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Chapitre 90

« Il avait connu des déserts que peuplait le souvenir de sa bien-aimée, des océans qu'animaient ses sourires, des horizons qu'illuminait son regard. »

– Yon Palik, Les hommes d'ombre et de lumière.


Jimin appuya une main sur sa cuisse dans un geste réconfortant alors que son propre visage dépeignait sa peine. Yoongi comprit : son fiancé pensait la même chose que lui, peut-être au mot près. Lui non plus ne s'imaginait pas vivre avec un autre ce qu'il vivait auprès de l'élu de son cœur. Le Phénix donc se pencha contre lui pour reposer la tête contre son épaule, et tous deux poussèrent un soupir.

« Vous risquez gros à rester, murmura Jimin, je ne peux pas accepter que tu fasses courir pour moi pareil risque à ton peuple.

— Nous pourrions nous revoir. Il suffirait que tu connaisses notre destination et que tu nous rendes visite. Tu viendrais avec un bateau particulier, ou bien équipé d'un signe distinctif. Ainsi, nous te laisserions passer.

— Trop dangereux : qu'une personne apprenne cela et vous risqueriez de nouveaux ennuis. Le meilleur moyen de connaître une paix éternelle serait de vous isoler sans que quiconque soit en mesure de vous trouver, au moins jusqu'à ce que votre existence ne redevienne qu'une légende.

— Je refuse une telle fin. J'ai lutté pour mon peuple, je suis désormais prêt à lutter pour mon couple.

— Mais... peut-être que cette fois, je ne suis pas prêt à te suivre. »

Yoongi sentit avec une acuité désarmante son cœur se briser à ces mots. Jimin néanmoins demeura tout contre lui qui l'enlaça avec plus d'ardeur.

« Yoongi, de jeunes enfants ont été traumatisés, des milliers des tiens ont été soit tués soit blessés grièvement.

— Je t'aime si fort, n'est-ce pas réciproque ?

— La question n'est pas là : je suis militaire, ma vie entière consiste à penser au plus grand nombre avant de penser à mes propres désirs. Je mourrais d'être séparé de toi, mais il en va de l'avenir de ton peuple.

— Et si je restais à tes côtés ?

— Je ne peux pas t'imposer de t'éloigner de ta jumelle, et ton peuple compte sur toi : tu es devenu leur héros, redevenu leur gardien. Tu ne peux pas les abandonner pour moi. »

Il avait raison ; Yoongi savait que Jimin avait raison... mais il ne parvenait pas à l'admettre. Les traits déformés par la douleur, il recula et tenta d'essuyer ses yeux humides. En vain.

Il ne pouvait pas concevoir de perdre son compagnon alors qu'il lui semblait qu'ils venaient à peine de se trouver.

~~~

Les jours qui les séparaient du procès devinrent longs : Yoongi passait des heures dans son lit, pensif, le regard fixé sur la fenêtre. Yua et lui avaient parlé à plusieurs reprises de l'exode Phénix à laquelle il ne s'opposait plus, mais pour laquelle il ne témoignait d'aucun enthousiasme... ni d'aucune émotion, en vérité. Il demeurait détaché et changeait de sujet chaque fois que sa jumelle ou bien Hyunbin lui demandait comment il se sentait.

Jimin pour sa part n'osait aucune remarque ni aucune question : Yoongi lui paraissait hors de son propre corps, comme s'il avait décidé d'abandonner sa conscience pour ne pas subir le chagrin de la perte qui se rapprochait de manière inéluctable. Les deux hommes ne s'entraînaient plus ensemble – Yoongi ne s'entraînait plus du tout –, et si Jimin ne lui montait pas ses repas à la chambre, il était convaincu que son bien-aimé préfèrerait se laisser dépérir plutôt que de descendre côtoyer les soldats à la cantine.

Toutefois, si le premier jour l'Arixien avait craint que son amant ne se détache de lui pour s'éviter une trop violente souffrance au moment de quitter le Continent, la nuit l'avait rassuré : à peine allongé dans le même lit que Yoongi, ce dernier s'était tourné vers lui pour l'enlacer et se blottir contre lui avec une vigueur bouleversante. De ce simple geste, il le suppliait de ne pas l'abandonner. Alors Jimin l'avait serré contre lui avec une force identique, et il lui avait embrassé le front en lui murmurant son affection.

Quelques minutes plus tard, alors qu'il s'apprêtait à s'endormir, le général avait été tiré de sa torpeur quand son fiancé s'était mis à trembler, et une sensation humide sur sa peau lui avait confirmé qu'il sanglotait en silence ; il lui avait caressé les cheveux sans un mot, incapable de trouver quoi dire pour le réconforter.

Depuis plus d'une semaine que cette conversation avait eu lieu, toutes leurs nuits s'étaient déroulées de cette manière, et Jimin en sentait son âme se déchirer jour après jour. Il avait décidé de demander à son amant pourquoi il restait si souvent au lit, et sans s'en cacher, Yoongi lui avait répondu qu'il se figurait leur séparation, espérant que plus il la rejouerait, moins elle le ferait souffrir.

« Cela fonctionne-t-il ? s'était enquis Jimin.

— Non, mais je ne perds pas espoir. »

Psychologiquement brisé tous les soirs, le mage essayait malgré tout de passer plus de temps auprès des siens, là aussi dans le but que sa vie s'avère moins monotone une fois loin de Jimin. Il désirait tisser de vrais liens avec son peuple. Lui qui était toujours demeuré marginal tentait de s'intégrer. Or, jadis on le plaçait sur un piédestal pour son statut de jumeau sacré, à présent on le vénérait comme l'incarnation de Hiemis. Impossible de nouer des rapports d'égalité pour l'instant, les Phénix n'arrivaient pas à oublier son pouvoir, d'autant que leur jeune âge les rendait bien plus impressionnables, et ils n'osaient pas même le regarder trop longtemps dans les yeux – certains murmuraient que cela risquerait de l'inciter à se transformer de nouveau.

« Je me sens à bout, souffla Yoongi ce soir-là quand Jimin se coucha auprès de lui.

— Cela ne fait que quelques jours, il est normal que cette nouvelle te bouleverse. Les premières délégations seront là très bientôt, le procès te permettra d'oublier un temps tout ce qui te tracasse.

— Et tout cela pour que je me reprenne ensuite tous mes soucis en pleine face.

— Ne dis pas n'importe quoi.

— Je n'arrive même plus à imaginer dormir à plus de deux mètres de toi, comment veux-tu que je ne me lamente pas de notre séparation ? Nous parlions mariage il y a deux semaines, et voilà que nous devons nous dire adieu. »

À ce tendre souvenir d'eux discutant de la meilleure façon de s'unir, Yoongi se détourna. Cette fois, il ne parvint pas à taire les sanglots qui le prirent. Lui qui s'imaginait revêtir sa sublime tenue d'apparat pour jurer amour et fidélité à son fiancé sous le regard protecteur de Hiemis, voilà qu'il se retrouvait à pleurer des rêves qu'il ne réaliserait jamais et qui, à n'en point douter, se changeraient vite en cauchemars. Ils hanteraient ses nuits de solitude.

Jimin enroula les bras autour de son corps et l'attira à lui, son torse contre son dos. Il lui embrassa la nuque, et Yoongi sentit une fine gouttelette chuter sur sa peau. Il resta immobile, ému à l'idée que sa détresse avait même réussi à contaminer son compagnon pourtant bien moins sensible que lui. Il enveloppa de ses paumes les mains posées sur son ventre par-dessus sa tunique, et il se reput de leur chaleur, de leur douceur, de tous ces mots qu'elles convoyaient.

« Sache que tu resteras pour toujours le seul homme que j'aurai vraiment aimé de toute mon âme, susurra Jimin afin que ne s'entendent pas ses sanglots dans sa voix étranglée.

— Et pour toujours tu demeureras le seul qui m'aura fait ressentir un tel bonheur mêlé de tendresse. Jamais quiconque ne me comprendra comme tu me comprends. »

Yoongi se tourna pour se retrouver face à son fiancé et, les yeux débordants de douleur, ils se jetèrent avec un empressement désespéré sur les lèvres de l'autre. À peine furent-elles entrées en contact que les deux hommes laissèrent leur chagrin les submerger tandis qu'ils échangeaient un baiser empli de pureté.

Tous les souvenirs de leurs aventures côte à côte les inondèrent, et ils exprimèrent à travers leurs mouvements ce qu'ils éprouvaient, tout dans les moindres détails. Ils se comprenaient ainsi, pas besoin d'en dire plus. Le général parvint très vie à calmer sa peine, si bien qu'il tenta d'absorber celle de son amant qu'il détestait regarder souffrir. Il couvrit de petits baisers le visage de Yoongi qui finit par lui sourire, amusé, et ils guérirent leurs blessures de cette manière, jouant l'un avec l'autre, se touchant de façon chaste. Des contacts pour oublier que tôt ou tard, leurs mains seraient trop loin pour qu'ils s'effleurent.

~~~

Namjoon et Seokjin arrivaient avec d'excellentes nouvelles, du moins de leur avis elles étaient excellentes. Voilà pourquoi les deux ambassadeurs arixiens furent surpris quand ils s'aperçurent du maigre enthousiasme du général Park à leur entrée au palais. Jimin, qui s'était hâté pour les rejoindre dès lors qu'on l'avait informé qu'ils l'attendaient, leur adressa un pitoyable sourire, et Namjoon lui trouva pour la première fois de sa vie l'air fatigué.

« Est-ce que tout va bien ? » s'inquiéta-t-il une fois qu'on les eut laissés seuls dans une chambre.

Les deux diplomates y dormiraient tout le temps de leur séjour à la capitale. Grande et luxueuse, elle offrait un accès à une salle de bains privée, et Seokjin s'émerveillait de la splendeur des tapisseries, de l'énorme lit à baldaquin, et de chaque meuble, ouvragé par un artiste. Il redirigea cependant son attention sur le général venu les saluer aussitôt que son compagnon eut ouvert le dialogue. Il détailla le militaire du regard : toujours aussi bien habillé qu'à l'accoutumée, les cheveux récemment coupés, le visage impassible, il ne se lisait a priori aucune fatigue ni dans sa façon de se tenir, ni dans la façon dont il s'était préparé. Or, Seokjin comprit le souci de Namjoon en découvrant les yeux du jeune homme : pas de cernes, non, mais ses prunelles exprimaient une douleur criante, un épuisement pénible, et semblaient supplier qu'on l'aide.

« Bien sûr, répliqua néanmoins Jimin. Et vous, comment s'est passé votre voyage ? »

Ils bavardèrent ainsi quelques instants avant que Namjoon ne s'asseye à une petite table, les jambes lourdes. Seokjin demeura debout, droit comme un I.

« Assieds-toi si tu en as envie, Seokjin, intervint son amant.

— Il ne reste qu'une chaise, lui opposa-t-il en jetant un regard à celle en face de la sienne, le général Park souhaite peut-être...

— Asseyez-vous, Seokjin, je n'en ai pas besoin, l'interrompit Jimin avec un sourire.

— Je disais, poursuivit Namjoon une fois son bien-aimé à l'aise, que le voyage s'était donc passé de manière tranquille. Mais je pense que vous serez intéressé d'apprendre que le matin de mon départ, alors que l'Assemblée s'était réunie depuis à peine dix minutes, elle avait pris une première décision de moindre importance à ses yeux, mais qui m'a réchauffé le cœur.

— L'Assemblée a pris une décision en à peine dix minutes ?

— Eh oui, personne n'a émis la moindre réserve... au fait que l'homme que l'on honore à présent partout à Arixium était le brave général Jeon Jungkook. »

À ces mots, Jimin sentit l'émotion le submerger. Il esquissa un sourire nostalgique en acquiesçant tandis qu'il déglutissait et qu'une unique larme lui échappait. Il avait craint quelques réticences de la part des députés, par chance ces derniers s'étaient laissé influencer par l'opinion générale qui décrivait Jungkook comme un véritable héros de guerre. Le messager avait su le présenter sous son meilleur jour, et Jimin ne doutait pas que ses soldats, une fois de retour à la capitale, se feraient un devoir de louer de toutes les manières possibles le courage de leur supérieur mort pour le pays.

« Quelle joie de savoir que son rêve a pu être exaucé, murmura Jimin la gorge serrée.

— Il restera dans les mémoires, je ne doute pas que bon nombre d'artistes se serviront de son histoire pour leurs œuvres.

— Je n'en doute pas non plus.

— Il faudra d'ailleurs que vous me racontiez en détail le cours des évènements : j'ai besoin de tout savoir à ce sujet avant de préparer le moindre discours. Nos messages et nos quelques conversations durant ces derniers mois m'ont donné une vague idée de ce qui se tramait, mais il me faudra bien plus qu'une vague idée pour attaquer Mincheol.

— J'ai tout mon temps, nous pourrons commencer demain, de cette façon vous serez reposés.

— Très bonne idée, approuva Namjoon. J'ai en effet hâte de me coucher, la route fut longue.

— Je vous comprends.

— Mais dites-moi : en chemin, Seokjin et moi nous sommes arrêtés à votre camp. Nous y avons trouvé vos deux lieutenants arixiens, mais... où est donc passée la troupe tyfodonienne que l'Assemblée vous avait accordée ?

— Aussitôt la guerre terminée, je lui ai offert quelques semaines de liberté pour qu'elle règle des affaires.

— Vous avez laissé les soldats retourner marcher sur Mournan...

— J'ai laissé les soldats retourner marcher sur Mournan, admit Jimin avec humour.

— Par Pyros, général...

— La venue des Tyfodoniens est provisoire, il ne s'agit de les accepter à Arixium que jusqu'à ce que la situation s'améliore chez eux. Eh bien je leur permets d'améliorer la situation plus vite. Ils sont deux troupes désormais plus vives que jamais, deux troupes qui veulent en découdre face à des troupes indécises qui n'obéissent que par peur. Le chef Choi va se faire massacrer, c'est certain.

— L'Assemblée va me haïr, tout cela par votre faute.

— Mais Namjoon... vous la dominez : elle vous hait déjà depuis bien longtemps.

— Figurez-vous que nos rapports s'amélioraient. Mais que vous perdiez après moins de trois semaines les soldats que l'on vous a confiés...

— Je ne les ai pas perdus, je sais exactement où ils sont : à Mournan.

— La belle affaire.

— L'Assemblée n'aura qu'à me réclamer d'aller les chercher, je me ferais un plaisir de rendre à nos amis Tyfodoniens pour leur guerre l'aide qu'ils nous ont offerte pour la nôtre. Je ferai d'une pierre deux coups, de cette manière.

— J'ignore qui de vous ou de mon voyage me fatigue le plus, général Park. »

Jimin lui offrit un rictus complice, et ils échangèrent une demi-heure durant au sujet du procès qui se tiendrait sans doute deux jours après l'arrivée de la dernière délégation.

« Vous êtes les premiers, déclara Jimin, du moins si l'on ne compte pas la délégation Phénix, qui n'a pas bougé d'ici. Je pense que les Akashites seront les prochains du fait de leur plus grande proximité géographique, et que nous pouvons attendre encore un moment les ambassadeurs tyfodoniens. Nous aurons le temps de nous organiser.

— Parfait. Et... en parlant des Phénix, dites-moi : quelque chose a-t-il été décidé à leur sujet ? »

Jimin se rembrunit. Cela fut bref, discret, une simple ombre sur son visage, mais Namjoon connaissait bien son ami, impossible de le tromper : voilà la cause de son épuisement.

« Rien d'officiel, non, répondit le général, mais les trois personnes qui sont à la tête du peuple ont décidé que pour leur sécurité, il vaudrait mieux qu'ils disparaissent après le procès. Ils s'enfuiront du Continent. »

Namjoon n'en demanda pas davantage : il ignorait ce qui pouvait bouleverser à ce point son cadet, mais il préférait ne pas remuer le couteau dans une plaie qui semblait encore si récente.

« En parlant d'eux, enchaîna-t-il toutefois, je serais heureux que vous me les présentiez. Vous m'avez beaucoup parlé de Yoongi, mais j'aimerais rencontrer... qui sont les autres personnes à la tête du peuple Phénix ?

— Yoongi est leur gardien des savoirs, l'homme le plus cultivé et leur meneur en cas de conflit armé. Sa sœur jumelle Yua est prêtresse, elle détient le pouvoir religieux. Leur ami Hyunbin quant à lui est le fils du défunt chef du village, en possession du pouvoir politique. Il est pressenti pour reprendre le rôle qu'il a appris auprès de lui depuis l'enfance.

— Pensez-vous qu'ils accepteraient de me parler ?

— Yua et Hyunbin, oui. Yoongi, je l'ignore, mais je le lui demanderai au plus vite aussi.

— Merci. »

La conversation s'acheva peu après, tandis que Namjoon s'était levé pour masser les épaules de son compagnon. Jimin avait tenté de dissimuler sa surprise, qui s'était vite accentuée lorsque son ami lui avait expliqué qu'il l'avait affranchi et qu'ils vivaient désormais ensemble en tant que couple. Heureux pour eux, le général prenait congé et s'éloignait déjà en direction de la porte quand le député l'arrêta.

« Jimin... »

L'appelé en ressenti une émotion inqualifiable : il ne se souvenait pas à quand remontait la dernière fois que son ami l'avait apostrophé non par son titre et son nom, mais par son prénom.

« Oui ?

— Si tu as besoin de quoi que ce soit, même de parler, n'hésite pas. S'il te plaît, n'oublie pas.

— Merci beaucoup, Namjoon, je tâcherai de m'en souvenir. »

La douce chaleur qui coula dans ses veines le réconforta, et il quitta la pièce en se promettant de confier tôt ou tard ses soucis au couple qui, il n'en doutait pas, saurait le conseiller au sujet de cet amour impossible.

Après un passage éclair auprès de Yua et Hyunbin pour requérir leur présence le lendemain lors de son entretien avec Namjoon et Seokjin – ils acceptèrent –, il se dirigea vers sa chambre avec une anxiété qu'il ne ressentait à l'accoutumée qu'à peine avant un combat crucial. Et le voilà qui s'inquiétait de se confronter à son fiancé... il ne souhaitait pas le voir souffrir.

Il frappa deux coups avant d'entrer, comme à son habitude, et il découvrit son bien-aimé debout face à la fenêtre, les pensées perdues dehors. Il referma ; il approcha. Yoongi tourna sur lui un regard éteint.

« Mes amis sont bien arrivés, ils ont été installés dans le palais.

— Très bien.

— Demain ils espèrent que je pourrai leur raconter le cours des évènements pour qu'ils réfléchissent à l'angle que doit prendre le procès.

— Je vois.

— Ils voudraient que Yua, Hyunbin et toi leur racontiez aussi ce que vous avez vécu.

— Tu sais très bien ce que j'ai vécu, à quoi pourrais-je servir ?

— Je ne sais pas ce qu'ils t'ont infligé quand ils te retenaient, et tu as peut-être certaines choses qui te reviendront et qui pourraient leur être utiles.

— J'en doute.

— Donc tu ne viendras pas, conclut Jimin.

— Je suis fatigué. »

Il ne s'entraînait pas, il s'abîmait dans des songes douloureux, il s'abandonnait à des conjectures qui le brisaient à la manière de l'écume projetée contre la roche. Le général avança jusqu'à se retrouver tout contre lui qu'il enlaça d'un geste affectueux. Le Phénix se laissa faire, il ferma les paupières dans un soupir de bien-être, et il se détendit peu à peu contre son fiancé.

« Nous devons en parler, Yoongi, tu ne peux pas continuer de cette façon.

— Et pourquoi pas ?

— Parce que tôt ou tard tu n'arriveras plus à retenir ce que tu ressens. Alors autant lâcher tout cela tant que je suis là. Pourquoi ne voudrais-tu pas que nous tâchions de vivre les plus belles journées de nos vies, vivre comme si nous mourions demain ? Nous pourrions profiter l'un de l'autre autant que la situation nous le permet encore. Pourquoi t'enfermer dans la mélancolie et la solitude ? Je déteste te voir dans un tel état, ne me laisse pas de toi un pareil souvenir...

— Je passe mes journées à réfléchir à une solution qui ne nous contraindrait pas à l'exil mais qui offrirait à mon peuple la sécurité. Je n'en trouve pas... Vos peuples sont belliqueux, et le mien n'a aucune chance contre vous. Nous courons à un nouveau massacre dans les siècles à venir. Je ne peux pas accepter d'en être l'égoïste source. Les miens méritent de trouver enfin un eldorado où ils pourront se développer sans crainte.

— Je comprends... et je n'ai pas davantage de solutions pour vous tous. Rester sur le Continent vous amènera forcément à de nouveaux affrontements que vous n'aurez jamais souhaités, en revanche vous isoler loin d'ici ne me semble pas beaucoup mieux : des Élémentaires, s'ils sont déterminés, vous retrouveront toujours. J'ignore s'il existe même un monde où vous pourriez vivre en paix.

— Moi, tant que je suis dans tes bras...

— Mon amour, » murmura Jimin en se penchant pour lui embrasser le cou.

Yoongi s'empara de sa bouche, désireux de la sentir contre la sienne, soulagé dès lors qu'il pouvait se perdre dans l'univers des bras de son bien-aimé. Il se lova davantage contre lui, savoura la tendresse de son étreinte, et lui mordilla même la lèvre inférieure. Jimin en fut aussitôt excité, lui qui avait passé ses nuits à câliner son compagnon sans avoir pu profiter de son corps depuis la dernière fois qu'ils avaient fait l'amour. Il plongea sa langue à la recherche de la sienne, et ses mains descendirent sur ses reins sans oser aller plus bas.

« Jimin... stop.

— Pardon, marmonna le général contre sa tempe sur laquelle il déposa un baiser aérien. Tu me plais toujours autant, sache-le.

— Toi aussi. Mais je n'ai pas la tête à cela.

— Je comprends, pardonne-moi.

— Ce n'est rien. Je préfère me repaître de tes étreintes.

— Alors je te serrerai contre moi jusqu'à ce que tu me rejettes.

— Je ne te rejetterai jamais.

— Ce n'est pas un problème, sourit Jimin en lui passant une main dans les cheveux dont il dégagea son front.

— Alors la solution était si simple, plaisanta à son tour le Phénix.

— Voilà le Yoongi duquel je suis tombé amoureux.

— Est-ce que tu aimes quand je t'envoie promener ?

— J'adore.

— J'imagine que chacun a ses vices...

— Je serai aussi vicieux qu'il le faudra pour te combler, mon amour.

— Tu es ridicule ! » pouffa Yoongi en le repoussant.

Jimin l'enlaça de nouveau, contre l'avis du Phénix qui tenta de le chasser. L'Arixien toutefois attrapa ses poignets d'une main et de l'autre le serra contre lui pour le porter. Il ne le relâcha qu'une fois au-dessus du lit, sur lequel Yoongi s'échoua dans un gémissement, alors que son cœur se soulevait dans sa poitrine à la peur de s'écraser sur le sol.

« Tu n'es qu'un idiot, Park Jimin ! se plaignit-il devant le sourire triomphant de son compagnon à sa réaction.

— Je vais t'apprendre à m'insulter. »

Jimin se pencha sur lui et ni une ni deux, il glissa les mains sous sa tunique pour lui effleurer la taille. Yoongi se tordit en geignant qu'il détestait les chatouilles et qu'il avait passé l'âge depuis vingt ans. Le militaire n'en fit pas grand cas : au contraire il s'installa sur son bassin pour entendre encore et encore son rire cristallin. Le Phénix toutefois parvint à se ressaisir ; aussitôt Jimin se figea, sous l'emprise de ses ombres.

« Bon sang, tu ne peux pas t'empêcher d'agir de manière stupide, soupira Yoongi en s'écartant de lui. Combien de fois faut-il que je te demande de reculer pour que tu m'écoutes enfin ?

— Encore sept ou huit cents fois devraient suffire, mon amour.

— Idiot.

— Ne me cherche pas : tu ne me maintiendras pas immobile encore très longtemps, alors à ta place j'éviterais de m'enfoncer.

— Je prends le risque. »

~~~

Quelques jours s'étaient écoulés quand arrivèrent les ambassadeurs akashites. Il s'agissait du conseiller du chef et, en guise de protecteur, de Yeonjun et Rure. Aussitôt que Jimin et Yoongi l'apprirent, ils souhaitèrent les rejoindre et se rendirent pour cela au palais : à la plus grande joie de ses proches, Yoongi avait retrouvé son humeur coutumière, bien qu'il passe plus de temps qu'auparavant au lit, à réfléchir sans but apparent et sans résultat.

À son tour la délégation tyfodonienne arriva trois jours après, composée d'une des plus ferventes partisanes du chef Choi et d'un de ses généraux. Les alliés n'osèrent pas poser la moindre question aux deux ambassadeurs, qu'ils se contentèrent de regarder de loin. Le jour même, il leur fut annoncé que le procès contre Mincheol et Sawa se tiendrait soixante-douze heures plus tard. D'inévitables tensions naquirent dans la caserne que les Phénix et Jimin avaient cependant refusé de quitter : Yua et Hyunbin ne s'imaginaient pas retourner au palais, Yoongi n'imaginait plus s'éloigner de sa sœur, et Jimin n'imaginait pas s'éloigner de Yoongi, peu importait la suite luxueuse et les domestiques aux petits soins.

Les jeunes étrangers partaient donc de moins en moins des quartiers des généraux, seul Jimin se rendait à la cantine pour en rapporter à chacun des trois Phénix leur plateau-repas. Dévoué, il ne ressentait pas ce geste comme un service. Cela lui semblait normal de ne pas les exposer aux regards hostiles.

Au matin de l'ouverture du procès, lorsqu'il apporta son petit déjeuner à Yoongi qu'il avait laissé assoupi, il le sentit plus angoissé que ces trois dernières semaines. Les cheveux en bataille, les yeux cernés, torse nu puisqu'ils avaient passé une partie de la nuit à faire l'amour et ne s'étaient pas complètement rhabillés ensuite, Jimin le trouva plus beau que jamais. Or, le souci qui se lisait sur les moindres traits de son visage le peina. Il abandonna leur repas sur une commode et s'assit au bord du lit.

« Est-ce que tout va bien ? s'enquit-il.

— As-tu d'autres questions stupides à poser ?

— Plein. »

Sa réplique atteignit le but recherché quand Yoongi lâcha un souffle amusé à cette réplique à laquelle il s'attendait pourtant. Jimin lui ouvrit les bras, et il s'y blottit dans un tendre réflexe. Le Phénix frémit de plaisir aux caresses qu'il reçut dans le dos.

« Je suis mort de peur à l'idée de revoir Mincheol, mais plus encore à l'idée de me confronter à toutes les délégations Élémentaires, et... j'ai appris que le procès était accessible au public. Je suis sûr que beaucoup viendront juste pour satisfaire leur curiosité à notre sujet.

— C'est certain.

— Tu es décidément toujours si rassurant...

— Je ne veux pas te mentir pour que tu sois encore plus angoissé quand tu entreras dans la salle d'audience : que tu le veuilles ou non, tous les regards se tourneront vers toi. Certains te considèrent comme la réincarnation de Hiemis, comment espères-tu rester discret dans de telles conditions ? Profites-en : tu vas concentrer toute l'attention, on te croit divin. Ton témoignage servira à inculper Mincheol pour sa barbarie. Qui s'opposerait à Hiemis, après tout ? Il t'a volé l'essence de ton pouvoir, il a torturé ta sœur et son compagnon, il a enfermé des mois durant des enfants dans le but d'en faire des soldats. Et que penseront les jurés lorsque tu montreras les trois cicatrices laissées par les stylets ? Qu'un homme s'en prenne à un autre est répréhensible, mais qu'il s'en prenne à une divinité, même de façon indirecte... Mincheol ne s'en sortira pas.

— Oui, sans doute...

— À quoi penses-tu ? s'étonna Jimin à son ton songeur.

— Est-ce que je vaux vraiment mieux que lui ? Il a certes attaqué des civils innocents, mais il a tué ceux qui s'opposaient à lui pour sauver son peuple d'une famine inévitable. C'est pour sauver ceux à qui il tenait qu'il a blessé d'autres personnes. Combien de milliers de soldats avons-nous éliminés pour sauver une poignée de Phénix ? Mincheol avait certes prévu d'envahir le Continent, mais qui nous dit qu'il ne l'aurait pas gouverné de manière sage ? J'ai entendu dire qu'il aimait son peuple plus que lui-même, et qu'avant ces évènements, jamais Sawa n'avait connu un enfant royal aussi bon. Qui est le véritable antagoniste de cette histoire ?

— Nous n'avons tué aucun civil, et nous n'avons pas attaqué les premiers.

— Les Phénix n'ont en effet rien demandé, opina Yoongi. Mais les Arixiens n'ont-ils pas refusé à Sawa l'aide urgente que le pays leur réclamait ? Je ne cherche pas à accuser quiconque, juste à remettre les choses dans leur contexte, à comprendre le point de vue de Mincheol.

— Par Pyros, on m'avait dit que les Phénix étaient le peuple le plus engagé pour la paix, mais de là à chercher des excuses à un tyran doublé d'un homme qui a décidé d'un véritable génocide...

— Je ne lui cherche aucune excuse, nia Yoongi d'un ton calme et pensif. Je souhaite seulement expliquer son comportement. On agit tous pour des raisons précises, qu'elles nous semblent bonnes ou mauvaises. Je voudrais comprendre comment un futur souverain décrit comme l'homme idéal a pu basculer ainsi. Je pense que Mincheol ne porte pas seul la culpabilité des tragédies qui ont frappé le Continent ces derniers mois.

« Un simple exemple : quand Sawa est venu piller les bibliothèques de Vanori, je comprends que les Akashites aient paniqué et décidé de fuir la capitale, mais pourquoi avoir, dans la foulée, décidé d'exterminer des Tyfodoniens qui ne leur avaient rien fait, si ce n'est vivre sur des terres qu'ils revendiquaient ? Je viens d'un peuple où il nous paraît logique, dans une telle situation, de chercher un compromis. Même s'il nous faut parler des semaines durant avant de trouver une solution, nous préférons largement parler plutôt que d'attaquer. Je sais que tu trouves sans doute cela stupide, mais...

— Au contraire, souffla Jimin en posant une main tendre sur la sienne, je trouve que ton peuple devrait nous servir d'exemple. J'aimerais que nous soyons capables d'agir à votre manière. Résoudre des conflits par la parole et le compromis plutôt que par la guerre... cela ressemble à une si douce utopie...

— C'est ainsi que nous vivions depuis cinq siècles au sommet du mont Tikia. Nous n'avons jamais connu de guerres intestines, quand l'un d'entre nous souhaitait s'opposer au chef voire le remplacer, nous mettions en place un grand débat où était convié qui le voulait. Le cœur des Phénix est dépourvu de malice ; nous ne savons pas attaquer, seulement nous défendre. Voilà comment nous avons vécu en harmonie tout ce temps.

— Et pour longtemps encore après ces évènements, je l'espère, affirma Jimin.

— Oui... loin des Élémentaires. »

Loin deJimin...

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