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Chapitre 12 • Le vieux Marron


Laérra 

Je frissonne de la tête aux pieds quand le fin tissu de la robe effleure mes jambes. Le vêtement sent bon le lilas, tout comme le parfum de Thanessa. Mes poings se serrent en me remémorant la scène devant son échoppe. J'ai rencontré plus de monde en une heure qu'en trois jours à Thanoc. Là-bas, les gens sortent uniquement les jours de marchés, se saluent à peine avant de baisser la tête et aller critiquer la voisine dès le seuil de sa maison franchit.

Ici, les habitants m'ont tous l'air enjoués, sympathiques alors que nous sommes au cœur de Doemort. Je ne pensais pas, un jour, prendre un bain dans un baquet de bois dans une maison suspendue au-dessus du vide, entourée d'arbres et de branches feuillues.

Je brosse mes cheveux à l'aide d'un peigne que m'a prêté Niall. Si ça ne tenait qu'à Cad, il m'aurait laissé fouiller les tiroirs. Aux vues du peu d'articles qui traînent, on reconnaît là la demeure d'hommes.

— Cadriel, murmuré-je pour moi-même.

Il s'est bien gardé de me le dire, il ne me fait pas confiance. Tant mieux, car moi non plus. J'ai hâte de rentrer à Thanoc, donner l'Orbe au Consul et espérer qu'Alzim m'accorde son pardon pour mon échec.

Sait-il que les Écureuils Noirs sont en réalité des lignées d'hommes choisis pour leurs compétences ? Et certainement pas pour leur galanterie si on s'en tient à Cad.

J'examine la pièce dont le plafond en bois soutenu par des poudres apparentes se confond avec les murs. Je pensais qu'il n'y avait que les sombres tavernes qui étaient construites et cachées dans la cime des arbres.

Il semble y avoir tant de mystères à percer, j'espère en apprendre davantage pour tout rapporter au Consul et son fils dès mon retour. Ma gorge se serre et un poids tombe dans mon ventre, je me convaincs qu'il s'agit uniquement de la faim. Aucune once de jalousie ou d'envie ne parcourra mon esprit, encore moins si le sujet concerne l'Ecureuil Noir.

J'essuie la buée accrochée au seul miroir de la pièce, à l'aide de mon avant-bras. J'ai un hoquet de stupeur et recule de trois pas en découvrant mes yeux. Noir, globuleux. Je bats des cils, ma vision ne semble pas altérée.

Je frotte davantage ma main sur la vitre et j'aperçois de nouveau mes iris verts. Je souffle, bien que mon corps soit encore bouillant de mon hallucination.

— C'est mon imagination.

Je préfère ne pas m'attarder sur mon reflet et enfile l'énorme ruban doré qui complète ma tenue écrue. Thanessa m'a donné une robe blanche dont le col en V qui s'ouvre sur le creux de ma poitrine est cousu sur lui-même. Une couture identique enserre par deux fois les manches trois-quart et donne un côté gonflé au buste du vêtement.

La jupe légèrement plissée qui tombe au-dessus de mes genoux me permet aisément de me déplacer. Je suis aussi à l'aise que dans un bas de velours pour la chasse. Un petit tour sur moi-même, le jupon s'envole formant un cercle parfait avant d'achever sa course et caresser mes cuisses.

Je passe ma main dans ma chevelure humide, des mèches ondulent grâce à leur produit lavant à la noisette. J'ai l'impression d'avoir retiré trois kilogrammes de terre, mon visage me picote tant j'ai frotté fort pour retirer la boue séchée.

On toque à la porte, Niall se présente sur le seuil, tout sourire. J'aurais préféré faire la route en sa compagnie, il est bien moins grognon que son meilleur ami.

— Cette robe te va à ravir ! me complimente-t-il.

Je hoche la tête en sentant le rouge me piquer les joues.

— J'espérais que tu sois prête, je suis attendu à la taverne du Vieux Marron et je voulais que tu sois des nôtres.

— Oh ! C'est gentil mais je ferais mieux de rester ici.

— Hors de question ! Et puis Cadou a ordre de venir te chercher aux premiers rayons de lune.

Face à tant d'enthousiasme, je bats des cils, incertaine.

— Est-ce qu'il y a de quoi se restaurer ?

— Qu'est-ce que vous parlez bien vous les thanociens, ricane Niall, bien sûr il y aura beaucoup de nourriture et de la boisson ! Il faudra que tu goûtes à notre spécialité.

Convaincu par ses propres propos, le blond se retire d'un pas rapide, chantonnant une mélodie dont j'ignore l'air. La demeure est plongée dans le calme absolu l'instant d'après, je quitte la pièce pour pénétrer dans un salon chaleureux.

Ici les planches de bois aux murs et plafond plus foncées accentuent le sentiment de cocon. Un divan sculpté dans un immense tronc trône, des coussins tissés à la main de couleur carmins sont disposés dessus et je rêverais d'y sauter à pied jointes.

J'avais interdiction de bondir où que ce soit au domaine familial et Alzim m'a toujours demandé de calmer ce tempérament fougueux, surtout en public.

Je jette un regard à ma gauche, puis à ma droite. Je suis seule. Je bascule d'un pied sur l'autre. Le plancher sous ma plante nue est agréable, tant qu'on pourrait se passer de chaussons. Puis je me précipite dans la douceur, enserrant un des couffins contre ma poitrine. Des petites plumes blanchâtres s'échappent et s'accrochent à mes vêtements.

C'est aussi douillet que je l'avais imaginé.

Je comprime l'oreiller contre moi, appréciant son doux parfum floral. Mes narines se souviennent de la puanteur du sud de Doemort, l'odeur de la mort persiste encore par moment. Je réprime une grimace en me remémorant le tas de feuilles et d'os dans lesquels nous sommes tombés.

— Qu'est-ce tu fiches ?

Je me redresse vivement, découvrant Cad sur le pas de la porte. Mon regard passe de sa chevelure sauvage, qu'il a pris la peine de brosser, à sa tenue. Il ne ressemble plus vraiment à l'homme que j'ai croisé en forêt. Le Voleur porte une chemise ample écrue dans les mêmes teintes que ma robe. Son bas beige en lin est rentré dans une paire de hautes bottes noires en cuir.

Il arque un sourcil attendant une réponse, je suis toujours calée dans un coin du divan, un coussin contre moi. Nous nous observons en silence. Pam bondit sur l'accoudoir et vient récupérer les plumes qui se sont envolées, il grogne de mécontentement en poussant des petits cris.

— Il ne supporte pas le bordel chez lui, m'informe Cad.

La sale bête tire de ses petites pattes sur le coussin que j'ai encore contre la poitrine. Il va jusqu'à me mordiller le bout des doigts. Je soupire et abandonne ma place.

— Qu'est-ce qu'il est...

Je marmonne l'injure pour moi-même, le Voleur m'examine de la tête aux pieds, un rictus narquois se dessine sur son visage.

— Attention à ce que tu vas dire, il est susceptible.

Je me renfrogne, observant du coin de l'œil Pam arranger comme il peut à l'aide de sa large queue touffue les couffins avant de ricaner.

— Il est bizarre, oui, affirmé-je.

Cad hausse les épaules et se rend devant une penderie dont les portes rappellent la cime des arbres à l'extérieur, pour y saisir une cape. Je reste statique au milieu de la pièce, le détaillant dans ses moindres gestes. Il connaît le lieu et ses habitants par cœur.

Pourtant il semble chercher des affaires en se penchant sur une pile de vêtements parfaitement pliés. Ou a-t-il bien pu se rendre pour être aussi présentable ? La question me chatouille les lèvres et je sais qu'il serait malpoli de la poser. Ce ne sont pas mes affaires de toute façon. Sentant mon regard brûlant sur sa nuque, il fait volte face. Cad me scrute alors que je prends racine, penaude.

— Niall m'a chargé de t'embarquer. Il semblerait que tu lui plaises....

Il semble aussi ravie que moi de devoir le faire.

— Je peux rester ici, si ma présence est de trop, claqué-je en croisant les bras contre la poitrine.

Le Voleur plonge son regard dans le mien. Sans s'attarder sur le nœud de son capuchon qu'il boucle de ses doigts agiles, il s'amène à ma hauteur en deux enjambées. Je plisse les paupières tant l'intensité de ses iris me déstabilise. Puis je détourne la tête ne supportant plus ses interrogations silencieuses.

— Fais pas ta tête de lard. J'ai abandonné Thanessa, ma première pinte et un fauteuil confortable pour venir te chercher, alors maintenant tu viens, soupire-t-il.

Ma gorge se serre et je pince mes lèvres.

— Tu pouvais rester avec elle.

— Ne t'en fais pas, la Chasseuse, je compte bien y retourner.

Ses commissures s'étirent largement, mes joues se colorent de gêne au haussement de sourcils de Cad, lourd de sous-entendus.

— C'est dégoûtant, lâché-je.

— Oh, parce qu'avec ton cher Alzim ça ne l'est pas, petite prude ?

Accompagnant ses propos, Cad amène ses doigts à mon visage, il trace le contour de ma mâchoire avant de saisir fermement mon menton. Mon cœur bat à la chamade et le souffle me manque.

— C'est donc ça...

J'ignore ce qu'il pense. Une étincelle brille dans ses pupilles et un air moqueur se dessine sur ses traits. Cadriel me relâche, j'ai encore du mal à réguler ma respiration et mon palpitant s'excite tout le long de ma gorge jusqu'à l'endroit où la trace de sa main brûle encore ma peau.

Nous n'avons pas échangé un mot depuis notre départ. Je jette de temps à autre des coups d'œil au Voleur et sa sale bête postée sur son épaule. Cette dernière me surprend à les épier et dandine son derrière en guise de provocation. Je vais l'étriper.

Chaque habitation est reliée avec les autres par des pontons de rondins de bois, des lampions éclairent les chemins et se balancent au gré de la douce brise. Les enfants se précipitent, la structure tremble à peine.

Sous nos pieds, le vide est si impressionnant qu'on n'aperçoit pas le véritable sol de la forêt. Je n'ai pas le vertige mais quand un chariot plein à craquer de babioles se fraye un passage, je tente par tous les moyens de rester le plus loin possible du bord, quitte à ce que mon coude percute celui de Cad.

Au sixième acoup qui me donne des fourmis jusque dans le poignet, le Voleur grogne.

— Pas de panique, la Chasseuse. Tu ne vas pas tomber.

— Tu rêves de me pousser en bas.

Ses commissures s'étirent dans un demi-sourire, il place ses mains à l'arrière de sa nuque. Il pourrait marcher les yeux fermés sur la corde qui sert de rempart qu'il ne chuterait pas.

— Bien vu, me taquine-t-il en jaugeant la hauteur.

J'ignore sa remarque et pose mon regard sur les étendues d'herbes qui longent les ponts. Le vert dans toutes ses nuances domine le lieu. Des lianes ont poussé le long des plots de bois, des buissons de fougères couvrent les pans de murs des demeures.

Au loin, forgée dans la cime d'un gigantesque chêne, se dessine la taverne. Le Vieux Marron. D'immenses fenêtres laissent à peine deviner ce qui se passe à l'intérieur. J'aperçois des silhouettes danser, s'enlacer, bondir.

J'ignore quand la nuit est tombée, c'est difficile à dire en ce lieu. Mais les lumières artificielles des lanternes de papiers illuminent le chemin jusqu'à l'entrée. Tout le monde semble être invité, ce soir.

Des habitants s'amènent par groupe, ceux à l'intérieur se placent sur le seuil de la porte, d'immenses sourires touchants peint sur leur visage. Ils trépignent d'impatience, gesticulant d'un pied à l'autre.

Cad fronce les sourcils et jette un œil au vide, avant de me chopper le poignet.

— Dépêche, on va rater le Lelicous !

— Le quoi ?

Il ne prend pas la peine de répondre et nous fait presser le pas pour se glisser dans la foule. Quelques curieux posent un regard interrogateur sur moi mais ça ne dure pas. Les lampions s'éteignent un à un comme par magie. Nous sommes plongés dans l'obscurité, je n'aperçois rien à deux mètres.

Plus personne ne bronche, je n'ose plus respirer, sentant à peine la chaleur de Cadriel à mes côtés. Est-ce que c'est un piège ? L'envie de poser ma main sur lui me démange, j'ai besoin de savoir qu'il est là. C'est ridicule, je lève néanmoins mon bras mais m'arrête net dans mon geste.

Une infime lumière provenant du vide vient d'apparaître. Elle est accompagnée par une seconde, puis une troisième. Je réalise qu'il s'agit de lucioles à leurs danses gracieuses, elles illuminent la nuit tour à tour, volant en cercle autour du pont que nous venons de franchir.

Des petits cris d'exclamation retentissent, je continue de fixer le lointain dévoré par la nuit. Qu'est-ce qu'ils attendent tous ? Les gens se resserrent, mon pied écrase celui de Cad qui ronchonne.

— T'es insortable, sérieux.

— Qu'est-ce qu'on fait ? demandé-je.

Des sifflements bourdonnent dans mes oreilles, on nous demande de nous taire. Je ne le vois pas distinctement mais je devine sans mal la grimace que me tire le Voleur. Tandis que les lucioles continuent leurs spectacles, scintillant dans la nuit, mon cœur battant fort, je donne un coup de coude en guise de provocation à Cad.

Il grogne et je manque de m'étouffer quand il plaque sa main sur ma hanche pour me caler contre lui. Une autre personne vient se glisser à ma place initiale. Je suis coincée entre les deux. Mon palpitant résonne dans mes oreilles et j'ai du mal à me concentrer sur la forme qui se dessine au bout du pont. L'odeur de Cad s'infiltre dans mes narines et mon ventre se tord un peu plus.

Les insectes lumineux se placent tel un rideau devant nous, les battements d'ailes donnent l'impression qu'il s'agit d'un tissu doré qui vole au gré du vent nocturne. Une silhouette se matérialise, je reconnais aussitôt la tête blonde, couverte de feuilles de laurier. En réalité, Niall porte un costume végétal de la tête aux pieds. Les épaulettes sont façonnées dans de fines brindilles, les mêmes qui forment sa couronne.

Des fleurs blanches complètent la tenue d'apparat. La foule applaudit, j'essaie tant bien que mal de suivre le mouvement malgré la présence de Cad. Mon coeur n'a pas ralenti sa course une seule fois.

— Joyeux anniversaire ! s'exclame les habitants en chœur.

Solennellement le meilleur ami de Cad leur offre une révérence, il reste un certain temps voûté vers l'avant, les lucioles tournoyant autour de lui. Est-ce qu'elles lui rendent grâce ? Je crois que j'avais entendu quelque chose là dessus, dans un des contes que racontait ma mère quand j'étais enfant.

Niall se relève brusquement, poussant un cri de joie. Il sautille sur lui-même, les insectes s'éloignant à chaque mouvement. Il se dandine à l'image de Pam, des feuilles tombent de son postérieur. Je rougis jusqu'à la racine des yeux en découvrant qu'il ne porte rien d'autre.

J'entends déjà la remarque de Cad dans mon esprit, par chance il ne voit pas mon visage.

— Que la fête commence !

La marée humaine m'entraîne cette fois-ci à l'intérieur de la taverne. Je perds le Voleur et sa sale bête des yeux, me retrouvant au centre d'une immense pièce. L'odeur de pin et de bois humide masque à peine celle de Cad. Je frotte mon nez pour la dissiper, il faut qu'il songe à changer de savon.

Je plisse des yeux pour m'habituer à l'obscurité de la taverne. Une persistance rétinienne crée des petites étoiles noires dans mon champ de vision tant les lucioles ont ébloui la nuit.

Niall arrive en prince dans le lieu, il est accueilli par des cris, les gens le hissent sur leurs épaules. Il semble voler au-dessus de leurs têtes. Je m'attarde sur la décoration alors qu'une musique de tambour résonne depuis le fond de la pièce. Plusieurs énormes racines percent la toiture, tel des poudres qui soutiennent une maison, elles sont l'armature du lieu. Des rideaux de lierre cachent des passages où j'aimerais m'aventurer.

Les tables en bois massif, accompagnées de chaises aussi costaud semblent être sorties des entrailles de l'arbre. Je passe ma main sur le dossier, la matière est lisse.

— Une petite coupe pour la demoiselle en l'honneur de notre prince d'un soir !

Un homme à la longue barbe marron me tend une choppe en argile. Je me saisis du lourd contenant, découvrant un liquide épais à la teinte caramel, une douce odeur sucrée s'en dégage.

Puis je fronce les sourcils, elle me rappelle l'odeur de Cad, il a dû en boire avant de me récupérer.

— Qu'est-ce que c'est ? demandé-je en haussant la voix.

Les cris de joie et la musique redoublent de puissance, je m'entends à peine penser. Les plus heureux se sont rendus sur une piste de danse pour se trémousser dans un rythme qui m'est complètement inconnu. Je repère la belle chevelure de blé de Thanessa mais le Voleur n'est pas à ses côtés.

J'en lâche un soupir et m'étonne de ma réaction. Nous n'avons pas beaucoup marché, je saurais trouvé le chemin du retour sans lui de toute façon.

— Un colepi de seves ! m'explique-t-il en buvant une gorgée dans son propre verre.

— Celle des arbres ?

Je ne m'étonnerais pas qu'ils mangent des biscuits aux racines bientôt. Il m'intime d'y goûter et je m'exécute. Je plaque ma langue contre mon palais, essayant de reconnaître les différentes saveurs. Il y a des herbes, la forte odeur de thym me chatouille la gorge. L'homme m'observe, attendant une réaction de ma part.

— Oui, c'est pas mal.

Ça n'a pas le goût acidulé de la sapinoise. Cette boisson me rappelle tant de moments auprès d'Alzim. Mes yeux se perdent sur un couple entrelacé qui danse. Je me souviens d'un soir d'anniversaire, j'avais passé la pire journée qui soit. Mon entraînement avait été catastrophique et le criminel m'avait filé entre les doigts.

Alzim m'avait conduite dans une vieille auberge, une de celles qui n'existent plus, bien cachée derrière les hauts buissons de fougères. J'avais bu ma première sapinoise en sa compagnie, j'étais légèrement enivrée. Il m'avait écouté me confier sur toutes les horreurs de mon enfance, ma tête contre son épaule solide, sa main dans ma chevelure.

Et nous nous étions promenés sous le clair de lune, accompagnés par le chant des criquets. L'année de mes seize ans fut la plus belle qui soit depuis la disparition de ma mère.

— Tu as vraiment mauvaise mine.

Je cligne des yeux, quittant les champs de blé d'une autre époque pour découvrir Thanessa face à moi. Elle porte une tenue somptueuse, je fais pâle figure à côté. J'ai l'impression que la boue est restée incrustée sur mes pommettes.

— Je suis fatiguée, affirmé-je.

— Il faut que tu danses, ça va te réveiller !

J'ai envie de rétorquer qu'elle peut trouver un autre cavalier comme Cadriel mais elle ne m'en laisse pas le temps. Elle me retire mon verre et je me retrouve au centre de la taverne, les gens tournent dans tous les sens. Ils lèvent leurs jambes, leurs bras, tapent dans leurs mains en poussant un cri.

Niall est au milieu de la foule, il donne le rythme et même les plus jeunes l'imitent. Thanessa m'intime d'en faire de même, je tente de déhancher mon bassin mécaniquement, je ne suis pas aussi souple qu'elle.

J'ai appris à me tapir dans l'ombre, à bondir sur l'ennemi et parfois à lui envoyer mon genou dans les bijoux de famille. En parlant du loup, Cad s'amène, Pam a disparu de la circulation mais j'imagine sans peine qu'il se goinfre dans un coin.

J'ai aperçu des dizaines de plats sur le bar, je me lèche les babines à l'idée de manger les brochettes de marrons confits.

Le Voleur débarque et pose un regard indescriptible sur moi puis se détourne vers la blonde pour lui proposer une danse. Mon cœur rate plusieurs battements, je cille avant de revenir à la raison.

— Tu devrais danser avec Laérra ! ordonne Thanessa.

Je serre les dents, il a osé lui donner mon prénom. Contre toute attente, le Voleur ne proteste pas et me tend sa main. Je reste coi, la bouche légèrement entrouverte.

— Vas y, insiste Thanessa, il est juste un peu saoul.

A y regarder de plus près, les yeux de Cad brillent plus que d'ordinaire et son sourire narquois s'est changé en un rire joyeux. Poussée par la blonde, je finis par accepter son invitation. Cadriel m'entraîne, dès lors que sa paume se pose aux creux de mes reins, mon cœur défaille.

Sa chaleur me marque la peau et mes joues se colorent. Il mène le bal, j'imite ses gestes, me trompe entre ma gauche et ma droite. Ce qui me vaut une moquerie de sa part, pourtant je ne me vexe pas. Il ne ressemble en rien à l'Ecureuil Noir de notre rencontre, juste à un jeune homme, séduisant.

— Tu ne sais pas te servir de tes pieds correctement, Laé.

Je ne m'habituerais jamais à la manière dont il prononce mon nom, enfin mon diminutif. Il a une manière particulière d'articuler les sons et je fixe ses lèvres qui se courbent lorsqu'il reprend la parole.

— Tu m'écoutes ?

Je cligne des yeux, honteuse. Ma tête n'entend plus que ces derniers mots.

— C'est votre cole.. quelque chose, c'est très fort.

Cadriel ricane, ma poitrine se gonfle. Leur alcool va avoir raison de moi si je ne me ressaisis pas.

— La meilleure production de colepi depuis des années ! s'exclame le Voleur.

Je ris à mon tour devant tant de sérieux, Cad place sa main contre son cœur, solennellement. Il abandonne l'idée de m'enseigner leurs pas de danse et m'entraîne vers le bar. Sa main plonge dans la mienne, mon palpitant bat comme un fou de ma paume jusqu'aux creux de ma poitrine.

Je me retrouve avec une nouvelle chope de colepin et quelque chose en main, Cad me met au défi de la boire d'une traite. J'échoue lamentablement en manquant de m'étouffer à la moitié.

— Petite nature ! se moque-t-il.

— Fais le-toi ! l'intimé-je en attrapant un autre verre en terre cuite.

— J'aime quand tu me mets au défi.

Son sourire est à moitié caché par le rebord de sa pinte, c'est tout de même suffisant pour me déstabiliser. Le souffle me manque, il s'échappe de ma cage thoracique sans que je puisse le retenir.

Pour me ressaisir, j'avale le reste de ma boisson. Un serveur se présente devant moi, il dégage une aura particulière, un peu comme celle que je peux ressentir lorsque je tire une carte. Il tient un pichet en main, au lieu de me servir, il m'observe intensément. Ce qui est très perturbant.

— Soyez la bienvenue, ma Reine, déclare-t-il d'un ton sombre dans le brouhaha avant de s'incliner.

Tandis qu'il remplit ma chope, il coule un regard sur Cad puis sourit plus largement. Il disparaît dans la foule, se noyant dans la masse et disparaît de ma vision comme s'il n'avait jamais existé.

   • • •

Hello, ça faisait longtemps, mais voici un nouveau chapitre ! On se retrouve avec notre joyeuse bande pour une bonne soirée ! Prêt à trinquer avec un verre de Colepi ? 


Hedgye & Marie

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