Chapitre 4 : Ariella
Lundi 2 juin 2025
Les cours à l'orphelinat ne sont pas trop compliqués et suivent le cursus scolaire. J'étais plutôt forte en français et en anglais quand j'allais au lycée. Je pense pouvoir me débrouiller. Notre professeur, madame Fery, est très gentille et pédagogue. De plus, nous n'étions que cinq élèves, et à part Louie, je ne les connaissais pas. Là où je suis plus hésitante, c'est pour le travail. Louie a insisté, me disant que tous en avaient un et qu'il était essentiel pour moi également. Seulement, je n'avais pas osé lui avouer que, en effet, j'ai hérité d'une immense fortune, et que je n'ai pas besoin d'un boulot. J'ai toujours détester être une privilégiée, et je n'ai pas envie que mes camarades me voient autrement que par la personne que je suis. Et puis, je ne toucherais pas à l'argent de mes parents avant ma majorité, donc si je veux m'acheter de nouveaux vêtements, il faut que je gagne de l'argent. Mes parents... Ils me manquent...
-Ariel !
Je me retourne alors que Louie rentre dans notre chambre de laquelle elle était sortie quelques instants plus tôt pour faire je-ne-sais-quoi.
-Azur et Côme viennent avec nous, ils commencent justement leur boulot dans une heure. Alors dépêche-toi !
Quoi ? Ces deux-là viennent ? Ça ne me rassure pas du tout. Je me lève pourtant à contre-coeur et Louie m'arrête en me barrant le passage de son bras.
-Qu'est-ce qu'il y a encore ? je soupire.
-Tu ne peux pas sortir en uniforme ! Mets autre chose !
Je lève les yeux au ciel et me dirige vers ma valise pour en sortir quelques vêtements. Je n'ai pas emporter grand chose. Le reste a brulé, je n'ai pas pu les garder.
Je sors de ma valise une longue jupe verte et un tee-shirt court et blanc avec des manches en dentelles. Je me dirige vers la salle de bain sous l'oeil aiguisé de ma colocataire. Je me change rapidement et en profite pour sortir mon téléphone.
Vous avez 16 appels manqués de Liam
Je me mordille la langue et éteins mon portable. Je ne peux pas l'appeler maintenant. Je sors alors de la salle de bain et dépose mon uniforme sur mon lit. Quand je me tourne vers la sortie, je vois Louie me dévisager de la tête aux pieds.
-Quoi, ça ne va pas ? je lui demande.
-Si, si, bredouille-t-elle. Tu es magnifique.
Je rougis à sa remarque mais ne dis rien de plus. Son regard finit par se poser sur ma main tenant mon portable.
-Tu as toujours ton téléphone ? s'étonne-t-elle.
-Oui, pourquoi ?
-Ce n'est pas autorisé ici. Je pensais qu'ils te le prendraient en arrivant. Tu devrais le donner. Si tu le fais de toi même, il ne t'arrivera rien. Dans la cas contraire...
Je n'attend pas plus longtemps et le pose sur mon lit.
-Je m'en occuperai en rentrant.
Je n'ai pas forcément envie de me détacher de mon téléphone, non pas parce que j'y suis accro comme pleins de personnes dans le monde, mais parce que je n'aurais plus aucun moyen de communication avec mes amis. Je ne suis pas sur les réseaux sociaux, fort heureusement. Et ça me fera une bonne excuse pour ne pas avoir à répondre à mon petit ami, Liam.
Louie et moi sortons de la chambre. Je ne remarque que maintenant qu'elle s'est elle aussi changée, je ne sais quand. Elle porte une chemise à carreaux rouge nouée avec un croc-top noir en-dessous et un jean bleu marine. Elle est bien mieux comme ça qu'en uniforme.
Nous sortons de l'orphelinat, par la même porte que celle que j'ai emprunté ce matin même. Le soleil est toujours haut dans le ciel et le sable me paraît brûlant. Louie retire ses chaussures et s'engage sur la plage.
-Tu viens ?
Je l'imite, non sans un moment d'hésitation.
-J'espère que tu as l'habitude de marcher, me dit Louie. On a une bonne trentaine de minutes à pied.
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La ville à 30 minutes de l'orphelinat est un petit village pommé au milieu de nul part. Louie m'apprend qu'il n'y a que 400 personnes mais qu'il regorge de spots sympas. Ma colocataire me guide jusqu'à la place du village, où il y a une fontaine en pierre, abîmée par le temps. Sur le rebord de celle-ci sont assis 4 personnes, dont deux que je reconnais être Azur et Côme. Deux jeunes filles les accompagnent. Elles se ressemblent beaucoup avec leurs longs cheveux roux et leurs yeux verts émeraude. Seulement, l'une est plus vieille que l'autre. La plus âgée discute tranquillement avec Azur. Elle a des tâches de rousseur sur les joues, sa peau est très pâle et elle est tellement fine qu'un coup de vent pourrait l'emporter. Elle porte une longue robe verte à manche courte et des sandales blanches. Elle semble âgée de 16 ou 17 ans alors que la plus jeune, assise à même le sol, semble en avoir 13 ou 14. Elle joue avec une brindille et trace des dessins invisibles sur le sol. Sa peau est plus bronzée, et elle est vêtue d'un short rose et d'un tee-shirt blanc avec des baskets noires. Louie et moi nous approchons du petit groupe et tous arrêtent de parler en nous voyant nous arrêter devant eux.
-Les amis, voilà Ariella, présente Louie. Ariella, voici Azur et Côme, que tu connais déjà à ce que j'ai compris, Lisa et sa petite sœur, Margot.
Azur me fait un petit signe de tête, un sourire malicieux collé au visage que je m'efforce d'ignorer alors que Côme me salue amicalement. La petite Margot et Lisa me sourient en me dévisageant. Il faut croire que c'est une tradition chez eux de dévisager les petits nouveaux.
-Azur, Margot et moi devons aller travailler, dit Côme. Je suppose que toi aussi Louie.
-J'ai encore un peu de temps. Je vais aider Ariel à se trouver un job. Pourquoi ?
Azur lève la main pour faire taire ses camarades et s'avance vers Louie. Il se penche à son oreille et lui chuchote quelque chose. Le visage de Louie, d'abord sérieux, s'illumine de plus en plus au fur et à mesure qu'il parle. Quand le garçon recule, un grand sourire lui mange une partie du visage.
-Très bien, je trouve que c'est une excellente idée.
Je les vois se glisser des regards amusés sans comprendre. Je me sens un peu exclue mais fais comme si de rien n'était. C'est mon premier jour parmi eux, évidemment qu'ils ne vont pas accueillir la petite nouvelle à bras ouverts.
-À toute à l'heure alors, déclare soudain Louie.
Elle se retourne vers moi et sans attendre me prend par la main. Je sens des petits picotements au bout des doigts mais n'en tiens pas compte et la suis, sans broncher. Nous arrivons bientôt devant un magasin d'objets de plage en tout genre : des planches de surf, des parasols, des seaux et des pelles pour les enfants...
Louie me lâche enfin et s'approche de la caisse ou est installé un vieux monsieur. Il n'a plus beaucoup de cheveux, ses lunettes lui tombent sur le bout du nez et il porte une chemise type Hawaïen tachée. Il n'entend pas immédiatement Louie et celle-ci doit lui passer la main devant le visage pour qu'il remarque sa présence. Il se déconcentre des billets qu'il était en train de compter et fronce les sourcils en nous observant.
-Salut Francis, je te présente Ariella, elle est nouvelle à l'orphelinat.
Le vieux monsieur me dévisage longuement de ses petits yeux marrons et dit sans l'ombre d'une hésitation, comme s'il avait lu dans les pensées de la jeune fille :
-Notre équipe est déjà au complet.
Louie soupire en levant les yeux au ciel.
-Je suis la seule à travailler ici. Et j'aurais bien besoin d'un petit coup de main.
-Je ne la connais pas, je ne peux pas être sûr qu'elle est les compétences requises.
-Quelles compétences ? Savoir ranger des tongues correctement sur une étagère ? Allez Francis !
-C'est non.
Le vieillard se reconcentre sur ses billets et Louie se tourne vers moi, l'air désolée. Une idée germe alors dans mon esprit mais j'hésite à la réaliser. Ai-je vraiment envie de travailler ici ? Ma bouche choisie pour moi.
-Je peux faire deux semaines d'essai.
Le vieux monsieur m'observe une nouvelle fois, l'air interdit.
-Très bien. Tu commences maintenant. Louie, elle est sous ta responsabilité. Si elle fait n'importe quoi, je te vire. Au moins ça me fera moins de gamines à payer.
-Merci Francis !
Je m'attends presque à ce que Louie se jette à son cou mais elle n'en fait rien et me fait signe de la suivre à travers les rayons. Le magasin est plus grand qu'il n'en a l'air et je me demande si je ne vais pas me perdre dans les prochains jours.
Nous arrivons dans une remise à l'arrière où sont entassés de nombreux cartons et des monticules de poussière.
-C'est là que nous rangeons les réserves, m'explique Louie. Je t'expliquerai comment ce magasin marche en temps voulu. Là, on a des livraisons à faire.
-Des livraisons ? je m'étonne.
Louie hoche la tête.
-Oui. Et nous n'avons pas de véhicule. J'espère que tu as de la force dans les bras.
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