« L'inconnu est porteur d'angoisse. »

Dans le canapé en compagnie de sully, mon setter anglais, je regardais la télévision tout en dessinant des feuilles de personnages pour le jeu de rôle que j'avais inventé. Dans un monde futuriste totalement gouverné par les femmes, mon frère ainsi qu'un ami devaient incarner des hommes du 21e siècle sortant d'hibernation plusieurs siècles dans le futur. J'avais prévu de mener mon frère à un piège causant leur emprisonnement. Lors du procès, il charmerait malgré lui la juge en provoquant la colère de la chaste guerrière. Cela risquait d'être désopilant! Étant plus à l'aise sur la table, je me levai avec les fiches, les dés pour m'attabler. Je devais remplir les caractéristiques de mes personnages non joueurs principaux. J'avais découpé des photos de femmes dans les journaux afin de donner une image aux personnages féminins. Je venais de lancer le dé 20 pour donner une note en force à une guerrière de l'armada spatiale, quand le chien gémit pour descendre du canapé.

— Qu'est que t'as mon chien ?

Il obliqua en direction de la porte donnant accès à la cuisine. Il obliqua ensuite vers les toilettes, le couloir de la salle de bain, puis se figea comme un chien à l'arrêt. Il fit immédiatement demi-tour pour se rendre dans le jardin par les portes grandes ouvertes du salon. Sully était le deuxième chien que mon père avait récupéré à la SPA. C'est bizarre, je ne me souviens plus du premier, juste de la profonde morsure sous l'œil gauche qu'il m'avait infligé. Mon père avait été obligé de le ramener. Le troisième était un cocker. C'est étrange, normalement ce devait être le cocker qui avait vécu avec moi dans la maison, pourtant j'associais le setter anglais. Je me voyais encore à ses côtés dans la maison !

J'étais emballé, car le soir je devais sortir rejoindre des connaissances donnant une soirée. A cette soirée, je devais rejoindre deux sœurs avec qui j'avais sympathisé.

Juste après le dîner, je me tenais anxieux devant les portes du salon. J'observais avec inquiétude la pénombre entourant le garage au se trouvait la mobylette. Ce n'était pas la première fois que je sortais le soir, mais là, c'était différent ! Je ne pouvais me résoudre à quitter la protection de la maison pour affronter la nuit. De quoi avais je peur ? D'un fou sanguinaire, créature de la nuit, loup-garou, démon ...

Plus l'heure du départ approchait, plus mon envie de sortir disparaissait.

La peur croissante de sortir s'accentuait pour finalement devenir infaisable. J'avais la certitude de me faire agresser en me rendant au garage. Comme lorsque vous aviez commis une erreur et que vous attendiez la punition.

Je regagnais finalement ma chambre pour lire.

Le lendemain, j'appris l'accident mortel d'un poids lourd sur le trajet, l'heure où j'aurais dû passer afin de regagner la soirée.

                                                                          .........

Faisons le point.

Quelle était l'origine de cette peur ?

Je l'ignore, je vivais seul dans une maison, alors me rendre au garage à seulement une dizaine de mètres était de l'enfantillage.

J'étais amoureux d'une des sœurs, cela aurait dû supprimer l'angoisse.

Et si la maison avait refusé que je meure dans l'accident du poids lourd !

Cela peut paraître stupide, mais mis à part un geste divin, je ne vois rien d'autre.

Le hasard n'existe pas.