189_ Polar Tang en réparation
Les jours passèrent...
Une semaine.
Un mois.
Eleysia s'était entraînée sans relâche à remarcher. Bien qu'elle use de béquille en guise de soutient au cas où, la détermination de la jeune femme et de son entourage paya.
Il ne manquait plus grand chose avant qu'elle ne se remette à marcher et courir comme avant.
Bepo s'était totalement rétabli lui aussi, le reste de l'équipage également.
L'île désertée avant l'arrivée de Barbe Noire recommençait à se remplir contre toute attente. Les habitants ayant eu vent du fait que l'île soit toujours sur la carte, avaient décidé de rentrer chez eux.
Ainsi depuis peu, le village reprenait vie.
De leur côté, les pirates du Heart s'affairaient à la reconstruction du Polar Tang. Ce qui n'était pas une mince affaire au vu des dégâts.
Bon nombre de pièces manquaient et étaient à changer. La tôle pourtant plus que résistante, s'était pliée par endroits, il fallait la redresser, parfois refaire fondre des morceaux pour les remouler, les souder... La salle des machines était une hécatombe, un vrai massacre, le plus gros du boulot après la coque se trouvait ici.
L'intérieur était sans dessus dessous, bien des ouvrages avaient été perdus dans les profondeurs de l'océan. Les vivres encore en état avaient été utilisés bien assez tôt, côté nourriture, il n'y avait pas eu trop de gaspillage, la cuisine et la réserve avaient été secouées mais épargnées par les eaux, heureusement. Ce qui n'était pas le cas de toutes les chambres...
- Beuh... Mon peigne fétiche s'est cassé... soupira Shachi maussade.
- Tu t'en achèteras un autre, fais pas le gamin et aide moi tu veux. souffla Ikkaku les bras chargés de livres et cartes à faire sécher.
- Sans cœur va ! geint-il en boudant.
Elle se contenta de rouler des yeux en réponse avant de sortir du submersible.
- Vous vous en sortez ? questionna le capitaine en arrivant accompagné d'Eleysia.
Marcher dans le sable était une belle épreuve à surmonter qu'elle avait insisté à passer. Puis, elle avait des fringues à récupérer à bord.
- Ça va, on avance pas vite... elle posa le tas de livres sur un système de poulie improvisé sur le pont pour que Clione les récupère d'en bas. Mais on a pu sauver pas mal de choses. affirma la brune en se redressant, satisfaite.
- Beau travail.
- Wow ! Ça y est tu gères sans les béquilles ! s'exclama-t-elle à l'intention de sa camarade avec un grand sourire.
L'intéressée soupira :
- Il faut croire. Pourtant une certaine personne refuse de me quitter des yeux, j'ai l'impression d'être un nourrisson qu'on surprotège... souleva-t-elle en lançant un regard accusateur et lourd de sens à celui qui se tenait à ses côtés.
Law roula des yeux :
- J'te signale que si je ne t'avais pas rattrapée tout à l'heure, tu te serais ramassée pas moins de deux fois.
- Ça va, le sable aurait amorti ma chute, je ne serais pas tombée de bien haut de toute façon. bougonna-t-elle un tantinet agacée.
- Quand bien même. Je ne veux prendre aucun risque.
La mécano pouffa discrètement :
- C'est le grand amour à ce que je vois~ taquina-t-elle en époussetant ses mains gantées.
- La ferme. pesta le chirurgien en entamant sa marche en direction de l'entrée du vaisseau jaune, sourcils froncés.
Eleysia haussa ses épaules d'un air faussement lassée en lui emboîtant le pas, une étincelle malicieuse dans le regard :
- Il n'assume pas.
Law tiqua aussitôt tandis qu'une veine apparaissait sur sa tempe.
Il se retourna avant de rire jaune en la pointant du doigt :
- Si j'assumais pas ma belle, je ne ferais pas en sorte que tout le monde voit que tu m'appartiens en te marquant au cou.
Les yeux dorés de la jeune femme s'arrondirent tandis que ses joues s'empourprèrent légèrement, pantoise.
- Aouch. émit la brune les yeux pétillants.
- Un zéro pour le capitaine ! rit Clione qui n'avait rien loupé de la conversation en contre bas.
Ikkaku se mit à rire aux éclats lorsqu'Eleysia leur tira la langue pour cacher son embarras tandis que le noiraud reprenait fièrement son avancée, narquois et victorieux.
Elle lui emboita le pas en frottant machinalement son cou d'une main en grommelant.
Bien que devant, il garda un œil sur elle lorsqu'elle monta les marches pour gagner les dortoirs. Le Polar étant légèrement incliné vers l'arrière de par son amerrissage improvisé, y marcher devenait plus compliqué qu'il n'y paraissait pour une convalescente. C'est la raison pour laquelle il attrapa sa main au cas où elle aurait besoin de se tenir à quelque chose.
Elle le gracia d'un regard reconnaissant avant qu'ils n'arrivent à sa chambre.
- Ça va aller ? questionna-t-il dans le but de savoir si elle avait besoin d'aide pour récupérer ses affaires.
- Oui ne t'en fais pas. affirma-t-elle posément en entrant dans la pièce penchée sur la gauche.
Heureusement que les meubles étaient fixés au sol et au mur, sans quoi ils se seraient tous emmagasinés dans le fond.
Trafalgar observa sa protégée se mouvoir jusqu'à son armoire en s'y agrippant pour ne pas glisser avant de l'ouvrir afin de récupérer ce qu'elle désirait.
Jugeant qu'elle se débrouillait bien et ne risquait normalement pas grand chose, il tourna les talons :
- Appelle moi lorsque tu voudras remonter.
- Oui oui.
Après une œillade rapide par-dessus son épaule, il gagna sa propre cabine en face.
La sienne avait été touchée par les eaux. Il allait devoir changer de draps et laver toutes ses affaires.
Quant aux quelques livres qu'il y gardait, ceux sur l'étagère avaient été en partie épargnés, toutefois, celui qu'il gardait précieusement dans le tiroir de sa table de chevet semblait bien mal en point.
Il le sortit en soupirant, visiblement agacé tandis qu'une lueur d'espoir traversait son regard au moment où il l'ouvrit dans l'espoir que son contenu ait été épargné.
Ce qui malheureusement ne fut pas le cas...
L'encre et le crayon avaient coulé, le contenu s'était effacé, mélangé. Totalement illisible.
Malgré sa déception, il tourna les pages avec précaution, les unes après les autres, dans le cas où l'une d'entre elle pouvait être sauvée.
Mais non.
Un autre soupir lui échappa tandis qu'il dirigeait son attention vers la porte d'où la jeune femme l'observait.
"Elle ne m'écoutera donc jamais..." releva-t-il mi-amusé, mi-agacé.
- Désolé pour ça, tout s'est effacé. informa-t-il en désignant le carnet qu'elle lui avait offert. Je sais que t'y avait passé beaucoup de temps.
Éleysia souffla du nez, visiblement peu atteinte puisqu'elle sourit légèrement :
- C'est pas plus mal tu sais.
- Je ne vois pas en quoi, tout ce savoir envolé, ça me fout en rogne. grogna-t-il en refermant le livre d'un mouvement sec.
- Envolé vraiment ? elle haussa un sourcil malicieux. Tu n'avais plus besoin de ce carnet Capitaine, tout ce qu'il s'y trouvait tu l'as déjà intégré depuis longtemps.
Le chirurgien ne sembla pas soulagé pour autant au vu de l'air renfrogné qu'il affichait.
La blonde finit par s'avancer non sans replacer son sac bourse sur son épaule.
Elle inclina légèrement sa tête, le regard fixé sur lui.
Il arqua un sourcil inquisiteur, la mine tirant vers le maussade.
- En fait c'est pas tant son contenu envolé qui te dérange n'est-ce pas ? sourit-elle avec malice.
- Qu'est-ce que tu racontes, évidemment que si...
- Ce serait pas plutôt de savoir que j'y avais passé beaucoup de temps exprès pour toi ?
- ... Dis pas n'importe quoi. Tu te trompes. grommela-t-il en détournant le regard.
- Quoi tu fuis mon regard maintenant ? rit-elle amusée avant de se poster devant lui, un chouia bancale.
Machinalement il choppa son bras près de son épaule d'une main ferme pour la stabiliser.
- Je ne te fuis pas, je mesure simplement l'envergure des dégâts.
Elle s'efforça de ne pas pouffer et joua le jeu :
- Je vois... Et alors ? Quel est le verdict ?
Tout en expirant du nez il répondit avec lassitude et agacement :
- Ça aurait pu être pire...
Puis son regard se posa sur le carnet entre ses mains tandis qu'une lueur de regret le traversait.
"C'est ma faute, j'aurais pas dû le ranger là." songea-t-il en fronçant ses sourcils.
- Ce n'est pas plus mal que le contenu ait disparu. reprit-elle en devinant l'objet de sa tête de six pieds de long. Au moins il n'y a plus de risque que cela tombe entre de mauvaises mains.
- Mmh. émit-il mollement, visiblement peu convaincu par cet argument.
La jeune femme se mit à le fixer en silence plusieurs secondes avant de briser le silence qui venait de s'installer :
- Donne-le moi.
Il dévia son regard argenté vers elle :
- Quoi ? Pour quoi faire ?
- Tu vas t'en resservir ?
- ...
- Alors donne le moi.
Réprobateur, il finit par obtempérer.
Pourquoi le voulait-elle ? Il ne servirait plus à rien ! Pff c'était à lui, elle le lui avait donné, il voulait le garder.
Mais de toute évidence il ne lui servirait plus à rien alors il serait suspect de le garder précieusement.
Il avait l'air fin.
Ainsi il le lui rendit, boudeur.
Ce qui arracha un furtif sourire à la demoiselle qui, touchée par sa réaction, glissa sa main libre sous son bouc pour venir embrasser sa joue affectueusement :
- Fais moi confiance...
Cette fois il s'adoucit, se détendant quelque peu.
- Tu as ce qu'il te fallait ?
- Oui c'est bon pour moi. assura-t-elle.
- Bien. il lâcha son bras pour venir récupérer le sac de la jeune femme avant de le lui caler entre ses bras.
Elle se laissa faire bien qu'incompréhensive :
- Mais qu'est-ce que tu fais ?
- On rentre. À ces mots, il glissa un bras sous ses genoux, l'autre sous ses épaules et la souleva comme si elle ne pensait rien.
L'air effarée, les yeux ronds elle protesta aussitôt non sans serrer bouquin et sac contre son ventre et sa poitrine.
- Hé ! Repose moi ! Pourquoi tu me portes ? Je peux très bien marcher toute seule !
- Quoi tu n'assumes pas ? On est ensemble après tout~ se moqua-t-il à son tour en engageant le pas vers le couloir en pente.
- Ça n'a rien avoir ! pesta-t-elle en le dévisageant.
Il l'ignora visuellement avant d'esquisser un rictus mesquin :
- C'est pour m'avoir désobéi une fois de plus.
- Qu'est-ce que tu déblatères encore !? râla-t-elle agacée en se laissant cependant porter.
- Tu devais m'appeler lorsque tu en avais terminé tu te souviens ?
- C'est-
- Tais toi un peu et arrête de bouger, tu vas nous faire tomber. souffla-t-il d'un air supérieur et un tantinet plus sérieux lorsqu'il manqua de glisser.
Il l'entendit marmonner des paroles incompréhensives et la sentit s'accrocher à son débardeur, ce qui lui arracha un sourire satisfait.
C'est vrai, il avait agi sur un coup de tête et aussi parcequ'il aimait bien la taquiner, avoir le dernier mot lui plaisait. Et l'entendre bougonner était tout autant amusant à ses yeux.
L'expression "qui aime bien châtie bien" prenait tout son sens depuis qu'il la connaissait.
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