Ils traversèrent le halo et sortir du tunnel pour arriver dans une caverne étalée. Haut de plusieurs mètres le plafond en glace dégouttait une pluie légère. La lumière extérieure, transperçait et se moirait pour former un jour sans soleil. Biosque sourit malgré lui. 

L'œil plus vigilant, Grorn considéra le néant qui s'étendait devant eux. Au pied du groupe, Wip progressa en laissant passer un courant d'eau qui se jetait plus bas en une fine cascade, avant de descendre une pente jouxtant la parois.

Plus bas, une plage de pierre était bercée par une eau fuligineuse reflétant les profondeurs. Wip fut un instant saisi. À quelques mètres, il discerna ce qui était imprécis plus haut.

Un immense squelette difforme, grisâtre, la gueule ouverte, s'étendait sur la rive. Grorn observait depuis la corniche de la cascade. Il sauta et s'approcha. Wip suivait, imitant les gestes du guide avec prudence. La carcasse était plus large qu'un cheval. Il se demanda qui des Dieux ou des Éléments avait pu créer une bête aussi terrible. C'était comme si l'animal avait des os supplémentaires, comme une armure, de tailles et de formes hasardeuses.

Grorn attrapa le crâne plus lourd qu'au jugé. Il l'arracha aux vertèbres et le déposa pour mieux le regarder. Un liquide visqueux et sombre coula sous le crâne en exultant une odeur aigre. Le contenu opaque se vida rapidement, une flaque s'étendit collant discrètement les bottes. Wip, le regard minutieux, fit finement le tour du corps pour se convaincre de son existence. Puis il s'arrêta pour contempler le silence serein de la mort. Après une absence, il revint à lui, l'impression de temps se faisait plus fugace. Il se planta et observa, à travers l'orifice percé par les vertèbres arrachées, des vésicules entassées à l'intérieur du thorax, englué dans le liquide saumâtre. Sa main s'avança pour toucher du bout de l'index. Un fourmillement progressa dans tout son doigt, puis il perdit lentement les sensations. Il appela le guide : « Grorn, je sens plus mon doigt ».

Le guide resta fasciné par le crâne. Il y reconnaissait plusieurs caractéristiques de différentes espèces. Oblique comme l'homme et allongé comme un reptile, mais avec trop de trous d'œil pour appartenir à l'une ou l'autre des deux races. Une mâchoire avec des dents acérées, plates, larges et petites. C'était comme si les Dieux avaient secoué différents animaux jusqu'à les mélanger.