Chapitre XXIX
"La vérité c'est qu'il n'y a pas de vérité" Pablo Neruda
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- Tu connaissais l'existence de la carte. Personne n'a jamais deviné. Et maintenant tu es en sa possession ? Comment ?
- Tu veux dire que cette carte, ce sont eux qui l'ont créée ? s'écria Severus d'un air surpris et choqué.
- Nathanaël, tu nous mènes en bateau pendant tout ce temps ? demanda Regulus, d'un air blessé.
- Il ne nous a jamais laissé l'utiliser, avoua Severus, devenu suspicieux.
- C'est parce que tu n'es pas Nathanaël Drawkins, n'est-ce pas ? demanda Remus.
- Vous le savez depuis le début que ce n'est pas son vrai nom, s'écria Sofia en élevant la voix. Et cela ne vous a pas empêché de le suivre, d'entrer dans l'Ordre du Phénix ou encore de chercher la source et de venir jusqu'ici, de braver les dangers.
Il y eut un silence durant lequel les adolescents se jaugèrent du regard. Lily finit par s'avancer jusqu'à lui afin de lui faire face. Ils étaient proches. Très proches. Nathanaël se sentit légèrement mal à l'aise face à ce regard intense qui semblait lire au plus profond de lui-même. Puis elle tendit soudainement sa baguette dans sa direction. Le Survivant ne put s'empêcher de fermer les yeux mais alors qu'il s'attendait à subir à un maléfice, il ressentit une douce chaleur l'envahir.
- Je te fais confiance, Nathanaël. Ce sortilège nous permettra de ne pas mourir de froid dans les eaux du lac.
Puis elle se tourna vers les autres.
- À qui le tour ?
Regulus, Sirius, Remus et Sofia restèrent sur la terre ferme afin de couvrir leurs arrières tout en restant à l'abris sous la cape d'invisibilité. C'était bien la première fois que Sirius ne suivait pas son meilleur ami dans une quelconque aventure mais aujourd'hui, il devait veiller sur son petit frère. Nathanaël rendit les cartes à Sofia. Elle pourrait en avoir besoin. Peut-être plus que lui...
Lily, James, Severus et Nathanaël plongèrent dans les eaux sombres du lac avec le sortilège têtenbulle, suivant la petite boule de lumière invoquée par la carte de l'Hermite. Ils allaient toujours plus loin, toujours plus profondément. Le silence devenait de plus en plus épais tandis qu'ils découvraient un étrange et sombre paysage nimbé de brume. Grâce à la lumière, ils pouvaient contempler de véritables forêts de plantes aquatiques ondulant lentement au rythme des ondes qu'ils provoquaient en nageant. De larges étendues de boue tapissaient le sol meuble du lac, parsemé de pierres qui miroitaient faiblement dans la pénombre, à la lueur de leur guide lumineux. De petits poissons frétillaient autour d'eux, comme des fléchettes d'argent. Ce paysage avait quelque chose de magique, mystérieux, beau et inquiétant à la fois.
Au loin se dessinait des rochers empilés les uns sur les autres, formant des bâtisses rudimentaires de pierres brutes, aux murs parsemés d'algues. L'endroit était animé par les êtres des eaux, les sirènes du lac. Cependant, la petit boule de lumière s'enfonça soudainement dans les algues. Aussitôt, les quatre aventuriers de ces eaux plongèrent et alors qu'ils s'attendaient à trouver un sol vaseux, ils découvrirent un grillage recouvert de mousse et d'algues. En dessous, une crevasse. Un bombarda lancé par James eut raison de la grille et ils s'engouffrèrent les uns après les autres dans ce tunnel qui descendait toujours plus profondément dans les entrailles, puis, soudain, il les fit remonter. Le tunnel avait pris la forme d'un coude et en continuant leur avancée, leur tête finit par crever la surface.
- On est toujours sous le lac, affirma Rogue en se maintenant à la surface. Nous sommes descendu trop profondément et la remontée a été trop rapide.
- Alors, on serait dans une sorte de poche d'air ? demanda James avec étonnement.
- Comme le siphon d'un évier, affirma Lily.
- Là bas, on peut remonter, indiqua Nathanaël.
La petite boule de lumière luisait à présent plus faiblement. Elle leur laissa le temps de rejoindre la terre ferme avant de s'éteindre progressivement.
- Lumos, lança aussitôt James.
La baguette de Potter s'illumina mais la caverne dans laquelle ils se trouvaient était trop imposante pour être entièrement illuminée. James lança la version plus puissante du sortilège, et ils découvrirent une immense caverne dont les parties brillaient grâce à la lumière produite. La pierre semblait polie.
- C'est incroyable.
La voix de Lily résonna dans ces lieux qui n'avaient sans doute pas reçu de visite depuis un millénaire. Depuis la création de Poudlard.
- Regardez ! s'écria Severus. Les visages des fondateurs, gravés dans la pierre.
La caverne était circulaire. Les visages étaient gravés les uns à coté des autres, vers le plafond, avant la voute. Tandis qu'ils s'avançaient, les sorciers découvrirent une arche monumentale. Sa clé de voute était décorée de l'insigne de Poudlard.
- C'est ici. Nous y sommes.
Mais alors qu'ils s'apprêtaient à franchir la porte, un grondement les fit reculer. De la pénombre sortit une créature gigantesque que Nathanaël avait déjà croisé autrefois même s'il ne s'en souvenait pas parfaitement. C'était quand déjà ? Pendant un cours de Défense ? Elle avait le corps d'un lion gigantesque, de grandes pattes dotées de griffes et une longue queue jaunâtre qui se terminait par une touffe de crins marron. Quant à sa tête, c'était celle d'une femme.
- Un sphinx, souffla Lily.
En entendant la voix de la jeune femme, la créature tourna ses grands yeux en amande vers Lily qui leva sa baguette sans très bien savoir ce qu'il convenait de faire. Le sphinx bloquait le passage mais ne semblait pas avoir d'intentions agressives. Pour l'instant...
- Vous qui avez trouvé la voie, bienvenue, dit alors la créature d'une voix grave et rauque. Cependant avant d'atteindre votre but, il vous faudra affronter les épreuves des quatre Grands Fondateurs.
- Des épreuves ? Les notes d'Haley, qu'est-ce qu'elles disaient ? demanda James en se tournant vers sa petite amie.
- Qu'est-ce que j'en sais, répliqua Lily légèrement énervée. Tu crois que j'ai eu le temps de lire avec tout ce qu'il s'est passé ?
Le sphinx s'assit devant l'arche et attendit d'avoir leur attention afin de parler à nouveau.
- Je suis l'épreuve de Rowena Serdaigle. Il vous faudra répondre à mon énigme pour passer. Un seul d'entre-vous m'affrontera. Un pour chaque épreuve. Choisissez judicieusement.
- Lily, tu es la plus intelligente de nous quatre.
Severus grogna pour la forme mais il devait bien reconnaitre qu'Evans était la plus cultivée, que ce soit de culture sorcière ou de culture moldue. La jeune femme fit quelques pas en avant pour se retrouver seule face au sphinx.
– Si tu donnes la bonne réponse, je te laisserai passer, toi et tes compagnons, si ta réponse est mauvaise, je vous attaquerai férocement. Enfin, si tu ne dis rien, vous pourrez repartir sans dommage dans la direction opposée.
- Lily, attends !
- On n'aurait jamais dû l'envoyer, grogna Severus, blanc comme un linge.
- Elle a le choix. Elle peut toujours entendre l'énigme et ne pas y répondre. Il faut lui dire, expliqua Nathanaël.
Mais alors qu'il s'avançait d'un pas, son corps rencontra une résistance. Quelque chose l'empêchait de se rapprocher de la rouquine. Ils se mirent alors à crier son nom mais pas une seule fois, elle ne se retourna. Elle ne les entendait pas.
- J'attends votre énigme, déclara Lily d'une voix assurée bien que l'on y perçoive quelques tremblements.
La créature se redressa, le dos plus droit, la posture plus fière et un sourire mystérieux au bord des lèvres.
- Tous, nous en avons un. Hier ? Jamais. Demain ? Toujours. Ouvert, mais inattendu, incertain et parfois surprenant, tel le destin. Qui est-il ?
La jeune femme se mit à faire les cent pas devant le sphinx tout en marmonnant dans sa barbe inexistante.
- Tous nous en avons un. Donc, c'est un mot masculin. Quelque chose que l'on possède tous. Un héritage ? Ce n'est pas ma réponse, s'écria la jeune femme en se tournant vers la créature. Je réfléchis à haute voix.
- Ta réponse devra être formulée face à moi et de façon officielle, lui indiqua le sphinx.
- Elle ne va pas y arriver, gémit James en s'accroupissant, les mains dans ses cheveux, les ébouriffant nerveusement.
- James. Aies confiance en elle. Lily... est une personne extraordinaire. Bien plus que tu ne le penses. Que vous ne le pensez tous les deux.
Severus et James le regardèrent un instant, sans comprendre lorsque Lily cria, les faisant tous sursauter.
- Je sais. L'avenir. Nous avons tous un avenir, que nous soyons jeunes, vieux, femme, homme, sorcier ou moldu. Il ne parle jamais du passé, "hier", mais toujours du futur "demain". Ouvert, il s'offre à toutes les opportunités, même les plus inattendues. On ne peut jamais en être certain et de fait il peut nous surprendre. Avenir... est comme le destin.
Avec une forte assurance qui impressionna les trois garçons, Lily se tourna vers le sphinx et annonça sa réponse.
- Ma réponse est l'avenir.
La créature eut un sourire puis elle se décala et s'inclina devant eux.
- Vous avez réussi l'épreuve de Serdaigle et vous êtes montrée digne, Lily Evans. Vous pouvez passer.
- Vous connaissez mon nom ?
Mais la créature s'était déjà faufilée dans les recoins sombres de la caverne, grimpant sur la roche et elle disparut dans un trou pour certainement retourner dans sa tanière. La magie qui empêchait les garçons d'avancer se dissipa et ils purent enfin rejoindre leur amie. James se précipita vers elle et il la fit tournoyer dans ses bras.
- Tu es... exceptionnelle.
Il lui déposa un baiser ferme et fort sur les lèvres, teinté d'un amour fou et d'une grande fierté. Severus détourna le regard, tout comme Nathanaël dont les pensées se dirigèrent aussitôt vers Sofia.
- Il faut continuer, déclara Lily.
Et elle s'engouffra en premier par l'arche et les autres la suivirent sans une once d'hésitation. Ils parcoururent quelques dizaines de mètres dans ce tunnel, éclairé par des bougies qui flottaient le long des parois. Il débouchèrent sur une pièce circulaire, tout comme la précédente, sauf qu'il n'y avait pas d'eau et tout autour d'eux se dessinaient des gradins. Ils étaient dans une arène. C'est alors qu'une voix caverneuse et noble retentit.
- Bien du courage il vous faudra pour l'épreuve de Godric Gryffondor. Choisissez votre champion et affrontez votre destin.
- Je m'en occupe, déclara aussitôt James.
- Ça m'aurait étonné, siffla Severus avec ironie.
James lui lança un regard noir mais se passa de répliquer quoique ce soit. Après une longue inspiration, Potter s'avança vers le centre de l'arène tandis que Severus, Lily et Nathanaël grimpaient sur les gradins pour prendre de la hauteur. L'infrastructure était ancienne, datant de bien avant le Moyen-Âge.
- On dirait une ruine d'Italie, souffla Nathanaël en contemplant les lieux.
Il n'avait pas tout à fait tort, les Romains avaient, après tout, envahi l'île de Bretagne durant le Premier Siècle avant leur ère. Et des écrits bien plus anciens, d'origine grecque, mentionnaient l'existence d'une île ayant une forme triangulaire. L'Angleterre.
Soudainement, alors que James parvenait au centre de l'arène, les flambeaux éteints se ravivèrent et l'endroit se baigna de lumière. On entendait dans les gradins des exclamations enthousiastes et des éclats de voix venant de personnes inexistantes. Car il n'y avait personne d'autre dans la caverne qu'eux. Cependant, c'était comme si l'arène était pleine à craquer, encourageant le champion dans l'épreuve à venir.
La lumière des flambeaux avait découvert au fond de l'arène une grille qui s'ouvrait lentement avec un grincement de chaînes. James s'était figé. Il semblait y avoir un commentateur dans la foule qui cherchait à faire réagir la populace imaginaire. L'ombre régnait derrière la grille. Alors, lentement, un grondement se répercuta sur les murs de la caverne et un silence pesant s'installa tandis qu'une créature sortait de l'ombre. Quand elle entra totalement dans la lumière, elle s'arrêta et poussa un cri puissant et étrange, semblable au son d'une trompette.
Dès lors, le public se mit à acclamer cette entrée. La créature était hybride, un mélange disgracieux. Elle avait un corps de lion dont le pelage rouge se hérissait en face de son ennemi. Son visage était, quant à lui, humanoïde mais dont la mâchoire ressemblait davantage à une gueule féroce dotée de trois rangées de dents. Le plus impressionnant était sa queue, semblable à celle des scorpions.
- C'est une Manticore, déclara Severus en fronçant les sourcils.
- Et c'est une mauvaise chose ? Demanda Nathanaël en observant James et la créature se tourner autour.
- Très mauvaise, affirma Lily d'une voix blanche. La peau de Manticore a le pouvoir de repousser presque tous les sortilèges connus et sa piqûre provoque une mort instantanée.
James sentait qu'une grande malignité était fixée sur lui et qu'un regard mortel l'examinait. Monstrueux, abominables étaient ces yeux, bestiaux et en même temps remplis d'une volonté calculatrice et d'une ivresse malveillante, une joie perverse de voir sa proie se figer sous son regard, sans aucun espoir d'évasion.
Le jeune homme leva sa baguette d'un geste assuré et lança une pluie de sortilèges. La créature ne bougea pas d'un cil et laissa les sorts la toucher. Sa peau avait tout à envier au Lion de Némée, une carapace solide sur laquelle les sorts ricochaient. Elle ne plia sous aucun d'entre eux. Lentement, sa bouche ignoble s'étira en un sourire cruel et le regard brillant de jubilation.
- James ! hurla alors Lily, pour couvrir le bruit de la foule en délire, invisible. C'est une Manticore. La magie n'aura aucun effet sur elle.
- Lily. Tu as dit qu'elle repoussait presque tous les sortilèges. Presque tous. Il doit bien y en avoir un ? s'écria Severus
- Je ne sais pas, souffla-t'elle. Je ne sais pas.
James, frappé d'épouvante, se mit à reculer lentement sous le regard terriblement fixe de cette créature. Et à chaque pas qu'il faisait en arrière, elle avançait vers lui, inexorablement. Il fallait trouver une solution... et avant qu'elle ne le dévore morceau par morceau. Le Gryffondor tourna les talons et se mit à courir à travers l'arène. Mais tout en courant, James regarda derrière son épaule et constata avec horreur que les yeux bondissaient aussitôt derrière lui, l'odeur de mort l'enveloppant comme un nuage.
Des obstacles étaient apparus, permettant au jeune homme de se cacher ou de ralentir la créature. Alors qu'il se dissimulait derrière un panneau de bois, son regard accrocha, un peu plus loin dans l'arène, un monticule d'armes blanches. Avait-il le choix ? En un crac violent, la créature réussit à détruire la protection du maraudeur avec son dard de scorpion. James se remit alors à courir en slalomant pour éviter que la créature ne l'attrape. Ou plutôt ne le tue. Sans réfléchir davantage, il saisit les premières armes qui se présentèrent à lui, un filet et une sorte d'arme munie d'une chaîne et d'un boulet parsemé de pics en son bout. C'était médiocre, mais son temps était compté. Le dard de la manticore s'abattit sur ce monticule d'armes, les faisant valser de part et d'autre de l'arène. Il parvint même à transpercer un bouclier qui semblait pourtant résistant.
Le Maraudeur déglutit avec peine tout en prenant garde de ne plus tourner le dos à son adversaire. La manticore allait de gauche à droite, nerveusement, les yeux presque humains fixés sur lui, la queue de scorpion s'agitant furieusement dans l'attente d'une attaque imminente. Alors James sentit son cœur s'embraser, et, sans savoir ce qu'il faisait, si c'était folie, désespoir ou acte de courage, il leva son épée. Il ne se demanda pas longtemps ce qu'il avait à faire – s'il était brave, loyal, ou simplement bouillant de rage. Il s'élança avec un cri et chargea la bête.
La créature dût être surprise de cette féroce attaque, presque bestiale, venant d'un humain si peu armé. Le jeune homme leva la main droite en faisant tournoyer la boule de fer au bout de la chaîne. La créature avait les yeux rivés sur cette arme, si bien qu'elle ne vit pas son autre main jeter sur elle le filet.
Le cordage fit perdre l'équilibre à la vile créature qui tomba à la renverse. Entrepétrée dans les cordes, elle ne parvient à se redresser et James prit le temps de reprendre son souffle et de calmer les battements de son coeur avant de prendre son élan, le bras armé du fléau en arrière, la jambe en appui. Avec toute la violence dont il était capable, James Potter abattit le boulet sur la tête de la créature. Il s'y reprit à plusieurs fois, avec un cri toujours plus fort, jusqu'à ce que la manticore cesse de bouger. Enfin.
Exténué, le Maraudeur se laissa tomber dans le sable de l'arène alors que la foule invisible applaudissait à tout rompre et hurlait son nom. Lily cavala dans les gradins pour rejoindre son petit-ami. Elle se laissa tomber à genoux à ses cotés et le serra dans ses bras.
- J'ai cru te perdre.
- On ne se débarrasse pas de moi comme ça, chuchota le jeune homme avec un sourire en coin, quoiqu'emprunt d'épuisement suite à cette épreuve.
Soudain, une étoffe blanche entra dans son champ de vision. Rogue lui tendait un mouchoir immaculé, en tissu.
- Tu as du sang sur le visage, dit-il avec une certaine froideur et un reniflement qu'il voulait méprisant.
James ne put s'empêcher de sourire plus encore. Il saisit d'une main le mouchoir et lui tendit l'autre. D'abord immobile, Severus finit par la saisir pour aider le Maraudeur à se redresser.
- James Potter, vous faites honneur à votre maison. Vous avez remporté l'épreuve de Godric Gryffondor. La voie vous est ouverte.
D'où venait cette voix ? Sûrement de cette foule invisible qui ne cessait d'honorer cette victoire. La seule voie qui s'offrait à eux était le tunnel d'où venait la Manticore et qui était désormais illuminé par des flambeaux. Comme le précédant. D'un bloc, les quatre aventuriers s'avancèrent et empruntèrent ce chemin. Ils marchèrent pendant quelques minutes et au bout d'un moment, ils n'entendirent plus la foule, ni les applaudissements tonitruants. Ils s'étaient trop éloignés. Il n'y avait que leurs respirations et le bruit de leurs pas.
- Vous croyez que nous sommes sous le château à présent ? demanda James en regardant droit devant lui, sur le qui-vive, au cas où une créature surgirait des ombres.
- Je ne crois pas, souffla Lily avec prudence, d'une voix presque chuchotante. L'air semblait humide dans l'arène. Peut être au niveau du parc, près du lac ?
- Est-ce que ça a une quelconque importance ? grogna Severus. Dans quoi je me suis embarqué... encore...
- Arrête un peu de râler, Severus, souffla Nathanaël qui fermait la marche. Et puis... tu n'es pas curieux de voir la source du pouvoir de Poudlard ?
Aucune réponse. Nathanaël avait touché dans le mille tant bien qu'il se mit à ricaner.
- Oh tais-toi, maugréa Severus en accélérant le pas, dépassant James et Lily.
- Quelle susceptibilité ! Déclara Nathanael avec un petit rire en trottinant pour rattraper ses amis.
Le tunnel déboucha sur un paysage improbable dans les sous-terrains. James, Lily, Severus et Nathanaël contemplaient béatement des collines verdoyantes à perte de vue sous un ciel étoilé.
- Comment est-ce possible ? souffla Nathanaël, à la fois émerveillé et inquiet.
Quelle épreuve les attendait à présent ? Il y eut un brise légère qui fit tournoyer quelques feuilles et poussière sous leurs yeux. La poussière se mit à tournoyer de plus en plus vite, telle une tornade puis une forme apparut. Toute de noir vêtue, un voile couvrait son visage mais les quatre jeunes pouvaient sentir son regard posé sur eux.
- Que le champion s'avance, pour l'épreuve de Salazar Serpentard, chuchota-t'elle d'une voix suave et chantante, presque envoutante.
Les quatre se regardèrent puis se fut Severus qui s'avança, prudent.
- Une énigme pour Serdaigle, un combat pour Gryffondor. Pour Serpentard, la ruse j'imagine. Je devrais pouvoir m'en sortir, chuchota-t'il pour se rassurer lui-même de l'épreuve à venir.
Alors la femme, si tant est que s'en était une, leva son bras et aussitôt des chaînes et des baillons apparurent pour empêcher James, Lily et Nathanaël d'intervenir, par le geste ou la parole.
- Tu seras seul dans cette épreuve. Es-tu prêt, Severus Rogue ?
Le jeune homme hocha lentement la tête. C'est alors qu'un cri immonde, aigu, strident, sortit de sous le voile. Sous l'effet de la surprise et de la peur, Rogue recula d'un pas. Surgit de sous ces vêtements une créatures tout aussi sombre. L'air se glaça. Severus pouvait entendre la respiration sifflante de la créature, ne sortant que par son unique bouche.
- Par Merlin, je n'étais pas censé combattre, dit-il en commençant à courir. Un détraqueur en plus.
Et pendant qu'il courrait Severus tentait de réfléchir à une solution. Fort heureusement, pendant leurs entrainements dans la Salle sur Demande, ils avaient appris le sortilège pour contrer ces créatures. James et Lily étaient parvenu à donner une forme à leur patronus et seul Nathanaël était parvenu à créer un bouclier. Lui, avait à peine réussi à créer un halo de lumière.
Alors il se retourna et lança le patronus. Sa baguette émit un petit rayonnement. La créature recula un instant, puis, lentement, elle se transforma. Son corps s'épaissit et prit une teinte grise, quatre énormes pattes apparurent. Sous ses yeux horrifié, Severus vit le changement s'opérer, passant d'un détraqueur à une gigantesque créature vaguement semblable à un rhinocéros. Plus gros. Et sa corne luisait dangereusement. Poussant un cri bestial, l'éruptif, car s'en était un, fit un mouvement de tête et projeta un peu de liquide de sa corne en direction de Rogue. Le jeune homme parvint à l'éviter de justesse.
- Mais qu'est-ce que c'est ? hurla-t'il en se tournant vers ses camarades.
Bâillonnés et ligotés, ils essayaient de se soustraire aux liens magiques, sans succès. Severus était seul. Par trois fois la créature se métamorphosa, à chaque fois pour s'adapter aux sortilèges que pouvait lancer le sorcier. Il eut même droit à un géant dont il lacéra la peau grâce à son sortilège de sectumsempra. Le géant s'effondra face contre terre et cessa de bouger. Mais alors qu'il se croyait victorieux, enfin, Severus vit avec stupeur le corps du géant remuer légèrement, puis trembler. La peau se craquela, s'étira, devint noire comme l'ébène et brillante comme l'onyx. Il grandit. Grandit encore. Et alors qu'il se détournait pour fuir, une patte immense et dotée de griffes acérées le retint par la cape et c'est avec horreur que Rogue se retrouva face à un dragon immense et majestueux.
- Tu as perdu, jeune sorcier. Dis adieu à la vie.
Mais alors qu'il ouvrait grand la gueule...
- Oh grand seigneur des Dragons. Oui, tu dois être leur chef pour être si beau et si grand.
Le dragon planta son regard de feu dans celui du sorcier. Severus, lui, tremblait de tout ses membres et pestait contre lui-même. N'avait-il pas trouvé mieux que de parler à ce dragon ?
- Oh oui je le devrais, moi, Orarth.
Une goutte de sueur coula le long de la tempe du serpentard. Il ne savait pas ce qu'il faisait, mais avait-il le choix, prit dans l'étau de sa patte monstrueuse ? Il devait continuer à le flatter.
- Orarth, le terrible. Je ne croyais pas qu'une telle majestueuse créature puisse exister.
- Et maintenant ? dit le dragon, un peu flatté.
- Les contes et chants sur votre magnificence sont bien en-dessus de la réalité, Orarth, oh terreur de ce monde. Que dis-je ? Quelle grande Calamité.
Severus avait l'impression d'en faire trop, mais c'était mal connaitre la créature dont l'orgueil était son unique point faible.
- Bien bien bien, jeune sorcier. Tu as de bonne manière... pour un briguant.
- En vérité, j'ai accompagné mes amis pour avoir la chance de rencontrer une créature telle que vous.
Severus déglutit difficilement.
- Vous pouvez vous transformer en n'importe quelle créature. Prendre n'importe quelle forme. Votre puissance est sans pareil. Je me devais de vous voir un jour.
Son cerveau réfléchissait à toute vitesse. Il ne pourrait flatter l'égo de la créature bien longtemps. Alors, une autre idée lui vint en tête. Il devait la toucher dans son orgueil.
- J'ai pu voir votre grande puissance. Il vous est de toute évidence très facile de vous transformer en quelque chose de grand. Un dragon... merveilleux. Mais vous transformer en quelque chose de très petit serait, je le pense, de l'ordre de l'impossible pour vous.
- COMMENT ? rugit la créature.
De rage, le dragon balança le Serpentard à l'autre bout de la pièce.
- IMPOSSIBLE ? Sache petit impertinent que rien n'est impossible pour moi. Et je vais te le prouver.
Bien que sonné par sa chute, Severus tâcha de se redresser pour observer la créature métamorphe changer de forme. Le dragon perdit de sa superbe. Il rapetissait à vue d'oeil. Toujours plus petit. Rogue était debout, face à la créature qui était à présent de la taille d'un chien. Puis d'un chat. Puis d'une souris. Puis une araignée.
Alors, Rogue, d'un geste sûr, abattit son pied sur la bête et l'écrasa de toutes ses forces. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quand il fut sûr d'avoir tué son adversaire, le jeune homme se laissa tomber au sol, les mains en arrière pour se retenir, le souffle court. Nathanaël, James et Lily, libérés de leurs chaînes, se précipitèrent à ses cotés.
- Severus tu as été... incroyable, s'extasia Lily au bord des larmes.
- Jamais je ne t'aurais cru capable d'une chose pareil, souffla James en lui tendant une main pour l'aider à se relever.
Severus la prit sans hésiter et se redressa. Nathanaël lui serra l'épaule avec une fière camaraderie.
- Je n'ai jamais douté de toi, Severus.
Severus grogna sous ses éloges mais dans le fond, il se sentait fier d'avoir impressionné Lily, satisfait aussi face aux compliments de James et profondément touché par la confiance de son ami.
- Vous avez parfaitement réussi l'épreuve de Salazar Serpentard, Severus Rogue. La voie vous est ouverte.
Les collines alors prirent un vert plus tendre et le ciel perdit de sa noirceur pour laisser quelques rayons d'un soleil imaginaire se poser sur le paysage, simulant à la perfection l'aube. Quelques oiseaux se mirent à chanter et peuplèrent le firmament.
- C'est incroyable, souffla Lily, admirative.
- C'est comme avec le plafond magique de la Grande Salle, mais version plus...
Les mots leur manquaient mais ils devaient continuer. Ils avancèrent ensemble, côte à côte jusqu'à trouver le flan d'une montagne dans lequel se dessinait une grotte.
- Je suppose que nous devons entrer.
Mais alors qu'ils s'approchaient, une phénomène étrange se mit à l'oeuvre. Il y eut comme un léger tremblement de terre et le sol jusqu'à l'entrée de la grotte s'effondra. Les quatre jeunes reculèrent de plusieurs pas mais le sol se déchira encore et bientôt, ils se retrouvèrent séparés, chacun sur un petit bout de terrain, assez grand pour tenir debout sans bouger. L'écart entre chaque était important. Impossible de sauter.
- Par Merlin, s'écria James. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- Dernier champion, déclama une voix puissante qui semblait venir de nulle part et partout à la voix.
Puissante. Claire. Douce. Ferme. Nathanaël regarda ses amis. Tous avaient accompli une épreuve, sauf lui. Alors, il leva la main pour se désigner.
- Voici l'épreuve d'Helga Poufsouffle. Un choix il te faudra faire. Qui décides-tu de sacrifier ?
Le visage de Nathanaël perdit aussitôt ses couleurs. Sacrifier ? Comment pouvait-il ? Ses trois amis le regardaient d'un air horrifié. Tous cherchaient une solution pour fuir.
- Pas de retour en arrière possible. Un choix.
Nathanaël baissa la tête et ferma les yeux. Son coeur battait fortement dans sa poitrine. Il était un intrus en ce temps. Était-ce un juste retour des choses ? Lorsque le jeune homme se redressa, sa décision était prise. Alors, il se laissa tomber en arrière. Il vit le regard de Severus s'écarquiller, le visage de James perdre de ses couleurs et Lily pousser un hurlement silencieux. Cependant, alors qu'il s'attendait à tomber dans le vide, son dos rencontra une surface dure qui lui coupa le souffle. Il poussa un gémissement de douleur et souleva douloureusement une paupière. Il avait l'impression de planer dans le vide.
- Ce n'est pas... ce n'est pas réel. C'est une illusion.
Lily se mit à rire nerveusement tandis qu'ils courraient tous aux cotés de Nathanaël. Severus et James le prirent chacun par un bras et l'aidèrent à se redresser, sans lui laisser le temps de souffler. Il se sentit porter par la force des deux jeunes sorciers.
- Tu le savais ? demanda James.
- Si je le savais, j'aurais juste tenté un pas en avant au lieu de me casser le dos, répondit Nathanaël avec une grimace et un ton ironique, tout en se massant le bas du dos.
James lui offrit un sourire d'excuse en se caressant la nuque, la main ébouriffant nerveusement ses cheveux. Une femme apparut alors sous leurs yeux, belle, altière. Pas transparente comme pourrait l'être un fantôme. Plutôt comme un souvenir. Était-ce la Fondatrice ?
- Vous avez réussi l'épreuve. Juste et loyal vous êtes envers vos amis, tels sont les préceptes de la Maison Poufsouffle. Je vous félicite.... vous pouvez entrer.
Son nom... elle n'avait pas dit son nom comme les autres, laissant un blanc s'installer. Mais ses lèvres avaient bougé. Trop de fois. Avait-elle décliné silencieusement ses deux identités. Il avait bien deviné qu'elle avait d'abord dit Harry Potter puis Nathanaël Drawkins. Mais elle avait dit autre chose après... mais quoi ? Quel nom ?
- Qu'est-ce qu'on va trouver à votre avis ? demanda James en avant lentement, avec prudence dans la grotte.
- Une eau ? Une coupe, comme le Graal ? Un cristal ? Je ne sais pas... tout est possible, souffla Lily.
Nathanaël, lui était concentré. Il percevait quelque chose.
- Vous ne trouvez pas qu'il fait... chaud ?
Si au début, cette sensation était subtile, bientôt, il éprouva une sensation de chaleur, ce qui était surprenant ici bas. L'air aurait dû être humide et froid. Ou peut-être n'était-ce que l'excitation d'arriver enfin proche de la source qui faisait monter leur tension et donc leur température corporelle ? Non. Ce n'était pas ça. Nathanaël voyait à l'autre bout du tunnel comme une lueur rouge qui grossissait au fur et à mesure qu'ils avançait. Et il faisait indubitablement chaud à présent dans le tunnel.
Des traînées de vapeur flottaient dans l'air et passaient autour de lui, et il se mit à transpirer. Un son commença aussi à vrombir à ses oreilles, une sorte de bourdonnement, sourd et profond, un son qui résonnait dans l'espace silencieux sur les pierres de la grotte. Était-ce un ronronnement, qu'ils percevaient ? Alors, ce devait être un chat... un chat gigantesque. Les aventuriers avançaient à présent prudemment, un pas après l'autre. Leurs cheveux se soulevaient doucement au rythme de ce grondement.
- C'est un animal... qui dort ? demanda Severus en chuchotant.
En effet, ce son ressemblait fortement à un ronflement d'un quelconque animal qui devait être énorme. Mais, gardant le courage, ils continuèrent d'avancer avec la même prudence et en tâchant de faire le moins de bruit possible. C'est alors qu'ils débouchèrent dans une caverne immense, la plus grande de toute leur aventure. Il y régnait une obscurité presque totale, de sorte que l'on ne pouvait que deviner ses dimensions extraordinaires. La seule lumière provenait du sol, un rougeoiement flamboyant qui provenait des écailles d'un dragon.
Il était étendu là, le grand dragon rouge doré, profondément endormi ; le bruit monotone venait de ses mâchoires et de ses naseaux, ainsi que des rubans de fumée, mais dans son sommeil, ses feux étaient bas.
- C'est une blague ? On va devoir affronter un dragon maintenant ? s'énerva Severus à voix basse en reculant de quelques pas. Un vrai ?
- Non... je ne crois pas, souffla Nathanaël, soufflé par la beauté de la créature. Je pense que c'est la source que nous cherchons.
- Quoi ? Comment un dragon peut-être la source du pouvoir de Poudlard ? le questionna James légèrement agacé.
- Il a raison, déclara Lily. Ce dragon est le gardien. C'est forcément ça. « Draco dormiens nunquam titillandus ». C'est la devise de Poudlard. Ça ne peut pas être une coïncidence. On peut la traduire par...
- Ne chatouillez pas un dragon qui dort, continua Nathanaël en s'approchant plus encore.
- Nathanaël, tenta de crier Severus le plus fort qu'il put de sa voix chuchotante, partant dans les aigus. Qu'est-ce que tu fais ?
Nathanaël se retourna et lui offrit un sourire confiant.
- Je réveille le dragon.
Severus était soufflé par le courage et la détermination de son ami. Ou peut être sa folie ?
- Tu es complètement taré. Reviens ici.
Le sourire de Nathanaël s'agrandit davantage puis il tourna les talons et reprit son avancée jusqu'à la créature. Severus soupira et fixa le dos de son ami.
- J'espère que tu fais ce que tu fais, souffla-t'il, inquiet.
- Moi aussi, souffla le Survivant, murmurant ces mots plus pour lui-même qu'autre chose.
Prenant une grande inspiration, le jeune homme s'approcha plus encore de la créature. Il était au niveau de sa gueule, immense. La main tremblante, du bout des doigts, il se mit à chatouiller l'une des énormes narines du dragon qui frémirent sous cette caresses chatouillantes. Lentement, le corps de la créature s'étira, ses pattes raclèrent le sol et sa gueule s'ouvrit avec un bâillement proche du grognement.
A présent redressée sur ses pattes, le dragon souleva ses paupières et son regard se posa sur celui qui l'avait sorti du sommeil.
- Que viens-tu faire ici, jeune sorcier ?
Sa voix était étrangement douce pour un dragon et à vrai dire, Nathanaël ne s'attendait pas à ce qu'il parle.
- Poudlard est en danger. Nous avons besoin de votre aide.
Le dragon inspira en fermant les yeux et ses écailles se mirent à rougeoyer.
- Les barrières ont été détruites. Le château est affaibli. Je devais me réveiller dès l'apparition du prochain croissant de lune pour renouveler sa magie. Il est trop tôt.
Alors tout était perdu ?
- Comment... comment pouvez-vous être la source de la magie ?
Le dragon se tourna vers Lily et la jeune femme fut marqué par l'intelligence de son regard.
- Je suis Aranaym, le dragon élevé par quatre sorciers et destiné à protéger leur oeuvre. Nous autres dragon sommes des créatures intelligentes.
- Et destructrice, ne put s'empêcher de souffle James.
Aranaym darda son regard reptilien sur lui.
- Pourquoi une créature vous attaque-t'elle en général ? Par simple malignité ? Une cruelle envie de vous voir mourir ? N'est-ce pas parce qu'elle se sent menacée ou bien parce qu'elle tient à protéger quelqu'un... ou quelque chose ?
Le dragon avait raison. Et James le savait.
- Et vous, vous protégez le château, n'est-ce pas ? Comment ? Vous êtes endormis depuis près d'un millénaire.
Severus était curieux de connaitre l'un des plus grands secrets de Poudlard.
- Il est possible d'enfermer la magie dans un objet ou dans une personne. Vous ici, le savez mieux que personne, n'est-ce pas ?
Parlait-il des horcruxes ? Et lisait-il dans leurs pensées. Comment était-ce possible. Le dragon eut un petit rire.
- Avec la magie, parfois, il suffit d'y croire.
- Mais est-ce que vous pouvez nous aider ? demanda Nathanaël d'une voix plus assurée.
Le dragon reporta son attention sur lui.
- Demandez et je verrai.
Le Survivant sortit de sa cape le diadème de Serdaigle.
- Seul une grande puissance destructrice peut venir à bout du maléfice enfermé dans cet objet.
Aussitôt, le dragon eut un grognement inquiétant qui fit reculer Nathanaël instantanément.
- Il l'a corrompu. Il a osé !
- Il l'a fait avec d'autres objets, répliqua James avec un léger tremblement dans la voix. La coupe de Poufsouffle. Le médaillon de Serpentard.
- Il les a souillés avec de la magie noire, les reliques de mes Pères. Maudit soit-il, cracha la dragon avec une sourde colère.
Dans le dos de Nathanaël, une autre partie était en train de se jouer tandis qu'il tentait de convaincre le dragon de leur venir en aide.
James était curieux. Jusqu'où s'était-ils aventuré ? Il avait fait attention à bien mémoriser le chemin afin de pouvoir le retranscrire sur la carte, qu'il avait retrouvé dans les affaires de Nathanaël. Il le regarda un instant, face au dragon qui puisait dans son énergie pour raviver les flammes endormies. Il avait le temps. D'un geste sûr, il sortit la carte de sous sa chemise. Avant de la perdre, Remus avait pensé à ajouter un sortilège hydrophobe, afin que l'eau ne détrempe pas le parchemin. A la base, c'était surtout pour la pluie mais aujourd'hui, cela s'était révélé particulièrement utile dans les eaux du lac.
- Qu'est-ce que tu fais ? chuchota Severus avec un regard désapprobateur.
- Je trace le plan du sous-terrain encore frais dans ma mémoire. Ça nous servira pour le retour. Et puis, c'est aussi ma carte à ce que je sache.
Severus grommela. Lily s'approcha.
- Je ne suis pas sûre de vouloir savoir, dit-elle d'une voix incertaine en regardant Nathanaël. On lui fait confiance, n'est-ce pas ?
- Ce n'est pas une histoire de confiance, Lily. Je veux savoir... c'est... plus fort que moi.
Les deux autres devaient avouer qu'ils partageaient ce sentiment. Ils étaient proches de Nathanaël mais il était tant concentré sur le dragon et la destruction du diadème qu'il ne vit pas ce qui se tramait dans son dos. La baguette pointée sur la carte, James transféra sa mémoire et aussitôt le parchemin se noircit de sous le lac et se mit à tracer le chemin qu'ils avaient emprunté.
- C'est incroyable, souffla Lily, impressionnée par cette encre qui coulait et dessinait les secrets de Poudlard sous ses yeux.
- Regardez, nous étions bien en dessous du lac, dit Severus en pointant du doigt leur ancienne localisation.
Ils suivirent des yeux le chemin qui menait à la première caverne, puis à l'arène, dans cet endroit incroyable, valloné, aux collines à perte de vue et enfin à leur situation actuelle. Des traces de pas se matérialisèrent avec leurs noms. Ils virent également deux traces de griffes pour représenter Aranaym. Son nom apparut d'ailleurs d'une façon différente sur la carte, avec une typographie plus brute, surement pour faire la différence entre les humains et les créatures comme le dragon, dotées d'une certaine intelligence.
- Nous sommes trop prêts, souffla James. Nos noms se superposent.
Ensemble, ils se mirent à reculer et à chaque pas qu'ils faisaient, la carte dévoilait petit à petit le nom véritable. C'est alors qu'ils le virent à coté du nom d'Aranaym.
- Pourquoi c'est flou ? On dirait... que la carte hésite.
- C'est impossible, répondit James à Severus en fronçant les sourcils. La carte ne peut pas mentir. Elle ne ment jamais... je ne comprend pas ce qui lui arrive.
C'est à ce moment là qu'un terriblement rugissement retentit, faisant trembler les murs et quelques pierres quittèrent le dos. Nathanaël alors lança le diadème en l'air, donna une autre impulsion avec sa baguette, ou plutôt celle qu'il avait prise sur le corps de Dumbledore. La relique de Serdaigle s'envola plus haut encore et le dragon souffla son brasier pendant de longues secondes. Puis, il implosa.
Tout au long de la destruction, Nathanaël avait perçu ce sifflement étrange, dans sa tête et émanant également du diadème. Il le ressentait. Un cri franchit ses lèvres alors qu'il se tenait la tête à deux mains. Un cri de douleur. La douleur était si atroce... lui déchirait le corps... Pourquoi sa tête lui faisait-elle si mal, ce n'était pas lui. Et pourtant, c'était comme s'il venait de mourir.
Et cette voix en lui qui l'appelait. Harry... Harry... HARRY.
- Harry Potter !
Cette voix ne venait pas de sa tête. Tendu, il n'osa pas se retourner.
- C'est ça ton vrai nom ? Harry Potter ?
Lorsqu'il osa enfin tourner les yeux vers eux, Severus, Lily et James le regardaient, interdit, ne sachant que dire.
- RÉPOND, s'écria soudainement James, le regard brillant de colère mais aussi d'une peur intérieure qui le rongeait, sans qu'il ne sache pourquoi.
Doucement, encore tremblant suite à la destruction de l'horcruxe, Nathanaël - non... il était Harry... il l'avait presque oublié - se redressa.
- La carte ne ment jamais, dit-il avec un sourire en coin.
Il renifla en se détournant une fois encore mais il sentit aussitôt une main saisir son bras, l'obligeant à faire face à son quasi reflet. James le contempla de près, silencieux. Sa poigne se resserrait doucement, sa main se mit à trembler.
- Pourquoi ? Pourquoi mentir alors que tu fais partie de la famille ? Quelle branche ? Pourquoi n'avons-nous jamais entendu parler de toi.
Alors ils n'avaient pas encore fait le lien. Intérieurement, Nathanaël poussa un sourir de soulagement. Dumbledore avait raison. Cela semblait tellement invraisemblable que leur esprit refusait cette hypothèse, celle que leur fils se tenait sous leurs yeux.
- C'est compliqué, James, soupira Nathanaël. On en reparlera quand on en aura fini avec Voldemort... je te le promets, dit-il en plantant son regard dans le sien.
Les deux garçons se fixèrent dans le blanc des yeux, la promesse et la détermination dans le regard de Nathanaël, le doute et l'incertitude dans celui de James. Finalement, ce dernier relâcha sa prise. Il avait raison, et il le savait.
- Je suis ami avec un Potter ? s'exclama Rogue.
Nathanaël lui offrit un sourire en coin.
- C'est la première fois que je t'entend dire que nous sommes amis, ça me fait chaud au coeur, Severus !
Rogue lui offrit un sourire noir. Il se demandait si tout cela était un mensonge, leur rapprochement, leur amitié. Avait-il été manipulé ? Cette idée lui fit froid dans le dos. Cependant, le regard de Nathanaël semblait déterminé, son sourire confiant. Il ne pouvait qu'avoir confiance en lui. La voix caverneuse du dragon retentit à nouveau.
- Jeunes sorciers. Vous vous êtes montrés dignes des Fondateurs. Vous étiez prêts à tout pour défendre le château et non pas trouver la source pour votre puissance personnelle.
Aranaym baissa ses pattes avant, laissant son ventre frôler le sol.
- Grimpez sur mon dos. Il est temps.
Les quatre se regardèrent et un par un, ils grimpèrent sur le dos d'Aranaym, se calant entre les épines. Nathanaël, le dernier à s'avancer, trouva le creux de sa patte arrière et il grimpa sur son dos. Les écailles du dragon étaient dures comme de l'acier, lisses et brillantes comme des rubis.
La créature se cabra et la tête tournée vers le haut de l'immense caverne, il poussa un terriblement rugissement. Les murs se mirent à trembler. Les pattes du dragon frappaient le sol et les parois avec une force incommensurable. Les parois craquèrent et des pierres tombèrent de la voûte sur leurs têtes. Plus que tout à l'heure. Il brisait les rochers en morceaux, écrasant parois et escarpements des coups de son énorme queue.
Au-dessus d'eux, tout s'effondrait et une sorte de puit commença à se former. Dans un nouveau rugissement, il se cabra. Nathanaël serra les genoux, s'accrochant aussi fermement que possible à ses écailles aux bords pointus, tandis que les ailes de la créature s'écartaient.
- Accrochez-vous, rugit la bête avant de s'élancer.
Le haut se rétrécissait et bientôt le dos des quatre jeunes frôla les parois de la caverne.
- On n'arrivera jamais à sortir d'ici, hurla Lily. C'est trop profond.
Mais le dragon ouvrit largement sa gueule et cracha à nouveau des flammes. La roche se mit à rougeoyer sous la puissance du feu et à l'aide de ses griffes, Aranaym tentait de se frayer un passage. Tout n'était plus que chaleur et poussière. Nathanaël avait les yeux étroitement fermés pour se protéger et il entendait ses amis tousser bruyamment. Il entendit alors la voix de Severus s'élever.
- Defodio !
Le Serpentard aidait le dragon à se frayer un passage, découpant le plafond, l'élargissant plus encore. Ensemble, ils lancèrent des sortilèges de terrassement et enfin, grâce aux efforts du dragon, combinés à ceux des quatre sorciers, une roche se dégagea et ils aperçurent le ciel noir, étoilé.
- On y est, hurla James au premier rang. Encore un effort.
Lorsque suffisamment de roches s'effondrèrent pour laisser passer le corps entier du dragon, Aranaym s'élança vers le ciel avec un rugissement terrible. Poudlard se détachait sous leurs yeux, et alors un sentiment d'horreur étreignit leurs coeurs. Des trous énormes dans les façades, la tour de Gryffondor s'était effondrée et certaines parties étaient en proie aux flammes.
- Par Merlin, soufflèrent Severus et James d'une même voix.
Lily était muette de stupeur et d'effroi. Nathanaël, quant à lui, sentit une vague de culpabilité le submerger. C'était sa faute... ce n'était pas arrivé avant. Si Poudlard était dans cet état, c'était à cause de lui. Sur le perron, les professeurs et quelques élèves tentaient de défendre les lieux et empêchaient les sbires de Voldemort d'entrer en ces lieux.
D'ailleurs, où était-il, Voldemort ? Pas en première ligne en tout cas. L'annonce de la prophétie de Sofia l'avait très certaine effrayé... ou rendu prudent.
- Aranaym, déposez-nous devant l'entrée de Poudlard.
Au loin, on pouvait voir arriver quelques géants que Voldemort avait rallié.
- Cela fait bien longtemps que je n'ai pas dévoré de géants..., siffla le dragon avec un grognement d'envie. Mon dernier repas avant de m'endormir... un régal.
En quelques battements d'ailes, la créature atterrit lourdement devant les marches du perron, devant leurs professeurs et les autres élèves, faisant barrière entre eux et les mangemorts. Aussitôt et du mieux qu'ils purent, les quatre descendirent du dos du dragon sous les regards mi impressionnés, mi effrayés des professeurs et élèves.
- Potter, Evans, Rogue, Drawkins. Qu'est-ce que... quelle est...
Minerva Mcgonagall perdait ses mots.
- Quelle est la situation, Professeur ? Demanda James en s'approchant de sa directrice de maison.
- Terrible, mon garçon. Mais nous avons pu évacuer la majeure partie des étudiants.
- Certains ce sont ralliés au Seigneur des Ténèbres, informa Wilkes en se rapprochant de Severus et Nathanaël. Vous allez bien ?
Les deux garçons hochèrent la tête en se serrant le bras. Le regard de Nathanaël parcourut les visages des combattants présents.
- Et Sofia ? demanda-t'il.
- Je croyais qu'elle était avec toi, répondit Wilkes en fronçant les sourcils.
- Ils doivent toujours être au niveau du lac, indiqua Lily.
- Le lac ? s'écria Evan Rosier. Les alentours ont été envahis par les mangemorts il y a quelques minutes. Nathanaël, s'écria le Serpentard tandis que le jeune homme tournait les talons et se précipitait vers le lac.
Il entendait qu'on l'appelait mais il n'entendait pas. Ses pensées étaient troublées par cette idée que quelque chose ait pu arriver à Sofia. Les autres le suivaient. Lui disaient de ralentir. Son regard était fixé sur cet endroit près du lac, près des roches, là où ils avaient plongés. Trois formes. Son coeur manqua un battement.
- Sirius, s'écria James derrière lui et il le dépassa en se précipitant vers son ami.
Ils étaient tout trois inanimés, les yeux clos. Severus et Nathanaël étaient agenouillés près de Regulus et Lily près de Remus. Près d'eux, des cartes de tarot étaient étalées dans l'herbe. Du sang avait giclé sur certaines d'entre elles. C'est à cette instant que Nathanaël aperçut le corps d'un lion, non loin, tailladé à de multiples endroits, la gueule grande ouverte, les yeux fixes, figés dans la mort. La carte de la force était vide, souillée, terne. Sofia avait dû l'utiliser pour se protéger. Sofia !!!!! Drago arriva à ses cotés.
- Tu vas bien ? lui demanda-t'il d'un air inquiet.
- Oui ! Mais je...
- Ils ne se réveillent pas, paniqua Lily.
- Poussez-vous et assurez nos arrières, s'écria la voix de Mme Pomfresh en s'adressant aux professeurs et autres élèves.
L'infirmière s'agenouilla et pointa sa baguette sur les corps des trois jeunes sorciers tandis que les autres cherchaient à repousser les mangemorts qui ne tarderaient pas à les encercler.
- Ils respirent.
A l'aide d'un sortilège, Pomfresh parvint à les ranimer. Tout trois se redressèrent en respirant bruyamment, comme s'il avait manqué d'air pendant de longues minutes, plongés en apnée. Ils toussaient. Nathanaël tenait Regulus par les épaules. Il s'inquiétait pour lui mais autre chose le préoccupait plus grandement encore.
- Reg'. Regulus, écoute moi. Où est Sofia. Où est-elle ?
Il avait du mal à respirer et de ce fait à parler mais Nathanaël réussit néanmoins à comprendre ce qu'il lui disait. Un mot. Un seul. Piège. Son doigt tremblant pointait vers la forêt interdite, non loin.
- En position, hurla-t'il soudainement, pointant sa baguette vers l'orée de la forêt, guettant le moindre mouvement.
Soudain, les mangemorts qui les avaient poursuivi cessèrent le combat et se contentèrent de les maintenir en joue.
- C'est ça que tu cherches ?
Dans la pénombre de la forêt, une forme se dessina, grande, longiligne, enveloppée dans une longue cape. Voldemort. D'une main, il pointait sa baguette sur les jeunes sorciers, les yeux rivés sur le jeune homme à la cicatrice. De l'autre, il enserrait dans son poing les cheveux blonds de Sofia qui grimaçait de douleur, les yeux au bord des larmes. Mais aucune ne coula. Ses lèvres étaient pincés dans une volonté de cacher sa douleur et son effroi.
- Lâchez-la, demanda Nathanaël d'une voix calme mais dans laquelle grondait un avertissement.
Voldemort eut un petit rire, suivit par d'autres.
- Quoi ? Cette Prophétesse ? Tu y tiens tant. Toi... comment t'appelles-tu déjà ? demanda-t'il avec une fausse négligence.
- Nathanaël Drawkins, Maître, souffla une jeune fille à ses cotés. Mais je pense que ce n'est pas sa véritable identité.
Haley. D'autres élèves étaient avec elle également, soutenant l'entreprise du Lord Noir.
- Oui c'est cela... Drawkins... un nom qui m'est bien familier. Une famille pure... puissante.
- Je vous ai dit de la lâcher.
Tous purent sentir cette électricité dans l'air, ce pouvoir. Jenkshi s'approcha un peu puis invita les autres à s'écarter légèrement. Au sol, la carte échouée du bateleur se mit à briller fortement avant de s'élever à hauteur des yeux de Nathanaël. La surprise se lisait dans son regard ainsi que dans celui de Voldemort qui fronça les sourcils, le corps tendu, la baguette en garde.
L'homme sur la carte le regardait. Fixement. Intensément. Nathanaël grimaça soudainement de douleur et sa main couvrit instinctivement son bras douloureux. C'était comme si on glissait la lame d'un couteau sur sa peau, marquant sur sa chair des formes qui ne lui étaient pas inconnues. Il reconnut de suite le symbole du jeu de tarot, ce bâton autour duquel s'enroulait un serpent. Il le voyait serpenter lentement jusqu'à cette perle bleue qui trônait au bout du bâton.
Il était là à présent, gravé dans sa chair, comme Jenkshi. Puis la carte retomba. Éteinte.
- Quelle est cette magie ? persiffla Voldemort en resserrant sa prise sur Sofia qui grimaça légèrement.
Nathanaël, d'abord surpris, se ravisa et pointa à nouveau sa baguette en direction de Voldemort. Il se hasarda même à faire quelques pas en avant.
- Ce n'est pas elle que vous voulez. Relâchez-la.
- Tu es puissant, jeune garçon. Dommage que tu ne puisses rejoindre mes rangs. Quelle gâchis... cette prophétie...
- Aucun ne peut vivre tant que l'autre survit, répéta Nathanaël. Cela ne concerne pas Sofia mais vous et moi, Tom.
Voldemort le regarda d'un air mauvais suite à ce rappel de la prophétie mais aussi devant cette appellation qu'il haissait. . Il y eut un frémissement derrière lui. Ses mangemorts étaient stupéfaits de la hardiesse de cet adolescent.
- Tom Elvis Jedusor. Oui, je sais qui vous êtes.
Derrière Nathanaël, d'autres s'étaient également avancé et pointaient leur baguette en direction du Lord noir : leurs professeurs, de nombreux Gryffondor, la quasi totalité des élèves de Septième année et surtout le groupe de Serpentard. Dans l'ombre de la forêt, Haley contemplait la scène aux cotés des mangemorts. Les amis de Nathanaël frémirent soudainement lorsqu'ils virent des centaines d'yeux se poser sur eux, regroupés en mille et une facettes, soutenus par huit pattes velues et articulées. Les araignées de la forêt. Elles avaient rejoint Voldemort ?
- Qui je suis... le sorcier le plus puissant. Vous avez peut-être un dragon qui chassent ogres et vampires, mais vous êtes encore trop peu nombreux. Ma victoire est assurée. Vous avez perdu la moitié de vos combattants. Mes Mangemorts sont plus nombreux que vous et Dumbledore est mort... par ma main. J'ai accumulé tant de connaissance. Je suis plus puissant. Je suis allée plus loin que quiconque sur le chemin qui mène à l'immortalité. J'ai vaincu la mort.
Pas pour longtemps. Il ne restait plus que Nagini... ce serpent qui glissait sournoisement à ses cotés. Cependant, ces quelques mots eurent raison du courage de quelques camarades qui s'effondrèrent à genoux en pleurant, la peur au ventre.
- La prophétie nous concerne nous, et vous le savez. Il n'y aura aucune victoire tant que l'un d'entre nous sera encore en vie.
Le regard de Voldemort embrasa l'espace, le parc de Poudlard dont l'herbe était roussie par les flammes, le château détruit et ses habitants, résistant en face de lui. Et d'un geste négligeant, il relâcha Sofia qui trébucha et se précipita aux cotés de son petit ami. Les autres ne bougeaient pas. Ils gardaient leurs baguettes tendues en direction de l'ennemi.
- Vous tous, dit-il d'une voix forte qui résonna jusqu'à l'autre bout du château, aiguë, glacée, tranchante. Vos efforts sont dérisoires. Vous ne pouvez rien contre moi. Je ne désire pas vous tuer. J'ai un grand respect pour les professeurs de Poudlard. Je ne veux pas répandre le sang des sorciers. Je viens de relâcher votre amie, pour vous le prouver...
Un grand silence s'abattit soudain, cette sorte de silence qui pèse sur les tympans. Les élèves se regardaient en proie au doute. À ses cotés, Drago restait ferme, droit, déterminé.
- Livrez-moi ce Nathanaël Drawkins, reprit la voix de Voldemort, et il ne sera fait aucun mal à personne. Livrez-le-moi et je quitterai l'école en la laissant intacte. Et vous serez récompensés.
Aucun ne bougea. Alors le regard rouge de Voldemort se posa sur Nathanaël. Il eut un sourire froid et cruel.
- Tout ce sang sorcier... tututut. Quel gâchis. Tes amis, tes camarades, tes professeurs. Ils sont là, étendus dans l'herbe, morts. Où étais-tu alors qu'ils combattaient ?
Le doute, la honte, la culpabilité s'insinua en lui, sournoisement.
- Ne l'écoute pas, souffla Drago à ses cotés.
- Oh si, écoute-moi bien, Nathanaël Drawkins. Ou qui que tu sois. Tu savais autant que moi la portée de cette prophétie. Nous devons mourir de la main de l'autre. Et pourtant tu les as laissés seuls face à moi.
Il avait raison. Sa main qui tenait la baguette de Dumbledore se mit à trembler légèrement. Le sourire narquois de Voldemort ne fit que s'agrandir et il se tourna à nouveau vers son assemblée.
- Vous avez combattu vaillamment, dit-il, la voix haute et glacée. Mais vous avez aussi subi de lourdes pertes. Si vous continuez à me résister, vous allez tous mourir, un par un. Ce que je ne souhaite pas.
La main sur le coeur, dans une posture de pseudo inclination et le visage faussement compatissant, il continua son discours.
- Lord Voldemort est miséricordieux. J'ordonne à mes forces de se retirer immédiatement. Je vous donne une heure pour vous occuper de vos morts avec dignité et soigner vos blessés.
Puis son regard de reptile se tourna vers lui.
- Toi, Nathanaël Drawkins. Toi qui a laissé ces gens se battre et mourir à ta place, je t'attendrai ici au bord du lac. Si au bout d'une heure tu n'es pas ici, alors la bataille recommencera. Et cette fois, je participerai au combat et crois-moi je châtierai jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme, jusqu'au dernier enfant qui aura essayé de te cacher à mes yeux. Une heure.
Alors, les mangemorts se mirent à reculer dans les pénombres de la forêt. Voldemort eut un sourire victorieux et avec la fierté altière d'un prince, il tourna les talons et rejoignit les ombres.
- Qu'est-ce qu'on fait ?
- Comme il a dit, souffla le Professeur McGonagall en s'approchant. On s'occupe des blessés et des morts. Nous aurons tout le temps de réfléchir en même temps.
Il s'amorça un mouvement. tous retournèrent au château. Sofia posa une main sur son bras puis s'agenouilla pour ramasser les cartes du tarot. Puis, il suivit le mouvement, laissant le Survivant seul face à la forêt.
Les yeux de Nathanaël restèrent fixés un petit moment encore sur les arbres de la forêt interdite jusqu'à ce qu'il se détourne à son tour pour rejoindre le château. Dans le parc, on aurait dit que de petits tas de vêtements parsemaient la pelouse devant le château. L'aube allait se lever dans une heure environ mais les ténèbres régnaient encore sur le domaine.
Nathanaël fermait la marche à coté de Drago. Sur le chemin du retour, ils passèrent devant une marque sombre dans l'herbe. A coté, une chaussure ensanglantée. Grande. Très grande. Celle d'un semi géant. Hagrid. Aussitôt, Nathanaël détourna le regard et vomit. Drago était également blanc comme un linge, la main posé sur l'épaule du Survivant.
- On va trouver une solution. Je te le promets, souffla Drago.
Les mains sur les genoux, Nathanaël était au bord des larmes. Il avait causé tout cela. Que pouvait-il faire d'autre. Il y eut un rugissement et le dragon atterrit à leurs cotés.
- Je fais reculer les autres créatures mais je vais devoir m'occuper du château. Sa magie est faible. Trop faible. Je ne suis pas sûr...
Avait-il causé également la chute du château ?
- Il faut de toute façon attendre la fin de la bataille. Je ne peux rien commencer avec cette menace aux portes.
Nathanaël hocha la tête et le dragon s'envola à nouveau, tournoyant au-dessus telle une ombre protectrice. Il veillait à ce que les créatures ne se rapprochent pas de son domaine. Le château était étrangement silencieux. On ne voyait plus d'éclairs lumineux, on n'entendait plus de détonations, plus de cris. Lorsqu'ils franchirent les portes éclatées du hall, Drago et lui découvrirent une zone de guerre, désertée. Le sol de marbre était tâché de sang. Une partie de la rampe d'escalier avait été détruite...
Un léger murmure s'échappait de la Grande Salle, tout du moins de ce qu'il en restait. Les deux voyageurs découvrirent un paysage apocalyptique. Les vitraux avaient été soufflés par les diverses attaques. Les tables des maisons avaient disparu et la salle était bondée. Les survivants, debout par groupes, se tenaient par le cou. Les blessés, rassemblés sur l'estrade, étaient soignés par Madame Pomfresh, aidée d'une équipe de volontaires.
Mais le plus choquant était cette série de corps étendus sur le sol, côte à côte, dans un coin de la salle, recouverts par des draps, des tentures, des capes...
Gémissements. Cris. Silence. Larmes. Colère.
Reculant d'un pas chancelant, Nathanaël eut l'impression que la Grande Salle s'envolait, rapetissait, se ratatinait. Il n'arrivait plus à respirer. Tous ces corps... à cause de lui. Et pourtant, ce n'était pas tant cette vision qui l'effrayait mais plutôt ce sentiment intérieur d'étrange satisfaction macabre. Pourquoi ? Pourquoi ressentait-il cela ?
- Quelque chose vous préoccupe... encore !
Nathanaël sursauta en se retourna vers son professeur de défense et son mentor. Le regard du japonais descendit sur ses bras pour contempler ses tatouages si semblables aux sien. Le jeune homme fit également le lien.
- Les mêmes... ce sont les mêmes.
- Souvenez-vous, jeune Drawkins. Quand sont-ils apparus ?
Nathanaël fronça les sourcils.
- Quand Sofia... quand elle était en danger.
Jenkshi hocha la tête et désigna les lames de tarot que Nathanaël serrait entre ses mains.
- Il a senti que vous étiez prêt.
- Prêt à quoi ? demanda Sofia qui avait écouté le début de la conversion. Nous avons un lien, nous avons vu le signe dans le grimoire de ma famille, le lien avec Herpo, avec Apollon, les Pythies. Les horcruxes. Les cartes sont venues à lui et maintenant les signes sur ses bras ? Je ne comprends toujours pas pourquoi.
Sofia semblait au bord de l'hystérie. D'un geste de la main, leur professeur les invita à se calmer. Puis, il sortit de sous son col un médaillon, semblable à celui de Sofia. Elle se rapprocha de son professeur pour mettre au jour son médaillon à coté de celui de Jenkshi. Semblables.
- Aïna en était la porteuse. Comme vous, dit-il en se tournant vers Sofia, elle avait des visions, des pressentiments. Mon rôle était de la protéger.
- Etait... ? demanda Nathanaël bien qu'il devinait la réponse.
Jenkshi hocha la tête.
- Votre pays n'est pas le seul à subir les désirs macabres de puissance et d'immortalité de mages noirs. Aïna a combattu. Elle voulait défendre son pays. Et je n'ai pas pu la protéger. Dans notre culture, l'échec est vu comme un déshonneur et pour rétablir cet honneur, nous devons nous offrir à la mort.
- Mais vous êtes là ! Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ?
Jenkshi eut un petit sourire.
- Peut-être le saurez-vous un jour. Un jour qui risque d'arriver plus tôt que prévu, dit-il en ancrant son regard dans le sien. Est-ce encore cette voix en vous ?
Nathanaël hocha la tête.
- Une voix ? s'étonna Sofia qui n'était pas au courant.
- J'entends des voix, des sifflements, comme un serpent, dit-il en détournant le regard.
- Tiens, c'est étonnant, ironisa Drago en se joignant à eux. C'est peut-être un lien avec le fait que tu sais parler aux serpents, non ?
- Je te rappelle que ce n'est pas une faculté dont j'ai hérité. C'est Voldemort qui me la transmise.
Sofia fronça les sourcils. Nathanaël se rendit compte qu'il venait de dire une bêtise. Jamais il n'avait parlé de son lien avec Voldemort à Sofia et encore moins aux Maraudeurs, Severus, Regulus et Lily. Seul Drago pouvait comprendre.
- Qu'est-ce que tu ne me dis pas ?
La voix semblait se briser, son regard s'embuer.
- Je ne peux pas t'en parler, Sofia. Je suis désolé.
La jolie blonde le fixa longuement d'un air blessé. Elle l'affronta un instant mais Nathanaël ne plia pas. Alors, d'un geste rageur, elle assena son petit ami d'une tape sur la poitrine tout en lui restituant les lames de tarot, avant de se détourner de lui et de rejoindre Mme Pomfresh pour l'aider à soigner ses camarades.
- Faites le vide, Nathanaël Drawkins. Trouver cette voix. Elle est en vous. Calme. Sérénité. Et protégez-là au péril de votre vie.
Et leur professeur s'éloigna à son tour pour laisser Drago et Nathanaël seuls. Les deux amis quittèrent la grande salle enfin de se retrouver seuls dans le hall. Lourdement, ils s'assirent sur les marches détruites du grand escaliers.
- Il est quand même bizarre ce prof. Un peu perché non ?
Cette tentative d'humour fut un échec total.
- En vrai, il m'a beaucoup aidé à maitriser la magie et à me contrôler. Pendant longtemps j'ai réussi à canaliser mes pensées et limiter mes connections avec l'esprit de Voldemort.
- Tu sais, j'ai fait pas mal de recherches et je n'arrive toujours pas à comprendre comment vous pouvez être liés tous les deux.
- Et il n'y a pas que ça. A chaque fois qu'un horcruxe est détruit, je ressens sa douleur comme si c'était la mienne. C'est... affreux. Être lui...
Drago retint un frisson de dégout.
- On a surement manqué un détail. Quelque chose. Quel est ce pouvoir que tu as et que lui ignore. Et aucun d'eux ne peut vivre, tant que l'autre survit. Et marqué comme son égal.
- Sofia a refait une prédiction dans le même style, soupira Nathanaël qui sentait le poids de la destinée peser lourdement sur ses épaules.
Il répéta la prédiction à Drago.
- Ça se passera cette nuit... Il est là : celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres, marqué par l'éclair comme son égal. Il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore... et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit... Il est là... Ça se passera cette nuit. L'un devra mourir.
Un silence lourd s'abattit entre les deux voyageurs.
- Cette nuit... de la main de l'autre, répéta Drago, le regard dans le vide. Voldemort ne pourra vivre tant que tu survis. Marqué comme son égal... son égal...
Drago réfléchissait à voix haute, pestant contre la nébulosité des prédictions.
- Comme son égal, ça veut dire que tu es comme lui...
- Oui, il m'a transmit certaines de ses facultés lorsque...
- Non, écoute bien, la coupa Drago emprunt d'une soudaine excitation. Comme lui... pas en partie. Comme lui. Quand il a voulu te tuer, cette nuit là, il t'a marqué.
Nathanaël fronça les sourcils. Comme lui... Il inspira longuement et ferma les yeux. Il devait se concentrer. Jenkshi lui avait montré comment faire. Respirer. Voir en lui. Le sifflement était là. Il le percevait. De plus en plus nettement. Coupé du monde, il n'entendait plus Drago marmonner.
- J'ai l'impression de tenir quelque chose mais je n'arrive pas à...
Drago s'interrompit en voyant Nathanaël se redresser subitement, le regard écarquillé. Il l'avait enfin perçu. Nettement. Il le voyait.
- Voldemort a créé des horcruxes en tuant des gens. C'est le principe même de cette magie. Et si cette nuit là, la nuit où il a assassiné mes parents...
- Tu crois qu'il y a encore un horcruxe ? demanda Drago avec un air horrifié. Mais nous n'avons plus le temps c'est ce soir où...
Il s'interrompit face à l'air sombre et terrifié de son ami. La peur... jamais il ne l'avait vu autant effrayé. Lui. Le Survivant. Toujours courageux, prêt à défier ses ennemis au péril de sa propre vie.
- Qu'est-ce que tu as compris ?
- Je... je crois que je comprends pourquoi je peux entrer dans la tête de Voldemort. Pourquoi je peux parler aux serpents. Pourquoi je peux sentir les horcruxes et que j'ai mal en les détruisant.
Drago resta silencieux.
- Dumbledore m'a expliqué que je ne suis pas mort cette nuit grâce au sacrifice de ma mère. Elle s'est interposée entre lui et moi. Une magie ancienne qu'elle a usé... par amour...
- Et donc le sortilège a ricoché sur le Seigneur des Ténèbres. Mais il n'est pas mort car il avait créé des horcruxes.
- Mais ça n'explique pas le fait que j'ai des facultés que lui possède, s'écria Nathanaël, soudain en proie à une panique intense.
Drago plaça ses mains sur les épaules du jeune homme et le força à lui faire face.
- Calme-toi, bon sang. Qu'est-ce que tu as compris ?
- Et si... Et s'il avait créé un horcruxe sans le vouloir. Il a voulu commettre un meurtre cette fois là, un meurtre sur un bébé. C'est quelque chose d'horrible n'est-ce pas ?
- Mais nous sommes retournés dans le passé. Cette... Cela ne s'est pas encore produit.
- Ce lien existe toujours. Elle me l'a dit...
- Qui ?
Nathanaël ne répondit pas, continuant sur sa lancée.
- Et si cette nuit là, un morceau de son âme s'était détaché... Et avait trouvé la seule chose à laquelle se rattacher qui ne soit pas brisée ou morte.
Drago détacha soudainement les mains des épaules de son ami et recula d'un pas, le regard arrondit de surprise et d'horreur.
- Non... tu crois que...
- Oui... je crois que... une part de Voldemort vit en moi.
Nathanaël eut un rire sardonique. Alors le souvenir de Poufsouffle, tout à l'heure... elle avait dit, à la fin, silencieusement, Tom Jedusor. L'âme de Voldemort. Le Château avait vu en lui.
- C'est ironique, n'est-ce pas ? On m'a toujours attribué le surnom de Survivant alors que depuis le début, je suis destiné à mourrir.
A cette idée, son coeur tambourina furieusement dans sa poitrine, comme s'il cherchait à courir le plus loin possible de cette mort qui lui tendait les bras. Inspirant profondément, Nathanaël chercha à calmer ce rythme. Son temps était compté. Il fallait ... ses battements. Combien lui en restait-il avant que Voldemort ne lance sur lui le sortilège fatal.
Mourir... C'était bien la première fois qu'il en avait peur. Tant de fois il l'avait pourtant frôler. Toutes les fois où il avait cru que c'était la fin mais avait réussi à s'échapper, il n'avait jamais vraiment pensé à la chose elle-même. Sa volonté de vivre avait toujours été beaucoup plus forte que sa peur de la mort. Et pourtant, malgré la peur qui lui tordait les boyaux, il était résolu plus que jamais.
- Il ne vous restera plus que le serpent... Nagini. Et s'il tient promesse, Voldemort se retirera.
- Tu n'y penses pas ? s'écria Drago. Tu...
Mais il ne prononça plus un mot de plus, ballonné et saucissonné par un sortilège. Nathanaël laissa retomber sa baguette le long de son corps.
- Désolé... mon ami.
Et sans attendre, il se dirigea vers la Grande Salle et accosta James, rassemblé autour d'autres élèves de Gryffondor.
- James. Ta cape, peux-tu me la prêter un instant. Je vais me rapprocher rapidement de la forêt pour essayer d'estimer leur nombre et voir leur position. On pourra définir peut être une meilleure attaque ?
Le Maraudeur hésita un instant, puis il finit par lui tendre sa cape d'invisibilité. Mais alors que Nathanaël s'en emparait, James le retint légèrement.
- N'oublie pas ta promesse.
Nathanaël hocha la tête puis lui offrit un sourire confiant.
- Quand je reviens, je vous expliquerai tout.
- Nathanaël... on a confiance en toi, déclara Lily en se postant à coté de son petit-ami. Ce n'est qu'un détail.
Le sourire de Lily lui redonna du baume au coeur et un peu de courage.
- Oh et... tu pourrais aller chercher le choixpeau, demanda-t'il à Sirius. Je crois qu'il pourrait nous être utile.
- Quoi ? Cette guenille ?
Nathanaël eut un sourire puis il se détourna et quitta la Grande Salle. Il n'osa pas regarder Sofia. Son coeur se brisait rien que d'y penser. Ni Severus et Regulus, assis non loin aux cotés de Wilkes et les autres. Tout ces gens. Ses camarades. Ses amis. Ses professeurs.
Lorsqu'il retourna dans le hall, il jeta un dernier regard sur Drago, le corps figé, étendu au sol. Seul son regard bougeait encore. Alors, avec un dernier sourire, le Survivant passa la cape d'invisibilité autour de ses épaules et disparut.
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