Chapitre XVI
« L'action est le meilleur remède contre vos peurs. » Dominique Glocheux
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- Mais tu es dingue ? Tu veux qu'on se fasse renvoyer ?
Harry leva les yeux au ciel.
- Écoute, Severus. Ce n'est qu'une potion. On peut très bien dire que c'était un entraînement personnel pour les ASPIC et qu'on ne voulait pas embêter le professeur Slughorn.
Oui c'était plausible mais...
- Et pourquoi dans les toilettes des filles ?
- Parce que ce sont celles de Mimi Geignarde et que personne n'y va.
- Et si elle raconte tout ?
- Oh je pense qu'elle ne le fera pas. Elle ne voit jamais personne et je suis sûre qu'un peu de compagnie la rendra de meilleure humeur. Essaie juste d'être plus...
Le regard de Severus devint aussi noir que l'ébène.
- Moins comme ça, en fait, soupira Harry.
Severus soupira en se massant les tempes. Harry, quant à lui, frétillait d'impatience. Il se sentait proche du but. Si proche... Puis son ami se passa les mains sur le visage, glissant le long de ses sourcils, de ses joues. Harry avait gagné cette bataille. Le potionniste faisait cette série de geste à chaque fois qu'il capitulait et acceptait soit les explications de Harry soit ses plans foireux.
- Un potion d'invisibilité... Rien que ça. Tu sais qu'elle n'est même plus au programme des ASPIC tellement elle est difficile.
Harry lui offrit un sourire en coin.
- Mon cher ami... Tu es le meilleur élève de Slughorn avec Lily. Aucune potion ne te résiste.
Comment ne pas succomber à la tentation quand un vil serpent gonfle votre ego ? Severus accepta le challenge.
- Pour la vision nocturne, je pense qu'un sortilège devrait suffire. Maintenant, explique-moi ton plan.
Le plan était très simple... Sur papier en tout cas.
Tout en discutant, ils ne virent pas que la porte du dortoir était entrouverte, laissant une oreille indiscrète s'infiltrer dans leurs affaires.
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- Votre projet est très ambitieux.
Albus regarda le couple de Préfets en chef par-dessus ses lunettes en demi-lune, un sourire malicieux au bord des lèvres. Évidemment, il était plus qu'enthousiaste après avoir lu leur rapport mais ces deux jeunes personnes ne devaient pas non plus oublier leurs études. N'y avait-il pas les ASPIC en Juin prochain ? Mais avait-il vraiment une raison de s'inquiéter lorsque cela concernait James Potter et Lily Evans ?
- J'approuve votre idée, mais que cela ne vous empêche pas de travailler vos ASPIC.
- Merci, Monsieur. Vous ne le regretterez pas !
Dumbledore ne peut s'empêcher de rire devant la fougue et l'empressement de James. Cependant, sa coéquipière semblait plus distraite.
- Un problème, Miss Evans ?
La jeune fille sortit de sa rêverie.
- Pardonnez-moi, Monsieur. J'étais ailleurs.
Albus, qui était jusque-là appuyé sur son bureau, se redressa sur sa chaise.
- Y-a-t-il quelque chose dont vous voudriez me parler ?
Lily hocha la tête négativement, un sourire contrit sur les lèvres.
- Non, monsieur. Il n'y a rien...
Et les deux adolescents quittèrent le bureau du Directeur. James posa un main dans le bas du dos de sa petite-amie.
- Tu es pensive.
Lily hocha la tête, le regard toujours perdu dans le vide.
- Je pense que Nathanaël touche à quelque chose de très dangereux.
James s'immobilisa, obligeant Lily à en faire de même. Il regarda autour de lui, quelques élèves circulaient dans les couloirs mais ils étaient trop loin pour entendre leur conversation.
- Tu parles bien de ce que je pense ?
Nouvel hochement de tête.
- Ça ne sert à rien de retourner à la bibliothèque ou dans la réserve. On ne trouvera rien.
- Lily, on peut toujours réessayer avec les autres ! On va finir par...
- Non ! Ça ne sert à rien parce que Dumbledore dispose d'une bibliothèque personnelle et...
James fronça les sourcils et prit sa petite amie par les épaules.
- Tu as vu quelque chose ?
- Dans le livre de la réserve qui évoque les Horcruxes, il est fait mention de d'un livre qui en parle avec plus de précision : Secrets les plus sombres des forces du Mal... Et il est dans la bibliothèque de Dumbledore.
Si les ouvrages avaient même été enlevés de la réserve, James ne pouvait que deviner la dangerosité que représentait un Horcruxe.
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- Ca y est ? Tu l'as ?
Rogue leva les yeux au ciel en déposant le lourd grimoire sur la table de la bibliothèque. Le bruit qu'il provoqua en s'écrasant sur le bois fit relever la tête de la bibliothécaire. Un sourire d'excuse et elle replongea dans ses registres, non sans un regard noir évidemment. Avec une certaine assurance, Severus tourna rapidement les pages jusqu'à s'arrêter sur celle de la potion d'invisibilité.
- Quatre jours de préparation... Avec les préfets qui circulent, ça risque d'être compliqué.
- Ça va bien se passer, Severus.
Harry faillit rajouter qu'il avait déjà fait ce genre de chose mais il sut se taire à temps.
- Donc il nous faut : 5 gouttes d'essence de belladone, une pointe de couteau de poudre de corne de bicorne, deux crochets de serpent et un dard de Billywig.
- Si peu ?
Pour toute réponse, Severus lui montra la double page d'instruction. Effectivement, il y avait un temps de repos à ne pas négliger et des gestes précis à reproduire en un temps imparti.
- Je le sens !
- Mais non, soupira Harry.
Severus commençait à douter.
- Et puis, comment on est supposé se procurer tout ça ?
- Dans la réserve de Slughorn ! Evidemment.
- Haha ! Mais bien sûr, c'est tellement simple.
Convaincre Ron et Hermione était devenu simple avec le temps, mais Rogue était d'un pessimisme incroyable. Pourtant, il ne manquait pas de mauvaise volonté, juste d'un peu de courage. Harry baissa la tête, prêt à baisser les bras.
- Tu es sûr de toi, Nathanaël ?
Harry releva la tête pour fixer son partenaire.
- Non.
A quoi bon lui mentir ? Les deux hommes se jaugèrent jusqu'à ce que Severus ferme le grimoire d'un geste sec.
- Et comment on s'y prend pour se rendre dans sa réserve ?
Un large sourire étira les lèvres d'Harry et quelques heures plus tard...
- Et dire que je vais à cette foutue soirée à cause de toi.
Harry aida Severus à arranger son nœud papillon.
- Essaie un peu de sourire. Il n'en sera que plus flatté dans son égo.
Finalement, l'année qu'il avait passé avec Dumbledore allait lui servir. Harry savait comment charmer leur professeur des potions. Mais avec l'attitude de Severus, ça allait être un peu plus compliqué. Aucun sourire, une humeur noire. Pas de très bon augure en soit. Et il ne pouvait pas y aller à sa place, pas assez connu pour entrer dans le club select.
- Et s'il y a Potter ?
Bien que le ton de Severus soit neutre, Harry perçut une pointe d'appréhension et de dégout, voire de colère.
- Pourquoi serait-il là ? Il ne fait pas parti du club de Slug.
- Non mais Evans oui. On peut amener des cavaliers...
Il n'était donc jamais allé à ces soirées ! D'un côté, Harry le comprenait. Il n'aurait pas supporté bien longtemps ces petits dinés mondains.
- Ce sera la première et la dernière fois, Severus. Je te le promets.
- Toute ces années, j'ai refusé d'y aller. Tu m'en dois une, ne l'oublie pas, dit-il en quittant la salle commune, l'air plus sombre encore.
Harry s'installa près du feu et attendit patiemment le retour de Rogue, se rongeant les ongles et le pied battant un rythme imaginaire mais particulièrement rapide. Les autres membres de sa maison s'étaient réfugiés dans leurs dortoirs. Mais alors qu'il s'attendait à attendre pendant plusieurs heures, Rogue revient au bout d'une demi-heure en compagnie de Regulus. L'air de la salle commune se chargea d'électricité. Harry se leva du fauteuil, raide, détaillant l'air ennuyé de son camarade, chargé de tiques.
- Regulus...
- Mais à quoi vous jouez ? s'écria-t'il
Harry garda le silence, ne sachant que répondre.
- Je vous ai entendu hier soir. Vous comptez vous introduire dans le bureau de Dumbledore. Severus, comment as-tu pu t'embarquer la dedans ?
Devait-il tenter ?
- Je vais devoir prévenir...
- Il y a un médaillon... dans une grotte, souffla-t'il, faiblement.
Regulus le fixa, blanc comme un linge.
- Qu'est-ce que tu as dit ? demanda-t'il d'une voix blanche.
Alors Harry répéta, d'une voix plus forte.
- Un médaillon, caché dans une vasque contenant une potion infligeant une douleur morale pour celui qui la boit. On ne peut la vider. Il faut la boire. Elle est sur une île, au coeur d'une caverne, dont les eaux sombres sont remplis d'inferis.
Tremblant, le jeune Black s'effondra au sol, retenu de justesse par Severus. Harry aussi se précisa vers lui et mit un genou à terre pour se mettre à sa hauteur.
- Comment... comment tu sais tout ça ?
- Je le sais... c'est tout, se contenta-t'il de répondre.
Le regard de Regulus s'embua et il se replia sur lui-même. Son corps suintait la peur. Harry regarda Severus qui était tout aussi perplexe que lui.
- Tu sais que c'est un Horcruxe, n'est-ce pas ? Tu sais qui il est vraiment.
La tête de Regulus s'inclina d'avant en arrière, le visage toujours tourné vers le sol pour dissimuler son visage baigné de larmes.
- J'ai rejoins ses rangs en début d'année grâce à Bellatrix. Il connait bien le nom des Black. Une nuit, j'ai reçu un message de ma cousine. Le Seigneur des Ténèbres avait besoin d'un elfe et pour faire mes preuves, Bella a tout de suite pensé à moi, pour gravir les échelons plus vite.
Du revers de sa manche, Regulus essuya son visage.
- J'étais si fier. J'ai aussitôt pensé à Kreattur. C'est notre elfe de maison. Un peu ronchon mais c'est lui qui m'apportait des gâteaux en cachette la nuit. Il me réconfortait quand je faisais des cauchemars.
Harry eut un peu de mal à imagination le vieil elfe bossu être agréable avec quiconque.
- Je lui ai dit que c'était un honneur, pour moi et pour lui, qu'il devait veiller à bien obéir aux ordres du Seigneur des Ténèbres... et ensuite revenir à la maison.
Sa voix se fit alors plus chevrotante.
- Je ne pensais pas... Je ne pensais pas qu'il...
Ses mains tremblaient. Aussitôt, Harry lui saisit le bras et l'obligea à se redresser pour le guider vers le salon de la salle commune.
- Il a trompé beaucoup de monde, souffla Harry pour tenter de le réconforter.
Regulus renifla bruyamment et continua son récit.
- J'étais curieux de savoir ce que le Maître avait fait pour demander l'aide de mon elfe. Alors je l'ai appelé.
- Comment ça, tu l'as appelé ?
Regulus le regarda sans comprendre.
- Et bien, je lui ai demandé de venir, ce qu'il a fait aussitôt.
- Les elfes peuvent transplaner à Poudlard ? s'étonna le Survivant.
Rogue hocha la tête.
- Un elfe de maison ne connaît d'autre loi que les ordres de son maître, récita Kreattur. Kreattur a reçu l'ordre de rentrer à la maison, Kreattur est donc rentré à la maison...
Harry eut un petit rire sardonique.
- Voldemort devait considérer la vie des elfes de maison indigne de son attention. Il ne lui serait jamais venu à l'esprit qu'ils puissent posséder des pouvoirs magiques dont il ne disposait pas lui-même.
- Kreatur... lorsqu'il m'a tout raconté, j'ai compris. Il a trouvé un moyen d'accéder à l'immortalité avec cet Horcruxe. Mais surtout, j'ai compris que jamais il ne chercherait à glorifier les sorciers, nous sortir de l'anonymat. Non, tout ce qu'il voulait, c'était le pouvoir.
Regulus avait parfaitement cerné Lord Voldemort.
- Nathanaël, comment...
- Regulus... il a tué toute ma famille. J'ai passé les mois qui ont suivi à faire des recherches sur lui.
- Mais... même ses plus proches serviteurs n'en savent pas autant sur lui. Et s'il a demandé à un elfe de l'accompagner, c'est pour s'assurer que son secret soit emporté avec Kreattur.
- Regulus, je te demande de me faire confiance.
Le regard du jeune Black plongea dans les iris de Nathanaël.
- Je sais comment les détruire.
Les sourcils de Regulus se froncèrent.
- Les ?
- D'après Nathanaël, il en a fait plusieurs, intervint Rogue.
- Par Merlin, soupira Regulus qui voyait à présent Voldemort comme un être plus abominable que jamais.
Il y eut un instant de silence durant lequel les trois garçons se regardèrent, scellant un pacte solennel, puissant.
- Et a quoi cela va vous servir d'entrer dans le bureau de Dumbledore.
Cette nuit-là, les trois adolescents passèrent la nuit à parler du Seigneur des Ténèbres, des horcruxes et du moyen de les détruire. Harry resta vague sur le sujet, en disant simplement qu'il savait où chercher dans le bureau de Dumbledore.
Le lendemain, dans la nuit, Harry déambula dans les couloirs en prenant garde d'éviter fantômes, préfets et concierge jusqu'à la sorcière bossue. Il emprunta le passage secret et se retrouva dans la cave de chez Honeyduck. Drago l'attendait à l'extérieur, dissimulé sous une large cape noire, capuchon rabattu sur sa tête.
- Tu sais réellement ce que tu fais ? chuchota Drago en lui tendant la boite contenant la bague de Gaunt.
Harry se saisit de l'écrin et le fourra aussitôt dans sa besace.
- Plus ou moins.
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Le plan pour la préparation de la potion se mettait doucement en place. Severus était, évidemment, de corvée de « cuisine » pendant que Regulus et Harry surveillaient les alentours pendant la journée. La nuit tombée, le chaudron était caché dans un des cabinets, protégé par un sortilège. Lors de l'ajout du dard de Billywig, Severus dût se lever en pleine nuit. Harry, accompagné de Regulus, le guida avec la carte pour échapper à la surveillance des préfets et autres personnels.
- On va y arriver. Ce plan est juste parfait, à la seconde près.
Regulus avait le don de positiver. De plus, ses nombreuses remarques et ajustements avaient été d'une rare précision pour rendre, effectivement, leur entreprise idéale. Severus s'essuya le front, couvert de sueur tant il était concentré.
- Bien, il faut laisser reposer la potion pendant huit heures, soupira Severus, éreinté par l'entreprise.
- Ça veut dire qu'elle sera prête cette nuit, en concluant Regulus.
- Bien joué, Severus.
Rogue offrit à Nathanaël un sourire teinté de fierté. Il n'était pas le meilleur de sa promotion pour rien. Harry se demandait parfois pourquoi il tenait tant à devenir professeur de défense contre les forces du mal en son temps alors qu'il était un potionniste hors pair.
- Je vais dire à tout le monde ce que vous faites ici.
Harry soupira pour la énième fois. Il avait oublié à quel point Mimi pouvait être chiante et puérile... et Regulus semblait prêt à craquer.
- Tu n'es pas contente d'avoir un peu de visite Mimi ?
Harry essayait de l'amadouer mais le fantôme ne cessait de pleurer ou d'exploser les toilettes, ou encore ouvrir les robinets. cette fois, elle se contenta de faire une moue et de voltiger à leurs côtés, préférant évidemment son coté à lui. Etait-il destiné à s'attirer les faveurs de Mimi Geignarde, même dans un autre temps ? Il semblerait...
Rogue fit attention de bien dissimuler le chaudron dans la cabine du fond puis le trio quitta les lieux non sans dire gentiment au revoir à Mimi, au risque de l'entendre hurler dans tout le château.
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La rouquine était toujours penchée sur la biographie d'Herpo l'infâme, le créateur des horcruxes. Mais il n'y avait rien de concret dans ce livre, sachant que ce personnage a vécu à l'époque antique, il était difficile d'affirmer certaines choses par manque de sources. On parlait de lui dans des chants et de la poésie, son nom apparaissait également dans une tentative d'Histoire de la magie par un disciple d'Apollonios de Rhodes : Alceste. Ce dernier était moldu et surtout connu pour avoir été l'un des directeurs de la bibliothèque d'Alexandrie. Un cadre idéal d'érudition. La bibliothèque d'Alexandrie possédait aussi sa partie sorcière, connue de certains érudit moldus. En ces temps là, mages et non mages vivaient en harmonie. Hélas, son œuvre a été perdue lors du grand incendie. Les éléments sur Herpo l'infâme viennaient d'autres auteurs qui citait les écrits d'Alceste, des sources indirectes en somme. Aucune source fiable.
Un coup d'œil à sa montre lui indiqua que le prochain cours allait bientôt commencer. Il laissa le livre sur sa table de travail tout en rassemblant à la va-vite ses affaires. Alors qu'elle quittait les lieux, une autre personne s'installa à sa place.
Sofia soupira longuement en s'installant. Entre les devoirs et ses recherches personnelles autour des lames de tarot, elle croulait sous les informations et la fatigue. Par curiosité, elle se mit à feuilleter l'ouvrage laissé sur la table. D'abord distraitement. Puis, un détail attira son attention. Aussitôt, elle sortit le dessin qu'elle avait fait du symbole, représenté sur les lames de tarot.
Aussitôt, la jeune fille prit le manuel et voulut sortir de la bibliothèque mais elle fit retenue par une force invisible. Le registre. Sofia pesta intérieurement et retourna voir Madame Pince qui la scrutait d'un air désapprobateur. Elle lui fit un sourire d'excuse auquel elle ne répondit évidemment pas.
- On ne court pas dans les couloirs, Miss Dollovan.
Sofia se retourna vers le professeur MacGonagall qui la regardait avec sévérité. Aussitôt, elle cessa de courir mais continua malgré tout de marcher à vive allure. Le destin semblait s'acharner contre elle aujourd'hui. Et alors qu'elle arpentait le deuxième étage, enfin, elle le trouva.
- Nathanaël !
Ledit homme se retourna pour voir Sofia marcher rapidement dans sa direction.
- Ouuuuh.
Harry donna un coup de coude dans les côtes de Regulus. Ce dernier se mit à rire en se massant le flan mais il s'éloigna tout de même en compagnie de Severus nn sans lui lancer une oeillade entendue.
- J'ai du mal à te trouver en ce moment, le sermonna-t-elle tout en reprenant son souffle.
- J'ai eu pas mal d'affaires à régler ces derniers jours, avoua-t-il.
En guise de pardon, Sofia lui tendit un livre. Surpris, Harry le prit et aussitôt il perdit toutes ses couleurs en lisant le titre. Cependant, la jeune fille ne vit rien, trop concentrée sur ce qu'elle avait à dire.
- C'est la biographie d'Herpo l'Infâme, un mage noir de l'Antiquité Grecque. Regarde, là, en bas de sa représentation.
Le regard du Survivant suivit le doigt de Sofia, il remarqua aussitôt le symbole. Le jeu de tarot aurait un lien avec ce sorcier ?
- C'est lui qui aurait créé le tout premier Basilic, un serpent gigantesque qu'il aurait contrôlé grâce à sa capacité de Fourchelangue. Il est dit également qu'il aurait trouvé la source d'un grand pouvoir, mais le mot est illisible. Apparemment, ce serait de la magie noire, un sort recensé dans un autre grimoire entreposé dans la réserve : Grandes Noirceurs de la Magie.
Harry resta silencieux, blanc comme un linge.
- Nathanaël ?
- Où l'as-tu trouvé ? demanda-t-il d'une voix blanche.
Sofia le regarda d'un air étrange.
- Une élève l'avait laissé sur une table.
- Qui ?
- Heu, la copine de James Potter, Lily Evans il me semble. Mais pourquoi toutes ces questions. Nathanaël où vas-tu ? Mais attend-moi, enfin ! Nathanaël !
Harry avait fait volteface et marchait à vive allure dans les couloirs de Poudlard en ignorant purement et simplement Sofia, complètement absorbé par ses pensées. Ils savaient... Comment ? Il était pourtant discret. Une main enserra doucement son bras, l'obligeant à s'arrêter.
- Nathanaël, qu'est-ce qui te prend. Tu as l'air bouleversé.
Ses mains tremblaient.
- Sofia, tu dois arrêter ces recherches.
- Quoi ? s'écria-t'elle.
- Je me suis embarqué dans une sombre histoire et je ne veux pas que tu...
- Hors de question !
Harry resta sans voix.
- Ecoute Nathanaël, cette carte est apparue au pied de mon lit. Tu crois que c'est un hasard. Ce tarot recolle d'une magie étrange et puissante. Et puis, ce symbole, je suis certaine de l'avoir vu chez moi.
Chez elle ?
- Donne moi jusqu'aux vacances de Noël. Je retournerai chez mes Grands-Parents et je chercherai ce symbole. Aies confiance en moi, je t'en prie. Tu es le seul à me voir... telle que je suis.
Que pouvait-il répondre à cela ? Il avait l'impression de voir Hermione, lors de leur Première Année, d'abord effrayée et puis gagnant en assurance.
- Oui, je te vois, souffla-t'il en la regardant avec intensité.
Sofia rougit légèrement puis, un léger sourire se dessina sur leurs lèvres.
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- Vous êtes prêts ?
Ils étaient là, dans les toilettes de Mimi Geignarde, verre à la main et prêts à déguster cette mixture épaisse qui avait une odeur pestilentielle. Pour Harry, c'était bien pire que le polynectare et encore, ils n'avaient pas encore goûté. Rien que le fait d'humer lui donnait la nausée. Regulus avait une main devant la bouche, les épaules se soulevant de dégoût, sur le point de vomir.
- Je ne peux pas. Ça sent... la merde.
Harry grimaça. Il avait désormais cette image dans la tête.
- Vous êtes vraiment de petites natures, déclara Severus avec un petit sourire supérieur.
- T'as perdu le sens de l'odorat ou quoi ? Ça pue à mort ce truc.
Severus leva les yeux au ciel et but d'un trait l'étrange mixture. Regulus et Harry le regardèrent, impressionné avant d'en faire de même au risque de passer pour un peureux de première classe. Et finalement, au goût, ce n'était pas aussi mauvais. On aurait dit...
- Ça a un arrière-gout de jus de citrouille.
Regulus venait d'exprimer sa pensée. Ils ressentirent tous les trois des picotements dans leurs membres, des fourmillements intenses. En soit ce n'était pas désagréable mais ils espéraient que leur « transformation » n'allait pas durer trop longtemps. Espoirs vains car leur disparition dura près d'un quart d'heure.
- Je ne te vois plus, Nath !
Nath ? C'était bien la première fois que quelqu'un l'appelait par un surnom. Cette potion avait également un gros avantage, elle faisait disparaitre également tout ce que le buveur portait. Harry avait pris soin d'emporter un sac à fond extensible grâce à un sort. Parfait pour y glisser l'épée... s'il la récupérait.
- Vous êtes prêts ?
- Prêts à se faire prendre en train de fouiner dans le bureau du directeur ? A ton avis ?
Toujours aussi cynique. Malgré tout, ils prirent ensemble le chemin du bureau du directeur en se tenant par la manche afin de ne pas se perdre « de vue ». Ils ne pouvaient se voir mutuellement et il serait fâcheux que l'un d'entre eux se fasse prendre. Ensemble sinon rien. Ils passèrent silencieusement devant le préfet de Poufsouffle qui effectuait une ronde.
- Herk ! Et moi qui croyais Lockhart classe et très noble. Il vient de se mettre un doigt dans le nez mais bien profond, chuchota Regulus.
- Il cherchait peut-être à toucher son cerveau.
Les trois garçons pouffèrent légèrement, libérant un peu la tension et l'angoisse qui enserraient leur cœur. Severus n'était pas aussi froid qu'il ne le laissait voir. En vérité, Harry appréciait de plus en plus sa présence rationnelle. Il n'avait pas un courage exceptionnel... quoique le potionniste le surprenait jour après jour. Après tout, n'était-il pas ici, avec lui et Regulus, prêt à fouiller le bureau de Dumbledore ? Après avoir prononcé le mot de passe, ils montèrent ensemble les marches le plus silencieusement possible. D'après la carte, Dumbledore était dans les couloirs en compagnie de Minerva McGonagall. Harry prenait soin de jeter des coup d'oeil rapides afin que ses deux partenaires ne voient pas leur progression et surtout sa véritable identité.
La porte s'ouvrit avec un léger grincement mais les portraits restèrent profondément endormi. Fumseck, quant à lui, n'était qu'un oisillon endormi dans ses cendres. Il devait s'être consumé il y a peu.
- Qu'est-ce qu'il faut chercher, Nath ? demanda Regulus le plus faiblement possible pour ne pas attirer l'attention des portraits.
Harry ne répondit rien, il se contenta d'avancer dans la pièce et de saisir le choixpeau qui reposait sur l'éternel tabouret des premières années. Il avait une peur bleue, celle de ne pas réussir à prendre l'épée.
- Quoi ? On est venu pour un vieux chapeau miteux ? s'exclama Regulus en voyant le Choixpeau quitter son remplacer et voler, comme mut par une force invisible.
Les portraits s'agitèrent. « J'ai entendu quelque chose. » « Encore a entendre des voix ». « Moi aussi j'ai entendu quelque chose et je ne suis pas folle moi. » « Mais moi non, vieille bique. » « Vieille bique ? Tu t'es regardée avec tes furoncles sur la tronche ? » Ils s'agitaient. Il fallait faire vite mais au moins ils étaient occupés à se disputer et ce mystérieux bruit était déjà sorti de leurs esprits. Harry prit une grande inspiration...
- Qu'est-ce que...
Regulus et Severus restèrent bouche bée lorsque le survivant sortie une épée du choixpeau. Ils n'eurent pas le temps de discuter de cette apparition qu'il l'avait déjà fourrée dans son sac sans fond.
- Vite, sortons d'ici.
Le trio s'empressa de sortir et à temps puisque le vieux directeur retournait dans ses quartiers en discutant vivement avec MacGonagall.
- Les nombres des attaques est en constante augmentation, Albus. Pendant combien de temps encore serons-nous à l'abri ?
- Minerva ! répondit doucement Albus. Poudlard est un endroit sûr. Je ne pense pas que Voldemort osera franchir les frontières du domaine.
Regulus et Severus réprimèrent un frisson.
- Peu de gens ose prononcer son nom à présent tant il inspire la terreur.
- La peur d'un nom ne fait qu'accroitre la peur de la chose elle-même.
Harry eut un sourire nostalgique devant ces propos. Il regarda le directeur s'enfermer dans son bureau en compagnie de la directrice des Gryffondor.
- Nath, qu'est-ce que tu fous ? Il faut retourner dans les toilettes de Mimi, on devrait réapparaitre d'une minute à l'autre.
Ils avaient bu de la potion assez pour tenir une demi-heure. C'était un pari risqué mais ils ne pouvaient faire deux potions en même temps. De plus, elle ne se conservait pas plus d'un jour, donc impossible pour Severus d'en faire deux chaudrons. Tandis qu'ils devenaient moins transparents, Harry sortit l'épée de son sac.
- Comment...
Les mots restèrent coincés. Et ils furent d'autant plus impressionnés lorsqu'ils découvrirent qu'il s'agissait de l'arme de Godric Griffondor.
- Incroyable, chuchota Regulus. Je peux ? demanda-t'il en tendant les bras.
Harry saisit l'épée par la garde, posa la lame dans son autre main, mettant l'arme en position horizontale, puis il la tendit à son camarade.
- Incroyable. Quand tu as évoqué les reliques des fondateurs comme possible Horcruxe, j'ai fait quelques recherches. C'est une épée enchantée, fabriquée par les Gobelins.
- Elle est en argent, continua Rogue en prenant l'armée à son tour. L'argent est un puissant composant en potion, on l'utilise notamment sous forme de poudre pour absorber les propriété des autres ingrédients afin de renforcer leurs effets.
Harry sourit. Non seulement Severus et Regulus l'épaulaient, mais en plus ils s'investissaient plus que jamais dans cette tâche.
- Donc cette épée a le pouvoir de détruire les horcruxes.
- On va vite pouvoir le vérifier, répondit Harry face à la réflexion de Severus.
Le Survivant les guida jusqu'au septième étage du château jusqu'à la tapisserie représentant la tentative de d'apprendre la danse classique à des trolls. Les deux Serpentard virent leur camarade passer trois fois devant, le visage concentré. Ils allaient même le traiter de fou lorsqu'une porte apparut. Harry les invita à pénétrer en ces lieux tout en leur expliquant le concept de la Salle sur Demande.
- Cette pièce est tout simplement incroyable. Et tu dis qu'on peut y faire apparaitre tout ce qu'on veut juste en passant trois fois devant ?
Harry hocha la tête, sourire en coin face à l'attitude enjouée de Regulus. Même Severus était ébahi, s'amusant à faire apparaitre des choses ci et là. Cependant, l'air se chargea de tension et les sourire s'évanouir lorsqu'il sortit la boite de son sac, celle contenant la bague de Gaunt.
- Je n'arrive pas à croire qu'on est un train de faire ça, chuchota Severus en se pinçant l'arête du nez.
Les deux s'approchèrent du survivant et ils formèrent un cercle autour de la boite.
- A quoi elle ressemble cette bague ? demanda Regulus, de la tension dans la voix.
Harry ne répondit pas, se contentant de soulever le couvercle. Severus et Regulus frissonnèrent et ne puent s'empêcher de reculer face à l'aura sombre de l'artefact.
- C'est donc ça, un horcruxe, souffla Rogue.
Harry regarda la bague pendant un long moment, sentant son pouvoir d'attraction. Tout comme l'autre fois, quelque chose en lui s'agita. Il ne comprenait pas ce sentiment étrange, cette noirceur, cette envie... et cette voix sifflante à ses oreilles. Il secoua la tête de droite à gauche pour chasser ces mauvaises ondes qui s'intensifiaient, comme si la bague ressentait le danger. Précipitamment, il sortit l'épée de gryffondor du sac.
- Tu es sûr de ce que tu fais, Nathanaël ?
Énième question de Severus mais cette fois ci, Harry fut bien incapable de lui répondre. Il avait les mains moites et l'impression que l'épée lui glissait des doigts. Gryffondor aurait sûrement honte de lui. Il inspira profondément puis abattit la lame sur la chevalière. Une déflagration le projeta en arrière. Regulus et Severus subirent la même chose, leur dos s'écrasant brutalement contre le mur de la salle sur demande. Des gémissements de douleurs franchirent leurs lèvres et un nuage de poussière les entourait.
- Ca y est ? Tu l'as détruit ? demanda difficilement Regulus en se tenant les côtes.
Harry se frotta le crane et se releva en titubant. Au centre de la pièce, la bague était intacte, tout comme la magie qu'elle renfermait.
- Non... non, ça aurait dû marcher pourtant.
Les cris d'Harry résonnèrent dans la salle. Une nouvelle fois, il leva la lame de Godric. Lorsqu'elle entra en contact avec la pierre sertie, il entendit nettement un bruit d'impact, mais elle était toujours intacte.
- Non ! Non ! Non !
- Nathanaël ? Bon sang, que s'est-il passé ? S'énerva Severus tout en restant à distance.
- Ça aurait dû marcher ! Ça aurait dû marcher, répétait-il inlassablement en frappant la bague de Gaunt.
Regulus osa finalement s'approcher et il serra l'épaule de son ami tandis qu'il levait l'épée une fois encore.
- Ça ne marche pas, Nathanaël. Arrête, dit-il d'une voix plus forte.
Harry se figea enfin, déposant les armes à ses pieds. Pourquoi ? Il avait l'épée de Godric... Qu'est-ce qui avait changé ? Le regard fixé sur la lame, il était perdu dans ses pensées, dans ses souvenirs. Severus, quant à lui, remit la bague dans la boite et la tension s'envola.
- L'épée n'est peut-être pas assez puissante, déclara Severus en prenant l'épée et en l'analysant sous toutes les coutures.
Pas assez puissante...
- Mais oui... C'est ça, Severus ! Elle n'est pas assez puissante !
Severus le regarda comme s'il avait perdu l'esprit et Regulus n'en menait pas large.
- Tu as une idée ? demanda Regulus, évoquant à haute voix la pensée de Rogue.
Harry hocha la tête. Oui, il savait ce qu'il lui manquait.
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