Chapitre VI
« Le destin n'est pas une chaîne mais un envol. » Alessandro Baricco
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Le temps de pause méridienne s'écoula bien trop rapidement pour Harry qui avait bien du mal à se remettre de ses émotions suite à la manifestation de la carte de tarot. Il en avait oublié de se restaurer dans la grande salle. Le Survivant avait vu bien des choses depuis sa découverte de la magie, mais jamais il n'avait vu une telle chose se produire. Le livre qu'il avait emprunté, rangé précieusement dans son sac de cours, pesait lourdement sur son épaule. Il s'agissait en effet d'un épais grimoire qui sentait la poussière et qui avait très certainement été oublié dans les rayons depuis quelques années.
Le gong de l'intercours résonna dans le château, alors Harry pressa le pas. Il n'était pas question d'arriver en retard en cours de potion. Certes, il s'agissait du Professeur Slughorn, réputé pour sa bonhomie, mais il était également le Directeur de la maison Serpentard. Lorsqu'il arriva en classe de potion, sa maison était déjà installée. Après tout, leur salle commune était à deux pas, ils n'avaient pas le droit au retard. Harry vit également Lily installée sur une paillasse au premier rang, non loin de Rogue d'ailleurs. Il surprit un regard du serpent sur sa mère et aussitôt le souvenir de la pensive lui revint en mémoire. Avec humeur, il prit place aux cotés d'Haley. Mulciber, cette fois-ci, s'était installé près de Rogue.
— Rogue est le meilleur de la classe en potion. Mulciber compte sur lui pour gagner quelques points.
Le jeune homme se contenta de hocher la tête tout en jetant un regard circulaire autour de lui. James et Sirius étaient installés au fond, chuchotant de façon enjouée, sûrement à propos du tour qu'ils avaient joué ce matin. Remus était en train de s'installer en face d'eux, à côté d'un de leurs camardes de classe dont il ignorait le nom. Le loup-garou était sûrement entré dans la classe à sa suite. Harry le vit murmurer quelques mots à ses amis et aussitôt, les regards de James et Sirius se braquèrent sur lui. Ses yeux glissèrent sur d'autres étudiants et sur la salle de cours, faisant mine de s'attarder sur chaque détail, comme s'il découvrit la pièce pour la première fois. Cependant, ses pensées tournaient autour de ces regards. Qu'avait pu dire Remus pour que l'attention des Maraudeurs soit fixée sur lui ?
L'arrivée de leur professeur coupa court à ses pensées.
— Bonjour à tous et bienvenue dans ce premier cours de potion de l'année, dit-il d'un air enjoué. Et votre premier cours en ma compagnie, Monsieur Drawkins.
Le sorcier l'avait salué auparavant pendant le week-end, lui souhaitant la bienvenue dans la maison Serpentard.
— Pour bien commencer cette rentrée, et en vue des ASPIC qui vont arriver bien plus vite que vous ne le croyez, nous allons apprendre à réaliser la potion de renforcement de mémoire. Quelqu'un connaît-il le nom de ce filtre ?
Quelques mains se levèrent et le professeur interrogea Lily. Il salua avec un grand sourire sa réponse, non seulement exacte mais aussi accompagnée de quelques brèves explications.
— Exactement. La promemoria vous sera sûrement utile, vous, des élèves assidus et travailleurs.
Il y eut quelques rires dans la salle, et même Harry se permit un petit sourire en coin en percevant la légère ironie dans le ton de Slughorn. Quelles que soient les générations, les comportements des élèves ne changeaient guère. On retrouvait toujours le même schéma, les mêmes comportements.
À sa grande surprise, le cours théorique se passa dans le calme pendant la première heure de cours. Tous prenaient des notes avec assiduité. Une fois leur tâche terminée, le professeur leur intima de commencer la préparation.
— Oh, j'oubliais presque. J'ai omis de façon tout à fait intentionnelle de vous faire noter le dernier ingrédient nécessaire à la fabrication de la potion. Sans lui, votre filtre sera sans effet. Pour le prochain cours, vous ferez donc des recherches pour trouver l'ingrédient mystère et vous m'écrirez quelques lignes sur ses propriétés.
Avec ses derniers tracas, Harry avait oublié l'esprit ludique de leur professeur et c'est avec un plaisir qui le surprit lui-même que le jeune homme s'attela à la tâche, partant en quêtes des premiers ingrédients tandis qu'Haley préparait le chaudron et les ustensiles. Le cours gagna en bonne humeur et tous s'attelèrent à la tâche tout en discutant allègrement. Slughorn autorisait les bavardages, notamment dans les parties pratiques, tant que cela ne nuisait pas au travail.
Au fur et à mesure de la préparation, Harry se rendit compte que la potion était bien plus complexe que ce que leur avait dit leur professeur. Haley avait les sourcils froncés de concentration et le Survivant n'en menait pas large. Il en venait presque à être jaloux de Rogue qui semblait être dans son élément, incorporant les ingrédients avec une aisance et une fluidité évidente. Mulciber se contentait de jouer les commis en pré coupant les ingrédients. Lily, également, avait une certaine facilité.
— Il nous faudrait une plume de Jobarbille, indiqua Haley en s'aidant de ses notes et du manuel de potion.
Harry hocha la tête et partit dans la réserve des ingrédients et trouva la magnifique plume bleue, tachetée de blanc, vestige d'un petit oiseau qui ne chantait que le jour de sa mort, sifflant tous les sons qu'il a pu entendre au cours de sa vie, du plus récent au plus ancien, à l'image d'une vie défilant en arrière.
Mais alors qu'il remontait l'allée, une jeune fille se recula vivement de son chaudron en poussant un cri. La mixture émettait un bouillonnement étrange, de plus en plus impressionnant, comme prêt à déborder, mais surtout...
— Ça va exploser !
Harry ne réagit que trop tard. Les élèves aux alentours s'étaient réfugiés sous les paillasses, mais lui n'avait rien pour se cacher. Alors le liquide devenu poisseux et noir éclaboussa les alentours et une partie atterrit sur son visage. Aussitôt, le jeune homme ressentit une intense brûlure qui lui fit pousser d'abord un cri de surprise mêlée à la douleur, puis, en essayant de se maîtriser, quelques gémissements controlés franchirent ses lèvres closes tandis qu'il posait un genou à terre. Par réflexe, il avait porté ses mains aux visages, mais par effet de cause, celles-ci furent également touchées.
— Qu'on amène monsieur Drawkins à l'infirmerie. Miss Potter, s'il vous plaît.
Harry sentit qu'on lui prenait le bras avec douceur.
— Garde les yeux bien fermés. Je te guide, dit-elle doucement en l'aidant à se redresser.
Les lèvres pincées pour éviter d'exprimer sa douleur, il la suivit d'un pas hésitant. Il fallait beaucoup de confiance pour se laisser guider ainsi, à l'aveugle. Harry avait peur de se prendre un coin de table, ou un mur. C'était un réflexe mental, mais les paroles d'Haley avaient un côté rassurant. Elle lui indiquait avec attention le nombre de marches, la direction à prendre, décrivait les lieux pour qu'il prenne des repères. Quelque peu détendu, Harry, enfin, prit un pas plus assuré et parvint grâce à la cousine de James jusqu'à l'infirmerie. Il reconnut aussitôt les lieux grâce à l'odeur stérile des potions de guérison.
— Par la barbe de Merlin. Nous avons à peine commencé l'année, s'exclama une voix aigüe qu'il reconnut comme étant celle de Madame Pomfresh.
Une main ferme mais douce le guida jusqu'à un lit de l'infirmerie.
— C'est Madame Pomfresh, l'infirmière. Elle fait des miracles, expliqua Haley.
— Certes, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut se permettre les pires folies, Miss Potter. Vous voyez de quoi je veux parler...
La cousine de James eut un petit rire sous cape qui attisa la curiosité du Survivant. Cependant, il n'eut guère le temps de s'appesantir sur le sujet qu'un linge humide se déposa sur ses yeux alors qu'une autre main appuyait sur son torse afin qu'il s'allonge sur les draps immaculés. La fraîcheur apposée sur ses yeux le soulagea. Le jeune homme poussa un soupir de soulagement en sentant la douleur s'envoler quelque peu.
— Vous êtes salement amoché, monsieur Drawkins, mais vous avez de la chance. Il me reste tout juste assez de potion de régénération pour soigner vos brûlures.
L'infirmière fit glisser le linge afin d'enlever les restes de potion puis il sentit son souffle sur son visage. Les yeux clos, Harry supposa qu'elle s'était rapprochée pour étudier les dégâts. Il sentit ses doigts frais s'apposer doucement et tirer la peau pour l'étudier consciencieusement.
Puis, il sentit qu'elle lui appliquait une sorte de crème épaisse sur le visage et les paupières. Elle lui intima ensuite de rester allongé quelques minutes, le temps que le cataplasme fasse effet. Haley était retournée en classe sur la demande de l'infirmière, plongeant la salle dans un silence qui mettait Harry particulièrement mal à l'aise, d'autant plus qu'il était complètement aveugle. Il sursauta presque lorsque la cloche de l'école retentit, annonçant la fin du cours et la pause déjeuner. Quelques instants plus tard, la porte de l'infirmerie s'ouvrait sur un groupe assez bruyant et lui sembla reconnaitre certaines d'entre-elles.
— Alors Drawkins, pas trop déçu par le premier cours de potions ? Lui demanda l'une d'elles.
Harry fronça les sourcils tout en gardant les yeux clos.
— Si je pouvais éviter l'infirmerie, je me sentirais mieux.
Le petit groupe eut un petit rire puis Mme Pomfresh revint vers lui pour lui retirer la pâte des yeux. Enfin, le Survivant put voir à nouveau une fois ses lunettes à nouveau posées sur son nez. Il découvrit alors le groupe de Serpentard qu'il avait rencontré à la rentrée, Wilkes en avant, maintenant une position de chef.
— Pour les yeux, c'est bon. Les mains vont demander plus de temps, dit-elle en regardant ses doigts sous toutes les coutures.
Elle remit une pâte verdâtre parsemée de points oranges, à base de calendula d'après les explications de l'infirmière. Avec cette même douce fermeté, elle entoura ses mains de bandages qui lui donnaient à l'instant l'allure d'une momie. Le petit groupe attendit que la jeune adulte s'en retourne à son bureau pour évoquer l'incident en cours de potions.
— Dommage que MacDonald n'ait pas été touchée, fit Mulciber avec un air faussement déçu.
Avery ricana en passant un bras par-dessus ses épaules.
— J'aurais tellement aimé voir son visage effrayé et l'entendre crier.
Harry fronça les sourcils, mais se garda de faire un commentaire.
— Tu as gâché du sang de Balbobulb, clama une voix, à la fois sèche et froide.
Les yeux du jeune homme coulèrent jusqu'à Rogue, le déshabillant du regard. Aussi maigre et noueux que dans le souvenir de son Professeur de Potions, quoiqu'il eût pris quelques centimètres depuis la fin des BUSE, tout comme ses longs cheveux noirs qu'il n'avait, semble-t-il, pas coupé depuis. Son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il croisa son regard. Il ne pouvait s'empêcher de visualiser le professeur qu'il deviendrait, cet homme injuste et acariâtre, ce traître et cet assassin.
Harry demeura silencieux tout en écoutant d'une oreille distraite la vive discussion de Mulciber et Avery à propos de cette Mary MacDonald. Cependant, il sentit rapidement un regard posé sur lui, celui de Wilkes.
— Excuse ma curiosité, mais depuis que tu es parmi nous, il y a une chose qui m'intrigue, dit-il en lui lançant un regard perçant.
Imperceptiblement, Harry se redressa sur ses oreilles, sur la défensive. Bien que Wilkes ait un sourire léger sur les lèvres, les yeux étaient froids, calculateurs, cherchant à voir au-delà des apparences.
— Ta famille a été entièrement décimée. Il n'y avait pas un seul survivant chez les Drawkins, d'après les journaux.
— C'est vrai, renchérit Avery en se désolant de son ami. Les Drawkins ne sont pas inconnus de nos familles. Nous nous connaissons tous, après tout.
Harry se souvint de la tapisserie dans la maison de Sirius, rassemblant tous les membres de la famille Black, attestant de cette volonté de garder un sang pur, quitte à se marier entre cousins.
— Tu te demandes comment j'ai survécu et pourquoi on ne me connaissait pas avant cela ?
Alors il eut l'attention de tous et le Survivant, quel que soit le temps, se lança dans ce récit qu'il avait travaillé avant d'arriver à Poudlard, ajoutant ci et là quelques détails pour le rendre plus réaliste et factuel.
— Ils ont eu ce qu'ils méritaient, lança Rosier d'un air sombre.
Harry avait la sensation qu'il était le plus malsain et le plus dangereux de tous. Il vit bien aussi son regard sur lui, attendant une réaction de sa part. Le jeune homme joua la neutralité. Son visage se ferma. Il se força à penser aux mangemorts, à Bellatrix, responsable de la mort de son parrain, à Rogue, Malefoy. Son regard se durcit.
— Rosier ne voulait pas dire cela, déclara Haley pour tenter de rattraper les mots du sorcier.
Harry leva une main bandée pour l'arrêter.
— Me dire que je ne reverrai jamais ma famille me rend triste... Je ne les avais pas vu depuis plus d'un an avec mon... séjour en Afrique.
— C'est pour cela que tu as cette cicatrice ? Demanda Haley en pointant son front du doigt.
Instinctivement, Harry fit glisser son doigt sur cette balafre en forme d'éclair. Elle était observatrice. Il hocha la tête, acquiesçant à ses dires avant de reprendre son récit.
— Mais... j'ai toujours pensé que notre pureté de sang prévalait sur les autres sorciers. Nous descendons des premières grandes familles de sorciers. En Afrique, il existe une réelle société de caste où le sang est gage de supériorité et de valeur.
Du coin de l'œil, Harry vit Wilkes arborer un air satisfait. Il continua alors sur sa lancée.
— Ils auraient dû accepter la proposition du Lord. Ta famille serait encore en vie.
La main du chef de groupe se posa sur son épaule.
— Je comprends ta tristesse. Je suis content que tu sois parmi nous, chez les Serpentard. Tu n'aurais pas pu mieux tomber.
Avery et Mulciber approuvèrent les dires de leur ami, même Rogue hocha légèrement la tête. Seule Haley demeurait neutre.
— Tu vois, Potter, il a compris où était son intérêt, déclara Wilkes en entourant les épaules d'Haley.
Harry perçut même quelques accents charmeurs dans le timbre de sa voix. Cependant, Haley se contenta de rouler des yeux avec un air légèrement agacé.
— Tu devrais arrêter de fréquenter cette sang de bourbe.
Le sang d'Harry ne fit qu'un tour lorsque cette insulte innommable, qui était d'ailleurs dirigée à l'encontre de sa mère, franchit les lèvres du jeune homme, mais il se retint de faire quoi que ce soit, se contentant de serrer le poing, ressentant une vive douleur tant sa peau était encore sensible du fait de l'explosion de la potion.
— Regarde, Rogue l'a bien fait, lui. Il a compris qu'elle ne lui apportait rien de bien.
Ses sourcils se froncèrent tandis qu'il dévisageait le potioniste. Qu'est-ce qu'Avery entendait-il par là ? La question tourna en boucle dans son esprit, mais il n'eut guère le temps d'en discuter davantage avec le groupe puisque la gardienne de l'Infirmerie les chassa de son antre.
— Je vous garde quand même en observation, dit-elle en analysant une nouvelle fois les brûlures sur ses mains.
Elles n'étaient pas encore tout à fait résorbées. Elle remit un peu de pommade et serra davantage le bandage, murmurant quelques incantations pour accélérer le processus. Et effectivement, ses mains étaient dans un sale état, noircies par endroits, à vif au niveau des jointures.
Dehors, la pluie tombait en trombe, percutant les vitraux avec violence. Le ciel était si sombre que lorsque la nuit tomba, personne ne s'en rendit compte. Allongé dans l'infirmerie, Harry ne dormait pas, l'esprit occupé alors que l'orage tonnait et éclairait les lieux par intermittence grâce aux multiples élixirs qui zébraient le firmament.
Il n'aimait pas jouer ce rôle de sang pur qui se sentait supérieur aux autres, il ressemblait trop à Drago lorsqu'ils s'étaient rencontrés pour la première fois sur le chemin de traverse alors qu'ils confectionnaient leurs robes de sorcier. Cependant, il avait au moins un modèle sur lequel s'appuyer. C'était répugnant, mais il devait jouer cette carte. Il était un Serpentard désormais.
Avec un soupir, il se redressa et plongea la main dans son sac. Puisque Morphée semblait le repousser, autant utiliser sa nuit à faire quelque chose d'utile. Sur ses genoux, il posa le livre qu'il avait emprunté à la bibliothèque sur la divination par les cartes et en l'ouvrant, il tomba directement sur la méthode des différents tirages et de l'interprétation des cartes. Un sourire moqueur élargit ses lèvres fines tandis qu'il sortait le paquet de cartes. Pourquoi pas ! Après tout, il n'avait rien à perdre.
Le jeune garçon à la cicatrice suivit attentivement le protocole et installa les cartes sur le lit, en face de lui alors qu'il s'était redressé, le dos droit, en tailleur. Il en tira quatre qu'il posa de sorte que chacune d'entre elle représentait un point cardinal : d'abord le Nord, puis le Sud, l'Ouest et enfin l'Est. Harry ne put se retenir de faire l'association avec le signe de la croix chrétienne. Les cartes à présent bien placées, face cachée, il devait à présent les retourner tout en se posant une question, la plus précise possible. Naturellement, la seule qui lui vint à l'esprit était à propos de sa mission.
Il retourna alors la carte à gauche et dévoila une carte qui lui fit perdre toutes ses couleurs. La Mort. Sur cette carte, on pouvait voir une forme enveloppée dans une cape noire à capuchon, dissimulant son corps et son visage et tenant dans sa main une faux d'une grandeur impressionnante. Cette carte était censée le représenter d'après l'ouvrage, mais il continua le tirage avant de se plonger dans l'interprétation.
Un sentiment étrange s'empara de lui, comme si une force le guidait. Il n'avait pas besoin de suivre le protocole inscrit sur le livre, il le connaissait, au fond de lui. Ses mains s'activaient sans qu'il ne le veuille réellement. La carte de droite devait représenter celui qui lui faisait face ou ce qui l'aidait à faire face, en haut, c'était le problème et en bas le résultat, le futur en quelque sorte.
Alors qu'il allait feuilleter le grimoire à la recherche d'une interprétation, les cartes se mirent alors à briller d'une étrange lueur bleutée, éclairant son visage dans la nuit noire. Elles vibraient doucement sur les draps puis s'élevèrent lentement dans les airs puis se redressèrent. Le dos des cartes lui faisait face. Seule la mort était retournée. Poussé par la curiosité, le jeune homme tendit le bras dans leur direction, mais avant qu'il n'eut le temps de les effleurer qu'elle se retournèrent, une par une.
La solution du tirage lui parvint naturellement, comme si une voix lui soufflait la réponse au creux de son oreille. Des changements avaient eu lieu et il les avait acceptés, cependant, il n'avait pas assez de recul sur la situation ce qui le rendait vulnérable. L'étoile, sa bonne étoile de toujours, lui prouvait que ses espoirs avaient des chances d'aboutir et l'impératrice venait renforcer cette idée.
La magie cessa alors soudainement et les cartes retombèrent mollement sur les draps blancs. Pouvait-il faire confiance à cette magie qu'il avait toujours méprisée alors qu'il assistait aux cours du profession Trelawney ? Et cette lumière bleutée ? Cette lévitation ? Une vague de peur s'empara de lui alors il rassembla rapidement les cartes pour les ranger dans leur étui, le fourrer dans son sac avant de se caler dans le lit. Il remarqua alors une carte près de son oreiller. Tout comme la dernière fois, dans la bibliothèque, la carte était vide, seule demeurait le chiffre romain dix et le nom de l'arcane : la Roue de Fortune.
— Tu sais ce que cela signifie ?
Cette voix, la même que lorsqu'il était au chemin de Traverse. Cette fois encore, il ne put se retourner pour voir qui lui parler dans ses rêves, mais une force l'en empêchait. Cependant, au pied du lit, un petit chien était assis et le regardait en remuant la queue. Il sentit également un animal grimper le long de son dos et se percher sur son épaule, un petit signe qui se grattait la tête. Enfin, sous les couvertures surgit un petit animal, mi-homme mi-félin, un sphinx, qui se cala contre lui en ronronnant.
D'abord surpris, Harry se détendit, comme en confiance et se mit à caresser doucement le sphinx qui se tourna sur le dos, offrant son ventre au Survivant. Il vit alors le petit objet à côté de la bête, une petite roue en bois sculpté, pas plus grande que la paume de sa main. C'était donc cela, la Roue de Fortune ?
— Pourquoi ? Souffla-t-il, à peine un murmure.
— Parce que tu es l'Élu.
Harry ricana.
— On me dit cela depuis que je connais le monde sorcier.
Il la sentit alors se rapprocher, son souffle caressa sa nuque, lui provoquant un léger frisson. L'infirmerie s'était rafraîchie. Le chien avait posé ses pattes de devant sur le lit et s'amusait avec la roue que tenait Harry entre ses doigts, la faisant tourner avec de petits jappements satisfaits.
— Harry Potter... Toi, moi et Tom Jedusor, nous sommes liés, intimement. Bien plus que tu le crois.
— Expliquez-moi, supplia-t-il presque, la voix tremblante.
Elle savait des choses.
— Le temps n'est pas encore venu. Bientôt, tu sauras.
Les petits animaux et la roue se mirent à briller doucement jusqu'à ce que leur forme disparaisse sous la lueur bleutée qui alla se réfugier dans la carte. Le dessin apparut alors, comme par magie. La fraîcheur qui s'était doucement installée s'évapora également. Harry était à nouveau seul dans l'infirmerie.
À la lueur de sa baguette, il déchiffra alors la carte à l'aide du grimoire.
La Roue de Fortune est le dixième arcane. Elle représenta un chien, un sphinx et un petit singe accroché à une roue. Globalement, la carte annonce une transformation positive dans la vie, une notion de changements importants et transformateurs. Les virages pris par la roue, autrement dit les choix de la personne, auront un impact sur le futur. L'arcane conseille donc d'être attentifs à ces choix.
Pour l'instant, Harry ne voyait rien de positif dans sa nouvelle vie. Il était à Serpentard, contraint de jouer les apprentis mangemorts avec Rogue et ses amis tout aussi peu recommandables. Cependant, après ce tirage plus qu'étrange, le poids sur son cœur semblait avoir diminué. Le sommeil le gagna lentement et il s'endormit, à moitié assis, le livre maintenu ouvert sur ses genoux.
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