Chris : 15h03

– Quand est-ce qu'on va enfin trouver une satané issue à ces tunnels ?

– On va y arriver, Chris, il faut garder espoir en toute circonstances, crois moi.

Dane semble tellement sûr de lui que cela me rend perplexe, mais laisse une once d'optimiste en moi. Comment être aussi positif dans une telle cacophonie ? C'est insensé ! Ou alors il est au courant de quelque chose dont je n'ai pas connaissance.

– Tu fais comment pour rester aussi guilleret ?

Il se marre alors que je reste stoïque à le scruter, effaré par son comportement.

– Depuis quand tu parles de cette façon ?

– Ben quoi ? Il n'y a pas que la haute société qui sait parler avec un langage soutenue, tu crois que je devrais parler comment ? Comme un voyou, sous prétexte qu'on s'est enfui ? Ou sous prétexte que je suis un ado ?

Mes paroles font mouche. Depuis quand il juge la façon dont je m'exprime ? Ce n'est pas Dane ça, lui n'aurais jamais jugé ses amis.

– Je n'ai pas sous-entendu ça, c'est juste que cela m'a parut...

– Étrange ? Marrant ? Idiot ?

– Laisse moi finir, bon sang ! Ça m'a parut étrange, je l'avoue. Venant de toi, je n'ai jamais fais attention à la manière dont tu parlais.

– Alors qu'aujourd'hui, ça t'intrigue ?

– Non, pas vraiment.

– Alors quoi ?

– Rien ! Ça m'a juste interloqué, c'est tout ! Ne cherche pas midi à quatorze heures, Chris. Ce n'est pas le moment de se prendre la tête pour une broutille pareil.

Quelque chose a changé en lui. Le Dane d'avant qu'il se soumette aux sentinelles et celui que j'ai face à moi, sont différent. Mais pourquoi ? Que lui ai-t-il arrivé pour être aussi différent ? Est-il de mèche avec les femmes en me guidant vers un guet-apen ? Ou bien se sent-il coupable de nous avoir abandonné de la sorte ?

– Dis moi, Dane, qu'est-ce qui s'est passé quand tu t'es... sacrifié face aux sentinelles ?

Mon camarade reste muet comme une carpe. À croire qu'il ne sait pas par où commencer, ou tout simplement pas quoi me raconter.

– J'ai été en prison dans Gloria, je ne sais pas où exactement. C'est encore assez confus dans ma tête.

C'est aussi assez vague comme réponse, je trouve.

– Sérieusement ? Et là-bas, c'était comment ?

– Tu n'aimerai pas le savoir, rétorque-t-il, sèchement.

– À ce point ?

– Écoute, Chris, souffle le blond en posant son regard bleu sur moi, hormis le fait que les conditions étaient plus que déplorables, il n'y avait rien de plus banal qu'une prison.

– Ne t'énerve pas. Je te trouve vraiment à cran en ce moment.

Je ne le sens pas du tout à l'aise, il est ronchon et sur la défensive. C'est exactement le comportement qu'entretient Dane lorsqu'il a mauvaise conscience. Depuis toutes ces années je le connais et je suis loin d'être bête.

– C'est tout simplement parce que ce tunnel m'étouffe. Il faut que je sorte d'ici, je n'ai plus assez d'air.

– Dans ce cas là, il faut garder ton calme et bien inspirer et expirer. Ma mère me faisait faire du yoga avec elle étant petit, je me sers encore des bases qu'elle m'a apprise dans ce temps-là.

– Ah oui ? Elle devait être géniale alors ta mère.

– Oh que oui ! Paix à son âme...

– Moi, je n'ai pas eu cette chance. Ma mère était obnubilée par son travail, tandis que mon père était sans cesse en voyage d'affaire.

– Je suis désolé.

– Non ! Ne dit pas ça, ce n'est pas à toi de t'excuser.

– Non, je veux dire que moi j'ai pu profiter de mes parents avant tout ça. Alors que toi, cela n'a pas été le cas, visiblement. Je suis navré pour ça. Tu aurais dû connaître les joies d'être un petit garçon.

Je le sens peiné. J'ai peut-être été un peu fort avec lui. On a chacun notre passé, mais aussi une motivation pour attraper cette liberté qui nous pend au nez et qui joue surtout avec nos nerfs.

C'est plus fort que moi, mais je ne peux décidément pas lui en vouloir très longtemps. Il me fait de la peine et chose encore plus surprenante, c'est qu'il ne s'est jamais épanché sur sa famille. Depuis que je le connais, c'est la première fois qu'il en parle. Pour moi, sa famille reste encore aujourd'hui un mystère non résolu.