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Les Grecs ont fait preuve d'une perspicacité prémonitoire lorsqu'ils ont baptisé cette planète Arès, du nom de leur dieu de la guerre. (Les Romains se sont contentés de traduire.) Certes, le rouge de sa surface visible à l'œil nu depuis la terre était raison suffisante pour l'associer au sang des champs de bataille. S'imaginaient-ils que des conflits de proportions épiques avaient causé tant de victimes que la couleur de sa fange en fut à jamais souillée ? C'est fort possible. Mais le récit de science-fiction n'étant pas encore né, ils se sont contentés de leurs épopées troyennes.

L'exploration interplanétaire n'étant pas non plus au point à leur époque, ils n'avaient aucun moyen de savoir que le sous-sol de cet astre mort regorgeait d'un composé minéralogique inédit — qu'on appela paresseusement le marsium, élément chimique radioactif de la famille des actinides — fort recherché pour ses propriétés... annihilantes. Et du marsium, ni les Grecs ni les Romains ne pouvaient deviner ce que nous allions en faire.

Permettez-moi de vous raconter l'histoire de ce métal lourd dont la découverte, une fois sur place, fut relativement rapide. En effet, le jour où l'on fut en mesure d'installer durablement une colonie humaine sur Mars, on entreprit sur-le-champ le perçage de sa croûte basaltique afin de rentabiliser toute l'opération. C'est qu'on n'avait aucun doute sur la richesse du sol martien. La trouvaille géochimique nous donna raison. Les métaux rares et précieux n'ont-ils pas été de tout temps la devise préférée des possédants ?

Nous avons donc colonisé la planète rouge, en appliquant un modèle tout à fait traditionnel. Car il faut bien se rendre à cette triste évidence : l'humain a beau envoyer des orbiteurs à l'autre bout de la galaxie et voyager à travers l'espace, il n'en demeure pas moins très conservateur en matière d'innovation historique. Ainsi donc, les bagnards des temps modernes se sont-ils retrouvés à bord de capsules-prison en partance pour les étoiles. Aller simple, cela va sans dire. Plutôt que de rester sur terre à fabriquer des bricoles à la chaîne, ils iraient purger leur peine dans les mines de marsium.

Les idéalistes ont longtemps cru que les androïdes allaient un jour nous remplacer pour ces tâches ingrates que l'on répugne à accomplir, afin de nous permettre de nous la couler douce. Ces écervelés n'ont pas tenu compte de deux choses pourtant essentielles et qui expliquent que l'on en soit arrivé là : d'une part, il y a les coûts incompressibles de tout développement de projet robotique, avec sa horde de chercheurs et leurs gadgets dispendieux, car forcément à la pointe du progrès. D'autre part, le système capitaliste dans lequel nous nous sommes enlisés exige invariablement des retours sur investissement toujours plus conséquents. La main-d'œuvre humaine (et pénitentiaire de surcroît) restera donc encore longtemps moins chère qu'une machine.

Mais pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? Je ne suis pas historien. Ni économiste. Encore moins écrivain. Je suis geôlier. Sur Mars. C'est moi qui gère l'immense maison d'arrêt martienne et ses milliers de détenus. C'est moi qui les envoie tous les jours risquer leur vie dans des combinaisons qui depuis longtemps ne répondent plus aux exigences sécuritaires. C'est moi qui réprime — violemment — les soulèvements de prisonniers se plaignant du rationnement (toujours plus chiche), des conditions de travail (toujours plus dangereuses), et des accidents mortels (toujours plus fréquents). Si seulement ils savaient...


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