En refermant la portière, j'ai soupiré. Et de une étape derrière moi. J'ai mis la fiole des souvenirs de Drago dans une mallette, puis j'ai recueilli mes souvenirs de cette nuit et de cette matinée. Sans y ajouter le passage à la maison, bien sûr. Pas besoin que qui que ce soit sache que l'ex ennemi public N°1 (censé être mort) était vivant. Je me suis ensuite dirigée vers le mur, où j'ai récupéré les autres fioles soigneusement étiquetées. Je les ai mises dans la malle elles aussi, et, prenant le tout comme une sacoche, je suis montée dans l'ascenseur. Direction le niveau moins quatre, Département de la Justice Magique. Une pancarte indiquant "ne pas déranger" avait été placée sur la bonne porte. Pffff ...
J'ai toqué, et je suis entrée. La cour au complet devant moi ... Il y avait de quoi être impressionnée. Mais, contrairement aux prisonniers qui allaient suivre, j'ai été accueillie par des sourires. Au centre de la salle, une Pensine.
- La Cour peut se réunir, a déclaré Kingsley, à la barre du juge, une fois que je me suis installée derrière celle des témoins. Mademoiselle ...
Je me suis levée, bloc-notes en main.
- J'ai interrogé, comme demandé, les dénommés Mangemorts séjournant au dernier niveau. J'ai analysé leurs gestes et leur attitude pendant qu'ils répondaient, certains m'ont confiée leurs souvenirs, pour d'autres j'ai du ... improviser ... En tout cas, il n'y a eu qu'un seul cas où j'ai vraiment eu du mal. Les trois derniers cas, eux, sont je crois les plus intéressants.
J'ai ensuite décrit les interrogatoires, les ai agrémentés de commentaires à certains moments, puis, j'ai invité Minerva McGonagall à analyser les souvenirs recueillis. Elle s'est exécutée, et, quelques heures plus tard (pendant lesquelles j'avais sorti un livre), elle est sortie du dernier souvenir, en l'occurrence celui de Drago Malfoy. Puis, j'ai sorti deux fioles supplémentaires.
- Je me suis permis de vous donner, en tant que témoignage, la vision elle-même de chaque interrogatoire.
Tous les membres du Magenmagot, l'un après l'autre, on à ce moment plongé la tête dans la Pensine. Ils n'étaient pas très nombreux, je les ai donc accompagnés. Ça a été un calvaire. C'était tellement long !
Mais ils ont finalement réussi à arriver aux souvenirs qui m'intéressaient le plus. La famille Malfoy. À ce moment là, Minerva s'est jointe à nous, et, quelques heures plus tard, est ressortie avec nous. Pendant ce temps, les autres membres de la CEIA avaient dressé un bilan, et n'attendaient plus que la confirmation de la véracité de mes dires. Cette confirmation a rapidement été obtenue, et le bilan, publié.
- Avery: prison à perpétuité. Dolohov: prison à perpétuité. Mulcimber: de même. Nott: de même. Rokwood: de même. Rockade: dix-huit ans de prison. Travers: prison à perpétuité ...
La litanie s'est poursuivie. Personne n'était exempt de prison, et très peu y allaient pour une durée limitée. Puis, finalement:
- Malfoy Lucius et Narcissa: neuf ans de prison. Malfoy Drago: Liberté accordée.
Le seul à l'avoir obtenue ! Le pauvre. Vivre sans père et sans mère pendant neuf ans, ça allait être difficile.
- La séance est levée ! La prochaine aura lieu demain dès huit heures, pour rendre la sentence publique aux accusés.
- Une minute Shacklebot ! ai-je lancé.
- Oui ?
- Qu'adviendra-t-il du jeune Malfoy ? Il n'a plus de famille, selon la loi.
- Vous avez raison, a approuvé Minerva, je n'y avais pas pensé.
- Que proposez-vous, Miss Dumbledore ? a demandé quelqu'un dans l'assemblée.
- Je ... J'ai une grande maison. Je pourrais le prendre en charge et le surveiller.
Ils ont haussé les sourcils. Moi-même, j'étais étonnée par ma propre pensée. Puis, un plan a germé dans mon esprit, et une possibilité m'est apparue.
- Accordé, a dit Kingsley. Je vous vois tous demain, à huit heures.
- Et vous, a-t-il ajouté en s'approchant de moi, je ne croyais pas que vous puissiez faire ou dire quelque chose dans ce genre. Mais après tout ... il a bien le droit à une seconde chance ...
Je l'ai salué, et je suis sortie.

********

De retour chez moi, j'ai été accueillie par un Voldemort ravi de me voir enfin de retour. Je me suis effondrée sur mon canapé, et je suis restée comme ça une bonne demi-heure.
Remarque, il y avait une bonne raison.
Attendez une minute, que je comptabilise ...
Qu'est-ce que je voulais dire ?
Ah oui ! Je n'avais pas dormi depuis quarante huit heures d'affiliée.
Et en plus, je devais encore préparer la maison pour Drago.
Je me suis péniblement levée, et je me suis traînée jusqu'à la cuisine. J'ai mis mes ustensiles au travail, et, le temps de préparer les sandwichs, je me suis appuyée contre le mur, vidée.
On a rapidement dîné, et j'ai filé me coucher. Voldemort voulait lire encore un peu, je l'ai laissé faire.

En plein milieu de la nuit, mes pensées, changées par la fatigue, se sont remises à l'endroit. Je me suis réveillée en sursaut à deux heures du matin, avec dans la tête l'idée que je devais changer l'organisation de la maison.

J'ai filé au rez-de-chaussée, toute fatigue évanouie. Je me suis activée, déplaçant certaines choses, silencieusement, pour ne réveiller personne. Au premier étage, à côté du salon, une chambre d'amis avait été construite. Je l'ai rapidement réaménagée, j'ai refait la déco des murs (blancs) d'un coup de baguette, les transformant en vert avec des fleurs argent, avec un serpent (argenté) sur le tapis (vert). Comme par hasard ...
Ensuite, j'ai relancé l'usage de la salle de bains, et j'ai déménagé la moitié des ustensiles dans la cuisine à l'étage. Pas besoin d'elfe de maison pour tout préparer.
La double bibliothèque a été conservée, j'ai donc laissé les livres à leur place. J'avais deux exemplaires de chaque, un en haut, un en bas.

Satisfaite, je suis retournée me coucher sans arrière pensée.

Lorsque je me suis réveillée, le lendemain matin, vers six heures, j'ai vu que tout était resté en place depuis la nuit. Un simple coup d'oeil dans la chambre d'à côté m'a informée que M. Jedusor ne dormait plus.
Oh grande surprise, je l'ai découvert dans la cuisine, préparant le déjeuner. Puis, sans ambiguïté, il s'est tourné vers moi. Son regard de braise était à nouveau clair. Whoups.
- J'ai tout vu. Tout compris.
- Je ...
Je n'arrivais plus à aligner deux mots de façon cohérente.
- Tu m'as drogué, empoisonné avec un philtre d'amour.
- N'exagère rien ...
- Mais je sais que tu m'as sauvé. Et j'ai compris que tu m'aimes. En ce qui me concerne, je ne sais pas encore.
RE-WHOUPS géant. Je me suis assise à table tandis qu'il servait le petit-déjeuner.
- En tout cas, je sais que tu m'attires d'une façon qui n'est pas de coutume chez moi. J'ai donc décidé que je resterai ici.
- En parlant de ça, ai-je lancé, tout mon aplomb retrouvé, nous allons accueillir un visiteur. Pendant une durée indéterminée. Donc, il va falloir que tu restes en haut, su tu ne veux pas être dénoncé. La cuisine du haut est en relation avec celle du bas. Si tu utilises quoi que ce soit, ça disparaîtra en bas. Donc, fais attention. Je suis censée revenir à midi, sauf erreur de ma part, et de repartir trois quarts d'heure plus tard, pour revenir le soir avec notre invité. Je te demanderai donc de ne pas m'attendre en bas.
- D'accord, a-t-il fait platement.
J'ai fini ma tartine beurrée, et j'ai attrapé une ample cape noire. Je l'ai mise sur mes épaules, et je suis sortie. Une fois dehors, je me suis appuyée contre la porte, en repensant à ce qui venait de se passer ...
Whaou ! Indirectement, VOLDEMORT m'avait faite une déclaration. Indirectement, certes. Mais il avait bien dit que je "l'attirais d'une façon qui n'était pas de coutume chez lui".
Shootée, j'ai transplané.
Et je suis apparue devant l'entrée professionnelle du ministère.
Huit heures moins dix.