29.
Dane : 03h56
Je suis gelé. En journée, le désert est un endroit infernal, invivable, irrespirable et beaucoup trop chaud à mon goût. Mais la nuit tombée, c'est tout le contraire. Le désert n'a pas de demi-mesure. Il fait un froid glacial et je n'ai pratiquement rien sur le dos. Je ne dirais pas non à un bon pull polaire et des chaussettes.
J'avance doucement éreinté aussi bien moralement que physiquement. Je m'enfonce dans le sable à chaque pas me soutirant une grimace de douleurs me transperçant mon entaille à la cheville. Une blessure et du sable, ça ne fait pas bon ménage.
Les lèvres gercées par le froid, je tente de me tenir chaud en marchant dans je ne sais quelle direction pourvu qu'elle m'amène quelque part.
Au sommet d'une de ces milliers de collines de sable, je guette autour de moi, espérant un signe de vie ou de civilisation, mais il n'en est rien. Je suis seul, je ne peux compter que sur moi-même dans cette immense terrain de jeu qui menace ma vie à chaque seconde qui s'écoule.
Je me laisse tomber sur les genoux, fatigué par tout cela. J'ai besoin de repos, de vivres, de vêtements, mais j'ai aussi, et surtout, besoin de savoir où elles m'ont envoyé. À quoi je peux bien servir ? Suis-je leur cobaye ? Quel est mon but, ici ? Survivre ? Prouver que je mérite de vivre ou de gagner ma liberté ?
J'aimerais que quelqu'un puisse m'aider. De près comme de loin. Que deviennent Chris, Willy et Brian ? Je les ai mis en danger imprudemment. Tout cela est de ma faute. C'est moi qui les ai convaincus, c'est moi qui les ai rassuré. Je ne suis qu'un bourreau. Après tout, je mérite peut-être ce qu'il m'arrive. Je les ai mis en danger. Et ils attendent probablement dans le couloir de la mort à cause de mon égoïsme.
Je voulais sauver ma sœur, mais aussi ma mère. Pourquoi cette dernière ? Sûrement parce que je pensais qu'elle ne voyait plus ce qu'elle faisait. Qu'elle était aveuglée par la colère, au point d'oublier ses propres enfants et ce qu'ils allaient devenir à cause de ses choix. Je pensais vraiment pouvoir la sauver de tout ça, mais elle s'est perdue, engrainée par le pouvoir et son emprise sur ce pays.
Vouloir à tout prix la soustraire de ce fléau m'a rendu en tout point aveugle et a mis en échec mon plan. Je n'ai été qu'un idiot d'avoir pensé à tout ça. J'aurais pu, avec mes amis, courir droit vers Alibi, mais mon cœur en a décidé autrement.
Et maintenant, je suis prisonnier d'une sorte de bulle interactive, manipulé au bon vouloir des femmes. Comment suis-je censé sortir de cet enfer ? Dois-je errer ici, dans divers paysages tous plus apocalyptique les uns que les autres, telle une âme devant se racheter afin de pouvoir monter dans la barque et être enfin en paix ? Ou c'est autre chose ?
Ayant de plus en plus froid, je me réveille de mes puérilités et me remets tant bien que mal en marche. Les jambes raides, les bras endoloris par la température ultra basse et mes pieds qui me font très mal à cause du froid, je prends mon courage à deux mains et avance difficilement.
Soudain, au loin, il me semble apercevoir une oasis. J'accélère le pas, enfin heureux d'avoir un signe de quelque chose. Seulement, j'ai beau avancer et avancer, mais rien n'apparaît. J'effectue plusieurs rotations sur moi même, malheureusement je ne vois rien. Rien du tout ! Je deviens fou ! Je commence à avoir des hallucinations. Vais-je mourir ?
Il faut que je fuis d'ici. Je dois survivre ! Pour ma sœur. Pour mes amis. Pour moi, car je veux vivre. Elles ne me tueront pas. Gloria ne m'aura pas à l'usure.
– Allez vous faire voir ! crié-je vers le ciel, dans un élan de haine et d'injustice.
Je suis projeté en l'air et atterris sur une surface dur. Du béton, je devine. Je me relève, le dos en compote à cause de ma chute. Je regarde autour de moi, cette fois je suis dans une immense ville abandonnée. Des tas de bâtiments en ruines m'entourent, mais parviennent encore à rester debout.
Au bout de quelques minutes, j'arrive sur une route aride. J'escalade un véhiculé à l'abandon et observe les alentours. J'aurais peut-être de quoi boire ici. La faim ne m'affaiblit pas, mais boire est ma priorité. Les vêtements aussi.
Le jour tourne, le soleil se couche et la nuit se lève. Des bruits autour de moi commencent alors à retentir. Quelque chose me dit qu'il va falloir que je me cache. Et au plus vite.
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