Qui avait pu se planter dans les escaliers franchement !?

Eleysia se referma en croisant les pupilles métalliques du coupable qui la regardait du haut de sa troisième marche.

Trafalgar, l'épaule droite appuyée contre la paroi de fer de la cage d'escaliers était bel et bien celui à qui elle devait de s'être arrêtée net.

Prudemment, elle redescendit de la marche sur laquelle elle tenait sur une jambe pour atteindre le plat du couloir.

Sans détourner le regard elle questionna :

- Pourquoi n'es tu pas avec ton équipage ?

Il marqua un silence, la toisant un instant. Il aimait bien se trouver en position de force comme il l'était actuellement.

Éleysia avait été prise de court et c'était exactement ce qu'il cherchait. La surprendre, avoir le dessus.

- J'avais d'autres projets. avoua-t-il finalement d'un air désintéressé.

Elle arqua un sourcil méfiant :

- Comme m'intercepter dans l'escalier ? souffla-t-elle avec lassitude.

- Comme ça oui. il confirma avec un léger rictus moqueur. Je me doutais bien que tu trouverais le moyen de t'éclipser en douce pour venir t'isoler dans ta chambre. ajouta-t-il.

Éleysia fronça les sourcils puis soupira en recroisant ses bras :

- J'en déduis que le coup de ce matin y est pour quelque chose.

Il continua de la fixer d'un air indéchiffrable :

- Entre autres oui. Il faut qu'on parle.

Elle soutint son regard en laissant un blanc s'installer. Blanc couvert par le brouhaha de derrière...

Il finit par descendre les deux marches qui les séparaient pour passer devant elle et se diriger vers son bureau.

Elle lui emboîta le pas calmement.

Enfin Trafalgar referma la porte derrière eux. Le calme dans la pièce n'était pas total étant donné le bruit de l'autre côté du mur mais honnêtement, ce n'était pas dérangeant. Une fois encore, les murs étaient bien isolés.

Elle prit place sur la même chaise qu'elle avait occupé il y a un mois de cela, lorsqu'il lui avait fait passer un interrogatoire.

- Je t'écoute. déclara-t-elle posément après s'être adossée au siège.

Il prit place derrière son bureau en la dévisageant.

Et après un court silence où il eut l'air d'hésiter, il s'exprima :

- Merci.

- ...

Autant dire qu'elle était sans voix. Son air étonné arracha un léger rictus à Trafalgar qui reprit :

- Même si je n'apprécie pas du tout la méthode. il ancra son regard sur elle en croisant ses jambes, se mettant à l'aise. Je dois bien avouer que j'avais grand besoin de repos.

Elle reprit son expression neutre en croisant ses bras. Ses pupilles dorées fixaient son interlocuteur avec intérêt, était-il enfin devenu raisonnable ? Ou cela cachait-il autre chose ?

Devant l'air méfiant d'Éleysia il soupira, elle n'était pas dupe.

Il enchaîna directement :

- Nous arriveront dans quelques jours sur une île déserte...

- Je sais. Tu as prévu de t'y arrêter quelques temps pour t'entraîner avec tes hommes. J'ai entendu tout à l'heure.

Il resta silencieux l'espace d'une ou deux secondes, considérant la jeune femme.

- Je penses que nous allons y rester environ une année. avoua-t-il en guettant les moindres gestes et expressions de la blonde.

C'était peine perdu, il ne parvenait pas à lire en elle. Il continua donc :

- Es-tu prête à patienter un an encore avant de te rendre dans le Nouveau Monde ou as-tu l'intention de partir avant ?

Elle arbora un air plus sérieux cette fois :

- Cela me semble pourtant évident.

Il fronça les sourcils.

Pour lui, Éleysia n'avait aucune raison de patienter à leurs côtés, ce n'était pas à son avantage.
Autant lorsqu'ils étaient en mouvement elle pouvait continuer d'enquêter sur l'objet de ses recherches, autant maintenant, si elle restait elle stagnerait et perdrait un temps précieux, et ce, même si elle ne semblait pas pressée. Un an ce n'est pas rien.

Il soupira, visiblement persuadée qu'elle les quitterait. Il perdait l'occasion d'apprendre ce qu'il désirait tant mais tant pis.

- Bepo m'a informé qu'on croiserait la route de navires marchands demain, on te déposera sur l'un d'eux.

Elle arqua un sourcil étonné en le voyant se lever :

- Mmh... Alors là je n'arrive pas à y croire.

Une once d'indignation perça au travers de sa voix. Ce qui attira toute l'attention de Trafalgar qui s'arrêta pour la fixer de nouveau.

Elle croisa ses jambes et ferma ses yeux d'un air... Exaspéré.

- Je ne t'ai même pas donné ma réponse que tu choisis déjà de me larguer sur le premier bateau qu'on croise.

- ...

Elle leva sa tête et posa ses yeux sur le plafond l'air absente.

- Ma présence à bord te gêne-t-elle donc à ce point ?

Sans vraiment saisir où elle voulait en venir il ne répondit pas de suite, prenant le temps d'analyser la situation.

- Ce n'est pas ce que j'ai dis. finit-il par répliquer.

Sans bouger elle dirigea ses pupilles vers lui :

- Alors, chère Trafalgar. Sache que lorsque je m'engage envers quelqu'un je tiens parole.

Mais voyant qu'il ne semblait pas comprendre et que ses sourcils s'étaient de nouveau froncés elle se leva à son tour :

- J'ai dis que je t'apprendrai à maîtriser l'anesthésie par l'énergie. C'est donc ce que je vais faire.

Il écarquilla les yeux de surprise :

- Quoi ? Mais tu n'as rien à y gagner, les conditions ont changé, il n'était pas question de s'arrêter sur une île durant une année à ce moment.

- Certes. Mais ça ne change en rien mon engagement. elle lança fermement en se plaçant devant lui.

Il la toisa avec méfiance. Puis la question qui s'était mise à tourner en boucle dans sa tête sortie toute seule :

- Pourquoi fais tu ça ?

Elle croisa ses bras, le regard inquisiteur.

La défiant du regard avec agacement il reprit :

- Depuis que tu as embarqué et même avant, tu n'as fais que nous aider. Tu es montée à bord en prétextant vouloir te rendre dans le Nouveau Monde. Mais maintenant que je t'annonce qu'il va te falloir attendre une année entière, tu n'y réfléchi même pas et choisis de rester pour m'entraîner. Pourquoi !? Qu'est-ce ce tu veux au juste ? Pourquoi restes-tu avec nous ? Qu'est-ce que tu veux exactement !?

Impassible elle ne répondit d'abord rien.

Ses yeux ambres se détournèrent sur le côté, quittant le visage sérieux de Trafalgar.

Pourquoi ? Une question fort légitime...