Chapitre 4
J'ai ouvert la porte de ma maison, et, première chose que j'ai vue, un salon, une salle à manger et une cuisine vides. Je suis montée à l'étage supérieur, et j'ai vu un certain homme dormir dans l'une des chambres. Bon, d'accord. Je suis redescendue, j'ai sorti ma baguette, et j'ai lancé en l'air les couteaux. J'ai sorti le pain à la main en maintenant les couteaux en l'air, et ils se sont rapidement mis à trancher le pain d'eux-mêmes. J'ai sorti du beurre, du lait, et un pot de confiture. La journée classique pour une femme moldue, quoi ... Enfin, sauf les couteaux. Et vu l'activité desdits objets, la femme se serait sans doute évanouie, mais bon. J'ai laissé le pain en tranches se poser dans une corbeille, j'ai sorti un pot de chocolat en poudre et deux assiettes, et le tout s'est gracieusement envolé pour se poser sur ma table.
A ce moment, j'ai entendu un doux frottement, comme si quelqu'un marchait sur un tapis. Voldemort (toujours avec son visage de serpent) a descendu les escaliers, et sans une question et sans un mot, s'est assis. J'ai sifflé. Ah ces mâles ! Tous les mêmes. Pas moyen qu'ils aident. Il a osé deux ou trois questions pendant qu'on mangeait, et je lui ai tranquillement répondu. Il ne me restait plus "que" les Malfoy à interroger, les données récoltées à envoyer, et des centaines d'employés à sonder. Pfff ... J'aurais préféré aller dormir. Tom m'a rapidement informée qu'il avait reçu mon Patronus, et qu'il allait lire pendant la journée. J'ai mentalement souri. Tom Elvis Jedusor vaquant à des occupations "normales" ! Whaou ! On pouvait dire que ma présence était bénéfique.
Tranquillement, je suis ressortie, après avoir débarrassé la table d'un coup de baguette. Mentalement, j'ai révisé mon programme de la journée et des jours à venir. Interroger les Malfoy, remettre mon rapport, l'analyser, le commenter avec la Cour de Justice et le Magenmagot au complet, assister aux enterrements des morts au combat, discuter avec H.P, interroger les employés du ministère, etc ... Bref, un programme bien rempli. Ni plus ni moins.
En une demi-heure, j'étais là où je devais être. J'avais encore croisé Kingsley sur mon passage, et l'avais informé que je remettrais le tout d'ici environ deux heures, le temps de mener les trois derniers interrogatoires. Il avait paru satisfait, et avait précisé que la (nouvellement crée) Commission d'Examen des Affaires Internes (CEIA), soit la Cour de Justice et le Magenmagot, serait prête à tout analyser.
Je suis entrée d'abord dans la cellule de Lucius Malfoy. Pâle, amaigri, il semblait mal en point. C'était un homme détruit que j'avais en face de moi.
Je me suis assise, et l'ai invité à faire de même. Résigné, il s'est exécuté.
- Lucius Malfoy ?
- Oui.
Ton morne, quelque peu triste. J'ai noté mes pensées.
- Vous avez été enrôlé en tant que Mangemort auprès de Voldemort ?
Il a frémi, lui aussi, mais a fait un signe de tête affirmatif.
- Avez-vous tué ?
- Oui.
Je n'arrivais pas à déceler la nuance de ce ton. Regret ? Tristesse ? Résignation ?
- Avez-vous suivi le Seigneur des Ténèbres de votre plein gré ?
- Oui. Pendant la première partie de son règne. Avant les actions "Potter".
- Et ensuite ?
- Je ne sais pas. Au début, sans doute, après, non.
Ah tiens ! En voilà un qui semble regretter de l'avoir suivi. Nouveauté du jour.
- Avez-vous usé de Sortilèges Impardonnables ?
- Un peu.
- De votre plein gré, ou sous contrainte ?
- Les deux. Plus sous contrainte tout de même pendant ces derniers mois.
La rancoeur dans sa voix était palpable. Il semblait haïr ce que Voldemort avait fait de lui. Intéressant.
- Quand avez-vous commencé à regretter votre allégeance ?
- Après la mort de Dumbledore.
- Pourquoi ?
- J'ai commencé à me demander si ce que je faisais était juste ...
- Votre famille ?
- J'avais peur pour ma femme et mon fils. De plus, j'étais tombé en disgrâce depuis l'incident du Département des Mystères.
- Si vous croisiez Voldemort maintenant, vous allieriez-vous à lui ?
- Non.
Ton ferme, légèrement descendant. J'ai observé l'homme en face de moi, et j'ai vu la vérité dans ses yeux.
- Allez-vous me confier vos souvenirs volontairement, ou dois-je fouiller votre mémoire ?
Il est resté pensif un moment, puis a demandé:
- Puis-je savoir à qui j'ai affaire ? Je ne vous ai jamais vue au Ministère pendant l'entre-deux guerres.
- Normal, il n'y avait que ceux de l'Ordre qui connaissaient mon existence. Floralys Dumbledore.
Il a écarquillé les yeux.
- Dum ... Dumbledore ?
- Oui, ai-je répondu tranquillement. Dumbledore.
- Allez-y, fouillez mes pensées si vous voulez ...
- J'aurais préféré que vous me les donniez vous-même.
- Non. Faites-le vous.
À mon tour d'écarquiller les yeux. Bizarre, le Malfoy. Je me suis lancée dans ses souvenirs, prenant soin de ne pas faire mal ni de ne rien abîmer. À ma sortie de cet univers, j'ai recueilli mes souvenirs de ses souvenirs, griffonnée quelques choses sur mon bloc-notes, et j'ai finalement relevé la tête.
- Merci. Ce sera tout. Vous passerez devant la Cour demain.
Il a hoché la tête et je suis sortie sans un mot.
J'ai placé la fiole dans l'étagère, puis j'ai tourné une page de mes notes, et je me suis dirigée vers Narcissa Malfoy. Elle m'attendait déjà, tête haute, assise sur son canapé. Poliment, je me suis enquise:
- Puis-je ?
- De toute façon, a-t-elle sifflé, vous allez vous le permettre, alors allez-y.
- Écoutez, madame Malfoy ... Je ne suis pas là pour vous juger. Ce sera mon travail d'ici quelques heures seulement. J'aimerais simplement connaître vos motivations, et vos pensées sur les derniers évènements.
"De cette nuit" ai-je ajouté en mon for intérieur.
Rassernée, elle m'a invitée à m'asseoir. Sentant la question venir, j'ai déclaré:
- Non, vous ne me connaissez pas, peu me connaissent. Et sûrement pas les ex-Mangemorts. Je suis Floralys Dumbledore.
Elle a eu la même réaction que son mari, puis, elle a inspiré profondément, et a remodelé l'expression de son visage.
Je vais vous sauter les phrases de l'interrogatoire, puisqu'il s'est déroulé exactement comme celui de Lucius. À croire qu'ils partageaient une connexion mentale. Finalement, j'en suis venue à ma dernière question:
- Regrettez-vous la mort de votre soeur, Bellatrix ?
- Un peu. Nous étions très différentes, mais je l'aimais. Comme une soeur normale. Cela dit, elle était peut être un peu trop cruelle.
- Merci, madame Malfoy.
Elle a incliné la tête en guise de salut, et, pour la énième fois de la journée, je suis sortie d'une cellule pour entrer dans une autre. Cela dit, l'autre était quelque peu spéciale. De un, elle était la dernière, de deux, son occupant était un jeune garçon de l'âge de Harry, Drago.
Avant d'y entrer, j'ai fait apparaître un miroir, et j'ai inspecté ma coiffure. Bonne. D'un coup de baguette, j'ai relevé mes cheveux noirs corbeau en chignon serré, dont les extrémités dépassaient en cascade. Juste une précision: mes cheveux m'arrivaient au genou. Pas pratique pour courir, mais j'avais tenu jusque là. Et pour ce qui était de les démêler, c'était un enfer. Littéralement. Je me suis regardée une dernière fois dans le miroir, et j'ai vu face à moi une paire d'yeux verts en amande qui m'appartenaient. Lily bis, ou Minerva Junior disait mon père ... Mais non, je n'étais pas une Lily, ni une Minerva. J'étais moi. J'ai fait face à mon destin (ironiquement), et je suis entrée dans la dernière cellule.
********
La première chose que j'ai remarquée était que le garçon que je devais voir était tapi dans un recoin de son lit, l'air apeuré. Je me suis assise dans un siège face à lui, attendant qu'il avance. Mon but n'était pas de le torturer, bien au contraire. Celui-ci, j'envisageais sérieusement de le sauver. Sa place n'était pas à Azkaban. Pas à cet âge. Mais, comment ? J'avais déjà Voldemort chez moi, alors mettre les deux ensemble, ça allait être compliqué. Voire explosif.
En réfléchissant, j'ai attendu. Attendu. Attendu.
Il s'est doucement relevé. Il s'est approché de moi, craintif. D'un geste doux, je lui ai désigné le canapé en face de moi. Il s'est assis, avec la tête de quelqu'un qui allait être condamné à un châtiment éternel aux Enfers. Grecs. J'adorais cette mythologie. Mais ce n'est pas le moment.
Je lui ai souri, et j'ai commencé:
- Drago Malfoy ?
- Oui.
Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous à répondre en monosyllabes (ceux qui acceptaient de répondre, déjà) ? M'appliquant à ne pas montrer mon exaspération, j'ai poursuivi.
- Enrôlé en tant que plus jeune Mangemort dans l'armée de Voldemort ?
Il a hoché la tête. Ça semblait être un sujet difficile pour lui.
- As-tu tué ?
- Non.
- As-tu usé de Sortilèges Impardonnables, seul ou sous contrainte ?
- Oui, sous contrainte.
- Directe, ou indirecte ?
Il a compris ce que je voulais dire, et a répondu:
- Les deux.
- Regrettes-tu ce que tu as fait ?
- Beaucoup.
Il semblait avoir pris confiance. J'ai sondé ses yeux, et j'ai vu qu'il ne mentait pas.
- Si tu croisais Harry Potter, que ferais-tu ?
- Je ... Je ne sais pas. Je n'irais sans doute pas m'excuser, mais ... il m'a sauvé la vie plusieurs fois ...
- Qu'est-ce que tu penses de moi en ce moment même ?
- Que vous êtes "gentille" pour une inspectrice. Vous ressemblez un peu au professeur McGonagall d'ailleurs.
- Merci. Si tes parents devaient aller à Azkaban, et toi non, que ferais-tu ?
- Je ...
Sa voix s'est fêlée. Visiblement, il avait envisagé cette possibilité, et elle était douloureuse.
- J'essaierais de trouver quelqu'un qui veuille bien m'accueillir ... Même si je sais que ça va être difficile.
- Merci Drago ... Ah ! Encore une chose. Sais-tu comment faire sortir certains souvenirs de ta mémoire, et les rendre matériels ?
- Un peu, je connais la technique.
- Pourrais-tu me donner tes souvenirs des derniers mois ?
Il a acquiescé. Il s'est concentré, et comme d'habitude, le fluide de ses pensées est sorti par sa tempe. J'ai recueilli le tout, et je me suis levée. Sur le pas de la porte, j'ai lancé:
- Tu comparaîtras devant la Cour de Justice demain.
Son visage a blanchi. La perspective n'étais pas réjouissante. Sans ajouter quoi-que-ce-soit d'autre, je suis sortie.
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