9 Souvenirs
« Le passé est immuable, l'avenir est incertain. »
Ce passage m'était revenu la nuit dernière, je l'avais totalement oublié. Je ne me souviens plus du comment, mais ...
Je me trouvais dans le garage poussiéreux, entouré d'une pénombre totale, absence totale de lumière, aucun relief, rien. Pourtant il faisait jour, j'apercevais le ciel bleu au-dessus de la maison. Mais quelque chose me tourmentait, me paraissait suspect, le jardin ! j'apercevais devant les portes du salon les rangées d'aillets, de tomates, pommes de terre. Mais comment ? Contrairement à papy, mon père n'avait jamais eu la patience de continuer l'entretien du jardin. Les petites barrières d'environ vingt centimètres de haut délimitaient chaque parcelle du potager. Je n'en avais aucun souvenir, cela devait remonter à un bien loin passé... avant la mort de papy ! Non, était ce possible !
Comment ? Je devais rêver. L'un de mes projets jeu de rôle avait du provoquer cette folie... si réelle ! Secouant la tête, je fermais les paupières en espérant revenir à la réalité, mais quand je rouvris les yeux j'aperçus une silhouette retirant de l'herbe entre les tomates. Je reconnus mon grand-père, mais plus fringuant, pas encore tourmenté physiquement par son cancer. Des larmes s'écoulèrent sur mes joues. Mon papy se trouvait à une vingtaine de mètres de moi ! Étant jeune enfant à cette époque, je n'avais jamais pu partager de véritable discussion. J'aurais tant souhaité qu'il me raconte son évasion quand il avait été fait prisonnier de guerre en Allemagne. La seule chose que savait mon père était que sa peine avait consisté à servir une famille de paysans allemands. Ils avaient adoré découvrir la cuisine du sud-ouest qu'il savait leur préparer. Lors de son évasion avec d'autres détenus, ils auraient vécu une situation étrange les obligeant à courir vers un garde champêtre afin de l'obliger à les ramener en cellule. Mon père n'en savait pas plus, car papy n'avait rien confié de plus. J'avançais de quelques pas quand un bruit de raclement me fit faire demi tour. Le coin du garage était dans une semi pénombre, une silhouette à demi voûtée se mouvait d'une étrange manière. Terrorisé, je reculais pour subitement stopper en ressentant une torride chaleur sur mes omoplates. Un grognement rauque du coin du garage me hérissa les poils. Je fis demi tour pour découvrir mon grand père marchant dans ma direction.
— Papy, c'est moi, viens vite, hurlai je en tendant les bras au dehors.
La chaleur insupportable agressa mes membres, mais je remuais les doigts frénétiquement en direction de mon grand-père. Les rayons du soleil embrasèrent les manches de mon sweat-shirt. Je persistais malgré tout à avancer, mais l'insoutenable chaleur m'empêchait de rejoindre la lumière. Dans mon dos, je ressentais un froid inconcevable formé des cristaux de glace sur mes omoplates.
— Papy, s'te plaît, j'ai peur.
Il avançait lentement en s'appuyant sur sa canne. Alors que je ressentais le contact de longs doigts me touchant l'épaule, mon grand-père me contournait pour pénétrer dans le garage.
Je me retrouvais subitement en équilibre sur le toit du garage. Le ciel étoilé démontrait que c'était la nuit. La faible température annonçait plus la fin de l'automne que l'été! Comment m'étais-je retrouvé sur le garage, cela faisait bien longtemps que nous n'y montions plus avec mon frère. Dans le jardin du voisin, j'aperçus une silhouette contournant le puits. Tombant en avant, elle traversa le jardin en courant à quatre pattes. Quand je l'entendis heurter le garage pour l'escalader, mes jambes tremblèrent de peur. Alors que le sommet d'un crâne difforme apparaissait, je chutais...
C'est terminé, je ne me souviens pas de la suite. Une fois les souvenirs terminés, je me retrouvais sous l'arche de plantes dans le second jardin. De l'eau s'écoulait au sol, mes vêtements étaient humides alors que le ciel était dégagé. Comment avais-je pu être autant mouillé ?
.........
Faisons le point.
Réels souvenirs ou rêves ?
À vous de choisir !
---------- La photo est réelle, elle montre que mon grand père s'occupait bien de son jardin --------
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