18.
Dane à minuit passé
La tête endolorie, je me réveille en sursaut dans une pièce exiguë et sombre. J'ai l'impression d'avoir dormi un sacré bout de temps, peut-être même un jour entier. De plus, un énorme mal de tête m'empêche de me rendre compte immédiatement où je suis et ce qu'il se passe. Ce qui est sûr, c'est que les trois murs et les barreaux qui m'entourent ne présagent rien de bon.
La cellule dans laquelle je me trouve n'est pas unique, à travers les barreaux, je distingue des centaines de cellules comme la mienne, une cour intérieure au beau milieu de ce fouillis.
Une sirène retentit, les cellules s'ouvrent toutes en un seul mouvement et tous les détenus sortent. À mon tour, je sors de cette pièce malgré mon hésitation dans le but de savoir dans quelle sorte de galère je me suis encore mis.
La Reine m'a raconté sa vision parfaite, néanmoins pitoyable pour moi, de la vie quotidienne et du bien-être des habitants de Belgh. Du moins, ceux qui y survivent.
La vie est bien plus compliquée qu'avant, c'est simple à présent, sois tu es pauvre, sois tu es riche. Les classes sociales sont très éloignées l'une de l'autre.
Pour les moins aisés, il n'y a plus d'aide sociale, plus d'aide alimentaire, plus d'aide du tout en fait. En ce qui concerne les riches, ils vivent sur le dos des démunies, les pillages, la pression, les menaces, les harcèlements en tout genre, ils se croient tout permis de par leur statut.
Une vraie honte à mes yeux. Alors que d'autres trouvent cela normal, pour moi, c'est une humiliation pour l'homme comme pour la femme.
Ici, il y a des milliers de forçats. Le plus craignant, c'est le genre d'hommes que je vois passer sous mes yeux. Ce n'est pas une prison, c'est un hôpital psychiatrique de mon point de vue.
Pas mal de mecs me fixent et c'est bien la première fois que quelque chose m'effraie autant.
Je me fraye un chemin parmi ce monde, à la recherche des réponses à mes questions.
Où est-ce que je suis tombé ? Où suis-je tombé ? C'est donc ça Alibi ? Ou Gloria ? Je me sens perdu et commence à regretter le fait de m'être rendu. Où sont mes amis ? J'ai oublié un bref instant que je les ai mis dans un sacré pétrin par ma faute et maintenant, il va falloir que je les retrouve au plus vite.
Je fends la foule à leur recherche, ils sont peut-être là, après tout. Je me faufile dans un couloir beaucoup moins bondé. Malgré la présence des gardes, je décide de repérer l'endroit où je suis claquemuré.
Je découvre une porte qui mène aux cuisines et au réfectoire, puis ensuite devant l'infirmerie, une femme étant à l'intérieur avec ce qui semble un patient. Il n'y a pas l'ombre d'une fenêtre, pas l'ombre d'un indice qui explique où je me trouve. Rien. Pas même la trace des garçons.
Une bande de gros durs se prenant sûrement pour les chefs de la prison, s'approchent de moi d'un pas assuré. J'évite de les regarder, dans ce genre d'endroit vaut mieux se faire très discret, surtout quand on vient d'arriver comme moi. Tellement de choses se passent dans ces lieux infâmes que j'aimerais au plus vite fuir.
– Regardez-moi ça, les gars, un petit nouveau pour de nouvelles distractions ! dit le plus baraqué de cette bande de cinq.
– Tu ferais mieux de garder tes distances, essayé-je de l'intimider.
– Voyez-vous ça ? En quel honneur, mon petit ?
Tentant le tout pour le tout, j'attrape l'infime chance que j'ai de le désintéresser de moi.
– Je suis le fils de la reine de Belgh. Je ne pense pas qu'elle serait ravie de voir comment tu t'adresses à son fils et surtout ce que tu comptes faire de moi. Réfléchis-y à deux fois.
– Qu'est-ce qui prouve ce que tu me dis, minus ? se méfie-t-il.
J'ai toujours gardé sur moi cette photo datant d'il y a dix ans, maintenant. Et heureusement ! Aujourd'hui, et sans qu'elle ne le sache, ma mère va peut-être me sauver la mise.
Je la lui montre, priant intérieurement pour que mon plan de secours marche.
La mine déconfite, il me lorgne ainsi que ses sbires d'un air dégoûté, à la fois déçu d'être tombé sur moi, mais à la fois suspicieux.
– Tu sais qu'on pourrait s'en prendre davantage à toi avec cette info, traître ?
– Je ne suis pas un traître. On est tous dans le même bateau et vous le savez.
– Si on est tous dans le même bateau, p'tit, c'est que ta mère ne se soucie pas vraiment de ton sort. Mais qu'est-ce qui me dit que ce n'est pas elle qui t'envoie faire son sale boulot ?
– Pardon ?
– Ça va être distrayant d'avoir un aristocrate à nos côtés, lance un de ses acolytes.
Je sens que je suis loin d'être sorti d'affaire. Le fait d'être un sang noble ne m'aide absolument pas, j'aurais même dû continuer à feindre mon statut et à me sortir de ce troue sans divulguer mon secret. Seulement, maintenant que cela est fait, je n'ai plus le choix et je vais devoir faire avec.
Une chose est certaine, il faut que je sorte de ce trou le plus vite avant que mon erreur s'ébruite dans toute la prison.
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