Le lendemain matin, alors que les rayons du soleil perçaient les rideaux.

Eleysia, yeux clos, se sentait apaisée comme rarement au réveil.

Quelque chose de doux caressait sa joue, un léger souffle frais et mentholé faisait danser les mèches rebelles de ses cheveux.

Tout contre elle, elle sentait le contact chaud et ferme d'un buste qu'elle savait tatoué.

Il était resté.

Et à cette pensée, elle ne put s'empêcher de sourire en même temps qu'elle enfouissait son visage au creux de son cou.

Elle l'entendit souffler du nez et devina aisément un sourire amusé étirer ses lèvres.

Law était accoudé à l'oreiller et effectivement il souriait, sourcils froncés, le regard posé sur elle.

Éreinté était mot faible pour décrire son état et expliquer les cernes profondes qui soulignaient ses yeux.

Pourtant il se sentait plus reposé que ces derniers jours où il avait couru dans toutes les chambres pour veiller sur l'état de ses hommes assidûment.

- Bien dormi ? demanda-t-il non sans resserrer tendrement son bras autour des épaules de la demoiselle.

- Ça va... marmonna-t-elle d'une voix cassée à peine audible.

Elle ne voulait pas le quitter, se sentant trop bien entre ses bras, enveloppée de sa chaleur et son odeur.

- Merci d'être resté... ajouta-t-elle après s'être éclairci la gorge.

Caressant son épaule de son pouce, il répondit :

- Tu n'as pas à me remercier pour ça.

- Bien sûr que si... râla-t-elle tout bas tout en ouvrant un œil.

Le jeune femme l'entendit soupirer.

Il n'était pas d'accord mais ne comptait pas répliquer.

- Il va te falloir reprendre des forces et te nourrir Eleysia.

- Mmh... grogna-t-elle visiblement peu encline à manger.

Elle n'avait pas faim, rien que l'idée de manger lui donnait la nausée mais elle savait qu'elle n'y réchapperait sûrement pas et qu'il était raisonnable d'accepter.

- Tu as arraché les perfusions j'te signal, t'as plus le choix. insista-t-il en la fixant très sérieux, implacable.

- Je sais oui... soupira-t-elle en fermant ses yeux de nouveau. Laisse moi juste profiter de toi encore un peu s'il te plaît... implora-t-elle en un souffle fatigué.

Le moindre effort lui en coûtait.

Il concéda à lui laisser un peu de temps encore.

C'est bien parce que c'était elle.

- Pas longtemps...

- Mmh mmh... émit-elle.

- ...

Son regard acier était posé sur elle, l'air absent. Il avait réfléchi une grande partie de la nuit.

Comment allait-elle réagir lorsqu'elle apprendrait pour Lilas ?

- Vas-y accouche. souffla-t-elle après quelques minutes.

Surpris, il se ressaisit. La jeune femme avait visiblement du flair elle aussi, il faut croire qu'elle commençait à le connaître.

Il la vit relever la tête face à son silence, n'ouvrant qu'un seul oeil pour le dévisager :

- Qu'est-ce que tu ne me dis pas Law ? questionna-t-elle inquiète.

Le noiraud marque un temps d'arrêt avant de soupirer en souriant nerveusement :

- Toi alors... Tout va bien, je t'en parlerai plus tard.

- ...

Cette fois elle fronça ses sourcils le regard lourd de sens.

- Je vais attendre parce que c'est toi qui me le demande et parce que je n'ai pas la force de te tenir tête. Mais dès que je serais de nouveau sur pieds tu ne m'échapperas pas Trafalgar D Water Law. râla-t-elle.

Il grimaça à l'appellation de son prénom au complet, soutenant son regard l'air sérieux :

- Je te promets que je te dirais tout plus tard.

Elle le fixa quelques secondes avant de soupirer.

- Je te fais confiance...

- Merci. murmura-t-il en embrassant sa tempe.

Elle lui facilita la tâche en dénouant ses bras pour le laisser partir :

- File avant que je ne change d'avis.

Nul doute qu'Eleysia était bel et bien de retour. Sa façon de parler avec assurance et indifférence.

Il s'exécuta calmement.

Hors la jeune femme se redressa également alors qu'il quittait le lit, lorsqu'il la vit s'assoir sur le bord en tremblotant il écarquilla les yeux :

- Mais qu'est-ce que tu fais !? Reste allongée, tu ne peux pas te lever pour l'instant Eleysia ! se fâcha-t-il instantanément.

Elle se stoppa donc en grimaçant :

- Mais ça va, j'en peux plus de rester au lit, laisse moi faire un tour !

- Tu plaisantes j'espère !? Il n'en est pas question ! Dépêche toi de te rallonger ! s'agaça-t-il très ferme dans ses paroles.

- Juste deux minutes !

- C'est non ! Tu dois d'abord reprendre des forces !

- Mais !

- J'ai dis non ! s'énerva-t-il en croisant ses bras l'air sévère et intransigeant.

S'en suivit un duel de regards où les deux têtes de mules se défiaient.

Mais ce fut bien évidemment Trafalgar qui en sortit vainqueur, imperturbable tandis qu'elle déglutissait devant son regard froid.

Le chirurgien de la mort était de retour...

- Bien j'ai compris ! râla-t-elle sous l'expression victorieuse du noiraud qui laissa un rictus satisfait apparaître.

- Je vais te chercher de quoi manger, pas de vague tu bouges pas de ce lit.

- ...

- J'te jure que si t'oses lever ton cul de ce matelas je t'y attache ! s'énerva-t-il menaçant.

- Ça va, ça va j'ai compris... soupira-t-elle en détournant le regard en même temps qu'elle se rallongeait.

- Bien. Je reviens. S'il t'arrive quoi que ce soit tu hurles mais tu bouges pas compris ?

- Pff... Oui. grommela-t-elle.

Ainsi il la fixa encore quelques secondes histoire de s'assurer qu'elle se tiendrait tranquille. Elle semblait avoir compris. Alors, rassuré, il soupira en faisant volte-face.

Toutefois, avant de ne fermer la porte derrière lui, il lui jeta un bref coup d'œil :

- Bouge pas. insista-t-il une dernière fois alors qu'elle roulait des yeux.

- J'ai compris ça va ! râla-t-elle agacée.

Il ne put contenir un léger sourire moqueur à sa réaction puis disparu.

La jeune femme se retrouva seule et soupira bruyamment, passant par la même occasion une main sur son visage fatigué.

Elle avait pourtant bien dormi.

Malgré son interdiction, elle se redressa pour s'asseoir contre la tête de lit.

S'efforçant d'étirer ses membres engourdis de longues minutes. Elle se sentait lourde.

Puis, étirant ses bras en les joignant au-dessus de sa tête elle grimaça.

- Eurgh. À quand remonte la dernière douche...

Dire qu'il avait dormi avec elle dans ses bras, le pauvre avait dû s'asphyxier.

Elle ne put s'empêcher de pouffer à cette idée, bien qu'embarrassée.

- J'ai les cheveux gras aussi... soupira-t-elle. Quelle plaie...

Allait-elle être capable de lui négocier une douche ? Elle ferait de son mieux en tous cas.

Puis vint le moment où elle retira les draps pour découvrir la raison de la lourdeur de ses jambes.

- ...

Elles n'étaient pas aussi violacées que lorsque Law l'avait découvert la première fois, avec tous les soins qu'il lui avait prodigués, elles avaient repris leur couleur initiale mais Eleysia voyait et sentait bien que quelque chose n'allait pas, elle ne parvenait plus à les bouger comme avant.

- Qu'est-ce qu'il m'arrive...

Machinalement elle les massa dans le but de les revivifier, pensant que ce n'était que du à sa longue période sans bouger. Mais ça ne changea pas grand chose.

À part l'épuiser davantage.

Suite à quoi elle soupira, se couvrit et se rallongea, fixant le plafond, puis déviant son regard vers le couvre-chef de son capitaine.

D'une main elle s'en empara, caressant la fourrure d'un pouce lorsqu'elle le tint devant elle dans l'air, le regard absent.

- ...

Elle avait encore du mal à réaliser qu'ils étaient tous en vie.

Elle voulait tant les revoir pour s'en assurer...

Soufflant du nez, elle serra le bonnet contre sa poitrine douloureuse.

Que s'était-il passé après que Law ne se soit évanoui dans ses bras ?

Peu à peu, gagnée par la fatigue elle ferma ses yeux, et se laissa emporter, sombrant dans l'inconscience.