L'un : Dis, tu crois qu'un jour je serai capable d'aimer ?

L'autre : Aimer la nuit c'est possible aussi.

L'un : Cela ne répond pas à ma question. Je parle du jour comme de la nuit, d'ailleurs. Tu crois que je serai capable d'aimer ?

L'autre : Bien sûr.

L'un : Comment peux-tu en être si sûr ?

L'autre : Dis, tu aimes les croissants ?

L'un : C'est quoi le rapport ?

L'autre : Réponds à ma question, tu aimes les croissants ?

L'un : Évidemment.

L'autre : Donc tu es capable d'aimer puisque tu aimes les croissants.

L'un : Je ne parlais pas de ce sens là du verbe aimer.

L'autre : Parce qu'aimer à plusieurs sens ?

L'un : On n'aime pas toujours dans le même sens. L'amour à double sens est bien plus intéressant.

L'autre : Parce que tu crois que les croissants t'aiment aussi ?

L'un : Probablement pas. Je leur mène la vie dure en même temps. Je ne cherche pas à être aimé des croissants dans tous les cas.

L'autre : Donc ta question est plutôt, est-ce que je crois qu'on est capable de t'aimer ? La réponse est oui. Je t'aime, moi.

L'un : Non, tu m'aimes bien, ou beaucoup, ou pas du tout, parfois. Mais tu ne m'aimes pas tout court.

L'autre : Les vêtements courts comme les cheveux courts ne te mettent pas en valeur, je l'admets.

L'un : Tu aimes jouer sur les mots.

L'autre : Pourquoi j'aurais le droit d'aimer jouer sur les mots tout court et pas d'aimer toi tout court ?

L'un : Tu l'as dit, le tout court ne me va pas.

L'autre : Alors ça ne sert à rien de chercher à ce qu'on t'aime tout court.

L'un : C'est pour ça que je garde les cheveux longs.