Chapitre 17 : De nouveaux ennuis
Le lendemain matin, le réveil fut douloureux. Elle n'avait dormi que quelques heures cette nuit-là, déboussolée par la discussion de la veille, qui lui donnait l'impression de s'ancrer dans un cauchemar.
Elle se rendit sur place à pied, étant donné que le lieu n'était pas très loin de sa chambre, et s'engouffra à l'intérieur de la grande pièce en métal. Cette fois, elle avait pour tâche d'emballer les rations qui allaient être distribués par les Passeurs. Léana n'était pas avec elle, puisque cette dernière avait été assignée aux cuisines pour la préparation des repas du midi.
Mackenzie connaissait bien le contenu des rations qui allaient être délivrés, pour en avoir volé plusieurs lorsqu'elle était dans les terres sauvages. C'était toujours plus ou moins identique. Il y avait des légumes, des féculents, des fruits et des produits laitiers déjà transformés. Chaque famille Elite recevait autant de ration journalière que d'enfants vendus. Un calcul sanglant, qui devait répondre aux besoins des enfants de moins de douze ans et de la mère Elite.
Il fallait donc espacer les naissances pour ne pas crouler sous le besoin, par rapport aux rations délivrés, tout en prenant en compte qu'une fois envoyé au front, à 22 ans, plus aucune ration n'était envoyée pour le compte de cet individu.
Certaines mères avaient donc tout comptabilisés, elles savaient quand tomber enceintes pour survivre. Elles oubliaient cependant une chose : Les clandestins étaient nombreux et attaquaient souvent les camions de rations, si celles-ci n'étaient pas volés au sein même de leur maison. Cela dit, les rations perdues n'étaient jamais renouvelées. Il fallait donc attendre la semaine suivante, en priant de bien recevoir, cette fois, tout son dû.
Mackenzie n'avait jamais ressenti de pitié lorsqu'elle volait quelques-unes de ces rations, sûrement parce qu'elle avait encore de la rancœur envers son propre foyer. Elle mettait cependant un point d'honneur à ne jamais voler, sur la même période, la même famille.
Aujourd'hui, Mackenzie travaillait dans la réserve, où des cartons vides étaient empilés. Elle avait pour objectif de remplir ces cartons avec des légumes et des récoltes diverses tout en suivant une liste qu'on lui avait délivré, avant de les déposer sur un tapis emmenant le tout dans l'entrepôt de livraison.
Les gardes ici étaient bien plus nombreux, vérifiant qu'aucune contrebande ne circulait, ni même qu'aucune ration n'était inéquitablement remplie. Cependant, l'entrepôt était l'endroit le plus surveillé de toute la sous-zone. Il était, et se devait d'être, totalement impénétrable.
Aucun actif n'y travaillait où ne pouvait y déposer un pied, sous peine d'être abattu. De toute façon aucun chemin ne permettait de s'y rendre, si ce n'est en se faufilant sur l'un des tapis roulants qui transportaient les rations jusqu'à l'entrepôt. Mais là encore, l'ouverture était à peine assez grande pour laisser passer une tête.
Seuls les Passeurs s'y rendaient et chargeait les camions. L'ouverture vers l'extérieur semblait immense, mais Mackenzie ne pouvait que profiter des rayons du soleil qui passaient difficilement en remontant tout le chemin d'accès des tapis roulant.
Affairée à sa tâche, elle fut surprise de voir Léana venir à ses côtés. Celle-ci regardait furtivement aux alentours, et une fois après avoir trouvé Mackenzie, elle se dirigea furtivement vers elle, presque sur la pointe des pieds.
« Je suis désolée, je n'ai pas réussi à récupérer le planning des inspections. Quand je l'ai demandé à Velingrade, il m'a déclaré qu'un des fuyards l'avait récupéré, mais il ne sait pas lequel, et je n'ai aucune possibilité de la savoir par moi-même.
– Pas de soucis, pour l'instant, je n'ai rien à cacher, répondit Mackenzie en regardant rapidement autours d'elle.
– Si jamais tu as besoin de dissimuler quelque chose, reprit Léana, fais-moi signe. J'ai déjà été inspectée. »
A ces mots, elle s'éloigna, mais un garde la stoppa dans sa démarche :
« Tu fais quoi ici ?
– Je suis désolée, répondit la concernée, je devais voir combien de rations sont à envoyer aujourd'hui.
– Pourquoi tu ne t'es pas adressé à un garde pour cela ? Et qui est-ce qui t'envoie faire ça ?
– Je ne connais pas le nom de la personne, mais si vous voulez, je peux vous emmener vers elle ? »
Le garde la regarda droit dans les yeux, et la somma de partir. Léana savait très bien ce qu'elle faisait, et contrairement à la dernière fois, elle avait gardé un calme incroyable.
Elle savait, tout comme Mackenzie l'avait récemment appris, que tous les gardes avaient des directives à suivre, et des règles à ne pas enfreindre. L'une d'entre elle, les empêchait de quitter leur poste, quoi qu'il arrive, et c'est cette carte qu'elle avait joué à cet instant.
Une fois la journée terminée, Mackenzie se fit fouiller. Cette fois c'était plus long et méticuleux, mais le lieu de travail l'obligeait. Après avoir passé par ces mains baladeuses, elle se rendit dans sa chambre, exténuée. Il était fatiguant de faire les mêmes gestes à longueur de journée et de ne jamais avoir de jours de repos. Les congés, les vacances, personne ne connaissait la signification de ces mots ici.
Quand elle rentra dans sa chambre, elle fut surprise d'y voir Eliott, accompagné de gardes. Ça faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas vu son visage, et ça ne lui avait pas manqué, bien au contraire.
« Tu tombes bien, tu vas nous expliquer ce que c'est », lui avait-il demandé en tendant à son encontre un objet.
Cela ressemblait à un banal collier de perles, mais Mackenzie comprit exactement dans quoi elle venait d'être embarquée.
« Eh bien, avait-elle répondu sarcastiquement, c'est un collier. Je suis sûr qu'il vous irait à ravir. »
Le visage de son superviseur vira immédiatement au rouge, la colère venait de lui monter aux joues.
« Ne te fous pas de ma gueule ! lui dit-il en la prenant aussitôt par le bras. Sale petite garce, tu sais ce que ça va te coûter d'avoir voler ce bijou ?! »
Il la relâcha violemment avant de reprendre :
« Tu avais été calme ces derniers temps, j'aurais dû me douter que tu préparais un sale coup.
– Vous n'avez aucune preuve que c'est moi qui ai volé ce collier. Et puis, qu'est-ce que j'en ai à foutre de cet objet sans valeur ?!
– Me prends pas pour un con ! On vient de le trouver sous ton oreiller. Alors à moins que tu chie des colliers en perles durant la nuit, c'est une sacrée coïncidence, n'est-ce pas ? »
Finalement, l'inspection de sa chambre avait lieu aujourd'hui. Si elle l'avait su, elle aurait vérifié au préalable que rien ne puisse l'inculper. Mais elle n'avait pas eu cette opportunité, sachant que jamais elle n'avait imaginé être la cible d'une telle farce. Elle était pourtant sûre que rien d'anormal ne se trouvait sous son oreiller les nuits précédentes.
« Ce n'est pas moi, avait-elle clamé, j'étais à mon poste toute la journée, vous n'avez qu'à aller vérifier ! Et puis, je vous rappelle que tous les actifs ont accès aux chambres pendant l'heure du midi, vous ne pouvez pas m'accuser de la sorte !
– J'en sais rien, tout ce que je sais, c'est que ce matin on nous apprends la disparition du collier, et le soir-même, lors de ton inspection, on le retrouve. En tout cas, c'est pas moi qui vais prendre ça en charge. Quelqu'un veut te voir, tu n'auras qu'à le convaincre de ton innocence. »
Mackenzie n'en revenait pas. C'était un drôle de jeu qu'on lui faisait là. Elle ne savait pas qui avait osé lui faire ce coup bas, mais une fois sorti de ce nouveau cauchemar, elle comptait bien mener sa petite enquête. Son intuition lui soufflait qu'un des fuyards n'était peut-être pas innocent, surtout en sachant qu'ils avaient le planning des inspections, et donc qu'ils étaient au courant.
La demoiselle serra des dents. Elle espérait ne pas être le bouc émissaire d'une stratégie tristement identique à l'ancienne. Eliott, pris la direction de la porte avant d'ajouter :
« En tout cas, si tu n'es pas la coupable, tu devrais commencer à te méfier. Un vautour te tourne autours et attends juste que tu te fasses bouffer. »
Il ricana, et sans un mot de plus, partit accompagné d'un de ses gardes. L'autre resta là et engagea Mackenzie à le suivre. Quelqu'un voulait la voir, et ça n'allait pas être n'importe qui...
© Tous droits réservés
TragicBird - Wattpad
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro