Quelque chose buta sur son talon, la sortant de sa réflexion.

Elle rangea le paquet dans sa poche avant de se retourner pour constater un ballon.

Par pur réflexe elle le rattrapa avant qu'il ne dévale la légère pente plus qu'il ne l'avait déjà fait et dirigea son attention vers une petite fille qui courait vers elle.

L'enfant se figea net lorsqu'elle se trouva face à la silhouette noire dont elle ne percevait pas même le visage.

Elle semblait apeurée.

Dans l'ombre de sa capuche, la blonde distinguait facilement la petite. Elle se souvint qu'un peu plus tôt, l'enfant se trouvait auprès des adultes qui l'avaient traitée de porc épic. Pas étonnant que la gamine ait la frousse.

Alors la jeune femme s'agenouilla tout doucement, lui laissant apercevoir le bas de son propre visage d'humain. Et c'est avec un tendre sourire qu'elle lui tendit le ballon d'une main :

- C'est à toi non ?

C'est une voix posée et très douce qui s'éleva dans les airs, surprenant l'enfant qui garda ses petits yeux posés sur le peu de visage qu'elle apercevait.

Cela n'avait rien d'un porc épic... Tout du moins pas de l'image qu'elle en avait.

Toujours méfiante, elle baissa son regard bleu vers son ballon ainsi que la main claire qui le maintenait.

Puis, lentement, elle s'avança.

Et finit par attraper son jouet avec précautions.

Eleysia souffla du nez, attendrie, ramenant sa paume sur son genou.

Elle ne voulait pas se lever, craignant de faire peur à l'enfant qui la fixait maintenant avec curiosité. La petite essayait de voir son visage :

- Tu n'es pas un porc épic ? essaya-t-elle confuse.

Un léger sourire amusé arbora cette fois le visage d'Eleysia :

- J'en ai l'air ?

- Non mais, j'arrive pas à te voir... avoua la petite en faisant la moue. Et les grands ont dis que tu en étais.

- Mais toi, qu'en penses-tu ?

- Je crois pas que tu sois un monstre qui pique. affirma-t-elle sûre d'elle. Mais papa et maman...

Eleysia se redressa en souriant avant de relever très légèrement de l'index le haut de sa capuche afin que seule l'enfant qui lui faisait face puisse l'apercevoir :

- Tu sais petite, les grands ne disent pas toujours la vérité. Tu ne dois pas les croire, fais toi ta propre idée des choses qui t'entourent, de la vie. Car nous avons tous une vision très différente. Ne crois qu'en toi.

La gamine, émerveillée, afficha un grand sourire à son tour en contemplant le visage doux de son interlocutrice.

Law sortit au même instant, attendant son camarade qui chargeait la caisse en bois que le vendeur avait déniché dans sa réserve. Il suivait à présent la scène des yeux, silencieux.

- Otaru ! Otaru où es-tu !? s'inquiétait une voix féminine.

Eleysia comprit immédiatement qu'il s'agissait de la mère de l'enfant :

- Hé petite, je peux compter sur toi pour garder mon secret ? demanda-t-elle en conservant son sourire.

Toujours avec cet fascination dans le regard, l'enfant hocha frénétiquement la tête :

- Promis !

Elle la gracia d'un clin d'œil complice :

- Je compte sur toi !

- Oui !

Eleysia croisa ses bras sur sa poitrine en suivant la petite s'éloigner du regard. Elle semblait nostalgique mais pleinement elle même au contact de cette enfant. Détendue et sereine, ce n'était plus le mur infranchissable et vidé d'émotions apparentes.

- Mon dieu Otaru ! Je t'ai pourtant défendue de parler aux inconnus ! C'est dangereux ! gronda sa mère.

Mais la petite se mit à rire :

- Tu avais raison, c'était un grand méchant porc épic ! Il faisait très très peur !

La mère ne comprenait pas vraiment le comportement de son enfant qui ne collait pas du tout avec ses paroles mais elle s'abstint de tout commentaire en l'entrainant avec elle, loin des méchants pirates.

Eleysia ne pu réprimer un rire doux et sincère suite à cette courte scène.

Pendant ce temps, Law la fixait sans un mot, très silencieux.

Etonnamment l'agacement qu'il lui vouait depuis qu'elle l'avait traité de radin lui était sortit de l'esprit. Il affichait un air moins crispé. Bien entendu toujours fermé. Mais disons moins dur...

Bepo sorti du magasin, une grosse caisse de bois remplie de vivres dans les bras.

On ne lésine pas sur les moyens au sein de l'équipage...

Le Mink n'avait rien à envier aux humains en ce qui concernait sa force physique. Il portait ça comme si ce n'était rien...

- Cap'tain ! On fait quoi maintenant ?

Le brun détourna son attention de la jeune femme qui reprenait son expression habituellement neutre et se cachait sous sa capuche.

- Il faut que j'aille faire un tour dans leur librairie. Vous pouvez partir devant.

- Entendu.

- Je vais te suivre. déclara la blonde fermement.

Il posa ses yeux gris sur elle peu ravi par la nouvelle.

- Loin de moi l'idée de passer du temps avec toi très chère. J'ai besoin de renseignements.

- Fais ce que tu veux ça m'est égal. répondit le brun inintéressé.

- On se retrouve au Polar alors ! s'exclama le Mink en s'éloignant.

Mais Law l'interpella, l'air sérieux et contrarié :

- Bepo.

Il se retourna à demi :

- Oui Cap'tain ?

- ... Fais attention.

L'ours afficha un air plus sérieux et opina d'un signe de tête.

Éleysia le fixa un court instant.

- ...

Puis dévia son attention vers Trafalgar.

Leurs regards se croisèrent l'espace d'une seconde.

Leurs pupilles ne trompaient pas, pour une fois ils semblaient sur la même longueur d'onde. Pas tant rassurés de laisser le Mink rentrer seul en sachant l'animosité que les villageois lui portaient.

Mais Bepo n'était pas faible, il savait se défendre. Il fallait lui faire confiance. Et puis les habitants ne se risqueraient pas de s'attaquer à un membre de l'équipage d'un pirate de la génération terrible sans craindre les conséquences.

En tous cas, ils l'espéraient.

Toujours est-il que Law reprit sa marche le premier, suivit de près par la demoiselle qui ne savait pas vraiment où se trouvait la librairie.

Le silence s'était installé entre eux. Et il les suivis jusqu'à la bâtisse en apparence argile roux.

Ils entrèrent dans la petite librairie.