Elle rentra à bord du submersible et referma la porte en acier blindé derrière elle en soupirant.

Le couloir était calme, sombre, à peine éclairée par les veilleuses.

La jeune femme retira sa capuche avant de s'adosser à la porte en jetant un œil à son épaule droite.

Entaillée de dix bons centimètres, le sang imbibait son manteau noir.

Elle soupira une seconde fois en passant une main dans ses cheveux qu'elle rabattit vers l'arrière épuisée.

Cette journée avait été des plus éprouvantes. À courir dans tous les sens d'une ville à l'autre, à user de son fluide à tout va. Elle était épuisée.

La blonde fixa les lumières d'un jaune pâle tamisé, semblable à la lumière de la lune accolées au plafond sans un mot.

Il allait falloir panser sa plaie avant de pouvoir s'autoriser un peu de repos... Hélas la fatigue se faisait ressentir, cela n'allait pas être une partie de plaisir puisqu'elle n'était pas gauchère de surcrois mais bon, elle s'en sortirait, comme toujours.

Des bruits de pas lents raisonnèrent non loin d'elle, provenant du réfectoire. Elle baissa son regard afin de voir le responsable.

Génial...

Il n'avait suffit que d'un instant pour que ses yeux gris ne se posent sur elle fixement.

Une tasse fumante à la main, il la dévisagea en silence.

La jeune femme restait tout bonnement immobile. Peut-être imaginait-elle qu'il passe son chemin sans poser de question... Hors ce ne fut malheureusement pas le cas dès l'instant où son odorat de chirurgien détecta l'odeur du sang et que ses prunelles argent se posèrent sur l'épaule de la demoiselle.

Il arqua un sourcil étonné :

- Blessée ?

Elle resta muette quelques secondes avant de détourner le regard en soupirant :

- Il faut croire...

Le brun la fixa un moment. Visiblement elle n'était pas intouchable elle non plus.

- Viens. ordonna-t-il en passant devant elle avant de s'enfoncer dans le couloir.

Mais sentant qu'elle ne bougeait pas, il s'arrêta en soupirant non sans lui jeter un coup d'œil par dessus son épaule :

- Je vais te soigner alors ramène toi avant que je ne change d'avis, j'ai d'autres choses à faire.

Elle fronça les sourcils légèrement. Éleysia ne voulait pas qu'il s'occupe d'elle car après tout, elle se trouvait à bord en tant que simple passagère temporaire. Et elle ne voulait pas rajouter du travail à l'équipage, encore moins à son capitaine –qui tirait déjà bien assez la tronche comme ça–.

Ils l'hébergeaient et la nourrissaient gracieusement, c'était bien assez.

Cependant pour cette fois, la fatigue prima sur le reste, elle ne se sentait pas capable de se soigner seule sans risquer de s'endormir entre temps. Et puis, Law était médecin. Il saurait boucler ça rapidement.

Ainsi elle céda. Se décollant de la porte.

- J'amène ça dans ma cabine et j'arrive. déclara-t-elle en désignant d'un regard le tapis enroulé et le sac.

Elle l'entendit soupirer une fois de plus :

- Room. Shambles.

- ...

Et sans un regard de plus, il reprit sa marche vers l'infirmerie.

Éleysia, surprise, finit par lui emboîter le pas.

Pour une fois qu'il se comportait de manière plutôt sympa sans tirer la tronche... Elle n'allait pas se plaindre.

Il l'invita à s'assoir sur un lit tout en posant sa tasse sur le tabouret métallique qui se trouvait à proximité.

Elle s'exécuta en silence avant de commencer à retirer son long manteau noir.

- Bouge pas.

À ces mots il l'aida à retirer son vêtement calmement.

La demoiselle le laissa faire, conservant son mutisme.

À présent elle se trouvait en débardeur noir, la plaie parfaitement visible et accessible.

Trafalgar l'examina du regard rapidement avant de prendre ses décisions.

Il semblait se munir d'un anesthésiant en prévision des points de sutures. Lorsqu'elle le remarqua, elle l'arrêta immédiatement :

- Inutile, je ne sens rien.

Il stoppa ses mouvements en levant les yeux vers elle :

- Je me disais bien que tu bougeais trop facilement lorsque tu as voulu retirer ton manteau.

Il reposa donc ce qu'il s'apprêtait à lui injecter et s'enquit de nettoyer et désinfecter la plaie.

- Comment as-tu fais ton compte ?

Alors que jusqu'à présent elle fixait son visage, elle dévia son attention sur les mains gantées qui opéraient.

- Comme une bleue.

La jeune femme ne semblait guère ravie en prononçant ces mots, cela dit elle arbora un léger sourire amusé. Sûrement était-ce dû à la fatigue.

Il jeta les gazes couverts de sangs à mesure qu'il opérait.

Son air sérieux collait bien à son statue de chirurgien. Il était d'un tel calme, d'une telle concentration malgré la fatigue évidente trahis par les cernes sous ses yeux.

- J'aimerais savoir...

Il commença les points de sutures, se munissant de fils et d'aiguille.

Elle releva son attention sur son visage, en attente de la suite montrant par la même occasion qu'il avait toute son attention.

- Comment fais-tu pour anesthésier les parties de ton corps sans utiliser aucun produit ?

Elle le considéra un instant, hésitant à lui répondre.

Finalement, elle jugea qu'étant donné l'aide qu'il lui apportait, elle pouvait bien lui répondre cette fois.

- C'est simple, je bloque le flux d'informations comme le ferait un anesthésiant lambda.

Il arqua un sourcil :

- C'est à dire ?

- Mmh... Disons que j'empêche le cerveau d'accéder à l'information qui concerne une blessure. Ainsi il est convaincu que tout va bien et n'envoie pas les signaux de douleur.

Le chirurgien releva un instant les yeux vers elle d'un air las, signalant qu'il avait bien compris la première fois, et que ce n'était pas ce qu'il voulait savoir.
C'est pourquoi il ajouta :

- Comment tu fais ça ?

Cette fois elle le fixa avec un peu plus de sérieux. Ce n'était pas le genre d'informations à donner à n'importe qui :

- Ça t'intéresse ?

Il acheva le dernier point.

Il était rapide...

- Ça peut s'avérer utile.

- Et dangereux.

Achevant de poser le matériel, il la fixa de plus belle :

- Je ne suis pas idiot.

- J'en ai conscience. C'est pourquoi je vais te répondre. Toutefois n'envisage même pas d'essayer de le reproduire dans ton coin.

Il arqua un sourcil, s'emparant d'un rouleau de bandes blanches.

Le regard de la jeune femme était on ne peut plus sérieux. Il céda donc en acquiesçant d'un subtil hochement de tête.

Éleysia resta un instant silencieuse à regarder les gestes souples de Law entrain de panser son épaule soigneusement.

Suite à quoi elle brisa enfin le silence :

- Le corps de tout être humain est parcouru d'un flux énergétique complexe.

Achevant sa tâche, il l'écoutait attentivement, rangeant et nettoyant ses ustensiles en même temps.

- Ces canaux sont tous reliés à quelque chose, en les étudiants on peut facilement repérer les points importants. Certains points sont vitaux, une fois bloqués, ils peuvent bloqué une information essentielle au bon fonctionnement du corps voir engendrer la mort.