choc psychologique ? questionne Neo.

- C'est une possibilité, du moins, si on ne prend en compte que la surface. renchérit le responsable.

La seconde partie de sa phrase laisse semer le doute. Je fais un pas dans sa direction, fermant les poings.

- Que voulez-vous dire ?

- Les films ne veulent nous faire voir que le plus important. On suit souvent un seul point de vue, et on ignore ce qui se passe pour les autres personnages, nous donnant constamment une "vue que l'on ne montre pas".

Fluvis tourne sa tête dans notre direction.

- Avez-vous essayé l'écriture ? Rédiger les règles d'un Univers, rédiger un brouillon de l'histoire principale, et où tout se déroule selon les yeux d'une seule personne, avec sa façon de voir le monde. Pourtant, en parallèle, il va se passer des choses absentes de la vue du héros, qui ne sera jamais révélé en temps réel, mais expliquées et reformulées par d'autres personnages.

L'homme tend son bras gauche vers le mur aux artefacts.

- Le véritable potentiel de ces artefacts est de nous montrer cette partie invisible. Des réflexions parallèles d'autres personnages se déroulent en même temps que ceux du héros. De révéler la face cachée et toutes les lois qui décident de l'univers.

- {Dans quoi on s'est embarqué ?} songés-je suite au propos du responsable.

[Pov Louve]

Jack m'a emmené dans la salle de navigation, avec une carte géante étalée sur une table circulaire. Dans un coin de la salle, un coffre est déposé contre trois caisses en bois alignées.

- Est-ce que tu te souviens de quelque chose, depuis que l'on a quitté le port ? me demande Jack en se mettant de l'autre côté de la table.

Sa question me fait me poser une autre plus importante : est-ce que dire la vérité chamboulerait cette simulation ? Si je devais seulement me baser depuis mon arrivée ici, alors autant dire la vérité qu'à partir de ce moment-là.

- Je ne me souviens même pas du moment où j'ai rejoint l'équipage.

Ma réponse lui fait esquisser un nouveau sourire.

- Tu as voulu intégrer notre équipage avant que l'on reparte, et on t'a accepté en tant que moussaillon le temps de notre trajet, et on est dans le retour pour te ramener à ta famille.

Sa réponse anéantit mes rêves. Je pensais profiter pleinement de mon séjour avec Jack, mais l'entendre dire cela m'a ramené à la réalité : cette simulation ne durait que 15 minutes, donc à ce moment-là, on arrivera à bon port.

- Oh...

- En tout cas, mon équipage t'a beaucoup apprécié, si cela peut te consoler. Malheureusement, tu n'as pas encore la possibilité de nous intégrer.

Il fait le tour de la table pour se mettre face à moi, plaquant sa main contre mon épaule.

- Ne fait pas cette mine de triste sire. Profite encore de ton moment ici. dit-il en me souriant.

Je relève la tête, essayant de sourire malgré mon mécontentement de la situation actuelle. Après réflexion, je me fais avoir par mon propre désir et du fait que j'adorais les films de cet homme.

Une violente secousse interrompt notre moment personnel. Mon corps perd l'équilibre mais Jack arrive à me rattraper à temps. La porte de la salle s'ouvre brusquement, avec un membre de l'équipage affolé.

- Capitaine ! C'est le Hollandais Volant !

- {Davy Jones ?!}

- Cette canaille de Davy Jones veut mon trésor, il semblerait ! réplique Jack.

Je me dépêche de sortir avec le capitaine vers l'extérieur. A droite du navire, je reconnais celui de Davy Jones, et ses pirates mutants qui n'ont aucune humanité dans leur sale visage. Le capitaine calamar pose le pied sur le pont central, avec ses tentacules en guise de barbe, ses habits couverts de coraux, et son chapeau abîmé. Il fait face à mon propre capitaine, avec un air amusé, pendant que je recule.

- Regardez ça, mes petits ! Un oiseau tombé du nid ! Un petit oiseau qui n'a jamais appris à voler !

Je reconnais ces mots, c'est les mêmes que ceux du troisième film... Dire qu'elle se passe sous mes yeux, sous cette pluie battante survenue d'un coup. Un des alliés de Jack me donne un sabre pour me défendre, mais le problème est que je ne sais pas me battre avec.

Davy dégaine son sabre depuis sa taille. Jack hausse les épaules en levant les bras, dégainant également son propre sabre.

- À mon grand regret !

- Où est le coffre que tu as récupéré ?

Cette question ne figurait pas dans le film, et je comprends pourquoi : Jack n'a pas le coffre déposé sur le pont, mais dans la salle où on est sorti.

- Où l'as-tu rangé ?

- Le coffre ? Je l'ai déjà ouvert et l'ai laissé là où il est !

- {Il va... ?}

Le regard de Jones s'assombrit, grinçant des dents.

- Impossible. Tu n'as pas la clé.

- Et pourquoi donc ? demande Jack sur un ton moqueur.

L'un des tentacules de l'ennemi se recroqueville pour ressortir avec une petite clé rouillée.

- Parce que c'est moi qui...

Il se fait interrompre par un coup de pied de Jack en plein dans son ventre, accompagné par un coup de sabre arrachant la clé du tentacule pour qu'il la récupère en l'air. Avec un sourire amusé, Jack se retourne pour aller vers la balustrade avant de saisir une corde.

- Merci du coup de main !

D'un coup, il frappe du pied sur une manivelle pour se faire tracter par la corde vers le haut du mât. Davy se dépêche de le poursuivre, tandis qu'une partie de l'équipage du Hollandais débarque sur le Black Pearl en utilisant des cordes.

- {Bordel !}