34_ Kya, Peter et Léo, juste un au-revoir
Mais Éleysia n'était pas dupe. Dans un pareil endroit, tous ses sens restaient en constante alerte et ce, quand bien même la situation lui était favorable.
Ainsi l'homme avide termina face contre terre, soumis à une pression hors du commun. Il avait la sensation que ses organes explosaient de l'intérieur.
Comment faisait-elle ça !?
Désespéré il leva difficilement son regard dans sa direction à la recherche de réponse. Mais lorsqu'il croisa l'une de ses pupilles par dessus son épaule, il fut transpercé d'une vive douleur à la poitrine et hurla de douleur.
À distance, elle l'acheva d'un coup sans avoir à le toucher afin qu'il se taise définitivement et ne fasse plus peur aux enfants en hurlant à la mort.
Oh comme elle aurait aimée le faire souffrir davantage.
Mais la sécurité des enfants et leur état passait avant tout.
Elle les empêcha de regarder en direction de leur ex geôlier qui nageait dans son propre sang et les entraîna dans le hall d'entrée.
Ici, aucun corps inerte ne gisait sur le sol. Alors elle prit le temps de les examiner et les rassurer.
- Vous allez bien ?
Ils sanglotaient, transis de peur, cet endroit les terrifiaient. Mais ce qui choqua Éleysia plus que tout était les menottes en acier qui leur sciait la peau de leur petits poignets.
La rage qu'elle éprouvait ne s'en trouva que plus décuplée.
Pour autant elle la ravala de son mieux pour leur retirer ça.
Elle s'agenouilla face à eux :
- Faites moi voir vos mains...
- Madame... Sortez nous de là pitié... sanglotait l'un.
- Je veux voir ma Maman... sanglotait la plus jeune.
Le troisième n'arrivait même pas à aligner deux mots.
Les voir ainsi lui fendait le cœur.
Elle brisa leur chaîne de la simple force de ses mains. –imprégnées de fluide offensif–
L'instant d'après ils étaient à nouveau blottis les uns contre les autres, serrés à la taille d'Eleysia, cachés dans son manteau.
Cette dernière prit le temps de les rassurer en caressant leur dos tout doucement. La chaleur tendre et douce qu'elle dégageait leur permis de se rassurer et se calmer.
- Je vais vous ramener chez vos parents ne vous en faites pas... C'est finit maintenant. C'est finit...
Ils hochèrent la tête presque en même temps, les yeux pleins d'espoir.
Elle évalua rapidement la situation. Les enfants étaient épuisés et frêles, elle allait devoir les porter si elle voulait pouvoir les ramener dans la soirée.
- Il va falloir vous accrocher à moi. Vous vous en sentez capable ?
- On va essayer. répondit le plus âgé et courageux des trois.
- Bien. Un premier sur mon dos, les deux autres dans mes bras d'accord ?
- Oui...
Ils étaient motivés et déterminés à rentrer malgré leur fatigue.
Éleysia prit les deux plus jeunes dans les bras et le plus âgé et lourd sur son dos.
Enfin, ils quittèrent l'ancienne ville, traversant la forêt baignée dans l'obscurité de la nuit.
Le plus âgé, observait devant eux sans un mot.
Le petit dans ses bras s'était endormi, bercé par l'odeur de pêche que la blonde dégageait ainsi que sa chaleur corporelle.
La petite quant à elle, détaillait les traits délicats de leur sauveuse qui, concentrée, courait à travers bois, évitant les souches et arbres qui se dressaient sur leur chemin.
Mais plus que tout, l'odeur du sang qui coulait sur son épaule lui piquait le nez, l'enfant attristée murmura :
- Tu saignes Madame...
Éleysia jeta un furtif coup d'œil à la petite et la rassura :
- Ne t'en fait pas, ce n'est rien.
- Mais ça doit faire mal...
- Pas du tout je t'assure, repose toi, vous serez bientôt chez vous.
La petite colla sa bouille dans le cou de la blonde, laissant le parfum de cette dernière enivrer ses sens et effacer l'odeur de rouille.
- Merci... chuchota-t-elle.
Éleysia lui offrit un sourire tendre.
Une bonne demi heure plus tard ils arrivèrent à la mairie.
Éleysia était fatiguée. Porter ses enfants n'avait pas été aussi simple qu'il n'y paraissait à eux trois ils pesaient leurs poids... Ses bras étaient engourdis tant elle s'était efforcée de garder la même position, tendue, tout le long.
Elle força la porte de la mairie d'un coup de pieds qui manqua de la faire trébucher étant donné qu'elle maintenait toujours les petits contre elle.
Le bruit allait forcément alerter le maire.
En attendant elle réveilla les deux plus jeunes tandis que le troisième descendait le long de son dos.
- Je vais devoir vous laisser ici, le maire connait vos parents, il saura vous ramener chez vous. expliqua-t-elle doucement en les déposant au sol.
- Mais tu vas pas partir ? demanda l'un d'eux.
- Si malheureusement. Je dois retourner... chez moi avant le levé du soleil.
La plus jeune paraissait triste. Elle vint enlacer la blonde avec force.
- Je me souviendrai de toi, toujours toujours grande sœur ! sanglota-t-elle tristement.
Éleysia tressailli à cette appellation mais n'eut guère le temps de lui répondre que des bruits de pas pressés arrivaient dans leur direction.
Elle replaça sa capuche rapidement en posant ses deux mains sur les têtes des deux plus jeunes chaleureusement.
- Oh mon dieu ! s'écria le maire ahuris.
Il était vêtu d'un pyjama rayé et d'un bonnet un peu ridicule semblable à celui d'un lutin. Il se précipita vers les enfants.
- Dieu soit loué vous êtes sains et saufs !
Mais les enfants restaient auprès d'Eleysia.
Fatigués, c'était bien la dernière personne qu'ils désiraient quitter et leurs corps ne répondaient qu'à moitié.
- Vous les avez sauvés !? Venez donc vous installer dans le salon, je vais vous préparer quelque chose à manger ! Il faut aussi vous examiner ! Vous allez bien !? Et vos parents ! Il faut les prévenir !
L'homme ne savait plus quoi faire, paniqué, il n'en croyait pas ses yeux.
Sa femme descendit juste après et tempéra l'atmosphère, elle prit soin d'amener les enfants dans la cuisine pour leur préparer de quoi se requinquer mais aussi des couvertures.
Les enfants s'étaient laissés entraînés. Ils connaissaient ces deux adultes alors ce ne fut guère compliqué.
Le maire prit la jeune femme à part :
- Mais vous êtes... Pardonnez mon indiscrétion mais pourquoi un membre de l'équipage de Trafalgar serait venu en aide à des enfants !? questionna-t-il brusquement méfiant.
Elle soupira, loin de vouloir s'éterniser ici :
- Je ne fais pas partie de leur équipage. Pour autant je dois m'en aller.
Le maire ne comprit pas exactement mais il désirait malgré tout un minimum d'explications avant qu'elle ne s'en aille.
- Attendez ! S'il vous plaît, ne partez pas tout de suite ! Je vous dois une fière chandelle alors laissez moi vous rendre la pareille !
- Je refuse. Vous ne me devez rien.
- Quoi mais-
Elle le coupa :
- J'ai fais ça de mon propre chef, je n'attendais rien en retour.
- Je me permets d'insister ! Vous avez sauvé la vie de ces enfants ! Chose que j'ai été incapable de faire malgré mon statut ! En plus vous êtes blessez, laissez moi appeler le médecin du village !
- J'ai dis non. refusa-t-elle fermement. Et pour les questions que vous mourrez d'envie de me poser, je ne répondrai qu'à la plus pertinente soit : Non les pirates de cette île ne vous dérangeront plus.
La bouche légèrement béate, il fixa Éleysia –enfin son manteau– d'un air indéchiffrable.
- Maintenant je vais m'en aller.
- Grande sœur !!
- Attends !
- T'en vas paaas !
S'écrièrent les petits en courant vers elle tristement.
Ils s'accrochèrent un à un à ses jambes.
- ...
Elle caressa le haut de leur tête avec tendresse :
- Rappelez moi vos noms déjà ? finit-elle par demander.
Un à un ils relevèrent la tête :
- Kya !
- Léo.
- Peter...
- Eh bien Kya, Léo et Peter. Si je repasse par ici un jour, je ne manquerai pas de venir vous voir.
- C'est vrai ??
- Promis !??
Elle souffla du nez avec amusement :
- Oui c'est une promesse.
- Super !
- Génial.
- On te fait confiance...
Le maire s'avança :
- Sachez que vous serez toujours la bienvenue ici Mademoiselle... Mademoiselle ?
Elle dévia son attention vers son interlocuteur :
- J'ai finalement une demande à vous faire.
Et sans lui laisser l'opportunité de répondre elle reprit :
- J'aimerais que personne ne sache que c'est moi qui les ai sortis de là. Dites simplement que quelqu'un les a déposé ici avant de disparaitre sans laisser de trace. Vous ne m'avez ni vu, ni entendu.
- Mais... Entendu. C'est le moins que je puisse faire. il se résigna. Vous n'avez vraiment besoin de rien d'autre ? Ces enfants vous doivent la vie...
- Mmh...
Après un court silence elle se résolue à choisir :
- Le tapis en laine dans votre bureau.
La maire fit les yeux ronds, incrédule :
- J-je vous demande pardon ?
- ...
- Je veux dire, oui ! Tout de suite !
La femme du maire rit tout bas :
- Vous avez l'œil mademoiselle, il n'y pas plus doux et chaud que la laine de ces moutons, ce tapis est précieux, même s'il ne paie pas de mine.
Son mari descendit les marches rapidement, tapis enroulé sous le bras qu'il ne tarda pas à lui donner avant de s'incliner :
- Le village entier vous sera infiniment reconnaissant Mademoiselle.
Les enfants observèrent le maire agir avant de venir se placer à ses côtés pour l'imiter :
- Merci ! s'écrièrent-ils en cœur.
Et sans rien ajouter qu'un doux sourire, Éleysia disparue dans la nuit, tapis sous le bras...
Machinalement elle porta sa main libre à sa poche afin de vérifier si le savon pour Bepo était toujours là et elle fut rassurée de constater que c'était bel et bien le cas.
Fatiguée, elle repartie en direction du Polar Tang.
Elle n'en pouvait plus de faire des allers retours sans arrêts.
Elle en profita également pour faire une halte au manoir –désormais sans âme qui vive– afin de dépouiller de l'argent qu'avait accumulé l'ordure.
Après tout, ça pouvait servir...
Elle fut très surprise de trouver dans les trésors de cet homme un coffre contenant un étrange fruit.
Elle l'emporta également, fourrant le tout dans un sac à dos très laid qu'elle réquisitionna aussi au passage temporairement.
Enfin elle quitta les lieux en bâillant, descendant le vieux village afin de rejoindre le vaisseau jaune –évitant les corps inanimés au sol dû à son premier passage–.
Poussant la porte du submersible, elle s'engouffra à l'intérieur puis referma cette dernière, claquée.
Elle retira sa capuche en calant le tapis sur le mur à sa droite ainsi que le sac à dos puis s'adossa à la porte close en soufflant un peu.
Plus qu'un petit effort et elle se trouverait dans sa chambre à dormir comme un loir...
Enfin c'est ce qu'elle croyait...
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