« Si tout est illusion, nos illusions sont illusoires. »

Cela faisait plusieurs mois que mon père m'avait autorisé à résider dans la maison en attendant sa vente. C'était à la charge de mon ancien professeur de judo reconverti en agent immobilier de trouver un acquéreur. Je refusais de me rendre à mon école de tourneur-fraiseur depuis une semaine. Mon directeur avait imposé un rendez-vous ou il nous avait conviés à nous y rendre tous deux. J'avais encore en mémoire la phrase choquante, irrationnelle, infondée, « votre fils est un pro nazi ». Moi qui faisais partie des meubles, muet comme une carpe, invisible ... Il m'avait décrit comme un loubard chamailleur. Bien évidemment, mon père ne l'avait pas cru. Mais le résultat était sans équivoque, j'avais été renvoyé. Mis à part les accusations infondées, j'étais assez satisfait d'être contraint d'arrêter les études. Mon absentéisme avait été la cause de mon renvoi, m'associer au pro nazisme n'était qu'une manière grossière du directeur d'appliquer sa sentence.

J'avais passé une excellente après-midi devant la télé avec mon chien. Un peu fatigué, je m'étais couché sur les coups de 23h.

Deux heures du matin, j'ouvris subitement les paupières. Le chien à mes pieds sursauta lorsque je basculais les pieds hors du lit. Sans allumer, je traversais la chambre pour m'agenouiller devant le trou de la porte. Sans aucune hésitation, je franchis le passage pour subitement ressentir une présence dans la pénombre. Je me relevais dans le salon pour longer la télévision, puis bifurqua subitement sur la gauche pour m'immobiliser. J'avançais de quelques pas en direction du canapé pour obliquer sur la droite en direction des toilettes. Sans raison valable, je m'agenouillais pour m'étendre sur le dos. J'écartais les jambes, les bras en même temps pour former un X.

Je restais étendu en maintenant la position tout en observant le plafond que je ne pouvais discerner. J'attendais patiemment quelque chose dont j'ignorais la manifestation exacte. Je n'éprouvais aucune inquiétude, la situation étrange me semblait normale. Comme lorsque l'on attend l'arrivée d'un ami dans un café !

Je me relevais pour traverser le salon en direction des toilettes puis longeais le couloir pour ouvrir la porte de la chambre du fond. J'en ressortis sans aucun souvenir de ma visite.

Traversant le salon, je pénétrais bientôt dans la chambre de mes grands-parents pour croiser le lit en direction de l'armoire dont le grincement démontra qu'une des portes s'ouvrait.

Six heures du matin, j'ouvrais les yeux pour me retrouver dans mon lit.

                                                                   ..........

Faisons le point.

Pour quelle raison me suis je rendu dans le salon afin de m'étendre en croix?

Je l'ignore toujours. Je me souviens juste que je l'avais fait à maintes reprises.

Que s'est-il passé dans la chambre du font ?

Question pertinente !

Que s'est-il passé dans la chambre de mes grands-parents?

Alors ça, je l'ignore. Mais la question est surtout, qui y avait il dans l'armoire.

Voilà, je suis conscient que c'est assez court, mais je ne détiens aucune réponse sur cette nuit.

--------- La photo du chapitre est réellement celle de la maison -----------