Chapitre V
Je n'y crois pas. Je cours, je m'enfuis, je m'éloigne de toutes ses histoires sans queue ni tête. Audrey, ma meilleure et seule amie, avec Tyron, le frère de notre patron, non je ne peux pas accepter ça, j'ai dû rêver.
Et pourtant, je les revois se crier dessus avant qu'il ne s'excuse, la prenne par les hanches et l'embrasse. Ils étaient donc ensemble ?! ma tête me lance et je m'arrête, je ne peux plus continuer. Je prends mon visage entre mes mains et m'appuie sur le mur à ma gauche.
Calme-toi Amanda, ce n'est rien. Je respire profondément, mais s'ils sont en couple ça doit dater de l'été... et Audrey ne m'a rien dit. Peut-être que je ne la connais pas autant que je le pense, moi qui pensais qu'elle est ma meilleure amie... je soupire et me résigne à y retourner.
On a longtemps discuté. Je me suis mordu la langue et n'ai pas évoqué les avoir surpris plus tôt. Tyron envisage de vendre le pub, il ne supporte plus cet endroit et c'est compréhensif. Il a dit qu'il essaiera de trouver quelqu'un qui veuille garder ce lieu tel quel pour qu'on n'ait pas à chercher du travail.
Je suis sûre qu'il fait cela uniquement pour Audrey, mais je ne vais pas m'en plaindre non plus. Pourtant, j'avais l'impression que j'étais en présence du coupable. Elle qui aime tellement le danger, l'interdit.
Quand je ressors je me remets à réfléchir, Stephen m'a dit que si je me souviens de quoi que se soit je dois le prévenir, en attendant ils mèneront l'enquête de leur côté avec les maigres indices qu'ils ont.
Je tente de me rappeler une énième fois la soirée, mais j'étais tellement fatiguée, je n'avais plus les idées claires. Tous les souvenirs sont flous.
Je continue de marcher et arrive à mon pont, je m'y arrête et regarde l'horizon. Le ciel est d'un beau bleu mais la bise est gelée. L'eau n'est pas vraiment calme, j'espère que tout va bientôt s'arranger...
J'entends une sonnerie d'école retentir et, presque machinalement, tourne la tête vers le bâtiment à ma droite. Le lycée de LexedWord se dresse devant moi, imposant. Puis mon regard coule lentement vers l'insigne de l'établissement. Un oiseau surmonté d'un semblant de soleil.
Un flashback me revient instantanément. La fille qui cherchait les toilettes, son pull qui est tombé, il y avait ce logo j'en suis certaine. Et cet oiseau dans mes rêves ! c'était celui-là. Mon cerveau essayait de me transmettre un message ! et si c'était cette fille qui avait tué Charles ?!
Mais... ce n'est pas possible... elle avait l'air tellement jeune. Sans que je ne m'en rende compte j'étais en train de me diriger vers la bâtisse alors que des centaines d'élèves en sortent.
À quoi je pensais ?! que j'allais reconnaître une fille que j'ai à peine entrevue ?! je me souviens à peine de sa couleur de cheveux ! je crois qu'ils étaient noirs, ou marron foncé.
Quand la foule devient moins dense et que la plupart des élèves sont partis, il ne reste que quelques petits groupes, et comme par miracle parmi eux, c'est elle.
Elle avait l'air d'envoyer un message tout en marchant, je suis alors rapidement allée vers elle. J'y croyais à peine, la chance m'a souri on dirait. Une fois assez près je réalise que ses cheveux sont bien d'un noir de jais.
– Hey ! excuse-moi, je peux te parler ?
J'avoue que ce n'est pas l'entrée en la matière la plus classe mais pour l'instant je n'en ai rien à faire qu'elle me trouve bizarre. Puis une vérité me frappe, et si c'était vraiment elle ? elle qui avait tué Charles, je serais tout de même en danger non ? et pourtant, dans son regard gris je ne lis que de l'innocence enfantine.
– Tu te souviens de moi ?
Je demande, elle fronce les sourcils, pensive, avant de secouer la tête, signe de résignation.
– Je suis la barmaid dans le pub où tu es allée hier matin vers cinq heures. ça te revient ?
– Ah ! oui, je me disais bien de t'avoir déjà vue. On s'est un peu bousculée non ?
J'acquiesce, et dans ses yeux de l'amusement, quelque chose comme "elle est drôle celle-là, elle voulait que je me souvienne d'elle ?"
– Écoute, je sais que sur le coup ça va te paraître bizarre mais...
J'hésite, peut-être aurais-je mieux fait de prévenir Stephen et de laisser la police se charger des interrogatoires. Mais je suis allée trop loin pour renoncer, je reprends une bouffée de courage et d'adrénaline avant de continuer.
– Pourquoi tu cherchais des toilettes à une heure pareille ?
Son visage se referme directement et elle commence même à s'éloigner.
– Non mais, de quoi je me mêle ?!
Je peux comprendre qu'elle n'ait pas envie de me dévoiler sa vie mais là ce n'est pas pour le plaisir.
– Attends ! c'est important ! est-ce que tu as vu quelque chose ou plutôt quelqu'un rentrer dans le club après toi ?
Elle se retourne vers moi et me scrute longuement, des secondes qui semblent des minutes qui semblent des heures. Elle essaie de comprendre mon but mais je ne laisse rien paraître.
– Oui, un homme est rentré après moi.
– Il était métisse ? les cheveux bouclés noirs ?
Je lui demande précipitamment en essayant de détailler Josh mais elle me dévisage.
– Non, il a la peau blanche je crois, et il est blond.
Je m'arrête... et si...
– Il était petit de taille ?
– Non ! il devait bien faire un mètre quatre vingt.
Peau blanche, cheveux blonds, grand. Des personnes que je connais ça ne pouvait être que lui.
– Il t'a vue ?
– Non, enfin je ne sais pas... j'en doute.
– Tu serais prête à raconter ça à la police ?
– La police ?! pour quoi faire ?!
Je ne lui réponds pas et lui demande simplement de me faire confiance et de me suivre. Je suis persuadée que Stephen saura lui expliquer ça plus posément que moi.
Je l'ai emmenée au poste et ai tout raconté à la personne qui doit être une des rares à être réellement compréhensive dans ce métier. Mais quand je dis tout, c'est vraiment tout. En partant des plus petits détails en passant par les confessions qu'Audrey aurait dû faire jusqu'à comment je me suis souvenu de ma rencontre avec la lycéenne.
Il m'a tout de même sermonnée sur le fait que je ne suis pas venue directement lui dire. Mais de toute façon si dans mon for intérieur je n'étais pas persuadée que Maya, car c'est le nom de la jeune lycéenne, était innocente je n'aurais sûrement pas essayé de lui parler. Bien sûr cette excuse n'a pas compté à ses yeux.
Chose qui ne m'étonne pas : Maya s'est facilement confiée à Stephen. Je ne sais pas si c'est l'insigne de policier ou alors son attitude toujours calme et sûre de lui mais il inspirait tout ce qui sonnait confiance.
J'appris que Maya a 17 ans et est en première littéraire. Elle a fini par avouer que si elle était à la recherche de toilettes à une heure aussi matinale c'est parce qu'elle faisait la fête avec des amis, elle avait prétendu une nuit blanche de révisions à ses parents et devait remettre son uniforme.
Elle ne voulait pas que ses amis sachent qu'elle n'avait pas la permission de sortir alors elle voulait se changer loin des regards et a entendu de la musique venant du club.
Maya me rappelait ma jeunesse, quand je n'étais pas encore majeure et que je filais déjà le parfait amour avec James. Si je me souviens bien, on s'était rencontré dans une fête. Trois ans de relation, effacés comme si rien n'avait jamais existé.
Parfois je doute de ses magnifiques jours alors je me mets à regarder nos photos, les seules preuves qui montrent que tout cela n'était pas qu'un simple rêve comme j'en ai peur souvent.
*
* *
Maintenant, l'heure de vérité. Stephen a appelé Tyron pour le prévenir qu'on a du nouveau sur le meurtre de son frère. Il est arrivé, un quart d'heure plus tard, Audrey à son bras, elle ne devait pas avoir prévu que je serais là.
– Asseyez-vous.
A ordonné Stephen et on s'est tous exécuté.
– Tyron, vous avez dit que c'est Audrey qui vous a appelé peu après nous, n'est-ce pas ?
– C'est cela.
– Et avant, où étiez-vous ?
– À quelques villes d'ici...
– Bien bien... quelle était votre relation avec Audrey avant l'incident ?
– Une relation strictement professionnelle.
– Donc cela ne vous a rien fait quand vous avez appris que, dans un moment de faiblesse, elle et votre frère ont eu une aventure ?
Le souffle court, je le vois prendre sa tête entre ses mains et quand il l'a relevée son visage était baigné de larmes. Il a craqué.
– Je ne voulais pas ! je vous le promets ! j'étais venu voir Audrey ! et quand elle s'est sentie coupable et qu'elle m'a avoué avoir couché avec lui alors qu'elle était ivre, j'ai senti que je perdais les pédales
Il s'arrête pour reprendre sa respiration haletante avant de continuer de plus belle.
– Il avait profité d'Audrey, ça m'a rendu fou ! je ne voulais pas lui faire de mal, juste peur, un peu ! rien de méchant ! mais au lieu d'essayer de me calmer il m'a dit des choses qui m'ont encore plus donné envie de le lui faire regretter ! je l'ai poussé ! mais pas fort, il s'est juste mal ramassé ! quand j'ai vu qu'il ne bougeait plus, j'ai pris peur et me suis enfui.
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Baby Note : hier je n'ai pas pu posté donc je le met aujourd'hui (même si personne ne suit cette histoire)
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