187_ Lorsque la corde se rompt
La rééducation d'Eleysia commença dès le lendemain.
Après quelques étirements, quelques massages qu'elle se fit d'elle même, Law supervisa les exercices.
Épaulée par Shachi et Clione, chacun la soutenant d'un bras, la jeune femme commença à faire quelques mouvements simples.
Le chirurgien suivait de près chacun de ses gestes, chacune des réactions de son corps, à l'affût du moindre sursaut, de la moindre perte d'équilibre, du moindre tremblement.
Les premiers temps, il lui fut incapable de faire plus de trois à quatre pas.
Les Hearts ne lui laissaient jamais le temps de se démoraliser. Toujours ils l'encourageaient, toujours ils la motivaient.
Éleysia se sentait que plus chanceuse de faire partie des leurs, avec hargne et détermination elle s'efforçait de faire de son mieux, de progresser aussi vite et bien qu'elle le pouvait.
Law mettait le holà lorsqu'il la voyait trop forcer, cette tête de mule ne voulait jamais s'arrêter, à l'écouter tout allait toujours très bien et elle ne fatiguait jamais ! Toutefois les signes de son corps ne trompaient pas, elle se voyait donc incapable de tenir tête à son capitaine qui, très ferme, campait plus que jamais sur ses décisions.
Quitte à se montrer sévère envers elle, même si ça ne lui plaisait pas.
Il n'avait pas le choix, c'était pour son bien.
Les soirs, lorsqu'elle dormait profondément blotti entre ses bras, éreintée par sa journée, lui s'écartait en douce pour venir masser les jambes de sa compagne afin de fluidifier sa circulation sanguine et amoindrir la douleur et la lourdeur de ces dernières.
Personne, pas même Éleysia n'en savait rien, il se gardait bien de le montrer.
Law s'en voulait toujours, le rétablissement de la blonde lui tenait plus à cœur que quiconque, il se sentait toujours redevable et l'amour qu'il portait à la jeune femme le poussait à agir dans l'ombre. Elle n'avait pas besoin de savoir qu'il s'occupait d'elle jusqu'à tard le soir car à coup sûr elle se sentirait redevable ou se mettrait à râler en lui disant qu'il n'avait pas à faire ça.
Seulement voilà, un soir il ne fut pas assez prudent.
Alors qu'il la pensait profondément endormi, il déposa un tendre baiser sur sa tempe avant de s'éloigner en recouvrant ses épaules délicatement des draps.
Puis, comme à son habitude, il se dirigea vers les pieds du lit pour relever la couverture jusqu'au haut de ses cuisses.
Non sans s'être réchauffé les mains au préalable pour ne pas créer une trop grande différence de température lorsqu'il toucherait sa peau, le noiraud entama ses mouvements fluides doux, méticuleux et attentionnés.
Éleysia était réveillée. Ses yeux restaient clos mais elle était bel et bien consciente cette fois.
Cependant, contrairement à ce que le chirurgien imaginait, elle ne bougea pas, ne pipa mot, mimant dormir.
Cela dit, comprenant ce qu'il était entrain de faire, elle se pinça la lèvre.
Son cœur se serra, sa gorge se noua.
Cet homme... Était bien plus tendre et affectueux qu'il ne voulait bien le montrer.
Et putain qu'elle l'aimait !
Bouleversée, profondément touchée, elle prit sur elle pour ne pas se trahir, pour le laisser finir et ne pas le prendre au dépourvu.
S'il attendait qu'elle dorme à chaque fois, c'est qu'il ne désirait visiblement pas qu'elle soit au courant.
Seulement voilà...
Malheureusement pour lui cette fois, la jeune femme n'étant pas fatiguée, n'avait fait que se reposer, le sommeil léger.
C'est pourquoi elle s'était réveillée, pensant qu'il s'éclipsait pour vider sa vessie. Loin d'imaginer qu'elle en était la réelle raison...
Les mains expertes du chirurgien semblaient si douces, si appliquées, que la jeune femme n'en fut que plus démunie.
Lorsqu'il acheva son travail, Éleysia tressaillit.
Le lit s'affaissa prestement à ses côtés, il bailla avant de la reprendre dans ses bras tout doucement.
Elle déglutit.
Pourquoi était-il si attentionné !?
Bon sang !
Les mains de la jeune femme s'accrochèrent subitement au t-shirt du tatoué, elle vint enfouir son visage au creux de son cou sans bruit.
- ...
La sentant trembler, il comprit.
- Réveillée ? murmura-t-il tout de même par précaution.
Sa longue main tatouée glissa au creux de son dos tandis qu'il baissa les yeux vers elle sans bouger.
- ...
La demoiselle se sentit incapable de prononcer un traître mot, se mordant la lèvre inférieure le cœur serré.
Il souffla légèrement du nez.
- Éleysia...
- J'te mérite pas. lança-t-elle d'une voix cassée, étouffée de sanglots.
- Qu'est ce que tu racontes...
C'est avec toute la tendresse du monde qu'il caressa son dos.
- J'te mérites pas Law... répéta-t-elle les larmes aux yeux.
D'abord surpris de constater qu'elle pleurait pour de vrai, n'en comprenant pas immédiatement la raison, il ne dit mot.
Puis, après quelques secondes, il soupira. Ses doigts glissèrent derrière la tête de sa partenaire.
- Repose toi ma belle...
- Si tu savais comme je t'aime... chouina-t-elle en reniflant.
Il savait que ce qu'elle vivait n'était pas facile, qu'elle n'avait pas encore digéré tout ce qu'il avait pu se passer malgré l'air jovial qu'elle affichait.
Tout compte fait, Éleysia était une femme bien plus fragile qu'il ne l'imaginait... Ce côté sensible, humain, lui donnait encore plus envie de la soutenir, de la protéger. Ainsi il resserra son étreinte, remontant la couverture sur ses épaules avant de caresser l'arrière de sa chevelure tendrement.
- Ça va aller... murmura-t-il tout bas.
- Depuis quand...?
- De quoi tu parles ?
- Depuis quand est ce que tu... T'occupes de mes jambes comme ça ? sanglota-t-elle en relevant son visage tristement.
- ...
Les iris métalliques du chirurgien se perdirent dans ceux, humides et brillants de sa partenaire.
- Law... Dis moi... implorait-elle la gorge nouée.
Glissant sa main jusqu'à sa joue tout doucement, il essuya l'humidité qui y trônait sans pour autant répondre à sa question.
L'expression mitigée, il hésitait. Perplexe, tiraillé, faible devant son air tristounet, il préféra apposer ses lèvres aux siennes affectueusement.
Après un instant d'hésitation, elle s'y laissa prendre.
- Je t'aime Éleysia. Ce que j'ai fait ne compte pas.
- Bien sûr que ça compte ! s'emporta-t-elle tandis que de nouvelles larmes menaçaient de couler.
Il n'était définitivement pas doué pour consoler les gens...
- T'as aucune idée de ce que je ressens là maintenant Law !
Il déglutit. Pensant sérieusement qu'elle devait se sentir mal. Plus mal qu'il ne l'imaginait.
- Je suis bouleversée ! Si mon cœur bat c'est pour toi !
Cette fois ses yeux gris s'arrondirent de stupeur, son palpitant râta un battement. Mais il n'eût le temps de s'en remettre qu'elle enchaînait, les doigts fermement agrippés à son t-shirt tandis que ses pupilles ambrées soutenaient son regard :
- Je te suis reconnaissante, je t'aime plus que tout, c'est la première fois que je ressens un truc pareil t'entends !? Tout ce que tu fais... elle renifla. Tout ce que je ne sais pas. toute tremblante. Je suis tellement heureuse de t'avoir dans ma vie que tout le reste n'a plus d'importance ! Est-ce que tu te rends compte que j'en viens à penser comme ça !? À ne vouloir vivre que pour partager ta vie !? Que pour passer chaque jour à tes côt-
Coupée court par les lèvres chaudes et pulpeuses du noiraud, elle fondit dans ses bras, se laissant totalement aller.
Il la serra entre ses bras, la pressant contre son corps.
Leur échange buccale s'intensifia, leur souffle s'accéléra, les doigts fins et longs du chirurgien devinrent plus baladeurs, plus pressents.
Ce qu'elle venait de dire l'avait touché profondément. Son propre cœur s'était mit à tambouriner furieusement dans sa poitrine, son estomac se tordait délicieusement, son bas ventre palpitait joyeusement.
Pris dans un tourbillon de frissons plus saisissant les uns que les autres, Law transmettait sa passion, son affection en réponse à ses dires précédents.
Lui aussi l'aimait. Plus que tout au monde. Et bien qu'il imaginait ça impossible, son affection pour elle ne faisait que croître de jour en jour.
Impossible de la lâcher maintenant, impossible de s'éloigner d'elle.
Law était accro, elle était une drogue dont il ne pourrait jamais plus se passer.
Il avait besoin d'elle maintenant, elle faisait partie de sa vie, elle faisait partie de lui. Eux deux, c'était comme une évidence.
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