« Une coïncidence n'est qu'une explication qui attend son heure. »

Depuis quelque temps, je ne dînais plus avec mon père, ma grand-mère, mais uniquement dans la maison de mes grands-parents. Ce n'était pas que leur compagnie me déplaisait, mais j'évitais de m'éloigner de la maison. Des que je m'en éloignais je me sentais dépérir ! À ce sujet, un souvenir de voilà quelques jours mérite d'être partagé.

« J'avais été invité à passer l'après midi chez une fille du groupe que je fréquentais.
Nous buvions, plaisantions dans le jardin. Quand le ciel s'était recouvert de nuages, notre hôte avait proposé de terminer dans le salon. Elle me plaisait, elle était gentille, mignonne. Malheureusement sa meilleure amie en surpoids avait jeté son dévolue sur moi. Prétextant une fatigue passagère, j'avais demandé l'autorisation de me reposer dans sa chambre. Elle avait immédiatement accepté.

À peine couchée, j'avais rêvé d'une tempête. Je me trouvais sur la route passant devant la maison. Les rafales de vent me frappaient avec rage, la pluie averse m'avait déjà entièrement mouillée. Je luttais contre le vent en regagnant le chemin menant à la maison.

Une présence me réveilla subitement, mon hôte était assise sur le côté du lit. Elle avait déposé une main sur mon épaule. Elle sentait bon, la chaleur de sa main réchauffait mon cœur. Détournant le regard je vérifiais que ce n'était pas une blague, mais non, nous étions seuls. Trop timide je n'osais bougé. Dans la semi-pénombre, je l'aperçus déboutonnant son chemisier. Prenant mon courage à deux mains, je tendis une main dans sa direction. Elle perdit subitement l'équilibre pour trébucher. Je me levais précipitamment pour la rattraper, mais, celons-elle, je lui écrasais le pied pour la faire hurler de douleur.

Tout le monde entra en courant pour voir ce qu'il s'était passé. À ma grande surprise, elle raconta à tous qu'elle était venue me réveiller, que je lui avais brisé le pied sans raison valable. Bien évidemment, elle ne pouvait raconter toute la vérité. Elle m'injuria en me traitant de tous les noms. Voilà peu, elle avait voulu m'embrasser et maintenant elle me traitait comme un bon à rien, le vilain petit canard .»

Une fois rentrée, j'oubliais totalement l'accident.

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Faisons le point

Vivre seul devenait étrange. La situation était plus complexe qu'il n'y paraissait, je partais récupérer les plats cuisinés pour traverser le jardin afin de les déposer dans mon salon ou je mangeais seul. Heureusement que je fréquentais des gens, des amis, sinon je n'aurais plus quitté la maison.

L'accident ! Il s'est réellement produit. Geste malencontreux ! Probablement. Mais comment cette courte amourette avait-elle pu prendre autant d'ampleur ! Elle avait affiché un dégoût inimaginable à mon encontre. Elle m'avait chassé comme un malpropre. Il avait dû se passer autre chose dans la chambre, quoi, je l'ignore.

J'avais rêvé de la maison juste avant le réveil. Simple coïncidence ou...

Je ne me souviens plus trop de la suite, mais dix ans plus tard une connaissance de l'école m'avait confié qu'elle serait venue me faire ses excuses une semaine plus tard. Je me serais vanté qu'elle m'aurait proposé de passer chez elle le prochain samedi. Deux jours plus tard, elle était renversée par un chauffeur poids lourd ivre.

Comment avais-je pu l'oublier. Personne n'oublie ses histoires d'amour. La maison semblait me vouloir que pour elle !