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— Holding out for a hero —
Lundi 11 octobre 1993
L'odeur de la cigarette emplissait la pièce. L'irlandais fumait tranquillement, circulant dans la pièce. Greagoir prenait tout son temps. Il y avait une telle tension dans la pièce. Pas un bruit. Il n'y avait que le bruit de ses pas, martelant le parquet vieilli et des gémissements de douleur.
— Dunkan Carver. Tu sais que c'est dans ton intérêt de parler, n'est-ce pas ?
Le regard de l'agent se tourna vers l'assistant du légiste, ligoté sur une chaise au centre du salon, au beau milieu d'un capharnaüm sans nom. La têtebaisséeé, il renifla bruyamment, laissant tomber au sol un mélange de larmes, de morve et de sang. De nouveau, Greagoir hocha la tête. Adam, qui était adossé au mur, se détacha. Il marcha calmement jusqu'à Dunkan et prit le temps de se mettre face à lui avant de lui décocher un violent coup de poing dans la mâchoire, puis dans le ventre. Nouveau hurlement.
— Arrêtez, je vous en prie.
Gabrielle s'approcha à son tour. À l'aide d'un linge, elle tapota le visage de Dunkan et, presque avec tendresse, elle décolla quelques mèches de son front.
— Tu sais ce qu'on veut. Réponds à nos questions et on te laissera tranquille.
Elle avait pris une voix douce, presque maternelle. Cela faisait évidemment partie de la stratégie mise en place par Cooper. Cette technique psychologique du bon et du mauvais flic avait déjà fait ses preuves lors des interrogatoires. L'un devait adopter une attitude agressive, négative et antipathique, alternant entre violence et menaces, tandis que l'autre agissait avec bienveillance, apportant soutien et compréhension.
Dunkan releva la tête pour fixer la femme, comme pour jauger ses propos. Son regard d'un bleu profond était ancré dans le sien. Avec sa chevelure blonde encadrant un visage rond et agréable, elle avait l'air d'un ange. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait mis en place cette stratégie. Gabrielle avait des dons dans le profilage et elle avait rapidement cerné le personnage. Elle savait qu'en le regardant de cette manière, juste après avoir été passé à tabac, il allait craquer.
Et il craqua, baissant la tête tout en opinant.
— Reprenons depuis le début. Es-tu un sorcier ?
Dunkan hocha négativement la tête. Adam allait s'approcher à nouveau.
— Non non, je vous jure que je ne suis pas un sorcier. Mais je connais leur monde.
Adam s'arrêta et regarda Greagoir. L'irlandais écrasa son mégot dans une tasse en porcelaine. Il fit glisser une chaise contre le parquet, lentement, faisant crisser le bois de manière fort désagréable puis il s'assit tranquillement en face de leur suspect, le dossier contre son torse, les bras croisés avec nonchalance sur le haut du siège.
— Comment connais-tu leur existence ?
Sa voix était plus douce que tout à l'heure, mais pas moins tranchante et menaçante.
— Je suis cracmol. Mes parents étaientsorciers, mais je suis né sans pouvoir magique.
Il avait raison. Il n'était pas fou. Ils existaient réellement ! Greagoir jubilait.
— Comment devient-on comme eux ? Demanda Adam.
— On ne le devient pas. On naît comme ça.
Gabrielle, qui s'était mise en retrait après avoir approché leur cible, prenait des notes consciencieusement sur un petit carnet.
— Bien. Maintenant que les bases sont posées, revenons sur l'enquête.
Dunkan agita la tête tout en reniflant bruyamment. Malgré les liens qui le retenaient à la chaise, son corps tremblait, en proie à l'angoisse et la peur. Greagoir se détourna un instant de lui pour saisir une pochette qu'il avaitposéeé sur la modeste table ronde. Il en sortit plusieurs clichés qu'il agita sous les yeux du cracmol.
— Tu as pris plusieurs photos du corps et...
— C'est mon travail de...
Dunkan ne put terminer sa phrase que l'irlandais lui assenait une violente claque qui fit basculer sa tête sur le côté.
— Tu ne parles que quand je le dis. D'accord ?
Dunkan toussa et hocha la tête vivement en poussant des gémissements de douleur.
— Donc, je disais que tu avais pris plusieurs photos du corps et ces photos ne sont plus au labo. Tu leur as donné ces clichés ?
Dunkan hocha la tête.
— Donc cette femme a été assassinée par l'un d'entre eux ?
Le cracmol eut un moment d'hésitation, puis voyant une nouvelle claque se rapprocher, il s'empressa de répondre.
— Ce n'est pas une mort naturelle. Et vous le savez. Mais je ne suis pas expert en sortilège, je n'ai pas pu étudier la magie.
— Parce qu'ils ont des écoles maintenant ? Ironisa Adam.
Dunkan ne répondit pas.
— Bon sang, alors ils ont vraiment une école pour apprendre à faire des tours.
— Ils t'ont dit ce que ça pouvait être ?
— Je ne suis pas l'un d'entre eux, vous vous rappelez ?
L'amertume perçait nettement dans sa voix rendue nasillarde à cause de son nez probablement cassé à la suite du traitement que lui avaient réservé les agents. Et ces notes discordantes ne passèrent pas inaperçues.
— Ils vous excluent ? Demanda Gabrielle.
Dunkan eut un reniflement méprisant.
— Pas tous, mais bon nombre nous considèrent inférieurs. Et vous les moldus, plus encore.
— Moldus ?
— Ceux qui n'ont pas de pouvoirs magiques.
— Et elle ? Demanda Adam. La victime... c'était une sorcière.
Dunkan secoua la tête. Ses tremblements s'étaient calmés et sa langue se déliait à présent sans difficulté. Les policiers avaient réussi à le faire parler.
— C'est quand même étrange qu'aucun gouvernement n'ait réussi à trouver l'ombre d'une preuve vous concernant.
— Mais parce que votre gouvernement est au courant.
Cette fois, les trois agents tombèrent des nues.
— Quoi ? s'exclama l'irlandais en se redressant soudainement de son siège.
Dunkan se ratatina face à cette ombre menaçante. Et Adam s'était également rapproché pour le saisir au col.
— Qu'est-ce que tu as dis ?
— Je... Je... N-n-notre gouvernement travaille avec le vôtre pour dissimuler notre présence.
— John Major est au courant... Souffla Gabrielle. Je suppose que les services secrets le sont également.
— Ca expliquerait qu'ils t'aient mis au placard, chef, cracha Adam en reniflant bruyamment.
— Mais alors pourquoi ils m'ont mis sur cette affaire...
— Seule la boss doit être au courant. Connaissant Goodwin, il a dû flairer quelque chose de louche. Quand on est allé prendre l'équipement, rappelle-toi, il n'y avait que Nerd et Goodwin. Pas d'autres témoins. Pas d'équipe. Et pour notre mission, il nous a dit de n'en parler à personne.
— Ce p'tit gars... il m'étonnera toujours, ricana l'irlandais avant de reporter son attention sur Dunkan. Et ils savaient que je vous prendrais dans mon équipe.
— Bon... et qu'est-ce qu'ils comptent faire avec le corps ?
— Ils vont l'analyser pour tenter de trouver le sortilège qui a causé... ça.
— Ça va prendre combien de temps ?
Dunkan se tourna vers Adam pour le fixer d'un air étrange.
— La morgue est fermée le lundi... se contenta-t-il de dire.
— Et donc ? rétorqua l'agent d'un air agacé.
— Et donc elle ouvre mardi matin, souffla Gabriella devant le manque de discernement de son coéquipier. Ça veut dire qu'ils doivent rendre le corps avant demain matin, c'est bien cela Dunkan ?
— Ça veut dire qu'on peut aller sur place et les attendre pour les cueillir.
Dunkan perdit aussitôt toutes ses couleurs. Il ne s'attendait pas à ce que ses informations puissent mettre en danger Potter, Lupin et les frères Black. Le voyant blanchir, Adam eut un petit rire en posant la main sur son épaule.
— Merci pour tes informations, Dunkan. Et ne sois pas aussi inquiet pour des... monstres qui te prennent pour de la vermine.
Et sur ce, les trois agents récupérèrent leurs effets dans le calme.
— V-vous n'allez pas me laisser ici.
Sans prendre le temps de lui répondre, Adam passa derrière lui et lui asséna un coup de crosse dans la nuque. Aussitôt, la tête du cracmol retomba mollement sur sa poitrine.
— Quoi ! s'exclama-t-il face au regard réprobateur de Gabriella tout en rangeant l'arme dans son holster, bien calé contre ses reins.
— Pas le temps de tergiverser, les mômes. On va à la morgue. La discrétion est de mise.
— On va les avoir, ces enfoirés. Et on va leur montrer à tous que tu avais raison, Greagoir.
L'irlandais ne répondit pas, mais dans son coeur, une vague d'excitation était prête à le submerger. Il allait leur montrer à tous qu'il n'était pas fou.
Et surtout...
Il allait leur faire payer !
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« Malheur à vous, âmes perdues! n'espérez plus de voir les cieux: je viens pour vous porter à l'autre rive, dans ces ténèbres, au milieu des glaçons et des brasiers éternels... »
PS : Le prochain chapitre est en partie écrit mais je ne suis pas sûre de pouvoir le poster dimanche prochain. Mais don't worry !! La trame est posée et les derniers chapitres final sont également entièrement écrits, tout comme l'épilogue. Je ne vous abandonne pas. J'aurai peut-être un peu moins de régularité dans les post.
Je vous souhaite à tous une belle semaine <3
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