109_ Doux songes
Puis elle finit par sombrer dans un profond et doux sommeil, loin des cauchemars, près des rêves.
Dans l'un d'eux elle se revoyait sur l'île où ils s'étaient entraînés, sur l'une des collines.
Law était en bas, couvre-chef sur la tête, manteau bleu sur les épaules. Il venait de se retourner et semblait l'attendre.
Elle ne voyait pas très bien les alentours, seulement l'herbe courte du chemin en pente qui la séparait de lui.
Le noiraud levait la tête vers elle et plantait ses yeux gris dans les siens.
"Aller dépêche, j'ai pas que ça à faire." disait-il.
Alors elle soupirait en secouant la tête désespérée avant d'avancer vers lui qui ne bougeait pas, mains dans les poches de son pantalon tacheté.
Jusqu'à ce qu'il lui tende la main avec un sourire, sourcils froncés.
"Bienvenue à bord Eleysia." avait-il dit d'une voix plus douce.
Puis elle avait attrapé sa main et il l'avait attirée contre lui pour la serrer dans ses bras.
"Je t'attendais." furent ses dernières paroles avant que la jeune femme ne se réveille face à la mer.
Le ciel était encore sombre mais au loin il commençait à prendre une lueur rosée, signe qu'il devait déjà être le matin.
Elle constata qu'ils n'avaient presque pas bougé mais que Law avait légèrement desserré son étreinte et qu'une de ses jambes s'était détendue et dépliée légèrement. Par contre, l'une de ses mains avait attrapé son poignet dans son sommeil.
La jeune femme était encore un peu fatiguée mais si elle se rendormait, le risque de se faire prendre par un ou deux lève tôt se faisait plus grand. Hors Trafalgar ne semblait pas vraiment vouloir se faire surprendre.
Et ça se comprenait.
Les rumeurs ici allaient bon train.
De sa main libre, un peu engourdie certes, elle entrepris de suivre du bout des doigts les tatouages sur ses avants bras en murmurant tout bas :
- Law... Réveille toi...
Elle le sentit expirer contre son cou, signe qu'il l'avait entendu mais n'était pas vraiment décidé.
- Law, il fera jour dans quelques heures...
Il grogna, émergeant à peine mais refusant de bouger. La preuve en était qu'il resserra son étreinte autour d'elle en même temps qu'il cachait son visage au plus près de son cou.
- C'est pour toi, imagine un peu Shachi ou Penguin nous surprendre...
Il se crispa instantanément à l'entente de leurs deux prénoms.
Ah non, ça jamais, plutôt mourir.
Alors il leva simplement une main parallèle au sol avant de marmonner une "Room" similaire à un grognement puis changer la position de ses doigts de manière lente et prononcer un "Shambles" un peu plus distinct.
L'instant d'après ils se retrouvaient sur son lit froissé et Law se laissait tomber dessus, sur le côté, entraînant Eleysia avec lui sans demander son avis.
Il voulait encore dormir. Et visiblement il ne voulait pas la lâcher pour autant.
Par contre, il avait ses cheveux dans la figure.
Ça ne le dérangeait pas vraiment au départ puisqu'il avait failli se rendormir comme ça. Mais comme ils l'empêchaient de respirer correctement, il finit par froncer ses sourcils sans pour autant ouvrir les yeux –sinon impossible de se rendormir– et vint décaler ce qui le dérangeait maladroitement.
Eleysia qui s'était jusqu'à lors laissée faire finit par ramener elle-même tous ses cheveux sur le côté puisqu'il semblait en galère les yeux fermés, avant de les glisser sous sa tête, jusqu'au devant de sa poitrine. Pour le plus grand bonheur du pirate qui pu enfoncer sa tête sur son oreiller et ramener la jeune femme de dos, contre lui.
Oh il ne réalisait pas vraiment ce qu'il faisait, il dormait à moitié depuis le début.
Mais tout ce qui comptait pour lui là tout de suite, c'est qu'il était bien et qu'il voulait dormir.
Eleysia quant à elle, avait été surprise qu'il agisse ainsi. Elle l'aurait plutôt imaginé râler et rapidement se séparer d'elle, soulagé que leur étreinte prenne fin.
Mais non, visiblement ce n'était pas le cas.
Son bras gauche passait au dessus de la jeune femme et entourait sa taille, sa main venant se caler sur son ventre. L'autre, qui était en galère avec ses cheveux plus tôt, avait réussi à passer sous elle et entourait son ventre tandis que sa paume s'était arrêtée sur sa hanche.
Maintenant il ne bougeait plus. Elle non plus. Il faut dire qu'elle ne pouvait pas vraiment... Et puis le souffle léger mais régulier du Heart caressait sa nuque tant qu'elle le devinait très près. De toute façon elle sentait ses pectoraux collés contre son dos alors...
Elle soupira et se résolut, sans grand mal, à fermer ses yeux de nouveau. Que faire d'autre ? Cette fois c'était de la faute de Law s'ils se retrouvaient comme ça.
Ils dormirent donc quelques heures de plus.
Jusqu'à ce que ce soit Law, qui enfin, émerge le premier.
Il était bien là. Ça sentait bon, il faisait chaud, il était calé, bon son bras droit il le sentait à moitié mais hormis ça...
Le noiraud prit une bouffée d'air.
Puis ouvrir les yeux lentement.
Ah tiens, elle était là elle.
Ah...
Il fronça ses sourcils.
AH !
Mais qu-
Ah.
Les souvenirs qu'il y a quelques heures lui revinrent en mémoire et il retira le bras qu'il pouvait actuellement bouger pour venir frotter ses yeux et s'allonger sur le dos.
Fais chier...
Il n'avait rien à lui dire en plus.
Quoi que techniquement c'était arrivé parce que mademoiselle avait décidé de le considérer comme un canapé la veille.
Donc bon...
Mais bon, là tout de suite ce qu'il désirait était de récupérer son autre bras...
Alors il lui jeta un coup d'œil, sa main toujours à moitié sur son front.
Sa respiration était si calme qu'il douta qu'elle ne se soit réveillée.
Hors ne sentant plus la chaleur dans son dos, la demoiselle roula vers lui lentement, écrasant un peu son bras au passage. Puis se retrouva face et contre lui.
Bon au moins il pouvait lever son avant bras derrière elle maintenant...
Mais elle se servait du reste comme oreiller et venait de poser sa main en boule sur son torse.
Génial...
Il se concentra d'abord sur la sensation atroce de fourmillements dans son bras.
Puis se focalisa sur elle.
C'est la première fois qu'il prenait le temps d'observer son visage aussi calme de près.
Elle était vraiment belle.
Non mais stop.
Il était plutôt temps de la réveiller que de profiter de la vue.
Alors du bout des doigts il vint caresser sa joue, observant ses réactions.
Mais comme rien ne se passait, il appuya sur le bout de son nez en plissant des yeux.
Cette fois elle le retroussa durant une fraction de seconde. Chose qui le surpris. Il répéta donc le geste et elle fit de même.
Il pouffa. C'était quoi ça !?
À la fois mignon et amusant, il n'aurait jamais pensé qu'elle réagirait ainsi.
Pour la troisième fois il appuya dessus comme un gamin avec un nouveau jouet.
Cette fois elle fronça les sourcils et vint se frotter le bout de son nez du dos de sa main.
D'un air sadique cette fois il recommença, elle allait bien finir par se réveiller...
Effectivement, après avoir bougé le bout de son nez pour la quatrième fois, elle grommela :
- C'est toi... Arrête ça tu veux... J'ai failli te frapper en te prenant pour un insecte...
- Debout, assez dormi pour aujourd'hui. ordonna-t-il sans pitié en ignorant sa plainte.
Il avait assez donné de son temps.
Elle s'écarta et souleva son buste juste le temps qu'il enlève son bras :
- J'te signale que c'est toi qui t'es rendormi Trafalgar... grogna-t-elle en passant une main sur son visage avant d'ouvrir les yeux.
- Peut-être mais tu m'as suivi. Aller bouge de là que je descende pour me changer.
Elle souffla du nez en fermant les yeux de nouveau. La tête dans le cul apparemment.
Voyant qu'elle ne bougeait pas, il entreprit de passer dessus. Bras gauche... Jambes gauche...
Hors évidemment elle entreprit juste après de rouler sur sa droite pour quitter le lit sans capter qu'il était au-dessus. Alors évidemment, elle décanilla son bras gauche au passage puis ouvrit les yeux en comprenant qu'elle venait d'heurter un truc. Sauf que c'était trop tard : Law avait été surpris, avait écarquillé ses yeux puis perdu l'équilibre pour finir étalé sur elle.
- Mais qu'est-ce que tu fous ? râla-t-elle en tournant son regard vers lui. J'allais me lever j'te signal !
- J'te retourne la question ! s'énerva-t-il en levant la tête, qui avait manqué de cogner la sienne.
Heureusement qu'il avait eu le réflexe de se décaler pour atterrir sur le coussin. Bonjour le coup de boule au réveil sinon...
- T'es bien trop lente au réveil ! reprit-il sourcils froncés, la tête juste au-dessus de la sienne.
Et ce n'est qu'en remarquant l'expression surprise de la jeune femme qu'il calcula leur proximité et qu'il se tue d'embarras.
Tout son corps écrasait le sien et ce n'est qu'à hauteur de ses arrières bras qu'il se trouvait, les coudes posés de chaque côté de son visage. Il écrasait d'ailleurs ses cheveux d'un côté mais elle ne semblait pas le sentir.
Il déglutit.
Ils étaient vraiment très très proches et son cœur commençait à s'emballer.
Immanquablement il repensa à leur baiser échangé il y plus de six moins qu'il n'avait jamais pu oublier.
Et la tension grimpa en flèche de son côté. En plus leurs corps étaient encore plus proches, littéralement pressés l'un contre l'autre, il sentait sa poitrine, il sentait son souffle, il voyait ses yeux en gros plan... Et ils se trouvaient sur son lit, dans sa chambre.
Ouais.
Ça n'allait pas DU TOUT.
Les envies refoulées commençaient à resurgir peu à peu alors qu'il avait eu tant de mal à les canaliser, à les enfoncer au plus profond de lui-même.
Ses barrières tombaient les unes après les autres.
Non ça n'allait pas. Ça n'allait pas !
- L-law tu m'écrases...
Il tressaillit. Pourquoi avait-elle dit ça les joues rouges ? Le regard fuyant ?
Ça lui donnait encore plus envie de...
Il ferma ses yeux avec force et serra les dents en râlant, les joues toutes aussi rouges :
- Je sais. À qui la faute hein !?
Enfin il reprit le contrôle et quitta le lit bien assez vite.
De la distance.
Il devait absolument mettre de la distance.
Vite.
Il passa une main sur son visage, restant de dos, incapable de la regarder en face.
Allongée, elle fit exactement pareille, visiblement dans le même état que lui.
Le silence prit place mais ni l'un ni l'autre ne s'en préoccupa, trop concentré à reprendre son calme.
Puis elle finit par se lever avant de lui jeter un coup d'œil :
- Navrée pour... Ça. s'excusa-t-elle nerveusement.
Il balaya l'air de sa main, l'invitant à ne plus s'en préoccuper. Il se sentait tout aussi coupable et son désir grandissant pour elle le préoccupait grandement.
Elle faisait partie de son équipage maintenant... La privation et la tentation n'allaient qu'être plus grandes. Il le savait...
Ayant repris son calme et son air impassible de capitaine, il finit par dire :
- Ce n'était rien. Tu peux t'en aller.
Elle acquiesça calmement d'un signe de tête :
- À plus tard.
- Mmh. À plus tard.
Le noiraud avait préféré lui répondre pour éviter qu'elle interprète mal son silence. Il voulait faire comme si tout allait bien, faire comme d'habitude.
Et elle aussi.
Sauf que non. Et tous deux allaient petit à petit s'en rendre d'autant plus compte.
Elle quitta donc la pièce.
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