Chapitre IV
« L'histoire est un perpétuel recommencement. » Thucydide
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Cette rentrée aurait pu être banale, comme toutes ces journées au 1er septembre depuis ses onze ans. Harry poussait tranquillement son chariot dans la gare King's Cross, observant d'un regard distrait les moldus se précipiter pour attraper leur train. Parfois, ils reprenaient leur souffle, l'air soulagé d'avoir pu entrer dans le wagon. D'autres n'avaient pas eu cette chance et rageaient sur le quai, se maudissant de n'avoir pas pris plus de marge. Comme chaque année, Harry allait courir jusqu'à percuter un mur, non, plutôt le traverser et se retrouver sur la voie 9:3/4 qui abritait la magnifique locomotive rouge qui emmenait les étudiants sorciers à Poudlard. Tout était habile pour le Survivant, sauf que moldus et sorciers étaient habillés de façon vintage, d'un autre temps. Harry entendait aussi quelques bribes de conversations à propos de personnages illustres du XXe siècle, de guerre froide. C'était une situation à la fois effrayante et excitante, riche en histoire et en culture du passé.
Le cœur du jeune homme était partagé entre joie et peine, le bonheur de retourner à Poudlard et d'avoir l'occasion de connaître sa famille, celle qu'il n'avait jamais eu, celle que Voldemort lui avait enlevée, mais aussi la tristesse de faire cette rentrée seul, sans Ron, ni Hermione. L'esprit tiraillé par cette dualité de sentiment, Harry grimpa dans le train et s'attacha à trouver un wagon vide, ce qui ne fut pas une quête difficile, car tous étaient en train de faire leurs au revoir à leurs proches sur le quai. Harry, cette année, n'avait personne.
Par la fenêtre du train, Harry contemplait les étudiants qui discutaient avec animation entre eux, puis, comme surgie d'un rêve, une chevelure rousse attira son attention. Elle n'était pas comme celle des Weasley, qui tirait sur une couleur poil de carotte, mais plutôt flamboyante, auburn. Il vit la jolie rousse saluer chaleureusement une autre fille. Il n'était pas très loin d'elles. Alors, discrètement, il écouta leur conversation grâce à la fenêtre ouverte du compartiment.
— Tu sembles contrariée.
Bien qu'un sourire étirait les lèvres de Lily, son regard manquait d'entrain et de bonne humeur.
— Ça va passer, dit-elle d'une voix douce.
Harry se demandait ce qui pouvait contrarier la rouquine et surtout qui était cette fille dont elle semblait si proche. À sa connaissance, Sirius et Remus n'avaient jamais parlé d'une amie de sa mère. De là où il était, Harry pouvait la contempler à loisir sans être vu grâce au reflet de la vitre. Elle avait des cheveux longs et blonds qui cascadaient avec grâce dans son dos, les boucles soyeuses et parfaites arrivaient jusqu'au milieu de son dos. Quelques mèches soigneusement placées encadraient un visage magnifique aux traits parfaits, emprunts d'une telle froideur qui plaçait une barrière invisible entre elle et les autres. Elle serait de la famille Malefoy que cela ne l'étonnerait pas, mais un membre de cette famille ne pourrait être ami avec Lily Evans.
— Ta sœur a encore fait des siennes, déclara son interlocutrice.
Bien que Lily soit de dos, Harry un hochement de la tête, affirmant les dires de son amie.
— Elle a choisi ce jour exprès pour inviter mes parents pour, d'après ses mots, leur annoncer une grande nouvelle.
Un soupir franchit ses lèvres.
— Je ne comprends pas comment elle a pu tomber amoureuse de ce gars, Haley.
Alors cette fille s'appelait donc Haley. Harry avait beau chercher dans ses souvenirs, jamais il n'avait entendu son prénom. Un sourire en coin étira ses lèvres, apportant plus de chaleur dans l'expression de son visage malgré l'ironie à peine masquée.
— Quel que soit le continent, la culture, et ce, depuis la nuit des temps, l'amour est un grand récit, un mystère sur lequel l'encre n'a pas fini de couler.
— J'admire ton lyrisme, mais...
— Qu'importe, Lily. Ne laissons pas ta sœur assombrir notre dernière rentrée. Profitons juste de cet instant.
Puis, les deux jeunes filles s'éloignèrent et quittèrent son champ de vision. Harry avait l'impression de regarder un pouvoir dans un pensive, d'observer une vie d'un regard lointain, sans pouvoir intervenir. Oserait-il seulement s'adresser à elle ? Perdu dans ses réflexions, le Survivant sursauta lorsque la porte de son compartiment s'ouvrit.
— Tu attends quelqu'un ?
Harry resta muet de stupeur. L'amie de sa mère se tenait dans l'encadrement de la porte et attendait sa réponse, haussant un sourcil interrogateur et sarcastique. Sa tête s'agita en une réponse négative.
— Donne-moi ta valise, je te réserve une place pour tout à l'heure, dit-elle à un interlocuteur qu'il ne pouvait voir, mais qui devait être Lily.
Haley pénétra donc dans le compartiment en tirant deux lourdes valises. Aussitôt, Harry se leva et l'aider à installer les bagages dans les filets suspendus au-dessus de leurs têtes. La jeune femme le remercia avant de s'installer en face de lui. Le jeune homme subit alors une évaluation approfondie du regard, les pupilles noisette de la jeune femme le sondaient d'une telle manière qu'il se sentit mal à l'aise. Dumbledore avait le même pouvoir d'analyse visuel, comme s'il pouvait lire en lui tel un livre ouvert.
— Je crois ne t'avoir jamais vu à Poudlard.
Le regard du Survivant se fixait dans les prunelles de son « adversaire ».
— Peut-être ne m'as-tu jamais remarqué.
Le coin de sa lèvre se souleva légèrement tandis qu'elle s'installait plus confortablement sur la banquette, les bras croisés.
— Ou peut-être pas. J'ai une excellente mémoire visuelle.
La voix d'Haley, bien que franche, était moins incisive que lors de ses premières paroles. Harry se détendit légèrement. Il n'était pas nécessaire de s'attirer des ennuis le premier jour, comme avec Malefoy lors de sa première année. Alors à son tour, ses lèvres se courbèrent légèrement, imitant le sourire de son interlocutrice.
— C'est bien la première fois que je me rends à Poudlard, avoua Harry en inclinant la tête en un geste d'excuse.
Première fois à Poudlard en tant que Nathanaël Drawkins, évidemment.
— N'es-tu pas un peu vieux pour faire une première année ?
Le ton était moqueur mais évidemment curieux.
— Je rentre directement en Septième Année.
Haley haussa un sourcil circonspect. Elle allait faire une remarque lorsque le chef de gare siffla le départ imminent du Poudlard Express. Dès lors, la machine se mit en route et les familles faisaient de grands signes à leurs progénitures. Le train quitta la gare et bientôt, le paysage urbain disparut pour se perdre dans les campagnes verdoyantes.
— Je crois qu'une arrivée en Septième Année est une première dans l'Histoire de Poudlard, continua Haley, avide de curiosité.
— Oui, c'est ce que m'a dit le Directeur.
— Je pensais que l'instruction sorcière dans un collège était obligatoire, fit remarquer la jeune femme.
— Elle l'est. Disons que je suis... Un cas particulier, dit-il après une brève hésitation.
Un léger silence s'installa entre les deux étudiants jusqu'à ce que la blonde pousse un soupir de résignation.
— Bien, laissons ma curiosité de côté... Pour le moment. Tu es... ?
— Nathanaël, Nathanaël Drawkins.
Harry guetta une réaction qui ne se fit pas attendre.
— Drawkins, s'exclama la jeune femme. Mais je pensais que toute la famille avait été assassinée.
Elle était troublée et cela était compréhensible.
— Est-ce que... Matthew ? Demanda-t-elle faiblement les yeux fixé sur ses chaussures. Était-ce un cousin éloigné ?
Harry supposa qu'elle le connaissait bien.
— C'était mon frère.
Elle releva le regard et le fixa étrangement, les sourcils froncés.
— Matthew ne m'avait pas dit qu'il avait un frère.
Harry lui expliqua alors leurs relations compliquées dues à sa maladie, leurs contacts réduits et son exil en Afrique auprès d'un marabout.
— Je connaissais bien Matthew. Il était admiré de bon nombre d'élèves.
Harry tâcha de garder un visage distant, emprunt de tristesse, mais aussi de noblesse. Au moins, cette discussion avait l'avantage de tester son histoire auprès des autres étudiants.
— Mais je manque d'éducation, pardonne-moi. Je suis Haley, Haley...
La porte de leur compartiment s'ouvrit soudainement, les faisant sursauter tous les deux. Le cœur d'Harry manqua un battement. Lily Evans semblait furieuse et contrariée, mais son regard s'adoucit lorsqu'elle croisa son regard.
— Tu dois être Nathanaël Drawkins.
Surpris, Harry hocha néanmoins lentement la tête. Tout comme leur rencontre sur le chemin de traverse, le jeune homme était muet. Il avait entraperçu son visage là-bas, puis sur le quai, mais aujourd'hui, il pouvait le contempler à loisir. À présent, il comprenait les remarques des amis et proches de ses parents sur ses yeux. Ce n'était pas simplement leur couleur d'un vert émeraude, ou encore leur forme qui étaient similaires, mais cette étincelle, cette expression fugace au fond de ces prunelles magnétiques.
— Nous avons été informés de la venue d'un nouvel élève en Septième Année. Il ne me semble t'avoir jamais et tu es trop âgé pour être un Première Année, dit-elle avec humour, ce qui dérida instantanément Harry.
La jeune femme s'assit sur la banquette, aux cotés d'Haley.
— Je m'appelle Lily Evans, je suis Préfète en Chef donc si tu as la moindre question, n'hésite pas. Quelle que soit ta future maison. Tu connais le fonctionnement de Poudlard ?
Harry ne put s'empêcher de comparer Lily à Hermione. Néanmoins, la jeune femme avait une attitude moins revêche, plus douce et avenante que son amie qui avait tendance à jouer les "je sais tout".
— Enchanté Lily et ne t'en fais pas, j'ai lu ce qu'il y avait à savoir grâce à "L'histoire de Poudlard". Je connais l'essentiel.
Loin de s'offusquer, la jolie rousse lui offrit un sourire poli auquel il répondit, sans même réfléchir, ému à l'idée de passer le reste du voyage en sa compagnie.
— Alors comme ça, tu vas devoir travailler en binôme avec Potter.
Harry observa Lily hausser les épaules sans commentaire supplémentaire. Pourtant, il lui semblait que ses parents ne s'entendait pas lorsqu'ils étaient à Poudlard. La jeune femme n'avait pu eu la réaction virulente à laquelle il s'était attendu.
— Hum, je vois que tu n'as pas l'air tellement contrariée à l'idée de travailler avec lui, déclara Haley d'une voix traînante.
— Pas du tout, s'exclama Lily un peu trop rapidement.
— Quoi que cela ne m'étonne pas vraiment. Depuis janvier dernier, tu ne l'as pas une seule fois insultée de... Comment disais-tu déjà ? Ha, oui, de "d'abominable petite brute répugnante".
Les joues de Lily rosirent légèrement tandis qu'Harry semblait vivre en temps réel ces histoires que lui contaient Remus et Sirius.
— Tu comptes les insultes que je lui adresse maintenant ?
Le ton de la jeune femme était plus sec, cinglant. Haley leva les mains en signe d'apaisement et d'excuse, bien qu'un sourire moqueur ornait toujours ses lèvres. Lily se racla la gorge et s'adressa à lui de nouveau.
— James Potter est mon binôme. Tu pourras également le voir si tu as le moindre souci.
Haley haussa un sourcil.
— Tiens donc.
Avec un claquement de langue, Lily se tourna vers son amie.
— Aucun commentaire. C'est juste... Qu'il a changé... Un peu, dit-elle pensivement.
Harry s'enfonça dans ses souvenirs. Quand il était en Cinquième Année, il avait plongé dans la Pensine de Rogue et il avait entraperçu une vision guère avantageuse de son père et de Sirius. Par la suite, il s'était engouffré dans le bureau d'Ombrage pour discuter avec les deux Maraudeurs de ce qu'il avait vu. À présent, il se souvenait que le lycan lui avait raconter que leur couple s'était formé en Septième Année, Sirius ajoutant que la tête de son meilleur ami s'était dégonflé.
— Il a cessé de se comporter comme un crétin, balançant des maléfices aux autres juste pour s'amuser.
— Je te l'accorde, déclara simplement Haley avant de changer de sujet.
Le petit trio discuta allègrement pendant toute la durée du trajet. Il apprit qu'Haley était à Serpentard et ne put s'empêcher d'entre surpris face à cette amitié avant de se traiter mentalement d'idiot. C'était à cause de préjugés aussi absurdes que des confits pouvaient éclater. Si cette fille était l'amie de sa mère, elle ne pouvait pas être aussi mauvaise que la sombre réputation de sa maison. D'ailleurs, il l'avait longuement observé pendant le trajet et il lui semblait avoir un vague souvenir d'elle lors de son aventure dans le pire souvenir de Rogue. N'était-elle pas parmi ce groupe de filles qui trempaient leurs pieds dans le lac tandis que James jouait avec son vif d'or à l'ombre du hêtre, juste après l'examen des BUSES.
Une autre jeune fille avait, quelques heures plus tard rejoint leur compartiment, une jolie blonde au regard doux qui s'appelait Mary MacDonald. Son visage lui était également familier pour l'avoir aperçu aux côtés de Lily lorsque cette dernière défendait Rogue de l'humiliation de son père.
Son regard se perdit, l'espace d'un instant, dans le paysage qui défilait tranquillement, délaissant la campagne anglaise pour les collines verdoyantes écossaises. La nuit commençait à tomber et il était temps de revêtir les habits de l'école. Par galanterie, Harry sortit du compartiment et s'enferma dans les toilettes du wagon pour revêtir sa robe de sorcier encore vierge de tout écusson. Son reflet le regarda d'un air désapprobateur, n'appréciant guère sa coiffure actuelle. En effet, ses cheveux se dressaient toujours en épis malgré le fait qu'ils soient plus longs. D'un coup de baguette, Harry tenta de les discipliner puis finit par les attacher en catogan. Cela lui donnait un charme désuet, ses traits paraissaient plus nobles. Cependant, avec une telle attache, sa cicatrice était à la vue de tous, alors il dégagea une mèche de cheveux pour la dissimuler légèrement.
Lorsqu'il rentra dans le compartiment, les filles avaient fini de se changer. L'uniforme était vraiment différent à cette époque, les jupes des filles étaient plus longues, jusqu'aux genoux, plutôt droites, sans fioriture. C'était plutôt strict et cela lui paraissait étrange en plein cœur des années 70's, berceau de l'émancipation des femmes, des mouvements révolutionnaires, du courant punk. Il y avait un tel décalage entre la société moldue et sorcière.
Lorsque le train arriva en gare, Harry descendit sur le quai de Pré-Au-Lard sous un ciel d'un noir d'encre, sans la moindre lumière. Les étoiles et la lune n'osaient pas sortir de leur cachette, laissant à la place les éclairs zébrer les épais nuages d'orage. Depuis qu'il était à Poudlard, Harry n'avait jamais connu de rentrée sous un ciel dégagé. À chaque fois, le temps était à l'orage.
— Les Première Année, par ici ! Allons, dépêchons-nous, s'il vous plaît.
Une voix grave et sourde, tonitruante, puissante. Cette fois encore, pas de changement. Ce bon vieux Hagrid accueillait les nouveaux élèves de Poudlard avec bonne humeur, s'amusant des regards émerveillés et parfois apeurés.
Viens ! C'est par ici.
Lily venait de lui accrocher le bras et se frayait un chemin parmi la populace, l'emmenant un peu plus loin, près des calèches tirées par des ...
— Ce sont des Sombrals qui tirent les calèches. C'est normal si tu ne les vois pas, ils n'apparaissent qu'aux personnes qui ont vu quelqu'un mourir, dit-elle en réprimant un léger frisson.
— D'après les livres, ce sont des créatures semblables à des chevaux ailés et décharnés.
Ces deux filles partageaient le même amour de la culture, il n'était donc pas si étonnant qu'elles se soient rapprochées, malgré leurs maisons antagonistes.
— Tu dois être Nathanaël Drawkins, déclara une voix dans son dos.
Lorsqu'il se retourna, Harry eut l'impression de se regarder dans un miroir, avant ses changements capillaires, un portrait fidèle à quelques erreurs près. Les yeux de James étaient couleur noisette, le nez légèrement plus grand que le sien et son front était, évidemment, dénué de cicatrice. Hormis ce détail, ils avaient le même visage, la même bouche, les mêmes sourcils, les mêmes épis. L'espace d'un instant, Harry prit peur. Quelqu'un verrait-il une ressemblance entre eux ? Puis, il se ressaisit. Impossible. Les voyages dans le temps étaient techniquement impossibles.
Après une vague errance dans le méandre de ses tracas, Harry serra la main tendue de James et regarda derrière lui les trois autres élèves qui l'encadrait. Ils étaient semblables au souvenir de Rogue, quoique les visages avaient perdu leurs traits juvéniles pour faire un peu plus adulte. Sirius avait quelques poils sur le menton qu'il triturait en le regardant fixement.
— Lily te l'a certainement dit, la connaissant, mais si tu as besoin d'aide, n'hésite pas à venir nous voir.
Harry hocha la tête.
— Merci de m'accueillir.
James sourit, adressa un signe de tête aux filles puis tourna les talons et entra dans une calèche avec ses trois autres comparses. Il grimpa dans le même chariot qu'Haley et Lily ainsi que d'autres étudiants puis se mirent en route vers le château. Bien que son regard était résolument tourné vers l'extérieur, ne se lassant pas de la vue de Poudlard, se détachant sur son rocailleux piédestal, Harry sentait le regard des autres filles, de Serdaigle d'après leur écusson.
Son regard se posa sur l'une d'entre elles, plus discrète, sa frange épaisse et sombre dissimulait son regard, elle se cachait derrière sa lourde chevelure. D'après leurs discussions, Harry apprit qu'elle s'appelait Sofia et ses amies Joséphine, celle avec une peau d'ébène et Rachel, plus petite que ses autres congénères et avec un visage encore enfantin.
Ils traversèrent les grilles de Poudlard qui se refermèrent en un grincement strident lorsque la dernière calèche eut franchi le seuil. Dumbledore était posé en haut des escaliers, accueillant ses élèves avec bienveillance, mais provoquant également quelques murmures.
— Le Directeur ne s'est jamais déplacé jusqu'ici pour nous accueillir, chuchota Lily dans sa direction.
Le regard du vieil homme effleurait ses élèves à chaque fois qu'ils le dépassaient, mais il restait concentré sur son nouvel étudiant.
— Il est venu pour toi, déclara Haley avec un ton faussement solennel. Quel honneur.
Lily donna un coup de coude dans les côtes de son amie tandis qu'elles dépassaient le Directeur et qu'Harry s'arrêtait à son niveau.
— Bienvenue à Poudlard, Monsieur Drawkins.
Harry le remercia d'un signe de la tête avant de le suivre dans les dédales du château, suivant un autre chemin que les autres élèves. Bien qu'il soit dans un autre espace temps, Harry restait ému d'être de nouveau dans le château, comme à chaque fois. Malgré ses sept rentrées, le jeune homme avait toujours cette étincelle enfantine qui brûlait au fond des yeux, s'émerveillant comme pour la première fois devant les tableaux enchantés. Le vieil homme l'emmena jusqu'à cette petite pièce attenante à la Grande Salle, celle-là même dans laquelle les champions du Tournois des Trois Sorciers s'étaient retrouvés.
C'était une petite salle dont les murs étaient recouverts de portraits représentant des sorcières et des sorciers et au fond de laquelle ronflait un magnifique feu de bois. Les visages peints étaient tournés vers lui, lui lançant de curieuses œillades, chuchotant aux oreilles des uns et des autres pour grappiller quelques informations.
— Vous serez reparti en dernier. Laissons planer un petit suspens, dit-il en lui faisant un clin d'œil malicieux.
Depuis le Poudlard Express, les rumeurs allaient bon train et ceux qui avaient eu la chance de le rencontrer, notamment dans la calèche, se gargarisaient de décrire en premier ce nouvel élève dont le nom semblait surgir du passé.
À présent seul dans cette annexe de la Grande Salle, Harry patientait en laissant son regard se poser sur la myriade d'objets ensorcelés entreposés ici. De temps à autre, il percevait les applaudissements des élèves, accueillant leurs nouvelles recrues.
Puis, magiquement, la porte s'ouvrit tandis que le Directeur de Poudlard annonçait sa venue en quelques mots. Lorsqu'il franchit le seuil, Harry vit que tous les visages étaient tournés vers lui, comme lors de sa propre Première Année. Il avait beau ne plus porter le même nom, le Survivant restait le Survivant et il attisait la curiosité de tous.
Ainsi, pour la première fois dans toute l'histoire de Poudlard, un élève repassa sous le Choixpeau pour être réparti dans l'une des quatre maisons. À peine fut-il posé sur sa tête par le Professeur McGonagall qu'une voix se mit à susurrer à son oreille.
— Intéressant. Un imposteur à Poudlard, de nom et de temps. Que viens-tu faire ici Harry Potter ?
Harry s'y attendait. Il ne pouvait tromper l'artefact doté de legilimancie. Alors, le jeune homme laissa son esprit s'ouvrir au Choixpeau.
— Une noble quête, mais non sans intérêt. Tu veux connaître ceux qui t'ont été arrachés.
Son corps se tendit à ces paroles. En effet, il aurait pu se passer d'une scolarité à Poudlard pour se faire plus discret, mais il avait fait ce choix pour avoir la chance de côtoyer ses parents, apprendre à les connaître. Son regard se releva pour embraser la Grande Salle et il repéra sans peine la chevelure flamboyante de Lily Evans. Sans se préoccuper davantage de ses pensées, le Choixpeau continua son analyse.
— Dans ton temps, j'avais déjà du mal à faire un choix. Je vois effectivement beaucoup de courage, des qualités intellectuelles, du talent et toujours ce désir avide de faire ses preuves. Cependant, tu as connu la mort. Ton esprit est empli de regrets, d'amertume et de vengeance. Aujourd'hui, tu es plus malin qu'autrefois et tu veux parvenir à tes fins, coûtes que coûte. Alors ce sera... SERPENTARD.
Harry entendit le dernier mot résonner dans la Grande Salle et vit la table des Verts et Argents l'acclamer à tout rompre. Dans un état second, il rejoignit Haley qui lui faisait un petit signe de la main, se décalant sur le banc afin qu'il puisse s'installer à sa droite. Il avait du mal à y croire. Ne s'était-il pas montré digne de la maison Gryffondor, à maintes reprises ?
— Bienvenue à Serpentard.
Le jeune homme hocha la tête en guise de remerciement puis tous les visages se tournèrent vers Dumbledore, les bras ouverts et le visage rayonnant. Comme à chaque rentrée, il était heureux de retrouver ses étudiants. Et après quelques mots étranges, les plats se remplirent, débordants de victuailles.
— Tu es un cousin éloigné de la famille ? S'enquit la personne en face de lui.
Harry hocha la tête tout en se servant des pommes de terre.
— C'est le petit frère de Matthew Drawkins, répondit Haley face au silence du nouveau.
Le Survivant sentit le regard de son interlocuteur le sonder avec un intérêt grandissant.
— Tiens donc, dit-il d'une voix traînante.
Un silence étrange s'installa jusqu'à ce qu'il tende la main dans sa direction.
— Mais je manque de manières. Je m'appelle Wilkes, Achille Wilkes.
Ce nom ne lui était pas inconnu. Harry lui sera la main tout en fouillant dans ses souvenirs. Il le détailla longuement. Wilkes avait une certaine assurance, une prestance attirante. Son menton était fièrement dressé dans une attitude altière, son regard d'un bleu vif était perçant et froid bien qu'un sourire charmeur soit constamment posé sur ses lèvres. Harry le soupçonna de se comporter ainsi à cause de la présence d'Haley puisque son regard ne cessait de se poser sur elle.
— Je te présente Evan Rosier. Si tu as besoin de conseil en sortilège, c'est à lui qu'il faut s'adresser.
Encore un nom qui lui était familier. Son regard glissa sur ce jeune sorcier qui jouait à faire tourner sa baguette entre ses doigts. Il semble sombre et taciturne. Rosier lui adressa à peine un regard.
— Il est toujours comme ça, déclara Wilkes en haussant les épaules.
Rapidement, il se détourna pour désigner deux autres Serpentards qui discutaient vivement en jetant régulièrement un regard sur la table des Gryffondor.
— Aurel Mulciber et Ethan Avery. Tu ne verras jamais l'un sans l'autre.
Avery lui adressa quelques mots savamment choisis, emprunts de noblesse et de bienséance, cependant, il y avait une étincelle au fond de ses prunelles qui mit Harry mal à l'aise. Rapidement, son attention se concentra sur un autre élève qui mangeait tranquillement, son nez crochu plongé dans un épais grimoire.
— Et enfin Severus Rogue. Peut-être le plus brillant d'entre nous, surtout en potion, présenta Wilkes.
Rogue releva la tête, observa le Survivant pendant une demie seconde avant de se concentrer sur sa lecture.
— Tu as passé un bel été, Potter. Je ne t'ai pas trop manqué, j'espère.
Le regard d'Harry se tourna automatiquement vers la table des Gryffondor, mais James était en pleine discussion avec Sirius, trop loin d'eux pour être concerné par les mots de Wilkes.
— Je me suis languie de toi, Wilkes.
Le jeune homme à la cicatrice sursauta lorsqu'Haley répondit au Serpentard. Il resta silencieux le temps de leur échange puis profita que Wilkes discutait avec Mulciber pour questionner Haley.
— Tu as un lien avec le Préfet en Chef ? Demanda-t-il avec un air détaché.
— James ? C'est mon cousin, dit-elle en haussant les épaules.
Harry était réellement étonné. Jamais il n'avait entendu parler d'un autre membre de sa famille. Peut-être était-elle morte en son temps. Mais alors pourquoi Sirius et Remus n'avait jamais parlé de lui ?
Lorsque le banquet de la rentrée se termina, tous franchir les doubles portes pour se diriger vers leurs dortoirs respectifs. Par instinct, Harry faillit prendre le chemin de la tour des Gryffondor, mais Wilkes posa une main sur son épaule pour le guider jusqu'aux cachots. Quitter les hauteurs pour les sous-sols, la lumière pour l'ombre. Harry commençait à s'inquiéter de la tournure de son voyage. Tout ne se passait pas comme il l'avait prévu.
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