7. Question de fierté
– Je respectais ton père Grorn. C'est lui qui m'a appris à vivre dans le froid. Il avait cette capacité à partager cette vision, que seuls vous les béringiens possédaient pour voir la nature, à lire chaque trace, chaque détail, qui s'inscrit dans les choses. Comme si tout était connectée à une force supérieur. Avec lui, je me sentais proche de ton peuple, mais c'était un meurtrier. Ta tribu l'a banni.
– Oui ils l'ont banni, pour avoir survécu à un Stotch coûte que coûte. Puis votre père l'a recueilli, lui a donner un travail, vous élever... Quand je fus en âge de comprendre, j'ai commencé à m'approcher de Lamburskarburg pour le chercher. C'est finalement lui qui m'a trouvé. Alors que vous deux vous grimpiez un des massifs des Cocases, il s'est senti suivi. Il m'a vu vous filant et m'aurait tué par prudence, pour vous protéger, sans doute... S'il n'avait pas vu à mon poignée le bracelet qu'il avait offert à ma mère. Puis, pendant vos expéditions, il prenait toujours un temps pour qu'on se retrouve, qu'on discute. Il m'a parlé de votre sœur malade, de son rêve qu'un jour Béringien et Northien puissent vivre ensemble, il se sentait des deux peuples et percevait dans chacun ce qui manquait tant à l'autre. Finalement, il m'a fait engager comme garde de chasse pour emprisonner les braconniers sur vos terres...
– Grorn, au nom de ces pierres que tu vénères tant ! Pourquoi ne pas me l'avoir dit ?
– Car mon père voulait que ça reste caché. Il avait peur que votre père ne soit pas clément à mon égard, il avait peur de devoir vous quitter. Et parce que vous êtes arrogant, un gamin qui donne ses ordres sans penser aux conséquences. Et jusqu'à sa mort, c'est vous et votre famille qu'il aura choisis. Ses dernières paroles m'incitaient à poursuivre sa volonté d'unir nos deux peuples. J'espérais qu'en travaillant pour vous, vos a priori changerez et du même coup je pourrais revenir auprès des miens pour leur raconter que Northien et Béringien ont lutté ensemble pour sauver une vie. Et qu'en traçant la marche pour le rêve de mon père, j'accomplirais le mien, ne plus être le fils d'un paria, mais le premier à être allé à Négéria depuis des siècles et revenir parmi les miens dans l'honneur.
Biosque resta béa. C'est finalement son ennemi héréditaire qui aura le plus agi dans son intérêt, qui percevait plus loin que ce qu'il avait voulu voir. Sa noblesse envolée, ses ressentiments évanouis, il se sentait simplement homme face à un autre. Son esprit était lourd de silence, il devait parler, mais rien ne lui venait que les mots pouvaient traduire. Puis lentement, des idées se congestionnèrent, sa première phrase se formula dans ses pensées.
– Grorn, je....
Un dernier son sifflota dans l'air. Du sang moussant perla abondamment sur le veston du noble. La glotte se vida de sa substance, à côté de la lame aux éclats argentés. Dans un murmure étouffé, la vie quitta Biosque alors que Wip arracha la dague qu'il venait de lui planter.
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