118_ Garder la tête haute
Ils arrivèrent au vaisseau et elle désira descendre, ce qu'elle fit.
Mathia se trouvait toujours là et se précipita sur elle :
- Oh tu es enfin là ! J'ai eu si peur ! Mais tu es blessée à la jambe !?
Trafalgar affichait de nouveau un air renfrogné et pressé :
- Justement gamin, bouge.
La blonde rassura l'enfant d'un doux sourire :
- Ça va aller, tu n'as plus rien à craindre des Monsieurs maintenant, ils ne te feront plus rien.
- C'est vrai !? Oh merci !!
Sans prévenir il l'enlaça.
"Heureusement", qu'elle ne sentait pas la douleur.
Trafalgar le détacha bien vite en le fusillant du regard.
- Ça suffit gamin.
Il fila se cacher derrière Bepo tandis que Law lui ordonnait de s'en occuper.
- D'accord...
Le petit revint quand même à la charge en attrapant la main de la jeune femme :
- Merci beaucoup...
- Ce n'est rien. sourit-elle de plus belle faiblement.
"Rien"... De quoi énerver Law du moins puisqu'il attrapa la main de la demoiselle pour l'entrainer avec lui dans le Polar :
- Aller viens !
L'enfant lui tira la langue en douce, ce qui arracha un rire au Mink.
Puis Eleysia entra à la suite de son capitaine jusqu'à l'infirmière, elle avait sentit sa main trembler en route. Mais elle n'avait rien dit, se contentant d'un triste regard.
Sitôt arrivés dans la pièce, il referma derrière eux à clef et l'incita à s'assoir sur un lit après avoir retiré son manteau. Il avait pris des teintes rougeâtres lui aussi, preuve que le dos d'Eleysia était dans un piteux état.
Il se planta devant elle après s'être lavé et désinfecté les mains et enfilé une blouse blanche.
- Je vais devoir retirer ton haut. Ne vas pas me dire que tu ne veux pas que je soigne ton dos ou je t'assure que...
Elle roula des yeux et le retira elle même avant de le jeter à la poubelle, se retrouvant en soutien gorge :
- Vas-y, je n'ai plus rien à cacher, fais ton travail chirurgien de la mort.
Il la fixa droit dans les yeux, impassible.
Ça, s'était fait.
Au fond il était soulagé qu'elle ne chipote pas et ne soit pas pudique.
- Pas d'anesthésie je suppose.
- Tu supposes bien, j'ai été plus rapide.
Il ignora sa remarque et l'invita à s'allonger sur le ventre, ce qu'elle fit docilement.
Suite à quoi il s'occupa de nettoyer tout ça. Dégraffant en premier lieu l'attache de son sous vêtements pour opérer avant d'extraire les morceaux de tissus incrustés dans sa chair. Enfin plutôt collés à sa peau à cause du liquide rougeâtre coagulé...
Un vrai charcuterie à première vue. Heureusement que Law avait l'estomac bien accroché et qu'il n'était nullement dérangé par la vu du sang.
Une fois tout sang enlevé, on ne constatait que des blessures plus ou moins superficielles. Il faut croire que son dos s'était fortifié et renforcé lorsqu'elle avait subit les coups de fouets enfant.
Ça n'en serait pas moins douloureux une fois l'anesthésie levée.
Trafalgar ne mit pas énormément de temps à s'occuper de son dos, à vrai dire, seules deux entailles nécessitaient des points de suture.
Après de bonnes minutes à opérer, il lui demanda de se redresser, désirant bander tout son buste pour maintenir les pansements comme il faut au niveau du dos.
Elle s'assit donc de nouveau.
Il nettoya soigneusement son ventre d'un gant au passage, sous l'œil attentif de la jeune femme qui tenait d'un bras sa poitrine et le tissu qui le couvrait.
D'ailleurs elle fut contrainte de le retirer afin qui entame ses bandages tout autour, très professionnel.
Elle l'admirait pour ça. C'était un excellent médecin.
Elle l'aida cependant brièvement en tenant le bout de départ tandis que, dans son dos et très proche il tournait la bande autour de son corps.
Enfin terminé, il passa à la blessure de sa cuisse. Tout aussi habile et appliqué.
Ni l'un ni l'autre ne pipa mot hormis Law pour lui informer de la marche à suivre quand à l'aide qu'elle désirait lui apporter.
Dans ses pensées, elle ne vit même pas le temps passer lorsqu'elle constata qu'il avait déjà terminé.
Manquait plus que la joue.
Il la nettoya et passa une crème dessus. Elle dégonflerait rapidement.
Trafalgar ne manqua pas de remarquer le regard absent de la jeune femme.
- Je ne dirais rien si ça peut te rassurer, Bepo non plus.
Elle plongea ses yeux dans les siens tandis qu'il lâchait sa joue.
- Ça m'est égal.
Il fronça ses sourcils d'incompréhension, l'interrogeant du regard.
- J'avais peur dans le fond, de voir du dégoût dans vos yeux lorsque vous le verrez.
Voyant son air blasé elle soupira :
- C'est absurde je sais. D'autant que vous êtes médecins et que vous en voyez passer des horreurs. Mais je n'étais pas à l'aise quand même. Enfaite... elle baissa les yeux. Ça me dégoûtait moi même je crois.
- ...
- Pas totalement à cause de l'apparence mais parce que ça me rappelais avec quelle impuissance, j'ai vu ma sœur mourir.
Trafalgar comprenait parfaitement ce qu'elle voulait dire, c'est pour ça qu'il ne disait rien.
- C'est grâce à vous que j'ai compris que c'était... Tristement son destin que de mourir là bas, et le mien de vivre avec.
Tout en l'écoutant il rangeait les produits.
- Alors maintenant... J'accepte tout ça. Et j'assume. Enfin je vais faire au mieux.
- T'y arriveras. affirma Law en fermant une étagère. Après tout ce que tu as vécu, tu en es plus que capable...
"Et puis on sera là aussi."
- Oui... Ce qui ne tue pas rend plus fort hein. sourit-elle en regardant ses poignets bandés.
Tiens elle ne l'avait même pas vu s'en occuper...
- Merci d'être venu me chercher capitaine.
- Ça va, oublie ça. dit-il amèrement. J'ai été long ça m'énerve. avoua-t-il sans filtre.
- Un peu... sourit-elle.
Il râla dans son coin.
- Mais tu étais là. Sans Bepo et toi j'aurais sombré dans la folie. rit-elle avec détachement.
- Tu as tendance à plutôt bien prendre les choses quand-même... lança-t-il en jetant des gazes usagés.
- Mon maître m'a appris à toujours garder la tête haute. Je tiens à l'écouter.
- Ton maître ?
- Celui qui m'a recueilli à mes neuf ans oui, lorsque je me suis enfuis de chez Clarks.
Il opina d'un signe de tête :
- J'espère qu'un jour, j'aurais la chance d'entendre la version longue. taquina-t-il.
Elle sourit en haussant un sourcil :
- Ça t'intéresse ?
- J'admets être curieux.
- Peut-être un jour...
- En attendant il va te falloir du repos. annonça-t-il plus sérieusement. Tu as perdu du sang mais rien de grave, hors si tu as des vertiges préviens moi.
- Entendu. Je laverai ton-
- Sûrement pas ! s'agaça-t-il. Non mais je rêve ! Je viens de te dire de te reposer, ça vaut aussi en cuisine !
- Mais-
- Pas de mais ! Du Re-pos ! J'y veillerai !
- Pfff...
Il croisa ses bras sur son torse l'air sévère, implacable :
- Ça commence dès maintenant.
- ...
Son regard sur le lit se fit insistant et démonstratif.
- Et l'enfant ?
- Je le ramènerai chez lui fais moi confiance.
- Mais tu ne l'aimes pas.
- Je n'ai jamais dis ça.
- Tu le fusillais du regard tout à l'heure.
- Il te serrait dans ses bras !
- ...
Il détourna immédiatement le regard et précisa :
- Alors que t'étais blessée...
- Et lorsqu'il m'a prit la main ?
- Le temps pressait.
- Tu as vraiment réponse à tout...
- Évidemment qu'est ce que tu crois !?
Elle sourit avec amusement :
- Vraiment tout ?
- Tout.
- Dans ce cas si je te dis vouloir un câlin là tout de suite, tu me dis quoi ?
Il mit une seconde avant de réagir en la fixant avec de gros yeux :
- Du repos j'ai dis !
- S'il te plaît ?
Il grimaça et détourna le regard :
- Tu es insupportable !
- Première nouvelle, c'est un oui ?
- C'est un non !
- Pourquoi tu restes ici alors ?
- Pour- m'assurer que tu t'allonges ! s'agaça-t-il.
- Je suis aussi têtue.
- Je sais ! râla-t-il en ouvrant ses bras sans la regarder.
Elle écarquilla les yeux de surprise.
- Vite. ordonna-t-il. Deux secondes avant que je ne change d'avis. Un... D-
Trop tard, la jeune femme était déjà contre lui et l'enlaçait avec force et reconnaissance, la tête calée sur son épaule.
- Merci pour tout Law. murmura-t-elle.
Il était clair qu'elle faisait allusion à ce qu'il s'était passé là bas, ce qu'il avait fait, ce qu'il avait dit.
Mais également après, il l'avait soigné encore une fois.
Il ne la jugeait jamais. Il l'acceptait telle qu'elle était.
Et maintenant il refermait tout doucement ses bras autour de ses épaules.
Il semblait hésitant. Puis prononça malgré tout d'une voix basse :
- Il m'a mit hors de moi, j'ai pas supporté te voir subir tout ça sans rien faire, c'est arrivé d'un coup.
- Pardonne moi...
- Tu n'as rien à te faire pardonner.
- De t'avoir inquiété. sourit-elle.
Il souffla du nez :
- Ça je commence à en avoir l'habitude.
Ses mains caressaient tendrement ses épaules, elle se demandait bien s'il s'en rendait compte ou non...
- ...
Elle appréciait.
C'était chaleureux et rassurant.
Mais une autre chose tourmentait ses pensées et la démangeait depuis bien trop longtemps à son goût :
- Je peux faire une dernière chose avant de me coucher ? questionna-t-elle en laissant son sourire retomber.
Il soupira en la relâchant légèrement, s'écartant :
- Quoi encore ?
Mais sous son air sérieux il fronça ses sourcils, laissant ses mains sur le haut de ses bras.
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