Je suis allongée dans mon lit lorsque mon téléphone sonne. Malis. Encore une fois. Je fais mine de l'ignorer mais je me ravise : elle va vraiment finir par se vexer. Cela fait trop longtemps que j'ignore ses appels et ceux de Caleb. À contrecœur je décroche.
    "Allô ? Malis ! Comment ça va ? Ça fait longtemps qu'on s'est pas vues ! Avec les vacances tout ça...
    - Eh le zombie faut vraiment que tu sortes de ta grotte là ! Ça fait deux semaines que tu réponds pas à mes messages ! Tu commence à m'saouler là ! T'as d'la chance que j'sois pas susceptible !
    - Oh je...
    - Bon allez j'veux pas des excuses là tu t'amène tout-de-suite !"
    Je raccroche. Elle m'épuise celle là... Enfin, allons y, il faudra bien que j'arrête de me morfondre en me goinfrant de chocolat dans ma chambre !
    Je me lève du lit où je suis allongée depuis plus de deux semaines et prends ma veste en cuir couleur sapin (ma fierté j'l'adore !) et je descends les escaliers. En passant dans l'entrée, je m'arrête devant le miroir. Je m'observe quelques minutes. Mes joues sont creusées, mon teint terne et mes yeux cernés. Il est vrai que j'ai très peu mangé et très peu dormi ces derniers temps... La peur et l'incompréhension des derniers événements ne m'ont pas quittés et je sens que je dépéris de jour en jour... Peut-être que revoir mon amie de toujours me changera les idées...
    Je sors de la maison, plongée dans mes pensées. Je traverse la rue, trébuche sur le trottoir et continue ma route. Je tourne à droite, à gauche puis encore à droite. Je commence à traverser une rue bordée par un torrent quand une Ferrari noire déboule à toute berzingue. Je m'écarte brusquement mais tombe, ayant été heurtée par la voiture. Le conducteur, affolé, donne un coup de volant dans le mauvais sens et me rentre dedans. Je suis projetée en avant et glisse sous les barrières qui séparent la route du torrent qui coule bruyamment quatre mètres plus bas et me raccroche in-extremis au bord de la route. Mais ma jambe saigne et  je manque de forces à cause de tous ces repas que j'ai loupé. Je tombe et ma tête heurte un rocher tandis que mon corps sanguinolent est emporté par le courant.