Chapitre VII
« La frontière entre bon et mauvais choix est presque impossible à définir » Maximo Park
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Cette femme était intrigante et inspirait à Harry des sentiments contraires. Il se sentait à la fois protégé, comme si elle veillait sur lui, mais hier soir, cette sensation de froid, ce timbre dans sa voix... elle était puissante, dangereuse. La crainte.
Harry était en train de vérifier son sac lorsque la porte de l'infirmerie s'ouvrit sur Haley, venue le chercher pour le guider jusqu'à leur salle de cours.
- Complètement remis de tes émotions ?
Malgré le ton ironique et moqueur employé, Haley lui posait une question sincère. Encore une fois, Harry était étonné que son parrain ne lui ait jamais parlé de la cousine de son père. La jeune femme lui racontait les dernières nouvelles qui circulaient dans le château tandis qu'ils descendaient les escaliers jusqu'à leur cours de Défense contre les Forces du Mal. Soudain, Haley le prit par le bras, manquant de lui faire perdre l'équilibre alors qu'il enjambait la marche farceuse, celle qui disparaissaient dès que l'on posait le pied dessus.
- Quoi ? s'étonna-t'il. Tu viens de te rappeler une anecdote croustillante ? demanda-t'il avec un brin d'ironie.
Haley resta muette un instant.
- Non... rien. Ce n'est pas important, dit-elle en reprenant le chemin.
- Oh ! Au fait, méfie-toi du professeur Jenkshi ! Hier il a été... particulier.
Jenkshi. Encore un nom qui lui était inconnu mais pour le poste de DCFM, cela ne l'étonnait guère. Le poste devait être déjà maudit à l'époque. Cependant, il ne se souvenait pas l'avoir vu le jour de la rentrée. Dumbledore ne l'avait pas présenté. Haley lui expliqua qu'il était arrivé le lendemain, à cause du décalage horaire.
Lorsqu'ils arrivèrent dans la salle de classe, la plupart des élèves étaient déjà installés, ne leur laissant que deux places au premier rang. Wilkes fit un sourire moqueur à Haley qui lui assena un coup de livre dans l'épaule, provoquant l'hilarité des autres membres du groupe.
Lorsque la cloque sonna, indiquant le début du cours, la porte du bureau de Jenkshi s'ouvrit et le professeur fit son entrée en classe, descendant les escaliers avec une lenteur calculée, dardant son regard sur chaque élève, en terminant par Harry, celui qui n'avait pas encore assisté à son cours. Ses yeux étaient aussi sombres qu'une nuit sans lune, d'un noir profond, tout comme ses cheveux, particulièrement longs pour un homme, tirés en arrière et noués en une sorte de chignon divisé en trois segments au sommet du crâne. Ses traits étaient asiatiques, il était surement japonais d'après son style.
Il portait un pantalon très ample. Le tissu d'un blanc pur contrastait avec ses cheveux et ses yeux noirs comme l'ébène. Il arriva devant sa classe, les mains jointes dans le dos.
- Pour réussir, il faut de la discipline.
Sa voix était douce, sans cri ni violence, et pourtant elle lui donna l'impression de claquer comme un fouet. Le silence régnait dans la classe.
- La concentration seule peut vous permettre d'affronter les forces du mal sans même les avoir étudiées.
Il leva sa baguette et aussitôt les fenêtres s'obstruèrent, plongeant la pièce dans une semi pénombre, simplement éclairée par quelques bougies.
- Quelqu'un peut-il me rappeler le concept que nous avons étudié hier ?
Une main se leva, doucement, comme si elle hésitait. Leur professeur resta immobile.
- Est-ce tout ?
Plusieurs mains se levèrent. Du menton, Jenkshi désigna un élève de Serdaigle tout en marchant lentement dans sa direction.
- Fu..Fudosha ?
D'un geste fluide et rapide, leur professeur sortit sa baguette, matérialisa tout aussi vite une sorte de bâton dont il se servit pour frapper la tête de l'élève. Aussitôt, Harry se tourna vers Haley, les yeux exorbité. D'un regard, elle lui fit comprendre qu'elle l'avait prévenu.
- Fudoshin. Si vous êtes incapable de le retenir, notez-le.
Aussitôt, les plumes et encriers sortirent des sacs et s'agitèrent pour noter les précieux mots de leur professeur.
- Fudoshin veut dire Esprit Immuable. C'est un état de contrôle de soi total permettant de relever les défi avec calme et assurance. Vous en aurez besoin lorsque vous pratiquerez les duels.
Il expliqua alors le concept dans toute sa complexité. Harry prenait des notes, consciencieusement. Bien que le Professeur Jenkshi ait un enseignement atypique, il n'était pas intéressant pour autant. Au contraire. Cependant, une étrange sensation le déconcentra, une sensation de piquettent dans la nuque. Avec un léger froncement de sourcil, il se retourna mais toutes les têtes étaient baissées. Cependant, quelque unes se redressèrent et se mirent à le fixer, lui et autre chose.
- Monsieur Drawkins, c'est cela ?
Harry sursauta et reprit sa position initiale, croisant le regard de son professeur.
- Trouvez-vous mon cours à ce point inintéressant ?
- Non, Professeur, répondit-il avec calme et déférence.
Toujours avec la même attitude, les mains croisées dans le dos, le menton redressé, il s'avança jusqu'à sa table.
- Être le Survivant ne vous donne pas le droit d'être inattentif.
Harry sentit les couleurs de son visage s'envoler. Comment pouvait-il être au courant ? C'était impossible !
- Vous avez surement une bonne étoile, monsieur Drawkins, dernier du nom. Mais sachez qu'elle ne vous sera d'aucune utilité ici. Le concept de chance n'existe pas. Seul l'apprentissage compte. Reconcentrez-vous !
Dernier du nom... Harry soupira de soulagement. Evidemment, ici aussi il était le survivant mais pas avec la même célébrité. Il n'était qu'un garçon ayant eu la chance d'être absent lors de cette tuerie de masse. Harry se mit à rire intérieurement de sa bêtise. Il devait se détendre avec ça. Personne ne pouvait savoir qu'il venait du futur.
Le cours se termina dans le calme, où seul le bruit des plumes grattant les parchemins résonnait sous le regard sévère d'Attila Jenkhi.
- Vendredi nous passerons à la pratique.
A peine eut-il fini sa phrase que la cloche retentit, sonnant la fin du cours.
- Miss Dollovan, venez me voir je vous prie.
Tandis qu'il remontait l'allée centrale, Harry ressentit cette même impression, cette aura familière quoique faible. C'était comme avoir un air de musique dans la tête sans pouvoir se souvenir ni du titre, ni de l'auteur. La sensation disparut une fois sortit de la salle de cours. Jenkshi ? Ce serait lié à lui ?
Ses questions s'envolèrent lorsque son groupe se mit à débattre à propos de leur professeur, recueillant son avis et ses impressions tout en prenant la direction du parc vers leur prochain cours, celui de Soin aux Créatures Magiques. Harry eut la chance, et c'était là les mots de Mulciber et Avery, de rencontrer Miranda Ludvila. Tous les garçons de l'école étaient sous son charme et les vaines tentatives de leur Directeur de Maison pour la séduire en amusaient plus d'un.
Cependant, ce que Harry ressentait était bien loin de l'admiration et l'engouement de ses nouveaux amis pour cette femme. Aucun désir. Aucune attirance. Juste un agacement profond. Certes elle était d'une grande beauté, indéniable. Ces longs cheveux blonds légèrement bouclés tombaient en cascade jusqu'en bas de ses reins, apportant mille reflets d'or. Sa silhouette élancée, sa démarche chaloupée, ses formes généreuses faisaient tourner la tête à plus d'un, mais ce qu'il y avait de plus captivant chez elle était son regard. Ses yeux en amande avaient une couleur peu commune : deux améthystes qui vous regardaient avec une certaine douceur, avec une pointe de malice.
Cependant, Harry était agacé par le timbre de sa voix, maniérée, roulant avec exagération des R à la manière des Slaves, un peu comme Viktor Krum.
Leur divine professeur les emmena jusqu'à l'orée de la forêt interdite et là, ils découvrirent cinq étranges petites créatures attachées à un arbre. La chaîne était assez longue pour leur permettre une certaine liberté de mouvement puisqu'ils n'étaient pas vraiment agités, ils étaient même plutôt calmes.
- Voici des caladres.
Harry fronça les sourcils en regardant ces drôles d'oiseaux s'affairer au sol, cherchant sûrement leur nourriture dans la terre. Cependant en voyant la petite troupe s'approcher, ils s'immobilisèrent et fixèrent les intrus sans bouger d'un cil, si bien qu'un malaise s'installa.
- Ne vous inquiétez pas, ils ne vont pas vous manger, ils sont inoffensifs.
D'un geste de la main, leur belle professeur leur demanda de s'asseoir à même le sol afin de prendre quelques notes sur cet animal et d'y faire éventuellement un croquis. Le cours commença réellement à cet instant, mais Harry, quant à lui, était perdu dans ses pensées. Il prit quelques notes par-ci par là, se forçant quand même à écouter le cours, mais lorsque la prof demanda de dessiner l'animal, son esprit partit à la dérive, préférant se concentrer sur sa mission.
A coté de la vague ébauche du caladre, sa main griffonnait quelques inscriptions sans queue-ni-tête. Un peu comme quand on écoute vaguement une discussion tout en dessinant sur une feuille.
- Il t'intéresse à ce point ?
Harry sursauta face à la voix moqueuse d'Halé.
- Qui ?
- Regulus.
Régulus ? De qui parlait-elle ? Haley haussa un sourcil et lui designa d'un regard son bloc note. Harry vit alors qu'il écrivait sans vraiment s'en rendre compte les initiales R.A.B.
- Regulus Arcturus Black, soupira-t'elle avec un air faussement rêveur. Il en fait rêver plus d'une ici. Navré, mais je ne crois pas qu'il soit de ce bord là.
- Mais je ne... je ne suis pas... c'est juste...Rien à battre, c'est ce que j'ai voulu écrire. Ce cours m'ennuie, dit-il sur le ton de la confidence.
Haley eut un petit rire tout en gommant une partie de son croquis.
- D'accord.
- Qui est Regulus du coup ?
- Et bien, tu l'as déjà rencontré mais il ne s'est pas présenté. Il est plutôt réservé. C'est le préfet de notre Maison.
Harry revit alors la scène, visualisation ce garçon qui lui tendait son emploi du temps.
- Il y a un autre Black à Poudlard, non ? Un ami de ton cousin, me semble-t'il.
- C'est le petit frère de Sirius. Mais ils ne se parlent plus depuis bien longtemps, et surtout pas depuis que Sirius est partit vivre chez James.
- Monsieurs Drawkins et Miss Potter, si vous pouvez vous concentrer sur vos croquis...
La journée fut rythmée par les cours, si bien que le sujet de Regulus fut vite oublié par Haley. Mais pas pour Harry. Il tenait là une piste. Il écoutait d'un oreille distraite la discussion entre Rosier et Wilkes, le regard perdu dans sa contemplation du plafond vitré, donnant sur les eaux sombres du lac. Avec une certaine fascination, il vit un strangulot danser parmi les algues, virevolter sous leurs yeux en une sorte de spectacle aquatique. Cela n'avait pas le charme de la salle commune des Gryffondor, mais... c'était autre chose.
Son yeux perçut l'entrée d'un élève et aussitôt son attention se détourna. Regulus... Le jeune homme s'installa à une table, non loin d'eux et il ouvrit ses manuels. Comment n'avait-il pas pu faire le lien entre les deux. Il ressemblait tellement à Sirius, mais si peu également. Tout comme son parrain, il avait les cheveux d'un noirs de jais, un visage fin et aristocratique que renforçait son port droit et fier. Ses yeux étaient d'un gris orage semblable à celui de son frère quoique légèrement plus clair, et malgré toutes ces ressemblances, ils étaient tellement différents. Régulus adoptait constamment un air froid et distant, comme s'il ne souhaitait pas se mêler au commun des mortels. Bien que proche de Mulciber, il semblait garder ses distances. Son regard était sans chaleur, sans sentiment. Il paraissait plus mince aussi, même plus chétif.
Depuis qu'il savait pour Regulus, Harry avait rassemblé ses souvenirs et il se souvint que Sirius lui avait vaguement parlé de son frère, sans le citer, le désignant sur l'imposante tapisserie des Black. A l'époque, il était mort, enrôlé dans les Mangemorts.
Voldemort avait un discours de propagande particulièrement attirant pour les familles de Sang Pur : purifier la race des sorciers, se débarrasser de ceux qui venaient de familles moldues et mettre les sang-pur au pouvoir. Mais Voldemort n'avait pas encore montré sa vraie nature. Regulus s'en était rendu compte, mais trop tard. Les mots de Sirius résonnèrent dans son esprit. Assassiné par Voldemort ou sur ordre de Voldemort. Il l'aurait suivi jusqu'à un certain point, puis pris de panique devant ce qu'on lui demandait de faire, il a essayé de se retirer. Mais on ne quittait pas Voldemort en lui écrivant une simple lettre de démission. Avec lui, il fallait servir ou mourir.
Allongé dans son lit, les mains croisées derrière sa tête, Harry essayait d'élaborer un plan pour aller cherche l'Horcruxe en toute sécurité. Les épreuves de la grotte étaient éprouvantes et même un sorcier comme Dumbledore en était sorti considérablement affaibli. Perdu dans ses pensées, il entendit néanmoins des bruits de couverture et des pas légers sur le plancher du dortoir. Wilkes, Rosier, Mulciber, Avery et Rogue quittaient le dortoir en silence.
Il ne lui faisait pas encore pleinement confiance. Harry allait devoir travailler dessus.
Plusieurs jours passèrent et Harry avait l'impression de faire du sur-place. Et avec les cours, Harry ne parvenait pas à trouver du temps pour chercher les Horcruxes ou tout du moins une piste. Et même s'il trainait constamment avec la bande de Wilkes, il n'était pas encore officiellement intégré. Quand allaient-ils le convier à leurs petites réunions ?
En attendant, il passait tout son temps libre à la bibliothèque et Haley le rejoignait de temps à autres, avec Lily Evans. Harry ne parvenait pas à aligner deux mots en sa présence, impressionné par son aura, sa douceur mais aussi son intelligence. A bien des égards, il avait l'impression d'être en face d'Hermione, elles avaient cette même vivacité d'esprit mais Lily avait quelque chose en plus.
Ce jour là, il était seul, entouré d'un myriade de manuels sur l'histoire de Poudlard, les artefacts légendaires, la mythologie, tout ce qui avait pu intéresser Voldemort et le pousser à utiliser un de ces objets pour créer un Horcruxe. Il avait l'impression d'être perdu. Hermione saurait où chercher, elle. L'espace d'un instant, il crut entendre la voix de Ron qui lui disait de se dépêcher pour l'entraînement de Quidditch, ou voir Hermione en train de fureter parmi les étagères de la bibliothèque, attirant leur attention sur un point de leurs recherches. Comme dans un rêve, il tendit la main vers son ami, prêt à l'appeler, mais l'illusion disparut aussi vite qu'elle était apparue.
- Nathanaël !
Sur le coup, il ne réagit pas tout suite. Parfois, il oubliait qu'il s'appelait Nathanaël Drawkins. Alors quand il se retourna sur sa chaise, il se retrouva face à la bande au grand complet.
- Je vais finir par croire que tu as des doxys dans les oreilles.
Il y eut quelques ricanements et le jeune homme se joignit à eux.
- Ce soir, on se réunit tous dans la salle commune pour... discuter de certaines choses. On aimerait que tu te joignes à nous.
Harry garda le silence avant d'acquiescer, lentement.
- Parfait. On se dit 23h.
Et ils tournèrent les talons sans plus de cérémonie, chacun vaquant à ses occupations. Enfin, il avait réussi. Harry ne put s'empêcher de pousser un soupir de soulagement.
- Tu vas y aller ?
Harry sursauta violemment et se retourna pour faire face à Haley qui sortait d'une allée de la bibliothèque. Elle avait sûrement entendu toute leur discussion. Son regard était neutre, tout comme les traits de son visage. Habituellement, elle était plutôt amicale avec lui.
- Hum, et bien je...
- Tu sais ce que cela signifie, n'est-ce pas ?
Harry resta silencieux puis, il se força à adapter une expression neutre, distante.
- Tu es proche d'eux pourtant, non ?
- Être proche d'eux et faire parti de leur groupe, ce sont deux choses différentes. Une fois intégré, tu vas devoir répondre à certaines exigences. Et il y a certaines choses que je ne suis pas prête à faire.
- Comme ?
- Comme rejoindre Tu-Sais-Qui dès la sortie de l'école. Nathanaël, bon sang, il a tué toute ta famille.
Harry ferma le grimoire et d'un coup de baguette, il lui demanda d'aller se ranger dans le rayon correspondant.
- Je n'ai jamais eu de famille Haley. Depuis ma naissance, on m'a rejeté. Trop chétif pour jouer avec mon frère. J'ai brisé le couple de mes parents. Ils m'ont laissé seuls en Afrique, en m'envoyant une lettre tous les deux mois.
Harry fourra ses affaires dans son sac et le jeta sur son épaule.
- Assister à cette réunion ne fait pas de moi quelqu'un de mauvais Haley. On va juste discuter, j'imagine.
- Lily s'est longtemps accrochée à cette idée. Et elle s'est trompée.
Sur ces dernières paroles, Haley tourna les talons, le laissant pensif. Faisait-il une erreur ? Dans tous les cas, intégrer le groupe de Wilkes, s'était s'accorder les foudres des Maraudeurs. Etait-ce réellement ce qu'il souhaitait ?
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