Le rire satisfait de Kaïdo s'éleva alors dans les airs et Luffy redoubla de force dans ses attaques pour lui fermer le clapet.

"plic... ploc... plic..."

Derrière le rideau de fumée, la blonde laissait échapper sa tristesse, ses larmes glissaient le long de ses joues avant de s'écraser sur... le visage de Trafalgar, toujours en vie.

Éleysia n'avait pas pu le tuer.

Son poing s'était écrasé à côté de son visage et maintenant, elle se trouvait à califourchon sur le ventre du chirurgien, le visage près du sien. Son poing serré sur son torse tatoué.

Elle tremblait.

- Je suis... Désolée... murmura-t-elle tout bas sous les yeux éberlués du noiraud qui venait à peine de réaliser qu'il vivait toujours, incapable de bouger cela dit. Tellement désolée... continuait-elle la gorge nouée. Je n'aurai pas pu tenir ma promesse...

Qu'est ce qu'elle était entrain de déblatérer là ??

- Pardon. Petite sœur... souffla-t-elle emplie de désespoir.

/!\ Certaines des scènes qui vont suivre pourraient choquer certains lecteurs sensibles aux scènes gores. Présence de sang et de détails peu attrayants pouvant heurter la sensibilité de certains. Vous êtes prévenus, présence d'un passage violent et traumatisant. J'indiquerai le moment où cela commencera. /!\

~ Flash Back ~ 

Il y a environ vingt-sept ans de cela, à North Bleue, naissait deux jumelles.

L'une visiblement dotée de pupilles dorées, l'autre de pupilles argentées.

Hormis cela, les deux enfants se ressemblaient comme deux gouttes d'eau.

Dès le premier jour, ces deux enfants héritaient d'un trésor mondial que le gouvernement traquait sans relâche depuis des décennies.

Deux précieux artéfacts des temps anciens capables de créer, une fois assemblés, une barrière d'une puissance telle, qu'elle serait en mesure de parer le tir des machines de guerres ancestrale telle que Pluton où Poséidon.

Inutile de préciser que celui ou celle qui serait en possession d'une telle puissance, serait en mesure de résister physiquement à n'importe quelle force au monde.

Ce qui mettait indéniablement le gouvernement mondial en forte mauvaise posture dans le cas où ces artefacts, ces deux boucles d'oreilles similaires à deux gouttes d'eau dorée, tomberaient entre les mains de l'ennemi.

C'est donc entre leurs mains –ou plutôt oreilles– innocentes que finirent par arriver ces deux bijoux.

Malheureusement pour elles, les jumelles furent abandonnées dans un orphelinat à la campagne sur une petite île perdue.

Elles grandirent donc ensemble, ne se séparant jamais, liées par des liens puissants.

La première, plus âgée de quelques minutes à peine se nommait Éleysia.

Quant à la seconde, un peu plus frêle mais non moins agile, se nommait Lilas.

Durant près de cinq ans elles apprirent de la vie au sein de leur petite famille, composée de trois frères deux sœurs et un Mink loutre avec qui elles s'entendaient à merveilles.

C'est probablement de là qu'Eleysia tissa des liens forts avec les Minks qu'elle ne connaissait pourtant pas plus que ça. Elle n'avait pas cette haine ni cette aversion pour ces "êtres" différents de la race humaine. Au contraire elle les trouvaient bien plus doux et gentils que les humains.

En bref, jusqu'à ses cinq ans, tout allait pour le mieux.

Jusqu'à ce jour là.

Ce jour où des pirates vinrent piller leur village et réquisitionner les orphelins afin de les vendres comme esclaves.

Cette nuit pourtant traumatisante, reste aujourd'hui assez flou dans la mémoire de la jeune femme. Il faut dire que la suite des événements fut bien pire pour la petite de cinq ans qu'elle était...

Les deux petites se retrouvèrent enfermées durant des jours dans une cale humide et froide, remplie de rats et bruits étranges.

Le bateau sur lequel elles avaient été traînées de force tanguait tant qu'elles avaient envie de vomir.

Mais vomir quoi lorsqu'on ne nous nourrit que d'eau usée et de pain rassis ?

Si elles désiraient survivre, elles devaient ravaler leur bile...

Le Mink qui était enfermé avec eux leur procurait de la chaleur, elles étaient constamment blottit entre ses pattes. Pour autant l'enfant qu'il était, n'était guère plus rassuré qu'elles.

D'autant qu'ils avaient été séparés du reste de leur famille.

Plus tard, elles aussi furent séparées de lui. Les deux petites ne voulaient pas le quitter. C'était leur dernier frère, leur seul repère.

Mais malgré leurs hurlements de chagrin et l'infime résistance qu'elles pouvaient opposer aux adultes du haut de leurs trois pommes, elles furent définitivement séparées du Mink.

Terrorisées, à nouveau enfermées dans un endroit sombre et glacial, une sorte de prison, les deux petites restaient blottis l'une contre l'autre.

- Ne t'en fais pas Lilas, personne ne nous séparera.

- T-tu me promets ? renifla la cadette en relevant sa tête vers elle.

- Oui. Et tu vois ces boucles ?

Elle acquiesça d'un faible mouvement de tête.

- Et bien qu'importe ce qu'il se passe, souviens toi que nous serons toujours reliées l'une à l'autre grâce à elles.

- Alors... Faisons en sorte qu'elles restent toujours ensembles elles aussi... Promis ?

- Promis.

Elles se serrèrent le petit doigt afin de sceller leur promesse. "Ensemble quoi qu'il arrive."

Hélas leur regain d'énergie fut de courte durée...

La petite Lilas fut arrachée des bras de sa sœur le lendemain.

Elles hurlaient, se débattaient, mordaient, frappaient. De vraies furies.

- LÂCHEZ LA ! LÂCHEZ MA PETITE SŒUR ! MÉCHANT !

- Oh la ferme gamine !

⚠️ Scène choquante ⚠️

D'un coup de pied il la sépara de sa moitié et referma la grille derrière lui.

- 'lesia ! 'lesia j'ai peur ! Il me fait mal ! se débattait la petite impuissante.

La blonde se jeta contre les barreaux essayant de passer au travers même si cela lui était impossible, s'écorchant ses maigres joues et bras.

- Crénon ! Vous commencez à me les briser ! jura l'homme venant de se faire mordre le bras.

Il balança sans retenu la plus petite contre la grille qu'Éleysia s'empressa de rejoindre.

- Lilas ! Lilas ! Réponds moi !

- J'ai... Mal à la tête...

En effet sa tempe saignait. Commotion cérébrale assurée.

Les deux petites se mirent à trembler comme deux chatons apeurés devant l'homme qui se dressait devant elles, les pupilles enragées.

Cet homme empestait l'alcool à des kilomètres.

- L-laissez nous partir... supplia Éleysia. Laissez ma sœur, elle est blessée...

- À ouais ? ricana l'alcoolisé d'un air mauvais. J'vois rien moi, fait voir ?

Et à ces mots il empoigna la plus jeune par le bras la soulevant comme si elle n'était qu'un vulgaire jouet ne pensant rien devant les yeux horrifiés de sa sœur.

- Tient tient, joli boucle dis moi, montre moi ça ? fit-il en approchant son affreux visage.

La petite lui envoya son pied dans la gorge :

- Touche pas !

- OH MERDE VA CHIER P'TITE MERDEUSE ! s'emporta-t-il en la jetant contre le sol violemment avant de venir l'assaillir de coups de pieds.

- LILAAAS !! ARRÊTEZ VOUS ALLEZ LA TUER ! PAS MA SŒUR PITIÉ ! PAS MA P'TITE SŒUR !!! hurlait Éleysia accrochées aux barreaux de fer, désemparée, horrifiée par cet horrible spectacle.

Mais l'homme continuait et prenait même un malin plaisir à briser chaque os de l'enfant qui avait déjà succombée lorsque sa tête avait heurté le sol.

Les bruits atroces, les craquements d'os, la chair se brisant sous les coups et l'odeur nauséabonde du sang qui giclait eurent raison d'Éleysia et la bile qu'elle contenait jusqu'à présent quitta sa gorge, son estomac, avant qu'elle ne se recroqueville contre le sol en hurlant de nouveau le prénom de sa sœur du tréfonds de ses entrailles.

Comme si cela ne suffisait pas, le vendeur d'esclaves attrapa la boucle ensanglantée et l'arrache de l'oreille de la petite qui ne bougeait plus du tout.

Suite à quoi il cracha sur la survivante.

- Voilà le sort qui attend les merdeuses dans votre genre.

Puis s'en retourna, laissant la petite Éleysia hurler sa douleur et essayer de remodeler le corps de sa sœur derrière les barreaux de sa cellule vainement. Le désespoir de l'enfant était sans limite, elle se sentait si mal, une douleur si profonde, si lancinante dans son cœur qu'elle avait eu l'impression qu'on venait de le lui arracher.

Elle resta plus de deux jours près du cadavre en décomposition de sa jumelle. L'odeur nauséabonde du corps en putréfaction, les mouches et les rats...

La gamine semblait vidée. Elle ne bougeait plus. Les pupilles fades, des cernes profondes, les joues salies et creusées, le crâne posé contre les barreaux glacés, le cœur battant avec peine dans sa cage thoracique...

Elle avait tout perdue.

"Tout vraiment ?" chuchota sa conscience.

"...qu'importe ce qu'il se passe, souviens toi que nous serons toujours reliées l'une à l'autre grâce à elles.

- Alors... Faisons en sorte qu'elles restent toujours ensemble elles aussi... Promis ?

- Promis."

Une nouvelle lueur parue dans ses yeux alors qu'elle se laissait mourir.

Puis, péniblement elle ramena deux doigts couverts de sang séché à son oreille.

Elle était toujours là. La boucle.

Alors maintenant elle savait ce qu'il lui restait à faire, quel était son unique but, sa raison d'être.

- Je te le promets petite sœur, je la récupérerai, et nous serons réunies de nouveau... chuchota-t-elle en balayant d'un geste mou, les mouches qui tournaient autour du corps noirci de sa sœur.

Éleysia, cinq ans. Orpheline et unique survivante.

~ Fin du Flashback ~