Il m'écoute jusqu'au bout sans m'interrompre. En fait, il a l'air très intéressé et pourtant je suis une piètre conteuse ! Sentant son regard peser sur moi, je m'efforce vite de ne plus le regarder.

Mon récit est des plus rapide et lorsque je l'achève, un silence s'installe. Au bout de quelques minutes, je tourne la tête vers lui et le vois contempler ses souliers de cuir foncé d'un air rêveur. Rêverai-je ?! Il n'a donc rien écouté !
Vexée, j'allonge le pas; je ne veux plus le voir ! Du moins, jusqu'à ce que je sois calmée.

     Cela fera bientôt trois heures que nous marchons, entrecoupant notre avancée de courtes pauses. Je ne regarde pas les alentours : j'avance mécaniquement, sans me soucier des branches qui me fouettent le visage ou aux ronces dans lesquelles je tombe parfois. Je m'assure que Vector me suis de temps en temps mais je m'efforce de ne pas le regarder : son attitude rêveuse et désintéressée m'agace. Encore heureux qu'il ne se plaigne pas !
    De temps à autres, l'impression de reconnaître un arbre ou la forme particulière d'une souche enneigée me fait douter de la direction que nous prenons airs je chasse bien vite cette idée : la neige peut changer un paysage de telle façon qu'il est rendu méconnaissable : cela cède facilement la place à la confusion !
Nous nous arrêtons pour manger vers 13 heures. Vector mange en silence la perdrix que j'ai attrapée puis sombre dans le sommeil. Il est vrai que cette marche l'a épuisé et que, même si je le nie devant lui, il en est de même pour moi. Je le regarde dormir et sens mes paupières tomber. Je ne les retiens pas et sombre dans un sommeil réparateur et dangereux.